Fréquence des cancers latents, de découverte fortuite

Fréquence des cancers du sein fortuits et des lésions précancéreuses lors d'études d'autopsies : une revue systématique et méta-analyse.

https://bmccancer.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12885-017-3808-1

décembre 2017

Une autre étude que celle du Pr Autier récemment publiée dans le BMJ*(voir au bas de l'article) renforce la crainte que parmi les femmes traitées après découverte d’une lésion cancéreuse grâce au dépistage, et donc en l’absence de symptôme, un certain nombre (une sur deux dans l'étude Autier des Pays Bas) n’en aurait jamais souffert de son vivant ; on aurait pu éviter chez cette femme l’ablation d’un sein, une radiothérapie inutile ou une chimiothérapie fatigante.

Auteurs :

Elizabeth T. Thomas1 , Chris Del Mar 2 , Paul Glasziou 2 , Gordon Wright 1 , Alexandra Barratt 3 and Katy J. L. Bell 2,3

1 Faculty of Health Sciences and Medicine, Bond University, Robina, QLD 4229, Australia.

2 Centre for Research in Evidence-based Practice, Faculty of Health Sciences and Medicine, Bond University, Robina, QLD 4229, Australia.

3 Sydney School of Public Health, Sydney Medical School, Edward Ford Building (A27), University of Sydney, Fisher Road, Sydney, NSW 2006, Australia

Contexte

Les études d'autopsies ont démontré la fréquence de cancers occultes dans la population, mais les évaluations réalisées lors de ces études primaires portaient chaque fois sur un petit nombre de patients décédés.

Résultats

Les auteurs ont inclus 13 études  de 10 pays différents, sur 6 décades (de 1948 à 2010), incluant  2363 autopsies avec 99 cas de cancers dits "incidentalomes" (cancers de découverte fortuite), ou de lésions précancéreuses.
Lorsque l'examen histologique a été plus approfondi (sur plus de 20 coupes histologiques), il  a décelé davantage encore d'incidentalomes, des cancers in situ et des hyperplasies atypiques majoritairement, mais peu de cancers invasifs.

Ce qui signifie que plus on pousse la recherche histologique sur des personnes décédées, plus on trouve de cancers latents, avec une fréquence moyenne de ce cancer "accidentel" de l'ordre de 19,5% (0,85% cancer invasif + 8,9% de cancer in situ + 9,8% d'hyperplasie atypique).

Donc plus on cherche et plus on trouve, ce qui pose question sur le développement de techniques d'investigations de plus en plus performantes qui vont découvrir abusivement de plus en plus de ces lésions.
Les conséquences des sur-traitements qui en découlent sont à prendre plus au sérieux encore chez les femmes âgées en raison de la susceptibilité accrue aux effets adverses des traitements de cette population.

Conclusion

La revue systématique dans dix pays pendant plus de six décennies constate que la découverte fortuite de cancers occultes, in situ ou de lésions précancéreuses est très commune chez des femmes, chez lesquelles une maladie du sein n'était pas connue durant leur vie.

Il apparaît que des lésions cancéreuses ou pré-cancéreuses sont découvertes fortuitement chez 2 femmes sur 10 au cours de ces autopsies, les auteurs estiment que 40 % des cancers invasifs détectés par mammographie systématique et 24 % de l’ensemble des cancers invasifs seraient des sur-diagnostics.

Cette grande fréquence de cancers non détectés, in situ et hyperplasies atypiques dans ces études d'autopsies suggère que les programmes de dépistage devraient être plus prudents dans la promotion de méthodes de détection ayant une sensibilité accrue, qui majorent donc ces diagnostics inutiles.

*https://www.cancer-rose.fr/efficacite-et-surdiagnostic-du-depistage-mamographique-aux-pays-bas-etude-populationnelle/

Cancer Rose est un collectif de professionnels de la santé, rassemblés en association. Cancer Rose fonctionne sans publicité, sans conflit d’intérêt, sans subvention. Merci de soutenir notre action sur HelloAsso.


Cancer Rose is a French non-profit organization of health care professionals. Cancer Rose performs its activity without advertising, conflict of interest, subsidies. Thank you to support our activity on HelloAsso.

Rapport entre expériences personnelles des médecins et prescription du dépistage du cancer du sein

Lettre publiée dans le JAMA : résumé par Dr Bour, 11 décembre 2017

Auteur :

Craig Evan Pollack, MD, MHS, Division of General Internal Medicine, Department of Medicine, Johns Hopkins University, Baltimore

Research letter

 

Contexte

 

Les recommandations médicales influencent fortement les décisions des femmes de se soumettre au non au dépistage mammographique.

L'adhésion des médecins aux directives en évolution qui recommandent moins de dépistage au vu des preuves insuffisantes de son efficacité, ne sont pas toujours suivies.

Les cas cliniques rencontrés et les expériences de l'entourage (amis, collègues, membres de la famille diagnostiqués porteurs d'un cancer du sein) sont susceptibles d'affecter le médecin par rapport aux recommandations officielles.

Ces expériences personnelles "anecdotiques" induisent des informations sur le dépistage du cancer du sein dans l'esprit du professionnel de santé, qui peuvent être en totale contradiction avec les évaluations scientifiques, par exemple sur la réelle réduction de mortalité.

Une enquête a été réalisée sur des médecins gynécologues et médecins généralistes pour évaluer si leurs propres expériences personnelles (patientes, collègues, amis, famille) influençaient leurs recommandations vis à vis des patientes sur le dépistage du cancer du sein.

 

Méthode

 

Il s'agit d'une enquête réalisée par voie postale de mai 2016 à septembre 2016 qui a inclus 2000 généralistes, gynécologues, internistes, afin d'examiner leurs pratiques.

On a demandé aux médecins de rapporter en détail leurs expériences vécues en rapport avec ceux de leur réseau social (amis, patients, famille) qui avaient eu un diagnostic de cancer du sein.

Bien que la majorité des médecins interrogés rapportaient les cas de bon pronostic, une large proportion de médecins racontaient les cas à mauvais pronostic, proportion plus large qu'attendu compte tenu des 6% de femmes (chiffre national) souffrant d'une maladie disséminée.

 

Conclusion

 

L'évocation disproportionnée de mauvaises expériences (entendues ou vécues) est conforme à ce qui est relaté dans l'abondante littérature sur le comportement, qui explique comment ce qui est redouté et craint est plus volontiers rappelé, et peut accroître la perception du risque.

La description d'une patiente dont le cancer à évolution défavorable n'a pas été diagnostiqué par la mammographie de dépistage, se trouve associée à un comportement (de la part du praticien) de recommander le dépistage de façon accrue à des femmes de tranches d'âges inappropriées, pour lesquelles les recommandations officielles ne préconisent pas ce dépistage.

Les résultats de l'enquête suggèrent que les praticiens doivent tenir compte de l'influence de leurs propres expériences sur leurs modes de prescription du dépistage. Ceci peut constituer une bonne approche pour l'amélioration de leur adhésion aux révisions des directives sur le dépistage du cancer du sein.

 

 

 

 

 

Cancer Rose est un collectif de professionnels de la santé, rassemblés en association. Cancer Rose fonctionne sans publicité, sans conflit d’intérêt, sans subvention. Merci de soutenir notre action sur HelloAsso.


Cancer Rose is a French non-profit organization of health care professionals. Cancer Rose performs its activity without advertising, conflict of interest, subsidies. Thank you to support our activity on HelloAsso.

Communiqué de presse/étude Autier Pays Bas 2017

Dépistage du cancer du sein aux Pays-bas : peu d’effet sur la mortalité pour beaucoup de surdiagnostic.

 

Depuis les années 2000, il existe dans le monde entier une controverse scientifique vigoureuse sur le dépistage du cancer du sein. Cette controverse porte autant sur l’efficacité réelle de ce dépistage, que sur les risques qu’il occasionne.

Les bénéfices espérés d'un dépistage sont :

  • Diminution de la mortalité par cancer du sein. Est-elle aussi importante qu'il est affirmé ?
  • Diminution des formes avancées. Cet objectif est-il atteint ?

 

En balance il faut considérer les risques de la mammographie systématique :

  • Le surdiagnostic, c'est à dire des cancers annoncés et traités comme tels, qui n’auraient pas causé de dommage aux femmes s’ils n’avaient pas été diagnostiqués, car non évolutifs et n'entraînant pas le décès. Quelle est son ampleur ?
  • Le surtraitement (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie), dû au surdiagnostic, avec ses conséquences psychologiques, professionnelles, familiales, sociales et économiques sur la vie des femmes.

 

Une étude réalisée aux Pays-Bas, où les femmes participent massivement à 80% depuis 24 ans à ce dépistage, apporte des réponses importantes et inquiétantes. Le Prof. Philippe Autier et son équipe ont analysé le registre des cancers de ce pays. Leur analyse, publiée dans le BMJ du 6 décembre[1][2] conclut à :

  • L'absence de diminution des cancers du sein avancés.
  • Une baisse de mortalité par cancer du sein attribuable au dépistage de ce cancer se situant entre 0% et 5%, et donc bien plus faible que les 20% à 30% affirmés depuis des années.
  • Un surdiagnostic d’environ 50% parmi les cancers détectés par la mammographie, sans commune mesure avec les 10 à 20% généralement avancés.

 

La mammographie de dépistage diminuerait donc très peu la mortalité par cancer sein (beaucoup moins que les progrès des traitements, par exemple), mais induirait en revanche un grand nombre de diagnostics et de traitements inutiles. Cette information doit être connue des femmes participant à ce dépistage, mais également de leur entourage.

 

En France en 2016, afin de faire le bilan sur cette controverse et de déterminer l’attitude à adopter, une concertation scientifique et citoyenne avait été organisée à la demande du ministère de la santé. Celle-ci s’est catégoriquement prononcée pour que le dépistage soit purement et simplement arrêté, ou qu’il soit remplacé par un dispositif profondément transformé. [3]

 

L’étude menée par le Professeur Autier et ses collaborateurs confirme donc le verdict de cette concertation citoyenne.

 

[1] Autier P, Boniol M, Koechlin A, Pizot C, Boniol M. Effectiveness of and overdiagnosis from mammography screening in the Netherlands: population based study. BMJ 2017;359:j5224. http://dx.doi.org/10.1136/bmj.j5224

 

[2] Résumé en français : https://www.cancer-rose.fr/efficacite-et-surdiagnostic-du-depistage-mamographique-aux-pays-bas-etude-populationnelle/

 

[3] Cases C, Di Palma M, Drahi E, Fainzang S, Landais P, De Montgolfier S, Paccaud F, Rivière P, Thouvenin D. Ensemble, améliorons le dépistage du cancer du sein – Rapport du comité d’orientation. September 2016. http://www.concertation-depistage.fr

page 132 du rapport

 

 

 

Cancer Rose est un collectif de professionnels de la santé, rassemblés en association. Cancer Rose fonctionne sans publicité, sans conflit d’intérêt, sans subvention. Merci de soutenir notre action sur HelloAsso.


Cancer Rose is a French non-profit organization of health care professionals. Cancer Rose performs its activity without advertising, conflict of interest, subsidies. Thank you to support our activity on HelloAsso.

Efficacité et surdiagnostic du dépistage mammographique aux Pays Bas, étude populationnelle

BMJ 2017;359:j5224 http://dx.doi.org/10.1136/bmj.j5224

http://www.bmj.com/content/359/bmj.j5224

7 décembre 2017

Auteurs :

Philippe Autier,

University of Strathclyde Institute of Global Public Health at iPRI, Allée Claude Debussy, 69130 Ecully, Lyon, France

Magali Boniol

International Prevention Research Institute, Lyon, France

Alice Koechlin,

Cécile Pizot

Mathieu Boniol

Objectif

 

L'objectif de l'étude est d'analyser l'incidence spécifique des cancers selon leur gravité auprès des femmes aux Pays Bas, invitées tous les deux ans au dépistage mammographique depuis 1989 (sur la base du registre du cancer du pays).

On souhaite vérifier si le dépistage mammographique permet la réduction des formes les plus avancées (stades 2 à 4), ce qui définirait l'efficacité d'un dépistage mammographique.

L'étude évalue les variations de mortalité et tente de quantifier le surdiagnostic.

Méthodes

Le nombre supplémentaire de cancers in situ (CIS) et de tumeurs du sein de stade 1 dû au dépistage est estimé en comparant les taux de CIS et de tumeurs de bas stade (stade 1) dans le groupe de femmes de 50 à 74 ans dépistées, avec les taux parmi les femmes de mêmes tranches d'âges mais non dépistées.

En effet on estime que le réservoir le plus important du surdiagnostic sont les CIS et les tumeurs de stade peu élevé de malignité, dont le taux s'envole dès lors qu'on dépiste. Les auteurs ont considéré les stades 2 à 4 comme des stades 'avancés', expliquant que cette distinction est conventionnelle et utilisée ainsi dans les essais d'évaluation des programmes de dépistage.

Le surdiagnostic a été évalué après soustraction des cancers d'intervalle.

La réduction de mortalité entre 2010 et 2012 a été chiffrée sans et avec considération de l'effet de cohortes (en effet on considère que les cohortes n'ont pas toutes des caractéristiques uniformes, mais que la pyramide des âges ou les périodes de naissance peuvent induire des effets sur les cohortes étudiées.)

Résultats :

L'incidence des cancers des stades 2 à 4 parmi les femmes des tranches d'âge au-delà de 50 ans était de 168 pour 100 000 femmes en 1998, et de 166 pour 100 000 en 2012.

Ceci tendrait à démontrer qu'il n'y a pas de "rattrapage" des tumeurs des stades les plus élevés par le dépistage.

mortalité :

La mortalité par cancer du sein a décliné de 38% entre 1989 et 2013.

En ne tenant pas compte de l'effet de cohorte le dépistage serait associé à une réduction de mortalité de 5%, et à aucune réduction de mortalité si on tient compte de l'effet de cohorte (c.àd. de l'influence de la pyramide des âges et des périodes de naissance des populations).

Dans les deux cas les améliorations thérapeutiques seraient responsables de 28% de la réduction de la mortalité.

surdiagnostic :

L'étude soutient une manifeste augmentation du surdiagnostic avec l'extension du dépistage notamment aux femmes plus âgées, (entre 70 et 75 ans), favorisée par la mammographie numérique qui détecte de plus en plus petites lésions, la plupart sans importance clinique.

Parmi les cancers détectés avec le dépistage, on évalue le surdiagnostic en soustrayant les cancers d'intervalle et les cancers des stades 2 à 4.

Le programme avec la mammographie numérique a généré, selon les auteurs, 16 surdiagnostics pour une vie "sauvée", cela de façon d'autant plus flagrante chez les femmes de la tranche d'âge 70-75 ans.

Les auteurs évoquent un surdiagnostic aux alentours de 50% parmi les cancers détectés au dépistage.

La procédure du ganglion sentinelle :

 

Dès 2002 elle contribue à une "migration du stade", c'est à dire à un "upgrading" du stade des tumeurs, essentiellement du stade 2 au stade 3 dès 2002. Les tendances observées entre 1989 et 2012 montrent une augmentation considérable de l'incidence des tumeurs in situ et des cancers de stade 1, tandis que les tendances des cancers de stade 2 à 4 sont restées relativement stables.

Conclusion :

  • Absence de réduction significative des taux des cancers avancés.
  • Un effet marginal sur la réduction de la mortalité. (Entre 0% et 5%, donc bien plus faible que les 20% à 30% affirmés depuis des années.)
  • Environ la moitié des cancers dépistés constitue du surdiagnostic.
  • Dans les deux scénarios, en considérant ou alors sans considérer l'effet de cohortes, la réduction de mortalité imputable au dépistage est marginale, alors que celle attribuable aux traitements est de l'ordre de 28%

 

 

 

 

 

 

Que disent ces courbes ?

  • Les cancers de stade avancé ne régressent pas et tendent même à rejoindre des taux d'avant l'instauration du dépistage.
  • En revanche, l’incidence des cancers in situ et de stade 1 a fortement augmenté. La comparaison de l'incidence entre les groupes d'âge montre des différences notables dans les tendances dans le temps qui sont corrélées à l'invitation au dépistage et au remplacement de la mammographie sur film par une mammographie numérique

Commentaires/parallèle avec la situation et les études faites en France

L'étude d'efficacité du dépistage mammographique aux Pays-Bas, par l'équipe de l'IPRI, BMJ 7/12/2017

L'étude réalisée par le Pr Autier et son équipe s'est donnée pour objectif de vérifier si le dépistage mammographique permettait réellement la réduction des formes les plus avancées (stades 2 à 4) du cancer du sein, l'efficacité d'un dépistage étant définie à la fois par la réduction de la mortalité due à la maladie et par la diminution significative des formes les plus graves.

En France règne la conviction que les indicateurs de mortalité sont insuffisants en raison d'une participation trop faible (50%) de la population féminine.

A ce titre les constats décevants de l'étude de Autier et col. prennent d'autant plus de poids que la participation aux Pays-Bas, elle, est de 80% ; ces constats sont :

  • effet marginal du dépistage sur la mortalité,
  • absence de recul des formes les plus avancées du cancer du sein.

Un surdiagnostic massif

Mais c'est l'évaluation du surdiagnostic qui interpelle dans de cette étude, puisque chiffrée jusqu'alors aux alentours de 20 à 30%, jamais au-delà de 50%.

Les auteurs de l' évaluation néerlandaise publiée ici soutiennent une manifeste augmentation du surdiagnostic, favorisée par la mammographie numérique. Ils évoquent un taux de surdiagnostic aux alentours de 50% (pouvant atteindre 52%) des cancers détectés, ce qui rejoint l'estimation de B.Junod, réalisée sur trois cohortes de femmes en France et publiée en 2011 dans British Medical Journal. [1]

Junod et Zahl avançaient à l'époque un taux de 60% de surdiagnostics chez les femmes dépistées.

Surtraitement, l'étude française de "vraie vie"

 

Les auteurs de l'IPRI joignent deux graphiques dans les annexes de leur étude, il s'agit des tendances des incidences spécifiques des tumeurs selon leur stade, et qui illustrent la constante augmentation des tumeurs de bas stade de gravité ainsi que des CIS, qui seront traitées avec la même agressivité que les autres formes de cancers, ce que corrobore l'étude française menée par notre collectif, récente, publiée par la Revue Médecine en octobre 2017, "le dépistage permet-il d'alléger le traitement chirurgical des cancers du sein ?". [2]

Dans notre étude basée sur les données publiques d'une base de facturation des actes hospitaliers (Scansanté), on constate les faits suivants :

  • Une augmentation significative des actes de mastectomies totales et des actes de mastectomies toute chirurgie confondue, depuis 2000.
  • L'examen des ratios mastectomies totales/incidence des cancers invasifs et total actes/incidences des cancers invasifs montre une stabilité des ratios pour les mastectomies totales, et une augmentation des ratios concernant les mastectomies tous actes confondus.
  • Il y a bien une diminution, statistiquement significative, de la part des mastectomies totales. Mais elle n’est pas synonyme d’allègement des traitements chirurgicaux, car n’est pas due à une diminution des mastectomies totales mais bien à une augmentation des mastectomies partielles plus importante que celle des mastectomies totales.

lire aussi : https://www.cancer-rose.fr/explication-de-letude-sur-les-mastectomies-en-france/

Conclusion :

On réalise donc de plus en plus d'actes chirurgicaux, y compris radicaux, depuis le dépistage systématisé, et non pas uniquement pour les seuls cancers invasifs.

Le surtraitement que notre étude française dénonce, est la résultante d'un surdiagnostic plus important qu'on l'estimait auparavant, massif à l'instar de ce que pressentait l'étude Junod/Zahl, ce que semble confirmer aujourd'hui l'étude de Philippe Autier et de ses collaborateurs.

 

 

[1] Junod B, Zahl P-H, Kaplan RM, Olsen J, Greenland S. An investigation of the apparent breast cancer epidemic in France: screening and incidence trends in birth cohorts. BMC Cancer. 2011 Sep 21;11(1):401.

[2] http://www.jle.com/fr/revues/med/e-docs/le_depistage_organise_permet_il_reellement_dalleger_le_traitement_chirurgical_des_cancers_du_sein__310529/article.phtml

Autres lectures et analyses en lien avec l'étude

Communiqué de presse : Communiqué de presse

Mette Kalager, professeure et chercheuse (Université d'Oslo) pose la question "si on était mieux sans mammographie?"

A lire ici : http://www.bmj.com/content/359/bmj.j5625

L'analyse de Dr Grange, ici : http://docteurdu16.blogspot.fr/2017/12/

Et la synthèse sur le dépistage Autier/Boniol : https://www.cancer-rose.fr/le-depistage-mammographique-un-enjeu-majeur-en-medecine/

Cancer Rose est un collectif de professionnels de la santé, rassemblés en association. Cancer Rose fonctionne sans publicité, sans conflit d’intérêt, sans subvention. Merci de soutenir notre action sur HelloAsso.


Cancer Rose is a French non-profit organization of health care professionals. Cancer Rose performs its activity without advertising, conflict of interest, subsidies. Thank you to support our activity on HelloAsso.

Analyse du nouveau panorama de l’OCDE 2017

3 décembre 2017

Le nouveau panorama de la santé de l' OCDE (2017) avec les indicateurs de l'OCDE est paru,  Edition OCDE)

Panorama OCDE

Analyse critique par

Dr Gourmelon Marc,

Dr Robert Vincent

Vous pouvez cliquer directement sur la partie qui vous intéresse

Première partie, Dr Marc Gourmelon Marc : critique formelle du texte

Deuxième partie Dr Vincent Robert : analyse statistique de l'hypothèse d'une baisse de mortalité associée au dépistage.

PREMIERE PARTIE


 

Introduction

 

Le document présenté est une vision de la santé sous différents aspects par l'analyse d'éléments présents dans de très nombreux pays dans le monde, pas seulement ceux faisant partie de l’OCDE.

« Le cancer est la deuxième cause de mortalité dans les pays de l’OCDE, après les maladies circulatoires ; il a été à l’origine de 25 % des décès en 2015, contre 15% en 1960. Dans plusieurs pays, comme le Danemark, la France, le Japon, les Pays-Bas, le Canada, le Royaume-Uni, l’Espagne, la Belgique et l’Australie, le taux de mortalités par cancer est supérieur à celui des maladies circulatoires. La part croissante des décès par cancer tient au fait que les taux de mortalité dus à d’autres causes, aux maladies circulatoires notamment, reculent plus rapidement que ceux du cancer. »(page 62, premier pavé)

Il est à noter que dès le début de ce rapport, la baisse de la mortalité est affirmée comme étant liée aux diagnostics précoces qui sont la conséquence de politiques de dépistage mises en place.

« Le cancer du sein est la deuxième cause de mortalité par cancer chez les femmes dans de nombreux pays de l’OCDE. Bien que son incidence ait augmenté au cours de la dernière décennie, la mortalité a diminué dans la plupart des pays grâce aux diagnostics plus précoces et à l’amélioration des traitements. »(page 62, 7ème pavé)

Cette affirmation, pour le moins « péremptoire » montre donc un parti pris des auteurs.

 

Cas du cancer de la prostate

 

A propos du cancer de la prostate :

«  Les taux de mortalité par cancer de la prostate ont diminué dans certains pays de l’OCDE sous l’effet de la détection précoce et de l’amélioration des traitements »(fin page 70 du document de référence).

Or la Haute Autorité de Santé,  dès 2012, ne recommande plus le dépistage ; " la HAS a confirmé sa non-recommandation du dépistage systématique du  cancer de la prostate en population générale comme dans les populations à haut risque sur les éléments suivants etc.." [i]

Il en est de même des autorités américaines et canadiennes. [ii]

Comment les auteurs de ce rapport peuvent-ils affirmer que le dépistage précoce a diminué grâce au dépistage quand cela contrevient aux recommandations d’autorités qui ont étudié en détail cette problématique.

La croyance contre les faits scientifique est sans doute la réponse à cette interrogation.

Cas du cancer du sein

 

Il est clair que le cancer du sein, de par sa fréquence est un réel problème de santé publique :

« Les plus courants sont le cancer du sein (12.9 % des nouveaux cas de cancer) et de la prostate (12.8 %), suivis du cancer du poumon (12.3 %) et du cancer colorectal (11.9 %). Ces quatre cancers représentent la moitié de la charge de morbidité estimée du cancer dans les pays de l’OCDE (Ferlay et al., 2014). » (page 70, premier pavé)

 

Un peu plus loin sur la même page :

«  La variation de l’incidence du cancer du sein d’un pays de l’OCDE à l’autre serait imputable, en partie tout au moins, à la diversité de la couverture et des méthodes de dépistage. Bien que les taux de mortalité par cancer du sein aient diminué dans la plupart des pays de l’OCDE depuis les années 1990 grâce à des diagnostics plus précoces et à une amélioration des traitements, ce cancer demeure l’une des premières causes de décès par cancer chez les femmes »(page 70, moitié du 4ème pavé).

A nouveau  est ici affirmé que le dépistage et les diagnostics précoces sont une des causes de la baisse de mortalité par cancer du sein.

 

Venons-en à présent au chapitre spécifiquement consacré au cancer du sein, dès page 128.

« Le cancer du sein est la forme de cancer la plus fréquente chez les femmes dans les pays de l’OCDE, à la fois en terme d’incidence et de prévalence. Une femme sur neuf souffrira d’un cancer du sein à un moment ou à un autre de sa vie. Les facteurs qui augmentent les risques de développer cette maladie sont l’âge, les antécédents familiaux de cancer du sein, la prédisposition génétique, les facteurs de reproduction, une œstrogénothérapie substitutive et l’hygiène de vie, y compris l’obésité, le manque d’activité physique, le régime alimentaire et la consommation d’alcool. » (page 128 du document de référence)

 

Il est peu contestable que le cancer du sein est la forme la plus fréquente de cancer chez la femme.

Par contre l’affirmation qu’une femme sur 9 souffrira d’un cancer du sein dans sa vie, occulte complètement le surdiagnostic dû aux politiques de dépistage par mammographie.

La fréquence du cancer du sein fait la part belle au surdiagnostic et il est impossible de savoir dans le nombre de cancers du sein  diagnostiqués ceux qui en étaient des « vrais ». D’où le problème de définition de cancer du sein.

Aujourd’hui c’est l’analyse anatomopathologique qui fait le cancer alors que l’anatomopathologiste est encore aujourd’hui incapable de dire si les cellules cancéreuses qu’il voit au microscope vont ou non tuer la femme.  

Dire qu’une femme sur neuf sera confrontée au cancer du sein est une présentation trompeuse, ce risque étant un risque cumulé tous âges confondus, calculé sur une population fictive en fonction des risques observés en 2012. Or il convient de considérer ce risque selon la tranche d’âge. Avec un suivi de 20 années, pour une femme de 40 ans ce risque est de 4%, pour une femme de 60 ans il est de 6%.(  

Le surdiagnostic est malgré tout évoqué un peu plus loin :

« La plupart des pays de l’OCDE ont mis en place des programmes de dépistage du cancer du sein qu’ils considèrent efficaces pour détecter la maladie à un stade précoce (OCDE, 2013). Or, en raison de l’amélioration récente des résultats des traitements et des inquiétudes relatives aux

résultats faux positifs, au surdiagnostic et aux traitements excessifs, les recommandations en matière de dépistage du cancer du sein ont été réévaluées ces dernières années. Au vu des conclusions des études récentes l’OMS préconise l’organisation d’un dépistage par mammographie parmi la population concernée si les femmes sont en mesure de prendre une décision éclairée après avoir pesé les avantages et les risques associés à cet examen (OMS, 2014). » (page 128, deuxième pavé)

Il est intéressant de noter qu’ici, à la différence des pages précédentes, que l’efficacité du dépistage du cancer du sein n’est pas affirmée.

De plus, il est mis en avant la nécessité de l’information éclairée des femmes, information éclairée qui n’est toujours pas assurée en France comme l’a montré notre dernière analyse du livret de l’ INCA sur le sujet.[iii]

 

Qu’en est-il des indicateurs retenus ?

Dès le début de ce document, les auteurs affirment se baser sur des indicateurs pertinents dans l’élaboration de leurs analyses. Ils écrivent :

« Un jeu de quatre à cinq indicateurs pertinents est présenté pour chacune de ces composantes, sous la forme de vues d’ensemble des pays de l’OCDE et de tableaux de bord nationaux. »(page 19)

 

Or à propos du cancer du sein, un des indicateurs présentés est le taux de survie :

« Le taux de survie au cancer du sein est signe d’un diagnostic précoce et de traitements améliorés. »(page 128, 4ème pavé)

Le taux de survie est défini ici : « La survie nette à cinq ans est la probabilité cumulée que les patients atteints de cancer survivent à leur cancer pendant au moins cinq ans, après avoir contrôlé les risques de décès dus à d’autres causes. »(page 128, encart gris, deuxième pavé)

 

Or le taux de survie est un mauvais indicateur car il fait la part belle au surdiagnostic en ignorant le biais d’avance au diagnostic [iv] dans le cas des cancers qui bénéficie d’un programme de dépistage précoce.

Sachant le problème de ce biais d’avance au diagnostic, comment les auteurs de ce panorama peuvent-ils écrire ceci :

« Au cours des 10 dernières années, le taux de survie net à cinq ans des femmes atteintes d’un cancer du sein a augmenté dans les pays de l’OCDE. Il a considérablement progressé dans certains pays d’Europe centrale et orientale, comme l’Estonie et la République tchèque, la survie après un diagnostic de cancer du sein y demeurant toutefois inférieure à la moyenne de l’OCDE. Il est possible que ces progrès soient liés au renforcement de la gouvernance des soins d’oncologie dans ces pays. La République tchèque a par exemple intensifié ses efforts en vue de s’attaquer au fléau du cancer du sein par la mise en place d’un programme de dépistage et un programme national de lutte contre le cancer au début des années 2000

(OCDE, 2014).(page 128, cinquième pavé)

 

Qu'en est-il des taux de mortalité selon les pays ?

 

On laisse croire que si la République Tchèque a vu le taux de survie des cancers du sein à 5 ans progresser, c’est grâce à la mise en place d’un programme de dépistage.

« Les taux de mortalité, pour leur part, ont reculé dans la plupart des pays de l’OCDE au cours de la décennie écoulée (graphique 6.35). Ce repli tient aux progrès en matière de dépistage et de traitement précoces du cancer du sein. Des avancées substantielles sont observées en République tchèque et au Danemark, où la mortalité a reculé de plus de 20 % en 10 ans, le Danemark continuant toutefois d’afficher l’un des taux les plus élevés. 

Par contre, le taux de mortalité du cancer du sein a augmenté de plus de 10 % en Islande et en Corée au cours de la dernière décennie.

L’Islande enregistre le taux le plus haut de l’OCDE, alors que celui de la Corée reste le plus bas. »(page 128, sixième pavé).

 

la République Tchèque semble le pays exemplaire car le dépistage a progressé de 30 % à 61,5 % et dans le même temps la mortalité est passée de 33 % environ à 23,3 %

Mais ce magnifique exemple ne saurait faire oublier d’autres pays.

Par exemple en Corée entre 2005 et 2015 le taux de dépistage a passé de 25 % environ à 66,8 % soit la progression la plus importante et dans le même temps la mortalité a augmenté même si elle est parmi la plus faible.

En Islande, la mortalité était de 27 % en 2005 elle est aujourd’hui de 31,5 % alors que le dépistage est quasi stable à 59 %.

La mortalité a progressé en Slovaquie alors que le dépistage y est stable à 75 %

La mortalité progresse aussi en Lettonie malgré l’amélioration du dépistage et c’est aussi le cas au Mexique et au Japon.

Le seul indicateur dont tout le monde reconnaît la pertinence,  est le taux de mortalité. Nous allons rechercher la relation entre taux de mortalité et dépistage dans la deuxième partie de cet article.

[i] https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2013-07/referentieleps_format2clic_kc_prostate_vfinale.pdf - 6eFormat2clic_KC Col prostate-040814.indd%3AAccueil-Fondements scientifiques-p30%3A1375page 30

[ii] https://screeningforprostatecancer.org/wp-content/uploads/2017/03/temp-Prostate-Cancer-Draft-RS_Final-for-Web_3.24.171.pdf

[iii]  https://www.cancer-rose.fr/analyse-critique-du-nouveau-livret-dinformation-de-linca/

[iv] Biais du temps d’avance au diagnostic et biais de sélection des cancers les plus favorables

http://www.minerva-ebm.be/fr/article/146

DEUXIEME PARTIE

Introduction

 

Le panorama comporte des données concernant les cancers du sein pour une trentaine de pays (page 128 et 129). On dispose ainsi pour ces pays des taux de dépistage, des taux de survie à 5 ans et des taux de mortalité par cancer du sein.

Nous avons cherché à vérifier si ces données confirment l'hypothèse d'une baisse de mortalité par cancer du sein associée au dépistage.

Hypothèse

Si l'hypothèse d'une baisse de mortalité associée au dépistage est correcte, les pays à fort taux de dépistage devraient également être des pays à faible taux de mortalité. On devrait donc observer une corrélation négative entre taux de dépistage et taux de mortalité. De même, les pays ayant augmenté leur taux de dépistage devraient avoir obtenu parallèlement une diminution de leur taux de mortalité et on devrait observer une corrélation négative entre évolution du taux de dépistage et évolution du taux de mortalité.

Méthode

Pour les pays pour lesquels l'information était disponible, nous avons étudié les relations entre taux de dépistage en 2015 et taux de mortalité en 2015, ainsi que les relations entre évolution des taux de dépistage entre 2005 et 2015 et évolution pour la même période des taux de mortalité.

L'étude des relations a été réalisée par méthode graphique (nuage de points + droite de tendance linéaire) et test de corrélation des rangs de Spearman.

La disponibilité des données a permis d'inclure 30 pays dans l'analyse des relations entre taux de dépistage et taux de mortalité et 27 pays dans l'analyse des relations entre évolution du dépistage et évolution de la mortalité.

La figure 1 représente le nuage de points taux de dépistage en 20015 - taux de mortalité en 2015 ; la figure 2 représente le nuage de points évolution du taux de dépistage - évolution du taux de mortalité. Chaque point représente un pays.

Cliquez sur la figure pour agrandir :

 

Résultats

Dans les 2 cas, la pente de la droite de tendance linéaire est discrètement positive ; autrement dit, la mortalité tend à augmenter quand le dépistage augmente. Cette tendance n'est toutefois pas statistiquement significative au test de corrélation des rangs de Spearman (autrement dit, cette tendance pourrait n'être qu'un effet du hasard).

Nous nous bornerons donc à conclure que les données publiées par l'OCDE ne corroborent pas l'hypothèse d'une diminution de la mortalité par cancer du sein associée au dépistage.

Discussion

Nous n'avons volontairement pas analysé les relations entre taux de dépistage et taux de survie à 5 ans. On sait en effet que ces relations sont faussées par l'avance au diagnostic qui accompagne le dépistage et qui augmente mécaniquement la survie apparente.

Du fait de modalités de recueil des données différents d'un pays à l'autre, les données de l'OCDE que nous avons utilisées sont de toute évidence hétérogènes. Cette hétérogénéité se traduit graphiquement par une forte dispersion des nuages de points et elle fait perdre de la puissance lors des tests statistiques. De surcroît, les situations sanitaires sont différentes d'un pays à l'autre et pourraient générer des biais. Par exemple, on peut imaginer que les pays qui ont le plus mis en place le dépistage sont les pays qui avaient les plus forts taux de mortalité ; cette mortalité pourrait avoir baissé avec le dépistage mais sans revenir aux taux des autres pays, laissant ainsi ces pays à fort dépistage parmi les pays à forte mortalité.

Ce risque de biais est réel dans l'analyse des relations entre dépistage en 2015 et mortalité en 2015. Il est plus limité dans l'analyse des relations entre évolution du dépistage et évolution de la mortalité entre 2005 et 2015. Travailler sur des évolutions de taux pour un même pays permet de réduire l'hétérogénéité des données liée aux modalités de recueil, ces modalités ayant probablement peu varié d'une période à l'autre. Travailler sur des évolutions de taux pour un même pays permet également de réduire les biais liés aux situations sanitaires différentes, les variations d'une période à l'autre étant probablement moins marquées que les variations entre pays.

Le test de corrélation portant sur les rangs des données plutôt que sur les données elles-même permet également d'atténuer le problème de l'hétérogénéité des données en s'affranchissant du problème des valeurs extrêmes (outliers).

Ces limites tenant à l'hétérogénéité des données et au risque de biais doit rendre prudent dans l'interprétation des résultats. Il n'en reste pas moins que les données de l'OCDE ne confirment pas l'hypothèse d'une réduction de mortalité par le dépistage et qu'on peut affirmer que, si le dépistage permet une réduction de mortalité, cette réduction est certainement très modeste. Une forte réduction aurait en effet été mise en évidence malgré les limites de qualité des données.

Nos résultats sont par ailleurs en accord avec les études récentes qui concluent également à une absence de diminution de la mortalité par cancer du sein par le dépistage organisé.

biblio 1 2 3

 

Conclusion

En conclusion, les données concernant les cancers du sein publiées par l'OCDE dans son Panorama de la santé 2017 ne corroborent pas l'hypothèse d'une diminution de la mortalité par cancer du sein associée au dépistage. Nous pouvons donc, au minimum, affirmer que le dépistage ne constitue pas le déterminant principal de la baisse de mortalité observée dans la plupart des pays depuis 10 ans.

Biblio

1 Impact of screening mammography on breast cancer mortality

Archie Bleyer, Cornelia Baines, Anthony B. Miller

Issue International Journal of Cancer
International Journal of Cancer
Volume 138, Issue 8, pages 2003–2012, 15 April 2016

 Les auteurs concluent que le lien entre mammographie de dépistage et le degré de réduction de mortalité par cancer du sein observée ces dernières années est de plus en plus sujet à controverse.

Une comparaison de huit pays d’ Europe et en Amérique du Nord ne démontre pas de corrélation entre la pénétration du dépistage national et la chronologie ou même l’ampleur de réduction de mortalité par cancer du sein.

Les preuves issues des trois approches différentes et d’autres observations supplémentaires ne soutiennent pas l’hypothèse que le dépistage par mammographie serait la raison principale de la réduction de mortalité par cancer du sein observée en Europe et en Amérique du Nord.

https://www.cancer-rose.fr/etude-dimpact-du-depistage-par-bleyermiller-2015/

2   « Breast Cancer Screening, Incidencee, and Mortalily Acress US Countrie. »
Auteurs : Harding C, Pompei F., Burmistrov D., et al.
JAMA Intern Med. Published online July 06, 2015. doi:10.1001/jamainternmed.2015.3043

https://www.cancer-rose.fr/analyse-etude-jama/

3 Mortalité par cancer du sein et facteurs associés dans l’Etat de São Paulo, Brésil: une analyse écologique

http://bmjopen.bmj.com/content/7/8/e016395

Auteur : Carmen Simone Grilo Diniz

Panorama de l'OCDE

Cancer Rose est un collectif de professionnels de la santé, rassemblés en association. Cancer Rose fonctionne sans publicité, sans conflit d’intérêt, sans subvention. Merci de soutenir notre action sur HelloAsso.


Cancer Rose is a French non-profit organization of health care professionals. Cancer Rose performs its activity without advertising, conflict of interest, subsidies. Thank you to support our activity on HelloAsso.

Un témoignage à Cancer Rose

Cancer Rose vous offre une tribune citoyenne. Vous aussi, vous pouvez témoigner.

par Dr Marc Gourmelon, 30 novembre 2017

 

 

 

Nous avons reçu sur notre site un témoignage qui nous a paru indispensable de partager  .

L’histoire vécue d’une patiente montre combien le comportement et l’action des médecins n’est jamais sans conséquence pour son patient  .

Ce que dit ce témoignage n’est jamais évoqué car « les médecins agissent pour le bien des patients ».

Mais se rendent-ils compte que ce qu’ils font, disent dans le secret de leur cabinet, peut avoir des conséquences dramatiques pour la vie de ceux qu’ils reçoivent ?

Cette partie de l’intime n’est jamais exprimée, c’est la raison pour laquelle ce récit est particulièrement précieux et nous a semblé important de le publier avec l’accord de l’intéressée.

 

 

Témoignage

 

De Martine B : Remerciements et témoignage *
Bonjour,

Je vous écris après avoir découvert votre association dans un article du magazine Paris Match, que je feuilletais dans la salle d’attente de mon gynécologue. Quel heureux hasard.

Je vous écris car j’aimerais vous apporter un témoignage de la façon dont une femme sous surveillance systématique pour un risque de cancer du sein depuis 20 ans vit cette situation. Mon témoignage ne vaut que pour ce qu’il est, c’est à dire mon expérience personnelle et je n’ai bien entendu pas la prétention d’être un exemple de ce que vivent les autres femmes dans ma situation, mais je pense que nous sommes nombreuses à en souffrir. Peut être apportera -t-il de l'eau à votre moulin.

Le jour ou j’ai lu cet article, j’avais rendez-vous avec un nouveau spécialiste dans la ville ou je viens d’emménager. Je lui ai fait, comme il se doit pour une première visite un résumé de mon historique familial et comme d’habitude depuis les 20 dernières années de ma vie, il m’a prescrit un bilan sénologique complet, pour, m’a t-il dit « servir de référence ». J’ai un peu protesté, il a insisté.

Je viens d’avoir 46 ans. Ma mère est morte à 60 ans d’un cancer du sein métastasé, qui avait débuté 10 ans plus tôt. Je dois préciser ici que ma mère n’était pas porteuse des gènes BRCA1 BRCA2, que ma grand mère maternelle est morte à 98 ans, après sa fille, d’un AVC, tout comme sa mère avant elle, morte à 92 ans.

Quand j’ai atteint l’âge de 27 ans, ma gynécologue, qui était aussi celle de ma mère, alors en pleine rechute de son cancer, a décidé de me mettre sous surveillance en faisant pratiquer de façon annuelle un bilan senologique. Je me suis pliée à cet exercice les deux premières années, puis, devant les doutes sur le bien fondé de cette démarche émis par les médecins qui pratiquaient les examens, j’ai demandé à ce que l’on mette plus de distance. 18 mois fût le délai que ma spécialiste jugea raisonnable. 24 mois furent en réalité les délais que j’appliquais de moi même.

A aucun moment à cette époque je n’ai pensé remettre en question le jugement de ma spécialiste. C’est un cancérologue qui traitait ma mère, alors en fin de vie qui m’a interpellée à ce sujet. Il m’a parlé du score d’Eisinger et m’a expliqué que selon toute vraisemblance j’avais un score équivalent à toutes les femmes de mon âge, 34 ans et pas de risque accru, si ce n’est par la pratique de ces irradiations que mon médecin me faisait pratiquer depuis 7 années déjà. Ce fût un choc. Ma mère mourut peu après et je tombais enceinte pour la première fois, ce qui mit un peu de distance entre le dépistage et moi, mais je gardais en mémoire ses paroles en me promettant d’en parler avec ma spécialiste quand l’heure serait venue.

Ce fût fait trois ans plus tard. Elle entendit ma demande, mais au lieu de me rassurer et de confirmer les dires du cancérologue, me proposa de limiter l’irradiation en faisant réaliser des   . Choquée, déstabilisée après 15 ans passés à être suivie par elle, je décidais de changer de spécialiste. J’en choisis une hautement recommandée par les collègues sages-femmes de ma mère. Mais là encore, après explication de mon « historique familial » je m’entendis dire « On connaît ces deux gènes, mais il y en peut être d’autres. Vous ne pouvez être certaine de rien. Il faut continuer à pratiquer un bilan tous les deux ans. »

Alors me voilà, à 46 ans, deux enfants et 9 mammographies parfaites au compteur, avec un nouveau spécialiste qui me propose de continuer cette cavalcade, comme si de rien n’était. 20 ans que tous les deux ans, la boule au ventre je prends rendez-vous et je me plie à ce que l’on attend de moi. 20 ans que finalement, je vis comme si j’étais une malade en sursis. 20 ans que je pratique des auto-palpations quasi quotidiennes et que je ressens des douleurs et symptômes de somatisation, dont je n’ose parler qu’à ma psy et à mon mari qui soufre avec moi du poids que cette peur tenace, qu’on a lentement instillée en moi.

J’ai vécu mes grossesses dans la terreur de la maladie, j’ai allaité mes enfants 18 mois chacun, plus dans un but prophylactique, pour mettre toutes mes chances de mon côté, que par plaisir. J’ai accompagné ma mère dans toutes ses épreuves et ce depuis mes 17 ans. J’ai vécu cette maladie avec elle. Cette simple expérience était en soi déjà suffisamment traumatisante, mais les médecins, dont la parole a forcément un poids énorme, ont réussi à faire de moi une malade imaginaire et, comme je l’ai découvert ont aussi vraisemblablement augmenté mes risques véritables de tomber malade un jour, en me permettant de m’irradier inutilement.

Alors aujourd’hui après avoir découvert votre site, et lu beaucoup d’articles sur le sujet, j’ai décidé que cela devait s’arrêter, que je devais reprendre en mains ma santé et que je n’irai plus faire de mammographies.
Cela sera difficile, car avec la peur, on m’a aussi inoculé un sentiment de culpabilité. La mauvaise mère, la mauvaise épouse, qui ne se ferait pas diagnostiquer assez tôt et qui risquerait sa vie…. mais en fait en prenant cette décision, j’ai l’impression de sauver ma peau. Ce n’est pas MA peur, c’est la leur. Celle de passer à côté de quelque chose, de perdre encore une patiente.

Un immense merci donc pour votre démarche, qui a donné du poids à ce que je ressentais confusément depuis si longtemps. Continuez d’informer les femmes! Et pour apporter ma modeste contribution, j’ai décidé de souscrire à votre association.

Bien à vous,

 

 

De nos pratiques médicales

 

Ce témoignage met en lumière les idées fausses et déviances de nos pratiques médicales :

 

  • Faire passer une femme comme à risque en raison d’un seul antécédent familial de cancer du sein ( aïeules décédées à des âges avancés) ; et à l’encontre de l’avis d’un spécialiste cancérologue.

 

  • La conviction de nombres de médecins que la surveillance par mammographie est le « gold standard » du travail de prévention d’un cancer du sein. La proposition de remplacer la mammographie par un IRM qui ne délivre pas de rayons X ne change rien au comportement médical.

 

  • La non information éclairée sur le dépistage du cancer du sein par mammographie, la croyance exagérée dans les bénéfices du programme de dépistage porté par les autorités, les médias, la majorités des médecins ; tout cela a des conséquences réelles sur la vie quotidienne des femmes comme le relate cette patiente.

 

Les conséquences sur la vie des femmes sont systématiquement niées par ceux qui portent cette promotion affirmant sans vergogne que le dépistage du cancer du sein par mammographie, qu’il soit organisé ou individualisé comme ici est sans conséquence aucune.

 

Ce témoignage souligne que trouver des informations fiables et indépendantes est très difficile.

Il a fallu le hasard de la lecture d’un rare article qui porte notre combat pour l’information éclairée de toutes les femmes sur le sujet pour que cette femme trouve enfin l’information qu’elle pressentait au fond d’elle-même.

Combien de patientes passent à côté de cette information encore insuffisamment reprise, alors que bon nombre d'expositions médiatiques ne rapportent que le dogme de la mammographie de dépistage qui sauverait des vies ?

De plus cette information biaisée est souvent culpabilisante.

Enfin, cette contribution montre à quel point le « primum non nocere » ( d’abord ne pas nuire) enseigné il y a plus de 2500 ans par HIPPOCRATE est complètement oublié aujourd’hui par nombre de médecins convaincus de bien faire.

 

Mais chacun sait que « l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions ».

 

 

* : le prénom et l’initiale du nom ont été modifiés pour respecter l’anonymat.

 

 

 

 

Cancer Rose est un collectif de professionnels de la santé, rassemblés en association. Cancer Rose fonctionne sans publicité, sans conflit d’intérêt, sans subvention. Merci de soutenir notre action sur HelloAsso.


Cancer Rose is a French non-profit organization of health care professionals. Cancer Rose performs its activity without advertising, conflict of interest, subsidies. Thank you to support our activity on HelloAsso.

Traitement hormonal substitutif (THS) et cancer du sein

Synthèse Dr C.Bour, 29/12/2020

Le débat sur la question du lien entre THS et cancer du sein est ancienne, et date de 2002 où une étude américaine laissait entendre un sur-risque de cancer chez les patientes sous THS. Cette première étude a donné lieu à de grandes controverses. Cet essai WHI (Women Health Initiative) est une vaste étude randomisée américaine ayant pour objectif d’évaluer les risques et les bénéfices de différentes stratégies diététiques et médicales, pouvant réduire l’incidence des maladies cardiovasculaires, des cancers du sein, du cancer colorectal ainsi que des fractures chez les femmes ménopausées.

Prévu pour durer plus de 8 années, l’essai a été prématurément arrêté au premier semestre 2002 après un peu plus de 5 années, les risques ayant été jugés supérieurs aux bénéfices, en particulier à cause de l’apparition d’effets cardiovasculaires défavorables et inattendus du THS.

En effet l'étude confirmait bien un effet anti-fracturaire vertébral et fémoral, un effet bénéfique sur le taux des cancers du côlon, mais objectivait une augmentation des accidents vasculaires cérébraux, des infarctus du myocarde, des phlébites et embolies pulmonaires, et des cancers du sein.

La contestation des résultats, en France, se basait sur le fait que les produits utilisés au cours de l'étude étaient des œstrogènes équins administrés par voie orale et normodosés (alors qu’en France on utilisait de l’estradiol par voie transdermique ou orale), et de l’acétate de médroxyprogestérone non utilisée en France. Grand ouf de soulagement donc lorsque le JAMA[1], en 2017, revenait sur ces premiers résultats plutôt affolants et contestait cette sur-mortalité dans l'étude WHI, les gynécologues français considérant alors le THS globalement comme une "bonne chose si le traitement n'est pas standardisé mais personnalisé".[2]

Mais en médecine, jamais rien n'est gravé dans le marbre, et en 2003, une autre étude, anglaise[3] celle-ci, menée de 1996 à 2001 auprès de plus d'un million de femmes ménopausées entre 50 et 64 ans, montrait un sur-risque de cancer du sein sous THS, et cela même avec des traitements couramment utilisés en Europe. Le résultat de l'étude était que le risque de survenue de cancer du sein ainsi que le risque de décès lié à des cancers était plus important chez les femmes traitées que chez les femmes non traitées, et plus important chez les femmes traitées par une association oestroprogestative que chez les femmes recevant un traitement œstrogénique seul. Cette étude anglaise examinait bien des traitements utilisés en Europe, tant pour les types d'oestroprogestatifs que pour leurs voies et modes d'administration.

La controverse était telle que la prescription systématique de THS fut drastiquement freinée dès 2004. Et il est vrai qu’on a observé une diminution de l’incidence de ce cancer vers 2004, date à laquelle on a cessé de prescrire à grande échelle le THS et sur de longues durées. [4]

On trouve le THS comme facteur de risque sur la page de l'OMS :
"Certains facteurs accroissent le risque de cancer du sein, notamment l’âge, l’obésité, l’abus d’alcool, des antécédents familiaux de cancer du sein, une exposition aux radiations, les antécédents gynécologiques (l’âge au moment des premières règles et à la première grossesse, par exemple), le tabagisme et un traitement hormonal post-ménopause." 

Une étude de 2019 - un sur-risque de cancer confirmé sous THS

Il s'agit d'une revue de 58 études épidémiologiques sur le sujet de l'association THS et cancer du sein, pour la plupart observationnelles, portant sur plus de 100.000 femmes au total. Publiée en 2019 dans Le Lancet [5], cette revue démontre un risque de cancer du sein accru chez les femmes qui suivent un traitement hormonal contre les effets de la ménopause. Si ce sur-risque diminue bien après l'arrêt du traitement, il persiste néanmoins pendant au moins une dizaine d'années.

L' étude est innovante dans la mesure où est quantifié le risque pour chaque type de traitement.

Ainsi, une femme de cinquante ans qui suit pendant 5 années un THS combinant des œstrogènes et de la progestérone en continu a un risque de développer un cancer du sein dans les 20 années qui suivent de 8,3% après le début du traitement. Le risque ne serait que de 6,3% pour les femmes du même âge n’ayant eu aucun traitement.

Le risque de développer un cancer du sein à 20 ans serait de 7,7% pour les femmes ayant suivi un traitement avec œstrogènes et progestérone mais par intermittence, et de 6,8% pour celles traitées par œstrogènes seuls, estiment les chercheurs.

Ce qu'il faut retenir essentiellement de l'étude

  • Tous les traitements hormonaux de la ménopause sont associés à un risque accru, à l'exception des gels aux œstrogènes pour application locale.
  • Le risque augmenterait aussi avec la durée du traitement, l'utilisation d'un THS pendant 10 ans entraînerait un excès de risque de cancer du sein environ deux fois plus élevé que le risque d'un traitement sur 5 ans seulement.
  • A l'inverse l'utilisation d'un THS pendant moins d'un an entraînerait peu de risque.

Adapter en fonction du besoin

Actuellement la pratique vise à individualiser les prescriptions, en envisageant soigneusement les risques et les bénéfices d’un traitement pour chaque femme et en prenant en compte l'impériosité ou non d'avoir recours au THS, selon les troubles climatériques de la femme. (Le climatère désigne les années de changement hormonal que connaît la femme avant puis après la ménopause.)

La recommandation de la Haute Autorité de Santé

En 2004 la Haute Autorité de Santé (HAS) a émis une recommandation[6]qui est toujours en vigueur : le THS doit être prescrit sur une courte durée. La HAS précise qu'il n'y a aucune utilité de prescription d'examens radiologiques supplémentaires ou spécifiques pour la femme traitée par THS, en revanche la HAS demande l'intégration systématique, pour toute femme traitée, dans le programme de dépistage. Voilà ce qui est préconisé [7]:

  • En cas de traitement hormonal substitutif ou traitement hormonal de la ménopause en cours :

En cas de prescription avant 50 ans et en l’absence de données suffisantes pour déterminer la balance bénéfice-risque de la mammographie, aucune surveillance radiologique spécifique n’est recommandée.
En cas de prescription après 50 ans, aucune surveillance radiologique spécifique n’est recommandée. La femme doit être incitée à participer au programme national de dépistage organisé.

En cas de prescription de THS le médecin prescripteur ne peut donc s'affranchir, au risque de s'exposer à des poursuites judiciaires, de recommander le dépistage systématique du cancer du sein à sa patiente.[8]

En complément de cet article : https://cancer-rose.fr/2020/03/02/depistage-et-paradoxe-lors-de-lusage-de-certains-medicaments/

Références


[1] https://jamanetwork.com/journals/jama/article-abstract/2653735

[2] https://www.lequotidiendumedecin.fr/actus-medicales/recherche-science/thm-letude-whi-montre-finalement-une-absence-de-surmortalite

[3] https://www.ansm.sante.fr/S-informer/Communiques-Communiques-Points-presse/Traitement-hormonal-substitutif-et-risque-de-cancer-du-sein

[4] Page 6 du document : "ÉTAT DES LIEUX ET DES CONNAISSANCES/ FICHES REPÈRES"

FÉVRIER 2015

TRAITEMENTS HORMONAUX
DE LA MÉNOPAUSE ET RISQUES
DE CANCERS

Document rédigé et coordonné par le département Prévention, pôle Santé publique et soins (PSPS)-INCa. "Même si cette hypothèse est à approfondir, la diminution de l’incidence du cancer du sein a aussi été décrite dans d’autres pays où la chute de prescription des THM (traitement hormonal de la ménopause) a été spectaculaire, comme au Canada, en Allemagne, aux États-Unis, en Belgique et en Australie."

[5] https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(19)31709-X/fulltext

[6] https://www.has-sante.fr/jcms/c_1754596/fr/traitements-hormonaux-de-la-menopause

[7] https://www.has-sante.fr/jcms/c_1741170/fr/depistage-du-cancer-du-sein-en-france-identification-des-femmes-a-haut-risque-et-modalites-de-depistage#toc_1_2

[8] https://cancer-rose.fr/2020/03/02/depistage-et-paradoxe-lors-de-lusage-de-certains-medicaments/

Cancer Rose est un collectif de professionnels de la santé, rassemblés en association. Cancer Rose fonctionne sans publicité, sans conflit d’intérêt, sans subvention. Merci de soutenir notre action sur HelloAsso.


Cancer Rose is a French non-profit organization of health care professionals. Cancer Rose performs its activity without advertising, conflict of interest, subsidies. Thank you to support our activity on HelloAsso.

Qu’est-ce qu’un « risque élevé » ?

D'ABORD

Qu'est-ce qu'une "famille à risque" ?
Un antécédent familial seul, même direct, ne constitue pas, contrairement à ce qui est souvent agité comme épouvantail aux femmes, la preuve d'être une personne "à risque".
Nous recevons suffisamment de témoignages de femmes jeunes inquiétées inutilement et surtout incitées à des surmédicalisations inutiles et dangereuses.

Qu’en est-il de la recherche de mutations génétiques chez les femmes ? Quand doit-on la réaliser ?

C’est la question que s'est posée la revue indépendante Prescrire, tome 36 N°388/février 2016

Les mutations génétiques portant sur les gènes BCRA1 et BCRA2 sont de transmission autosomique dominante, la femme porteuse de ces mutations est exposée au risque de cancer du sein ou de l’ovaire, à la fois plus élevé, mais aussi plus précoce que dans la population générale.

-L'âge médian de survenue est de 40 ans et le risque cumulé à 70 ans de connaître un cancer est de 51 % à 75 % pour la mutation BRCA1
-L'âge médian est de 43 ans et le risque cumulé estimé de 33 % à 55 % pour la mutation BRCA2.

La revue Prescrire propose de retenir comme antécédents significatifs, pour proposer une consultation d’onco-génétique, les critères suivants :

-Trois personnes de la même branche ayant un cancer du sein avant 70 ans,

-Deux personnes de la même branche avec un cancer avant 50 ans

-Une personne ayant eu un cancer de l’ovaire

-Une personne atteinte du cancer du sein avec un diagnostic avant 40 ans, ou une forme bilatérale, le premier avant 50 ans, ou un cancer négatif aux récepteurs hormonaux et survenu avant 60 ans.

Dans ces cas et selon le tableau de score ci-dessous sera demandée la consultation d'onco-génétique.

Score d'Eisinger

Le score d'Eisinger est une aide à la décision pour demander une consultation d'onco-génétique.

Nous le reproduisons ci-dessous (téléchargeable) :

Analyse de l arbre généalogique selon le score d Eisinger : Additionner les scores pour chaque branche de la famille. Score > 3. Consultation d oncogénétique. Score < 3. Examen clinique annuel à partir de 25 ans. Dépistage à partir de 50 ans.

Plusieurs situations peuvent se présenter dans les familles présentant ainsi plusieurs cas de cancer du sein :

A-  Mutation mise en évidence chez une femme de la famille, présentant un cancer du sein.

Cette recherche de mutation génétique apporte une information précieuse aux femmes de la parentèle : les femmes qui en sont porteuses ont un risque plus élevé, les femmes de la même famille qui ne l’ont pas se retrouvent avec le risque de la population générale.
Si en raison d’une généalogie chargée une femme de la famille décide d’effectuer une recherche de mutation sur les gènes BCRA1 ou BCRA2, et se retrouve porteuse de mutation délétère sur ces gènes, alors son risque apparaît important de faire un cancer du sein, et ce risque est aussi très important pour la parentèle.

B-  Pas de mutation mise en évidence chez la femme présentant un cancer du sein.

Soit il n’y a réellement aucune mutation et la patiente a fait une forme de cancer sans cause génétique, ou alors il y en a bien une, mais il peut s'agir d’une cause génétique non identifiée.

Il y aura donc alors une incertitude pour les femmes de sa famille quant au caractère héréditaire ou non de ce cancer, le risque du caractère familial de ce cancer n’est pas aussi élevé qu’en cas de mutation identifiée notamment BRCA mais peut-être un peu plus haut que celui de la population générale.
L’incertitude fait qu’il y a lieu alors d’analyser la généalogie, comportant elle aussi son lot d’incertitudes et d’imprécisions..

C-  La personne porteuse du cancer du sein n’a pas effectué de recherche génétique.

Pour les femmes de la parentèle cela donne une information inexploitable : soit la personne malade peut avoir eu une mutation non recherchée, soit elle est indemne de mutation mais la mutation pourrait bien exister chez les membres de la famille.

Au total retenons :
  • Soit la personne présente un cas familial porteur de mutation mais est indemne de toute mutation elle-même, son risque sera proche de celui de la population générale.
  • Soit elle est porteuse de la mutation et on peut lui estimer son risque de faire un cancer du sein, lequel sera plus élevé que dans la population générale.
  • Mais pour d’autres femmes il peut persister bien des incertitudes sur le risque familial de contracter un cancer du sein :
    *Chez les femmes dont des membres de la famille ont eu un cancer du sein mais sans mutation mise en évidence sur un seul des cas familiaux,
    *Chez les femmes avec une recherche génétique personnelle de mutation négative, avec une généalogie présentant plusieurs cas de cancers du sein, mais sans recherche effectuée sur les personnes malades.

Synthèse de conduites à tenir selon les situations d’après le dossier Prescrire

Paru dans "La Revue Prescrire" mai 2016/Tome 36 N°391-p.355 à p.361

Différentes options proposées par les auteurs, selon les situations de risque (portage de mutation, pas de mutation personnellement mais un cas dans la famille, pas de mutation du tout mais une 'histoire' familiale) ; nous avons tenté de synthétiser ces situations dans un tableau (plus bas, téléchargeable).

Tout d’abord qui sont les sujets à risque ?

-femme avec un cas de cancer du sein chez une parente au premier degré (mère, sœur, fille) avant 40 ans.

-deux femmes avec cancer du sein dans la famille au premier ou au deuxième degré.

-homme de la famille atteint, du premier ou deuxième degré

-femme de la famille au premier ou deuxième degré atteinte d’un cancer de l’ovaire.

Lorsque dans ces familles on ne retrouve pas de mutations génétiques, le risque familial reste tout à fait incertain.

Lire pour de plus amples explications l'article : https://cancer-rose.fr/2016/11/20/depistage-et-risque-familial-eleve-de-cancer-du-sein/

et https://cancer-rose.fr/2021/01/18/haut-risque-de-cancer-du-sein-et-mammographie-en-pratique/

A qui proposer une mastectomie prophylactique (une ablation des seins à visée préventive) ?

Synthèse d'un article intitulé « à qui proposer une mastectomie prophylactique » publié dans la revue 'Réalités en Gynécologie-Obstétrique- N°185_janvier 2017' ; Auteurs : A.Kane, CH. Dehghani, E.Vincens du Service de chirurgie viscérale et gynécologique, Groupe hospitalier Diaconesses Croix Saint-Simon, Paris

Les conclusions sont :

  • Pour les patientes porteuses de la mutation génétique (mutation BRCA1 et 2 mais surtout BCRA1), indemnes, surtout pour les jeunes et celles avec histoire familiale chargée, la mastectomie préventive correspond au meilleur moyen de prévention, et doit être discutée avec elles.
  • Pour les patientes porteuses de mutation ou à histoire familiale chargée et qui ont eu un cancer du sein, la mastectomie bilatérale préventive ou controlatérale en cas d’ablation du sein lors du premier cancer semble présenter un intérêt en terme de survie et de diminution de survenue d’un deuxième cancer du sein. Elle est d’ailleurs recommandée par la HAS.
  • Pour les patientes ayant eu un cancer du sein, mais sans risque génétique ni histoire familiale, le bénéfice est très incertain et certainement fortement surévalué. Les auteurs en invoquent les nombreux risques. Elle n’est PAS recommandée.

Trois cas de figure sont étudiés :

  1. Demande de mastectomie préventive de patientes avec mutation ou à haut risque.
  2. Demande de mastectomie préventive controlatérale chez ces patientes mutées ou à haut risque familial, ayant eu un premier cancer du sein.
  3. Demande de mastectomie préventive chez des patientes ayant eu un cancer du sein, sans contexte génétique.

Pour l'analyse plus détaillé lire ici : https://cancer-rose.fr/2017/01/03/a-qui-proposer-une-mastectomie-prophylactique/

Et ici : https://www.boitedecision.ulaval.ca/fileadmin/documents/Boites_PDF/BRCA12/Dbox_BRCA_1-2_FR.2019.pdf

Une aide à la décision

Une aide à la décision pour décider de faire la recherche de mutation BCRA ou non est disponible ici : https://www.boitedecision.ulaval.ca/fr/boite-pdf/?tx_tmboites_tmboitesshow%5Bboite%5D=12&cHash=01525475bcac7b3fcf7c8f2a2669312e

Et ici : https://www.boitedecision.ulaval.ca/fileadmin/documents/Boites_PDF/BRCA12/Dbox_BRCA_1-2_FR.2019.pdf

Les lésions dites "à risque"

Il s'agit de lésions "frontières" trouvées à l'examen microscopique après une biopsie mammaire, qui ne sont pas réellement bénignes, qui ne sont pas des cancers à proprement parler, qui sont dites "intermédiaires" et présentent un risque plus ou moins accru pour la patiente de se transformer ultérieurement en cancer.

Nous présentons ci-dessous deux tableaux de recommandations qu'on peut trouver dans la littérature, qui quantifient le risque selon le résultat d'une biopsie.
Ces deux tableaux indiquent les conduites à tenir proposées (abstention, chirurgie ou surveillance)

Cancer Rose est un collectif de professionnels de la santé, rassemblés en association. Cancer Rose fonctionne sans publicité, sans conflit d’intérêt, sans subvention. Merci de soutenir notre action sur HelloAsso.


Cancer Rose is a French non-profit organization of health care professionals. Cancer Rose performs its activity without advertising, conflict of interest, subsidies. Thank you to support our activity on HelloAsso.

Test prédictif des réactions à la radiothérapie : des femmes en grand danger

Dr Annette LEXA (PhD Toxicologie)

20 Novembre 2017

Alors que les grands media donnent l’impression de découvrir un scoop brûlant et une polémique possible [1] , la communauté biomédicale française[2] et internationale est désormais parfaitement consciente des limites du dépistage du cancer du sein et de son fardeau (bénéfices limités, sensibilité et spécificité[3] imparfaites, surdiagnostic, chirurgie « préventive », morbidité et mortalité par radiothérapie) mais ne communique pas cet état de fait dans le grand public.

Cancer Rose avec le FORMINDEP , avec plusieurs médecins généralistes indépendants sur les réseaux sociaux  (Jean Claude Grange, Claudina Michal-Teitelbaum, JB Blanc, Dominique Dupagne, Jaddo, etc.) et plusieurs femmes (Martine Bronner , Rachel Campergue, etc.) n’ont fait que relayer - bénévolement, indépendamment et gratuitement  - l’information scientifique disponible auprès des premières concernées, travail qui aurait normalement dû être fait par les professionnels et qui ne l’a pas été pour 2 principales raisons : certains sont atteints de biais cognitifs sévères, d’autres ont très peur du « ressenti » des femmes qui pourraient perdre « confiance » dans le dépistage qui doit donc être amélioré au plus vite. Ceci explique sans doute ce premier Octobre Rose 2017 étrangement silencieux.

Concernant le risque lié à la radiothérapie, Cancer Rose avait déjà alerté les femmes  du risque [4]. Mais il continue à être largement sous estimé 2. Suite à un courriel qu’une femme angoissée nous a adressé le 4 octobre dernier, nous avons cherché à faire le point sur les tests prédictifs de radiosensibilité tissulaire disponible en France. [5]. Et ce que nous avons découvert n’est pas très joli , à nouveau devrait-on dire.

La radiosensibilité  est un vrai problème de santé publique

Sur les 380 000 cas de nouveaux cas de cancers en France, 60 % sont traités par radiothérapie. Les patient(e)s reçoivent des séances de l’ordre de 2 Gy[6], répétées quotidiennement. Même avec des appareils de pointe, le risque d’irradiation de tissu conjonctif [7] sain est inévitable.

A-Généralités sur les effets des radiothérapies, tous organes confondus

Parmi les patients traités par radiothérapie, 5 à 20%* peuvent montrer des réactions indésirables *comme des dermites, fibroses, rectites (pour des cancers pelviens)  (on parle alors de radiosensibilité tissulaire), des cancers secondaires radioinduits[8] (entre 5 et 12%) (on parle alors de radio-susceptibilité au cancer).  Pour l’instant aucune médecine personnalisée ne prend en compte actuellement le risque individuel de radiosensibilité ou de radiosusceptibilité. D’ailleurs les règles internationales de radioprotection (e.g. Sievert6) considèrent encore les individus comme étant tous radiorésistants pour ces deux notions. Encore aujourd’hui, on expose les personnes à une même dose d’irradiation pouvant entraîner soit la guérison sans effet secondaire, la guérison avec des effets secondaires plus ou moins graves à mortels quand il s’agit d’une coronarite, voire la mort dans 100% des cas exceptionnels de maladies génétiques rares bien caractérisées. Tous les paramètres du traitement sont déterminés ainsi que les paramètres du patient ; l’expérience clinique du radiothérapeute entre ici en jeu lors de la consultation initiale avant radiothérapie

Mais une personne qui aura un risque 10 fois plus élevé qu’une autre de développer un cancer recevra pourtant la même dose qu’une personne réparant bien ses lésions de l’ADN et peu susceptible de développer un cancer secondaire, puisque cette radio-susceptibilité individuelle n'est pas connue à l'avance.

B-Les réactions immédiates

Quasiment 100% des patientes (cancer du sein) ont une réaction immédiate :

- Réactions cutanées : rougeur, dessication, voire phlyctènes ou plus en fonction de la taille du sein, et de la susceptibilité personnelle + des traitements reçus précédemment (en particulier la chimiothérapie, qui est radiosensibilisante) ; c’est ce qu’on appelle la radioépithélite (contrairement à la radiodermite beaucoup plus profonde imputable à une erreur de doses ce qui conduit à une radiodermite immédiate) ;

- Réactions du tissu de soutien : œdème du sein ;

- Sur le plan général, asthénie, nausées pour les plus sensibles et tendance dépressive.

Ceci dure le temps de la radiothérapie et environ un mois, un mois et demi après et disparaît totalement par la suite. Ces effets immédiats n’ont jamais pu être corrélés avec les effets tardifs, ce sont deux phénomènes indépendants.

 C- les réactions tardives

Les réactions tardives se manifestent à partir de 3, mais plutôt 6 mois après la fin de la radiothérapie et jusqu’à 5 ans après :

- Fibrose de toute ou partie de la zone irradiée : le sein peut se rétracter et se durcir (indolore)(tous les stades se voient de la simple modification de la consistance du sein [ le galbe du sein devient plus « jeune »] jusqu'à la rétraction pierreuse). Pas de traitement connu.

- Lymphoedèmes : le bras est le site le plus commun (lorsque l’irradiation a concerné les aires ganglionnaires), mais le thorax peut être concerné et ressenti clairement par les patientes, avec parfois la phlébite de Mondor (thrombose d’une veine superficielle thoracique antérieure). L’auto-massage de tout le membre supérieur, des doigts jusqu’à l’aisselle, et quotidien peut être préconisé, contraignant mais efficace.

- BOOP (Bronchiolite Oblitérante Avec Organisation Pneumonique) : réaction du parenchyme pulmonaire, évoluant pour son propre compte, d’évolution bénigne et traitée par corticothérapie au long cours (minimum 6 mois, possible jusqu’à 2 ans).

- De nombreuses pathologies de l’épaule (articulaires) où la chirurgie a un rôle aussi, mais pas seulement.

La complexité du problème réside dans le fait que plus la dose par séance est importante (connue) et plus la radiosensibilité est importante (inconnue), plus le risque de réaction tardive s’élève. D’où l’intérêt de l’expérience clinique du radiothérapeute qui adaptera la dose, certes autour de 2 Gy/séance, mais variant de 1,80 Gy à 2,50 Gy, à chaque personne.

Il existe un questionnement actuellement de la part des radiothérapeutes sur les radiothérapies accélérées, ou hypofractionnées… Le recul est encore insuffisant.

D-Séquelles et complications

- Cancers radio-induits.
Définition simple pour les cancers tissulaires = tout cancer prouvé histologiquement et quelqu’en soit la nature (on a souvent parlé de sarcome, mais il faut l’étendre à toute néoplasie), survenant dans un volume irradié, apparaissant après un délai minimum de 5 ans).
Beaucoup plus compliqué à définir pour les cancers hématologiques radio-induits. L’incidence de ces cancers hématologiques est redoutée, difficilement chiffrable (article relatif à ces complications, à ré-évaluer certainement dans une décennie supplémentaire : https://cancer-rose.fr/2019/09/19/les-cancers-hematologiques-secondaires-apres-cancer-du-sein-traite/)

- Maladie auto-immune (polyarthrite rhumatoïde possible).

Causes et mécanismes

Une des causes possible est la cassure double brin de l’ADN (que nous appellerons CDB, c’est la lésion la plus grave que peut subir l’ADN car les 2 copies sont affectées). Normalement la réparation des CDB est initiée par une protéine cytoplasmique appelée ATM. Depuis une quinzaine d’années, le Groupe de radiobiologie de l’UMR 1052 INSERM (Lyon) travaille à la compréhension de ce mécanisme et à la mise au point d’un test prédictif individuel. Cette protéine est activée pour tout stress oxydatif produisant des CDB et passe dans le noyau pour déclencher la réparation de l’ADN. Ce groupe de chercheurs a mis en évidence 3 groupes d’humains :

- Groupe I  = les radiorésistants, à faible risque de cancer qui réparent rapidement et correctement des CDB qui représentent environ 75 à 85 % de la population

- Groupe II  = les radiosensibles modérés, et radiosusceptibles (haut risque de cancer), qui réparent tardivement et avec des erreurs  même à faibles doses d’irradiation. Les individus du groupe II représenteraient 20 % de la population générale. Lorsque ces personnes sont soumises à des séances de radiothérapie, elles peuvent plus facilement déclencher des cancers radioinduits mais aussi des dermites, des rectites, de coronarites, etc.

- Groupe III = les hyper-radiosensibles qui ne réparent pas les CDB et sont très radiosusceptibles, ces derniers présentent des syndromes génétiques rares et diagnostiqués précocement dans la vie (ataxie télangiectasie) et représentent 1 personne /100 000 mais 0.5 à 5% des individus du monde entier seraient porteurs d’une mutation du gène ATM.

Cette classification existe aussi pour les cellules tumorales, indépendamment du groupe des tissus sains (ex : un patient de groupe II peut montrer des tumeurs de groupe I, II ou III).

Enfin, se pose le problème de la répétition des faibles doses qui peuvent déborder la capacité réparatrice des cellules irradiées. Ce risque doit être pris en compte pour les patientes jeunes à haut risque familial. On sait en effet aujourd’hui aussi que les personnes possédant la mutation BRCA1 ou BRCA2 ont un risque associé à une certaine radiosusceptibilité, ainsi que les personnes porteuses de mutations sur p53 ou ATM.

Outre le risque lié à la radiothérapie, celui lié au radiodiagnostic ne doit pas être négligé*.  Il représente la majorité des expositions médicales, généralement sur des individus sains. Si la dose d’exposition est 100 à 1000 fois plus faible qu’en radiothérapie, l’exposition moyenne ne cesse d’augmenter : il est légitime de se poser la question de l’innocuité de faibles doses d’irradiation chez des patients de groupe II , et notamment chez des patientes jeunes porteuses de la mutation ATM (incidence 1%), ou BRCA1 (incidence 1/1000) et BRCA2 (1/2000), ces dernières mutations présentant pour la porteuse un excès de risque de cancer du sein d’un facteur 5 à 10 (cela représente près de 1% de la population générale qui a, pour les femmes, un risque de cancer du sein 5 à 10 fois plus élevé que la normale). La mammographie génère 2 clichés de 2 mGy, espacée de 3 minutes. Or la répétition de doses induit des CDB et peut induire des CDB supplémentaires pendant la réparation, augmentant ainsi l’effet des faibles doses. Des études ont démontré un risque de cancer du sein radioinduit pour des doses cumulées de 100 mGy. C’est une des raisons pour lesquelles, il ne faut pas trop cumuler les mammographies avant 50 ans et surtout pas avant 30 ans pour les femmes du groupe II.

*Notons que les radiations ionisantes sont différentes : les radiations des mammographies sont de plus faible énergie que celles de la radiothérapie. Toute dose de radiation est potentiellement délétère, fonction de son intensité, et de la radiosensibilité individuelle. La jeunesse est un facteur de risque clairement identifié, une des raisons (parmi d'autres) pour lesquelles la mammographie n'est pas recommandée dans les tranches d'âge jeunes.

Les tests de radiosensibilité : le test du transit ATM et le test apoptose

Pour qu’un test soit réellement prédictif, il doit répondre à 3 critères :

- Il doit être bâti sur des bases scientifiques solides

- il doit avoir été éprouvé sur un grand nombre  d‘individus de radiosensibilité différente

- il doit montrer une puissance statistique la plus élevée possible, indépendante de la dose, de la nature de la réaction tissulaire et de la localisation de la tumeur.

L’expérience montre que plus le test est rapide, moins il est performant.

Généralement basées sur des cellules non irradiées, les approches protéomiques et génomiques ne sont pour le moment pas convaincantes et actuellement aucun marqueur génétique ou de l’expression des gènes ne peut prétendre prédire la radiosensibilité.

A-Le test du transit ATM

Il existe néanmoins aujourd’hui un test simple analysant l’activité de la protéine ATM dans le noyau lors d’une irradiation à 2 Gy de fibroblastes de peau prélevée sur la personne. Ce test a été mis au point par le groupe de radiobiologie de l’UMR1052 INSERM de Lyon. Le test repose sur le principe que plus le transit de la protéine ATM dans le noyau est lent, plus le patient est radiosensible. Ce test peut distinguer 5 grades cliniques de sévérité des réactions tissulaires (équivalents aux degrés de brûlure), sa sensibilité est de 100% et sa spécificité de 92%3.

Le  développement du test ATM s’est fait dans le cadre d’un projet de recherche de plus grande ampleur appelé projet COPERNIC[9] .  Deux tests seront commercialisés début 2018 par la société NEOLYS DIAGNOSTICS[10] sous plusieurs formes : un test rapide[11] (réalisé dans un centre anti-cancer, résultat en 4 à 5 heures) dit de « premier tri » à partir d’un prélèvement cutané ou sanguin rapide pour quelques centaines d’euros, et un test complet * à partir d’un prélèvement cutané (3 semaines). Le groupe de radiobiologie de l’UMR1052 Inserm et la société NEOLYS DIAGNOSTICS collaborent, dans un cadre fixé par la commission de déontologie Inserm, pour mieux définir la réglementation, l’éthique aux enjeux de radiosensibilité afin de donner un cadre juridique clair à l’usage de ces tests toujours prescrits par des médecins.

La théorie du transit d’ATM  trouve également des applications pour la toxicité liée à des agents non radiatifs comme les métaux ou les pesticides : des tests sont en train d’être mis au point dans ce sens, ce qui impose une rigueur absolue dans la gestion de l’information et la mise en place d’alternatives quand ils s’avéreront positifs.

*En fait le prix du test de caractérisation n'a pas encore était entériné. Il devrait être autour de 2 000€ (au lieu de 1 500€ comme indiqué) pour 3 semaines que nécessite ce test dans un laboratoire d'analyses médicales spécialisées (hors centre anti-cancer). Merci à Monsieur Gilles Devillers - pharmacien - président de Neolys Diagnostics, pour les précisions apportées.

B-Le test apoptose- non adapté pour le sein

Il  existe un autre modèle de test basé sur l’apoptose[12] des lymphocytes circulants dans le sang, irradiés à 8 Gy. Mais ce modèle ne vaut que pour les lymphocytes (dont on a vu qu’ils n’étaient pas les meilleurs candidats pour représenter un tissu conjonctif de sein) et, de plus, la dose est plus élevée (rappelons qu’une séance de radiothérapie expose à une dose de 2 Gy). A l’origine, ce test n’est valable que pour les réactions tissulaires tardives (comme celles observées dans certains cancers de la prostate). Il repose sur le postulat que plus d’apoptose signifie plus de radiorésistance, ce qui est contraire à l’observation consensuelle qui veut que plus on observe de mort radioinduite, plus les cellules sont radiosensibles. De plus, ce test repose sur un autre postulat , celui que la mort lymphocytaire peut prédire la mort d’autres types tissulaires comme le tissu conjonctif qui n’apoptose que très rarement.

Le critère d’apoptose est d’autant plus problématique que le test utilise une dose importante de 8 Gy (il y a systémiquement une apoptose rapide en 24 à 48h à cette forte dose) . A 2 Gy, il y a moins d’apoptose et d’ailleurs on observe à cette dose que plus l’apoptose est abondante, plus les patients sont radiosensibles (Baijer et al, 2016 ). Les chiffres avancés suggèrent que le test basé sur l’apoptose des lymphocytes montre des performances statistiques plus faibles que le test ATM. Enfin, le recrutement de patients qui a servi à développer le test peut poser problème : l’aspect prospectif[13] des essais favorisent des sujets plutôt radiorésistants et la performance du test à détecter les patients radiosensibles est donc basé sur quelques dizaines de patients, ce qui peut introduire un biais non discuté.

Ce test  est actuellement développé par la société NOVAGRAY[14]. Sur son site internet, on peut lire que la société propose d’adapter la dose et la séquence des séances «  au profil de sa patiente » quand celle-ci aura accepté de débourser… 1500 euros pour ce test. Evoquer « sa patiente »  laisse songeur : le test ayant été développé initialement pour le cancer de la prostate, le sein n’étant pas évoqué explicitement, la patiente est-elle plus facilement encline à acheter un test qu’un patient ? C’est d’autant plus surprenant que le site précise que des tests pour le cancer de la prostate et du poumon sont en cours de développement. Ce qui laisse supposer que ce test actuellement disponible chez NOVAGRAY n’est pas spécifique et n'est pas adapté pour le cancer du sein.

 CONCLUSION

Il y a peu d’informations claires et accessibles sur ce type de médecine personnalisée pour les femmes confrontées au dépistage et au traitement du cancer du sein. Et pourtant , c’est vital pour elles. Les patientes déjà fragilisées par l’annonce de la maladie et le parcours de soins à entreprendre ne peuvent pas à elles seules assumer le choix d’un test de radiosensibilité. Le médecin prescripteur de ce test non remboursé leur fournit-il une information équilibrée et à jour ? Comment peuvent-elles discerner entre le test apoptose et le test ATM pour un prix comparable ? Faut-il favoriser des tests de premier tri moins chers ? Par ailleurs, alors que des tests de radiosusceptibilité pourraient être mis au point à travers la théorie du transit d’ATM, les tests d’apoptose (donc de mort cellulaire) ne répondent pas aux attentes des patientes concernant l’exposition mammographique.

Nous sommes face à une inégalité d’accès à l’information  et à l’innovation extrêmement grave, alors que ce sont des vies qui sont en danger. En dépit des mécanismes très complexes de la réponse individuelle aux radiations, il y a aujourd’hui urgence pour les autorités à tenir compte et à mieux cadrer toutes les questions liés à la radiosensibilité et la radiosusceptibilité individuelle. 

BIBLIOGRAPHIE :

- Influence of Nucleoshuttling of the ATM Protein in the Healthy Tissues Response to Radiation Therapy: Toward a Molecular Classification of Human Radiosensitivity , The COPERNIC project investigators,
 Int J Radiation Oncol Biol Phys, Vol. 94, No. 3, pp. 450- 460, 2016

- The Henri Mondor Procedure of Morbidity and Mortality Review Meetings: Prospective Registration of Clinical, Dosimetric, and Individual Radiosensitivity Data of Patients With Severe Radiation Toxicity , Yazid Belkacemi et col. , Int J Radiation Oncol Biol Phys, Vol. 96, No. 3, pp. 629-636, 2016

- TNFSF10/TRAIL regulates human T4 effector memory lymphocyte radiosensitivity and predicts radiation-induced acute and subacute dermatitis, Baijer et col., Oncotarget. 2016 Apr 19;7(16):21416-27

- Radiation-induced CD8 T-lymphocyte Apoptosis as a Predictor of Breast Fibrosis After Radiotherapy: Results of the Prospective Multicenter French Trial, David Azria et col. , EBioMedicine,  December 2015 Volume 2, Issue 12, Pages 1965–1973

- Les faibles doses de radiations : vers une nouvelle lecture de l'évaluation du risque ? Anne-Fleur Perez, Clément Devic, Catherine Colin, Nicolas Foray , Bull Cancer 2015

- Radiosensibilite individuelle : une notion ancienne et son avenir , Conclusions du séminaire du 16 décembre 2013 organisé par l’ASN , 2014

- Radiosensibilité L’évidence d’un facteur individuel,  Nicolas Foray, Catherine Colin et Michel Bourguignon, Médecine/sciences 2013 ; 29 : 397-403

- 100 years of individual Radiosensitivity: How We Have Forgotten the Evidence, Nicolas Foray, PhD
Catherine Colin, MD, PhD Michel Bourguignon, Radiology: Volume 264: Number 3—September 2012

- DNA double-strand breaks induced by mammographic screening procedures in human mammary epithelial cells , Catherine Colin et col. , Int J Radiat Biol. 2011 Nov;87(11):1103-12.

[1] Cancer du sein : la pertinence du dépistage en question, Catherine Ducruet, Les Echos.fr,  07/10/17 - https://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/030668058097-cancer-du-sein-la-pertinence-du-depistage-en-question-2120226.php#FFEP5i8Gtd07a53G.99

 

[2] Delaloge S, et al. Dépistage du cancer du sein : en route vers le futur. Bull Cancer (2016), http://dx.doi.org/ 10.1016/j.bulcan.2016.06.005

[3] La sensibilité d’un test est sa capacité à détecter le plus possible de « malades » (on évite les faux négatifs). La spécificité est sa capacité à  ne détecter que les malades (éviter les faux positifs)

[4] Mammographies et radiosensibilité, Annette LEXA , https://www.cancer-rose.fr/mammographies-et-radiosensiblite

[5] « Etant très anxieuse quant aux effets de la radiothérapie j'ai découvert une entreprise ( Novagray) qui commercialise un test de radiosensibilité. En avril 2017 ce test n'était pas remboursé et coûte 1500 euros. Je n'ai finalement pas accepté ce test pour des raisons financières mais aussi parce qu'en cas de non radiosensibilité le nombre de séances est diminué et la dose augmentée, ce qui ne m'a pas semblé rassurant. Connaissez vous ce test et pouvez vous me donner votre avis. Mes séances de radiothérapie sont terminées mais je refuse la mammographie de contrôle, estimant qu'il n'y a aucune prise en compte de toutes les radiations cumulées. »

[6] Le sievert (Sv) est une unité internationale utilisée pour donner une évaluation de l'impact  biologique des rayonnements sur l'homme. Le Gray (Gy) est la dose absolue d'irradiation subie/Sievert. Une dose de 2 Gy  représente environ 1000 fois la dose reçue pour un cliché de mammographie

[7] Le tissu conjonctif correspond au tissu de soutien (fibre de collagène , tissu graisseux , derme…) mais également les cellules du sang (macrophages, leucocytes..) . Ce sont des tissus qui ont la même origine embryonnaire. Cependant toutes les autorités scientifiques ne considèrent pas le sang ou la lymphe en tant que tissu conjonctif. Le sein est un organe qui contient principalement du tissu conjonctif.

[8] Pour une femme de 50 ans avec un petit cancer du sein, le bénéfice absolu attendu d’une radiothérapie est une réduction d’environ 2 à 5% de sa mortalité par cancer du sein. Pour le non fumeuses, le risque absolu de développer un cancer du poumon ou un risque cardiotoxique 10 ans après la radiothérapie pour cancer du sein semble être de moins de 1% . Pour les fumeuses, le risque absolu est de 4%.  (Estimating the Risks of Breast Cancer Radiotherapy: Evidence From Modern Radiation Doses to the Lungs and Heart and From Previous Randomized Trials, Taylor C. et al. , J Clin Oncol. 2017 May 20;35(15):1641-1649) . Cette absence de bénéfice sur la mortalité globale est d’ailleurs constatée dans un rapport en français de 2015 , Evaluation de la radiothérapie peropératoire dans le cancer du sein Octobre 2015 , Note de cadrage, HAS, Octobre 2015

http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2015-10/cadrage_rtpo.pdf)

[9] Le projet COPERNIC : http://www.radiobiologie.fr/index.php?tg=articles&idx=More&topics=6&article=37

[10] La SAS NEOLYS (http://www.neolysdiagnostics.com/fr/ ) a été fondée par Les fondateurs Gilles Devillers, Nicolas Foray, Julien Gillet-Daubin. Elle s’appuie sur les 15 ans de travaux du Groupe de radiobiologie de l’UMR 1052 INSERM.

[11] Ce test rapide a été récemment accepté dans Int J radiat Biol Oncol Phys

[12] L’apoptose est une  des formes de mort cellulaire par auto destruction (sorte de suicide cellulaire), génétiquement programmée

[13] Une étude prospective consiste à comparer la survenue d'une pathologie dans des groupes définis en fonction de leur exposition à un facteur présumé responsable de cette pathologie.Ici on a suivi des femmes exposées à la radiothérapie et

[14] La SAS NOVAGRAY est dirigée par Clémence Franc qui a cofondé NOVAGRAY avec le Pr David Azria en 2015.  Le Pr AZRIA est chef du service de Radiothérapie Oncologique de l'Institut du Cancer de Montpellier (ICM) et chef de projet de radiobiologie dans l'équipe « Immunociblage et radiobiologie en oncologie » dirigée par André Pélerin à la tête de l'unité  INSERM U1194 à l'Institut de Recherche en Cancérologie de Montpellier (IRCM).

Cancer Rose est un collectif de professionnels de la santé, rassemblés en association. Cancer Rose fonctionne sans publicité, sans conflit d’intérêt, sans subvention. Merci de soutenir notre action sur HelloAsso.


Cancer Rose is a French non-profit organization of health care professionals. Cancer Rose performs its activity without advertising, conflict of interest, subsidies. Thank you to support our activity on HelloAsso.

Surmortalité reliée au dépistage, une étude brésilienne troublante

11 novembre 2017

Mortalité par cancer du sein et facteurs associés dans l'Etat de São Paulo, Brésil: une analyse écologique

http://bmjopen.bmj.com/content/7/8/e016395

Auteurs :

  • Carmen Simone Grilo Diniz
  • Alessandra Cristina Guedes Pellini,
  • Adeylson Guimarães Ribeiro,
  • Marcello Vannucci Tedardi,
  • Marina Jorge de Miranda,
  • Michelle Mosna Touso,
  • Oswaldo Santos Baquero,
  • Patrícia Carlos dos Santos,
  • Francisco Chiaravalloti-Neto

Objectif de l'étude

L'objectif de l'étude est d'identifier les facteurs associés aux taux de mortalité par cancer du sein standardisés selon l'âge dans les municipalités de l'Etat de São Paulo, Brésil, entre 2006 et 2012.

Dans cette étude, le risque accru de mortalité par cancer du sein était associé, au niveau municipal (12.4 millions d’habitants à Sao Paulo), aux facteurs suivants: taux de mammographie, proportion de femmes en âge de procréer nullipares, et proportion de femmes ayant accès à des soins privés.

Le système d'information sur la mortalité utilisé pour obtenir les données de mortalité par cancer du sein repose sur un recensement quasi-complet des décès au niveau national, avec des données exhaustives pour l'État de São Paulo et avec seulement une faible proportion de décès sans cause définie.

L'étude permet d'examiner des effets invisibles sur le plan individuel, les effets du surdiagnostic et du surtraitement sont en général mieux étudiés en population.

Résultats de l'étude

Les femmes qui ont eu leur première grossesse avant l'âge de 18 ans ont seulement le tiers du risque de cancer du sein comparativement aux primigestes de plus de 30 ans et aux nullipares.

L'association directe entre la mortalité par cancer du sein plus élevée et la proportion de femmes qui utilisent le secteur privé de la santé concorde avec les études sur le sujet publiées au Brésil. Cette conclusion contre-intuitive d'un meilleur accès aux soins de santé entraînant une augmentation de la mortalité peut s'expliquer par un «surdiagnostic», mais les auteurs soulignent aussi le fait que les femmes les plus riches sont plus exposées aux carcinogènes potentiels.

Enfin selon les auteurs, le dépistage par mammographie n'a pas eu d'effet positif : il a plutôt été associé à une augmentation de la mortalité par cancer du sein.

Cette étude, ainsi que plusieurs autres études récentes citées par les auteurs (voir la bibliographie article BMJ) ont montré des taux élevés de faux positifs, d'examens invasifs supplémentaires et de diagnostic de cancers inoffensifs (surdiagnostic) entraînent des traitements inutiles et des préjudices associés (surtraitement) ; tout cela entraînant un équilibre négatif entre les inconvénients et les avantages du dépistage.

Le traitement du cancer du sein a de nombreux effets indésirables dont peuvent résulter des complications chirurgicales, de la radiothérapie, de la chimiothérapie et des traitement anti-œstrogéniques.

Les auteurs mentionnent que l'absence de réduction de la mortalité, toutes causes confondues, entre les populations dépistées et non dépistées, a été attribuée aux risques supplémentaires de traitements, plus fréquents chez les femmes dépistées.

Les risques accrus de maladies cardiovasculaires dues à la toxicité cardiaque du traitement par l'anthracycline et le trastuzumab et à la radiothérapie sont bien documentés, et les auteurs citent aussi le cancer radio-induit imputable au rayonnement de la mammographie et aussi à celui de la radiothérapie.

Pour conclure

Les constatations faites selon lesquelles le taux de mammographie était associé, au niveau municipal, à une mortalité accrue, sont une preuve supplémentaire pour les auteurs d'une surestimation probable des avantages du dépistage et de la sous-estimation de ses risques associés.  Pour les auteurs cela indique la nécessité d'appuyer le choix informé des patients et d'accentuer les actions de prévention primaire.

Selon eux, des études supplémentaires devraient être menées pour explorer les lien de causalité potentiels dans ces associations.

Mais dans tous les cas, cela indique la nécessité d'élargir les actions de prévention primaire et de dépistage individualisé, de solliciter la vigilance des femmes par rapport à leurs seins, d'améliorer l'accès à l'information des femmes en leur "traduisant" cette information de manière conviviale (connue sous le nom de «alphabétisation au risque»).

Les auteurs soulignent aussi la nécessité d'approches novatrices pour contrôler les résultats positifs et négatifs des programmes de santé publique.

Cancer Rose est un collectif de professionnels de la santé, rassemblés en association. Cancer Rose fonctionne sans publicité, sans conflit d’intérêt, sans subvention. Merci de soutenir notre action sur HelloAsso.


Cancer Rose is a French non-profit organization of health care professionals. Cancer Rose performs its activity without advertising, conflict of interest, subsidies. Thank you to support our activity on HelloAsso.