Qu’est-ce qu’une mammographie de dépistage ?

Il y a une différence entre une mammographie de dépistage et une mammographie de diagnostic.

  • La mammographie de dépistage, c'est celle, routinière, qu'on vous demande de réaliser entre vos 50 et 74 ans, tous les deux ans, même en l'absence de tout symptôme, sur convocation.
  • La mammographie de diagnostic, c'est celle qui est motivée par l'apparition d'un signe, d'un symptôme dans le sein. Ce symptôme nécessite une exploration par mammographie, parmi d'autres techniques d'imagerie, pour identifier, diagnostiquer le problème du sein.

Quels sont les signes majeurs qui doivent vous amener à consulter ?

  • Modification de l'arrondi, de la forme générale du sein (irrégularités, déformations...)
  • Rétraction du mamelon
  • Bosse ou tuméfaction d’apparition récente, surtout si elle est peu mobile à la palpation
  • Méplat, c'est-à-dire zone plus plane du sein, qui en rompt l'arrondi 
  • Écoulement sanglant
  • Rougeur inexpliquée
  • Grosseur dans l'aisselle, persistante ou dont le volume augmente
  • "Peau d'orange" avec apparition dans la zone concernée de  « capitons », de petites boursouflures perceptibles entre deux doigts
  • Plaie sur la peau, due à un cancer ulcérant 
  • Gonflement et durcissement du sein entier
  • Masse palpable en profondeur, survenue sans déformation extérieure visible

Attention, tous ces signes ne sont pas typiques de cancer ; ils peuvent également évoquer des maladies bénignes du sein ! Ils doivent néanmoins motiver à consulter.

La mammographie de dépistage n'est pas une méthode de prévention.

Prévenir une maladie, c’est faire en sorte qu’elle ne survienne pas. Par exemple, éviter le tabagisme est une bonne attitude de prévention par rapport au cancer du poumon.

Dépister, c'est rechercher une maladie chez une personne qui n’a aucun symptôme, et qui ne se plaint absolument de rien.

Répéter des mammographie, cela ne peut en aucun cas empêcher la survenue d'un cancer du sein. L'immage mammographique restitue ce qui est déjà présent dans l'organe.

Comment se passe un dépistage mammographique ?

En pratique la femme convoquée prend rendez-vous au cabinet de radiologie de son choix. On lui effectuera l'examen mammographique suivi d'un examen échographique selon le besoin (seins denses ou anomalie radiologique à préciser).

Ces images seront interprétées par le radiologue du cabinet qui est le "premier lecteur" de l'examen. Il fera un compte rendu et proposera une classification de l'examen (voir plus loin).

Ce dossier (clichés plus compte rendu du premier lecteur) est envoyé à la structure départementale de pilotage du dépistage selon le lieu d'habitation de la patiente.

Les images y seront revues par un radiologue, le "deuxième lecteur" venant d'un autre cabinet de radiologie ou d'une autre structure d'imagerie médicale, et qui ne connaît pas la patiente. Il établira son verdict sans l'avoir vue ni l'avoir interrogée, uniquement sur les images disponibles. Il 'notera' son verdict sous forme d'une classification, en concordance avec celle du premier lecteur ou au contraire en discordance, ce qui impliquera un rappel de la patiente pour qu'elle refasse des explorations supplémentaires.

La classification de la mammographie est une classification radiologique, selon la certitude plus ou moins forte que l'imagerie plaide en faveur d'une lésion cancéreuse. Ce n'est en aucun cas une classification de pronostic.

C'est en 1990 qu'a été mise au point la classification ACR (American College of Radiology). Nous y trouvons 5 stades.

ACR 1 : normal, le sein est "rien à signaler".

ACR 2 : images qui ne sont que des anomalies bénignes, comme des petits ganglions axillaires, des microkystes, des calcifications bénignes, des images dont on ne sait pas toujours ce qu'elles sont mais qui sont inchangées depuis des lustres, des fibro-adénomes amorphes, ou des kystes bien connus déjà.

ACR 3 : image non inquiétante mais dont on voudrait vérifier le devenir, qui n'était pas connue avant, ou connue mais s'étant légèrement modifiée par rapport à d'anciens bilans. La conduite proposée est une seule surveillance à 4 ou à 6 mois, selon qu'il s'agisse de masses ou de calcifications, puis à un an éventuellement.

ACR 4 Classer en ACR 4 veut dire qu'il y a une anomalie suspecte, qu’il faut vérifier, et prélever. ACR4 implique donc d'office une biopsie, sous échographie (micro-biopsie) ou sous contrôle radiographique, par une procédure par mammotome (macro-biopsie), ou encore directement par biopsie-exérèse.

ACR 5 : l'anomalie est très fortement suspecte de malignité et les critères sémiologiques sont tout à fait évocateurs et typiques de malignité.

ACR 0 désigne un examen incomplet auquel il faudra adjoindre d'autres examens d'imagerie.

Pour plus d'explications et de détails lire ici : https://cancer-rose.fr/2018/11/11/de-la-classification-acr-mammographique/

Voici ci-dessous un schéma qui vous montre les situations possibles lors d'un dépistage mammographique.

Vous y voyez figurée la situation dite de "fausse alerte". C'est la suspicion d'un cancer, sur une image mammographique, mais qui ne se confirmera pas, cela après d'autres examens complémentaires.

Ces examens supplémentaires sont parfois lourds, et se soldent parfois même par des biopsies dont le nombre s’est largement accru depuis qu'on dépiste, cette situation étant favorisée par la double lecture.

Connaître une fausse alerte est souvent très stressant, car la femme doit attendre parfois plusieurs jours, voire plusieurs semaines avant la confirmation de l’absence de maladie. Pour 1000 femmes au-dessus de 50 ans participant au dépistage pendant 20 ans, il y aurait en France environ 1000 fausses alertes conduisant à 150 à 200 biopsies inutiles.(Revue Prescrire, février 2015/Tome 35 N°376)

C'est, avec le surdiagnostic et la radiotoxicité le troisième effet néfaste du dépistage mammographique.

Il ne faut pas confondre les deux, surdiagnostic et fausse alerte.

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