communiqué à la suite d’une publication de l’INCa

L’Institut National du Cancer a communiqué, le 20 décembre 2016, sur sa publication d’un guide sur le cancer du sein intitulé « du diagnostic au suivi ».
Ce document se veut un « outil pour la pratique » destiné aux médecins généralistes.
Le collectif Cancer Rose, ayant collaboré à la concertation citoyenne sur le cancer du sein et ayant lui-même produit une brochure d’information, note :
En occultant délibérément la problématique du dépistage de masse sur lequel, pendant des années, l’INCa a désinformé les femmes, l’institut se fait là l’économie d’une explication loyale et équilibrée des épineux sujets que sont le surdiagnostic et le surtraitement, effets pervers maintenant connus du dépistage.
Cette attitude est en contradiction criante avec les demandes du rapport de la concertation citoyenne, où formation et information des professionnels de santé sont revendiquées.
Les chiffres sont présentés sans discernement. La projection de 54 000 nouveaux cas en 2015, faisant penser à une explosion de cancers, est principalement et majoritairement imputable au phénomène du surdiagnostic. La survie si favorable à 5 ans est le corollaire inévitable d’un dépistage massif, qui ne fait qu’anticiper la date de découverte d’un cancer sans retentissement aucun sur la mortalité des femmes par cancer du sein, parce que précisément les vrais cancers les plus agressifs y échappent. La survie donne l’illusion d’une réussite du dépistage, alors que la longévité des femmes en France n’est en rien changée. A titre de comparaison, le cancer du col à une mauvaise survie à 5 ans et pourtant son taux de mortalité a drastiquement baissé… La survie n’est donc PAS un marqueur d’efficacité d’un dépistage. La mortalité globale en est un, donnée manquant cruellement dans cet « outil », comme dans toute information délivrée par l’institut.
• La mise en avant du pourcentage de 90% de cancers découverts par dépistage est également une présentation fallacieuse, puisque nous savons actuellement que ces 90% représentent en majeure partie le surdiagnostic massif, que ce pourcentage englobe des lésions facilement guérissables et des diagnostics souvent inutiles pour les femmes, sans diminution des cancers mortels.
Une ultime preuve de l’efficacité plus que douteuse du dépistage est la dernière publication, ce mois-ci, d’une étude populationnelle présentée lors d’un symposium à San Antonio, par les auteurs suivants : *Professeur Autier, Boniol, Pizot, Boyle

(https://app.core-apps.com/sabcs2016/abstract/d65d1d601c44a12e649faed52440f92e)

Voilà les résultats de cette étude mondiale :
1° Dans tous les pays comparables entre eux, la réduction de mortalité par cancer du sein entre 1989 et 2012 est la même, que le pays ait engagé un dépistage généralisé depuis 1990 ou seulement depuis 2005. En France d’ailleurs, la réduction de mortalité spécifique par cancer du sein, (attribuable aux traitements selon les études d’impact), est moindre que celle en Espagne, par exemple.
2° La plus forte baisse de mortalité est constatée dans les tranches d’âge des moins de 50 ans (sauf Nouvelle Zélande et Hong Kong).
3° La baisse de mortalité par cancer du sein chez les femmes de moins de 50 ans est la même que le pays ait une politique de dépistage dans cette tranche d’âge (USA par exemple) ou non.
Conclusion de la publication : "There seems to be no discernible influence of screening on mortality trends." Ce qui signifie qu’il ne semble pas y avoir d’influence du dépistage organisé sur la tendance à la baisse de la mortalité, laquelle est certainement plus imputable aux avancées thérapeutiques depuis les années 90 qu’au dépistage.
Nous sommes stupéfaits que l’INCa persiste dans ses erreurs qui lui ont été pourtant clairement notifiées et reprochées lors de la concertation. Comme si rien ne s’était passé, l’INCa ignore les constats et les propositions concrètes sur l’information due aux femmes et aux professionnels. L’INCa confisque aux médecins généralistes les données mettant en cause l’efficacité du dépistage de masse, pourtant essentielles, et fait fi des résultats d’études modernes et indépendantes, et retombe dans ses vieux démons : distorsion des réalités, manipulation des chiffres, occultation de vérités dérangeantes.
Nous sommes assez préoccupés si à l’avenir l’information des femmes et des médecins continue à être confiée à cette instance incapable de communiquer sainement, et déjà mise fortement en cause sur sa façon d’informer.

D'ailleurs, un médecin généraliste a réagi à cette publication : https://cancer-rose.fr/2017/01/05/les-mg-reagissent-a-une-publication-de-linca/

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