Test prédictif des réactions à la radiothérapie : des femmes en grand danger

Dr Annette LEXA (PhD Toxicologie)

20 Novembre 2017

Alors que les grands media donnent l’impression de découvrir un scoop brûlant et une polémique possible [1] , la communauté biomédicale française[2] et internationale est désormais parfaitement consciente des limites du dépistage du cancer du sein et de son fardeau (bénéfices limités, sensibilité et spécificité[3] imparfaites, surdiagnostic, chirurgie « préventive », morbidité et mortalité par radiothérapie) mais ne communique pas cet état de fait dans le grand public.

Cancer Rose avec le FORMINDEP , avec plusieurs médecins généralistes indépendants sur les réseaux sociaux  (Jean Claude Grange, Claudina Michal-Teitelbaum, JB Blanc, Dominique Dupagne, Jaddo, etc.) et plusieurs femmes (Martine Bronner , Rachel Campergue, etc.) n’ont fait que relayer - bénévolement, indépendamment et gratuitement  - l’information scientifique disponible auprès des premières concernées, travail qui aurait normalement dû être fait par les professionnels et qui ne l’a pas été pour 2 principales raisons : certains sont atteints de biais cognitifs sévères, d’autres ont très peur du « ressenti » des femmes qui pourraient perdre « confiance » dans le dépistage qui doit donc être amélioré au plus vite. Ceci explique sans doute ce premier Octobre Rose 2017 étrangement silencieux.

Concernant le risque lié à la radiothérapie, Cancer Rose avait déjà alerté les femmes  du risque [4]. Mais il continue à être largement sous estimé 2. Suite à un courriel qu’une femme angoissée nous a adressé le 4 octobre dernier, nous avons cherché à faire le point sur les tests prédictifs de radiosensibilité tissulaire disponible en France. [5]. Et ce que nous avons découvert n’est pas très joli , à nouveau devrait-on dire.

La radiosensibilité  est un vrai problème de santé publique

Sur les 380 000 cas de nouveaux cas de cancers en France, 60 % sont traités par radiothérapie. Les patient(e)s reçoivent des séances de l’ordre de 2 Gy[6], répétées quotidiennement. Même avec des appareils de pointe, le risque d’irradiation de tissu conjonctif [7] sain est inévitable.

A-Généralités sur les effets des radiothérapies, tous organes confondus

Parmi les patients traités par radiothérapie, 5 à 20%* peuvent montrer des réactions indésirables *comme des dermites, fibroses, rectites (pour des cancers pelviens)  (on parle alors de radiosensibilité tissulaire), des cancers secondaires radioinduits[8] (entre 5 et 12%) (on parle alors de radio-susceptibilité au cancer).  Pour l’instant aucune médecine personnalisée ne prend en compte actuellement le risque individuel de radiosensibilité ou de radiosusceptibilité. D’ailleurs les règles internationales de radioprotection (e.g. Sievert6) considèrent encore les individus comme étant tous radiorésistants pour ces deux notions. Encore aujourd’hui, on expose les personnes à une même dose d’irradiation pouvant entraîner soit la guérison sans effet secondaire, la guérison avec des effets secondaires plus ou moins graves à mortels quand il s’agit d’une coronarite, voire la mort dans 100% des cas exceptionnels de maladies génétiques rares bien caractérisées. Tous les paramètres du traitement sont déterminés ainsi que les paramètres du patient ; l’expérience clinique du radiothérapeute entre ici en jeu lors de la consultation initiale avant radiothérapie

Mais une personne qui aura un risque 10 fois plus élevé qu’une autre de développer un cancer recevra pourtant la même dose qu’une personne réparant bien ses lésions de l’ADN et peu susceptible de développer un cancer secondaire, puisque cette radio-susceptibilité individuelle n'est pas connue à l'avance.

B-Les réactions immédiates

Quasiment 100% des patientes (cancer du sein) ont une réaction immédiate :

- Réactions cutanées : rougeur, dessication, voire phlyctènes ou plus en fonction de la taille du sein, et de la susceptibilité personnelle + des traitements reçus précédemment (en particulier la chimiothérapie, qui est radiosensibilisante) ; c’est ce qu’on appelle la radioépithélite (contrairement à la radiodermite beaucoup plus profonde imputable à une erreur de doses ce qui conduit à une radiodermite immédiate) ;

- Réactions du tissu de soutien : œdème du sein ;

- Sur le plan général, asthénie, nausées pour les plus sensibles et tendance dépressive.

Ceci dure le temps de la radiothérapie et environ un mois, un mois et demi après et disparaît totalement par la suite. Ces effets immédiats n’ont jamais pu être corrélés avec les effets tardifs, ce sont deux phénomènes indépendants.

 C- les réactions tardives

Les réactions tardives se manifestent à partir de 3, mais plutôt 6 mois après la fin de la radiothérapie et jusqu’à 5 ans après :

- Fibrose de toute ou partie de la zone irradiée : le sein peut se rétracter et se durcir (indolore)(tous les stades se voient de la simple modification de la consistance du sein [ le galbe du sein devient plus « jeune »] jusqu'à la rétraction pierreuse). Pas de traitement connu.

- Lymphoedèmes : le bras est le site le plus commun (lorsque l’irradiation a concerné les aires ganglionnaires), mais le thorax peut être concerné et ressenti clairement par les patientes, avec parfois la phlébite de Mondor (thrombose d’une veine superficielle thoracique antérieure). L’auto-massage de tout le membre supérieur, des doigts jusqu’à l’aisselle, et quotidien peut être préconisé, contraignant mais efficace.

- BOOP (Bronchiolite Oblitérante Avec Organisation Pneumonique) : réaction du parenchyme pulmonaire, évoluant pour son propre compte, d’évolution bénigne et traitée par corticothérapie au long cours (minimum 6 mois, possible jusqu’à 2 ans).

- De nombreuses pathologies de l’épaule (articulaires) où la chirurgie a un rôle aussi, mais pas seulement.

La complexité du problème réside dans le fait que plus la dose par séance est importante (connue) et plus la radiosensibilité est importante (inconnue), plus le risque de réaction tardive s’élève. D’où l’intérêt de l’expérience clinique du radiothérapeute qui adaptera la dose, certes autour de 2 Gy/séance, mais variant de 1,80 Gy à 2,50 Gy, à chaque personne.

Il existe un questionnement actuellement de la part des radiothérapeutes sur les radiothérapies accélérées, ou hypofractionnées… Le recul est encore insuffisant.

D-Séquelles et complications

- Cancers radio-induits.
Définition simple pour les cancers tissulaires = tout cancer prouvé histologiquement et quelqu’en soit la nature (on a souvent parlé de sarcome, mais il faut l’étendre à toute néoplasie), survenant dans un volume irradié, apparaissant après un délai minimum de 5 ans).
Beaucoup plus compliqué à définir pour les cancers hématologiques radio-induits. L’incidence de ces cancers hématologiques est redoutée, difficilement chiffrable (article relatif à ces complications, à ré-évaluer certainement dans une décennie supplémentaire : https://cancer-rose.fr/2019/09/19/les-cancers-hematologiques-secondaires-apres-cancer-du-sein-traite/)

- Maladie auto-immune (polyarthrite rhumatoïde possible).

Causes et mécanismes

Une des causes possible est la cassure double brin de l’ADN (que nous appellerons CDB, c’est la lésion la plus grave que peut subir l’ADN car les 2 copies sont affectées). Normalement la réparation des CDB est initiée par une protéine cytoplasmique appelée ATM. Depuis une quinzaine d’années, le Groupe de radiobiologie de l’UMR 1052 INSERM (Lyon) travaille à la compréhension de ce mécanisme et à la mise au point d’un test prédictif individuel. Cette protéine est activée pour tout stress oxydatif produisant des CDB et passe dans le noyau pour déclencher la réparation de l’ADN. Ce groupe de chercheurs a mis en évidence 3 groupes d’humains :

- Groupe I  = les radiorésistants, à faible risque de cancer qui réparent rapidement et correctement des CDB qui représentent environ 75 à 85 % de la population

- Groupe II  = les radiosensibles modérés, et radiosusceptibles (haut risque de cancer), qui réparent tardivement et avec des erreurs  même à faibles doses d’irradiation. Les individus du groupe II représenteraient 20 % de la population générale. Lorsque ces personnes sont soumises à des séances de radiothérapie, elles peuvent plus facilement déclencher des cancers radioinduits mais aussi des dermites, des rectites, de coronarites, etc.

- Groupe III = les hyper-radiosensibles qui ne réparent pas les CDB et sont très radiosusceptibles, ces derniers présentent des syndromes génétiques rares et diagnostiqués précocement dans la vie (ataxie télangiectasie) et représentent 1 personne /100 000 mais 0.5 à 5% des individus du monde entier seraient porteurs d’une mutation du gène ATM.

Cette classification existe aussi pour les cellules tumorales, indépendamment du groupe des tissus sains (ex : un patient de groupe II peut montrer des tumeurs de groupe I, II ou III).

Enfin, se pose le problème de la répétition des faibles doses qui peuvent déborder la capacité réparatrice des cellules irradiées. Ce risque doit être pris en compte pour les patientes jeunes à haut risque familial. On sait en effet aujourd’hui aussi que les personnes possédant la mutation BRCA1 ou BRCA2 ont un risque associé à une certaine radiosusceptibilité, ainsi que les personnes porteuses de mutations sur p53 ou ATM.

Outre le risque lié à la radiothérapie, celui lié au radiodiagnostic ne doit pas être négligé*.  Il représente la majorité des expositions médicales, généralement sur des individus sains. Si la dose d’exposition est 100 à 1000 fois plus faible qu’en radiothérapie, l’exposition moyenne ne cesse d’augmenter : il est légitime de se poser la question de l’innocuité de faibles doses d’irradiation chez des patients de groupe II , et notamment chez des patientes jeunes porteuses de la mutation ATM (incidence 1%), ou BRCA1 (incidence 1/1000) et BRCA2 (1/2000), ces dernières mutations présentant pour la porteuse un excès de risque de cancer du sein d’un facteur 5 à 10 (cela représente près de 1% de la population générale qui a, pour les femmes, un risque de cancer du sein 5 à 10 fois plus élevé que la normale). La mammographie génère 2 clichés de 2 mGy, espacée de 3 minutes. Or la répétition de doses induit des CDB et peut induire des CDB supplémentaires pendant la réparation, augmentant ainsi l’effet des faibles doses. Des études ont démontré un risque de cancer du sein radioinduit pour des doses cumulées de 100 mGy. C’est une des raisons pour lesquelles, il ne faut pas trop cumuler les mammographies avant 50 ans et surtout pas avant 30 ans pour les femmes du groupe II.

*Notons que les radiations ionisantes sont différentes : les radiations des mammographies sont de plus faible énergie que celles de la radiothérapie. Toute dose de radiation est potentiellement délétère, fonction de son intensité, et de la radiosensibilité individuelle. La jeunesse est un facteur de risque clairement identifié, une des raisons (parmi d'autres) pour lesquelles la mammographie n'est pas recommandée dans les tranches d'âge jeunes.

Les tests de radiosensibilité : le test du transit ATM et le test apoptose

Pour qu’un test soit réellement prédictif, il doit répondre à 3 critères :

- Il doit être bâti sur des bases scientifiques solides

- il doit avoir été éprouvé sur un grand nombre  d‘individus de radiosensibilité différente

- il doit montrer une puissance statistique la plus élevée possible, indépendante de la dose, de la nature de la réaction tissulaire et de la localisation de la tumeur.

L’expérience montre que plus le test est rapide, moins il est performant.

Généralement basées sur des cellules non irradiées, les approches protéomiques et génomiques ne sont pour le moment pas convaincantes et actuellement aucun marqueur génétique ou de l’expression des gènes ne peut prétendre prédire la radiosensibilité.

A-Le test du transit ATM

Il existe néanmoins aujourd’hui un test simple analysant l’activité de la protéine ATM dans le noyau lors d’une irradiation à 2 Gy de fibroblastes de peau prélevée sur la personne. Ce test a été mis au point par le groupe de radiobiologie de l’UMR1052 INSERM de Lyon. Le test repose sur le principe que plus le transit de la protéine ATM dans le noyau est lent, plus le patient est radiosensible. Ce test peut distinguer 5 grades cliniques de sévérité des réactions tissulaires (équivalents aux degrés de brûlure), sa sensibilité est de 100% et sa spécificité de 92%3.

Le  développement du test ATM s’est fait dans le cadre d’un projet de recherche de plus grande ampleur appelé projet COPERNIC[9] .  Deux tests seront commercialisés début 2018 par la société NEOLYS DIAGNOSTICS[10] sous plusieurs formes : un test rapide[11] (réalisé dans un centre anti-cancer, résultat en 4 à 5 heures) dit de « premier tri » à partir d’un prélèvement cutané ou sanguin rapide pour quelques centaines d’euros, et un test complet * à partir d’un prélèvement cutané (3 semaines). Le groupe de radiobiologie de l’UMR1052 Inserm et la société NEOLYS DIAGNOSTICS collaborent, dans un cadre fixé par la commission de déontologie Inserm, pour mieux définir la réglementation, l’éthique aux enjeux de radiosensibilité afin de donner un cadre juridique clair à l’usage de ces tests toujours prescrits par des médecins.

La théorie du transit d’ATM  trouve également des applications pour la toxicité liée à des agents non radiatifs comme les métaux ou les pesticides : des tests sont en train d’être mis au point dans ce sens, ce qui impose une rigueur absolue dans la gestion de l’information et la mise en place d’alternatives quand ils s’avéreront positifs.

*En fait le prix du test de caractérisation n'a pas encore était entériné. Il devrait être autour de 2 000€ (au lieu de 1 500€ comme indiqué) pour 3 semaines que nécessite ce test dans un laboratoire d'analyses médicales spécialisées (hors centre anti-cancer). Merci à Monsieur Gilles Devillers - pharmacien - président de Neolys Diagnostics, pour les précisions apportées.

B-Le test apoptose- non adapté pour le sein

Il  existe un autre modèle de test basé sur l’apoptose[12] des lymphocytes circulants dans le sang, irradiés à 8 Gy. Mais ce modèle ne vaut que pour les lymphocytes (dont on a vu qu’ils n’étaient pas les meilleurs candidats pour représenter un tissu conjonctif de sein) et, de plus, la dose est plus élevée (rappelons qu’une séance de radiothérapie expose à une dose de 2 Gy). A l’origine, ce test n’est valable que pour les réactions tissulaires tardives (comme celles observées dans certains cancers de la prostate). Il repose sur le postulat que plus d’apoptose signifie plus de radiorésistance, ce qui est contraire à l’observation consensuelle qui veut que plus on observe de mort radioinduite, plus les cellules sont radiosensibles. De plus, ce test repose sur un autre postulat , celui que la mort lymphocytaire peut prédire la mort d’autres types tissulaires comme le tissu conjonctif qui n’apoptose que très rarement.

Le critère d’apoptose est d’autant plus problématique que le test utilise une dose importante de 8 Gy (il y a systémiquement une apoptose rapide en 24 à 48h à cette forte dose) . A 2 Gy, il y a moins d’apoptose et d’ailleurs on observe à cette dose que plus l’apoptose est abondante, plus les patients sont radiosensibles (Baijer et al, 2016 ). Les chiffres avancés suggèrent que le test basé sur l’apoptose des lymphocytes montre des performances statistiques plus faibles que le test ATM. Enfin, le recrutement de patients qui a servi à développer le test peut poser problème : l’aspect prospectif[13] des essais favorisent des sujets plutôt radiorésistants et la performance du test à détecter les patients radiosensibles est donc basé sur quelques dizaines de patients, ce qui peut introduire un biais non discuté.

Ce test  est actuellement développé par la société NOVAGRAY[14]. Sur son site internet, on peut lire que la société propose d’adapter la dose et la séquence des séances «  au profil de sa patiente » quand celle-ci aura accepté de débourser… 1500 euros pour ce test. Evoquer « sa patiente »  laisse songeur : le test ayant été développé initialement pour le cancer de la prostate, le sein n’étant pas évoqué explicitement, la patiente est-elle plus facilement encline à acheter un test qu’un patient ? C’est d’autant plus surprenant que le site précise que des tests pour le cancer de la prostate et du poumon sont en cours de développement. Ce qui laisse supposer que ce test actuellement disponible chez NOVAGRAY n’est pas spécifique et n'est pas adapté pour le cancer du sein.

 CONCLUSION

Il y a peu d’informations claires et accessibles sur ce type de médecine personnalisée pour les femmes confrontées au dépistage et au traitement du cancer du sein. Et pourtant , c’est vital pour elles. Les patientes déjà fragilisées par l’annonce de la maladie et le parcours de soins à entreprendre ne peuvent pas à elles seules assumer le choix d’un test de radiosensibilité. Le médecin prescripteur de ce test non remboursé leur fournit-il une information équilibrée et à jour ? Comment peuvent-elles discerner entre le test apoptose et le test ATM pour un prix comparable ? Faut-il favoriser des tests de premier tri moins chers ? Par ailleurs, alors que des tests de radiosusceptibilité pourraient être mis au point à travers la théorie du transit d’ATM, les tests d’apoptose (donc de mort cellulaire) ne répondent pas aux attentes des patientes concernant l’exposition mammographique.

Nous sommes face à une inégalité d’accès à l’information  et à l’innovation extrêmement grave, alors que ce sont des vies qui sont en danger. En dépit des mécanismes très complexes de la réponse individuelle aux radiations, il y a aujourd’hui urgence pour les autorités à tenir compte et à mieux cadrer toutes les questions liés à la radiosensibilité et la radiosusceptibilité individuelle. 

BIBLIOGRAPHIE :

- Influence of Nucleoshuttling of the ATM Protein in the Healthy Tissues Response to Radiation Therapy: Toward a Molecular Classification of Human Radiosensitivity , The COPERNIC project investigators,
 Int J Radiation Oncol Biol Phys, Vol. 94, No. 3, pp. 450- 460, 2016

- The Henri Mondor Procedure of Morbidity and Mortality Review Meetings: Prospective Registration of Clinical, Dosimetric, and Individual Radiosensitivity Data of Patients With Severe Radiation Toxicity , Yazid Belkacemi et col. , Int J Radiation Oncol Biol Phys, Vol. 96, No. 3, pp. 629-636, 2016

- TNFSF10/TRAIL regulates human T4 effector memory lymphocyte radiosensitivity and predicts radiation-induced acute and subacute dermatitis, Baijer et col., Oncotarget. 2016 Apr 19;7(16):21416-27

- Radiation-induced CD8 T-lymphocyte Apoptosis as a Predictor of Breast Fibrosis After Radiotherapy: Results of the Prospective Multicenter French Trial, David Azria et col. , EBioMedicine,  December 2015 Volume 2, Issue 12, Pages 1965–1973

- Les faibles doses de radiations : vers une nouvelle lecture de l'évaluation du risque ? Anne-Fleur Perez, Clément Devic, Catherine Colin, Nicolas Foray , Bull Cancer 2015

- Radiosensibilite individuelle : une notion ancienne et son avenir , Conclusions du séminaire du 16 décembre 2013 organisé par l’ASN , 2014

- Radiosensibilité L’évidence d’un facteur individuel,  Nicolas Foray, Catherine Colin et Michel Bourguignon, Médecine/sciences 2013 ; 29 : 397-403

- 100 years of individual Radiosensitivity: How We Have Forgotten the Evidence, Nicolas Foray, PhD
Catherine Colin, MD, PhD Michel Bourguignon, Radiology: Volume 264: Number 3—September 2012

- DNA double-strand breaks induced by mammographic screening procedures in human mammary epithelial cells , Catherine Colin et col. , Int J Radiat Biol. 2011 Nov;87(11):1103-12.

[1] Cancer du sein : la pertinence du dépistage en question, Catherine Ducruet, Les Echos.fr,  07/10/17 - https://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/030668058097-cancer-du-sein-la-pertinence-du-depistage-en-question-2120226.php#FFEP5i8Gtd07a53G.99

 

[2] Delaloge S, et al. Dépistage du cancer du sein : en route vers le futur. Bull Cancer (2016), http://dx.doi.org/ 10.1016/j.bulcan.2016.06.005

[3] La sensibilité d’un test est sa capacité à détecter le plus possible de « malades » (on évite les faux négatifs). La spécificité est sa capacité à  ne détecter que les malades (éviter les faux positifs)

[4] Mammographies et radiosensibilité, Annette LEXA , https://www.cancer-rose.fr/mammographies-et-radiosensiblite

[5] « Etant très anxieuse quant aux effets de la radiothérapie j'ai découvert une entreprise ( Novagray) qui commercialise un test de radiosensibilité. En avril 2017 ce test n'était pas remboursé et coûte 1500 euros. Je n'ai finalement pas accepté ce test pour des raisons financières mais aussi parce qu'en cas de non radiosensibilité le nombre de séances est diminué et la dose augmentée, ce qui ne m'a pas semblé rassurant. Connaissez vous ce test et pouvez vous me donner votre avis. Mes séances de radiothérapie sont terminées mais je refuse la mammographie de contrôle, estimant qu'il n'y a aucune prise en compte de toutes les radiations cumulées. »

[6] Le sievert (Sv) est une unité internationale utilisée pour donner une évaluation de l'impact  biologique des rayonnements sur l'homme. Le Gray (Gy) est la dose absolue d'irradiation subie/Sievert. Une dose de 2 Gy  représente environ 1000 fois la dose reçue pour un cliché de mammographie

[7] Le tissu conjonctif correspond au tissu de soutien (fibre de collagène , tissu graisseux , derme…) mais également les cellules du sang (macrophages, leucocytes..) . Ce sont des tissus qui ont la même origine embryonnaire. Cependant toutes les autorités scientifiques ne considèrent pas le sang ou la lymphe en tant que tissu conjonctif. Le sein est un organe qui contient principalement du tissu conjonctif.

[8] Pour une femme de 50 ans avec un petit cancer du sein, le bénéfice absolu attendu d’une radiothérapie est une réduction d’environ 2 à 5% de sa mortalité par cancer du sein. Pour le non fumeuses, le risque absolu de développer un cancer du poumon ou un risque cardiotoxique 10 ans après la radiothérapie pour cancer du sein semble être de moins de 1% . Pour les fumeuses, le risque absolu est de 4%.  (Estimating the Risks of Breast Cancer Radiotherapy: Evidence From Modern Radiation Doses to the Lungs and Heart and From Previous Randomized Trials, Taylor C. et al. , J Clin Oncol. 2017 May 20;35(15):1641-1649) . Cette absence de bénéfice sur la mortalité globale est d’ailleurs constatée dans un rapport en français de 2015 , Evaluation de la radiothérapie peropératoire dans le cancer du sein Octobre 2015 , Note de cadrage, HAS, Octobre 2015

http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2015-10/cadrage_rtpo.pdf)

[9] Le projet COPERNIC : http://www.radiobiologie.fr/index.php?tg=articles&idx=More&topics=6&article=37

[10] La SAS NEOLYS (http://www.neolysdiagnostics.com/fr/ ) a été fondée par Les fondateurs Gilles Devillers, Nicolas Foray, Julien Gillet-Daubin. Elle s’appuie sur les 15 ans de travaux du Groupe de radiobiologie de l’UMR 1052 INSERM.

[11] Ce test rapide a été récemment accepté dans Int J radiat Biol Oncol Phys

[12] L’apoptose est une  des formes de mort cellulaire par auto destruction (sorte de suicide cellulaire), génétiquement programmée

[13] Une étude prospective consiste à comparer la survenue d'une pathologie dans des groupes définis en fonction de leur exposition à un facteur présumé responsable de cette pathologie.Ici on a suivi des femmes exposées à la radiothérapie et

[14] La SAS NOVAGRAY est dirigée par Clémence Franc qui a cofondé NOVAGRAY avec le Pr David Azria en 2015.  Le Pr AZRIA est chef du service de Radiothérapie Oncologique de l'Institut du Cancer de Montpellier (ICM) et chef de projet de radiobiologie dans l'équipe « Immunociblage et radiobiologie en oncologie » dirigée par André Pélerin à la tête de l'unité  INSERM U1194 à l'Institut de Recherche en Cancérologie de Montpellier (IRCM).

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Surmortalité reliée au dépistage, une étude brésilienne troublante

11 novembre 2017

Mortalité par cancer du sein et facteurs associés dans l'Etat de São Paulo, Brésil: une analyse écologique

http://bmjopen.bmj.com/content/7/8/e016395

Auteurs :

  • Carmen Simone Grilo Diniz
  • Alessandra Cristina Guedes Pellini,
  • Adeylson Guimarães Ribeiro,
  • Marcello Vannucci Tedardi,
  • Marina Jorge de Miranda,
  • Michelle Mosna Touso,
  • Oswaldo Santos Baquero,
  • Patrícia Carlos dos Santos,
  • Francisco Chiaravalloti-Neto

Objectif de l'étude

L'objectif de l'étude est d'identifier les facteurs associés aux taux de mortalité par cancer du sein standardisés selon l'âge dans les municipalités de l'Etat de São Paulo, Brésil, entre 2006 et 2012.

Dans cette étude, le risque accru de mortalité par cancer du sein était associé, au niveau municipal (12.4 millions d’habitants à Sao Paulo), aux facteurs suivants: taux de mammographie, proportion de femmes en âge de procréer nullipares, et proportion de femmes ayant accès à des soins privés.

Le système d'information sur la mortalité utilisé pour obtenir les données de mortalité par cancer du sein repose sur un recensement quasi-complet des décès au niveau national, avec des données exhaustives pour l'État de São Paulo et avec seulement une faible proportion de décès sans cause définie.

L'étude permet d'examiner des effets invisibles sur le plan individuel, les effets du surdiagnostic et du surtraitement sont en général mieux étudiés en population.

Résultats de l'étude

Les femmes qui ont eu leur première grossesse avant l'âge de 18 ans ont seulement le tiers du risque de cancer du sein comparativement aux primigestes de plus de 30 ans et aux nullipares.

L'association directe entre la mortalité par cancer du sein plus élevée et la proportion de femmes qui utilisent le secteur privé de la santé concorde avec les études sur le sujet publiées au Brésil. Cette conclusion contre-intuitive d'un meilleur accès aux soins de santé entraînant une augmentation de la mortalité peut s'expliquer par un «surdiagnostic», mais les auteurs soulignent aussi le fait que les femmes les plus riches sont plus exposées aux carcinogènes potentiels.

Enfin selon les auteurs, le dépistage par mammographie n'a pas eu d'effet positif : il a plutôt été associé à une augmentation de la mortalité par cancer du sein.

Cette étude, ainsi que plusieurs autres études récentes citées par les auteurs (voir la bibliographie article BMJ) ont montré des taux élevés de faux positifs, d'examens invasifs supplémentaires et de diagnostic de cancers inoffensifs (surdiagnostic) entraînent des traitements inutiles et des préjudices associés (surtraitement) ; tout cela entraînant un équilibre négatif entre les inconvénients et les avantages du dépistage.

Le traitement du cancer du sein a de nombreux effets indésirables dont peuvent résulter des complications chirurgicales, de la radiothérapie, de la chimiothérapie et des traitement anti-œstrogéniques.

Les auteurs mentionnent que l'absence de réduction de la mortalité, toutes causes confondues, entre les populations dépistées et non dépistées, a été attribuée aux risques supplémentaires de traitements, plus fréquents chez les femmes dépistées.

Les risques accrus de maladies cardiovasculaires dues à la toxicité cardiaque du traitement par l'anthracycline et le trastuzumab et à la radiothérapie sont bien documentés, et les auteurs citent aussi le cancer radio-induit imputable au rayonnement de la mammographie et aussi à celui de la radiothérapie.

Pour conclure

Les constatations faites selon lesquelles le taux de mammographie était associé, au niveau municipal, à une mortalité accrue, sont une preuve supplémentaire pour les auteurs d'une surestimation probable des avantages du dépistage et de la sous-estimation de ses risques associés.  Pour les auteurs cela indique la nécessité d'appuyer le choix informé des patients et d'accentuer les actions de prévention primaire.

Selon eux, des études supplémentaires devraient être menées pour explorer les lien de causalité potentiels dans ces associations.

Mais dans tous les cas, cela indique la nécessité d'élargir les actions de prévention primaire et de dépistage individualisé, de solliciter la vigilance des femmes par rapport à leurs seins, d'améliorer l'accès à l'information des femmes en leur "traduisant" cette information de manière conviviale (connue sous le nom de «alphabétisation au risque»).

Les auteurs soulignent aussi la nécessité d'approches novatrices pour contrôler les résultats positifs et négatifs des programmes de santé publique.

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Rapport de l’IRDES sur les disparités de prise en charge chirurgicales en France

 

Très intéressante publication de l'Institut de Recherche et Documentation en Economie de la Santé, sur les différences territoriales de la chirurgie pour cancer du sein.

Voir les cartes, déroutantes... Certains territoires où on réalisait davantage d'actes partiels en 2005 en ont moins ensuite en 2012.

Voir aussi page 2Entre 2005 et 2012, le nombre de séjours de chirurgie pour cancer du sein a augmenté de 13 % avec une plus forte hausse des chirurgies conservatrices (+16 %) et une hausse plus modérée des mastectomies (+6 %).  

L'étude que l'IRDES présente est réalisée comme  celle que nous avons réalisée sur les mastectomies en France , sur une plus courte période (2005-2012), sur la même source que la nôtre (le PMSI), et donne des résultats en terme de taux convergents aux nôtres.

Encore une fois, la PART des mastectomies totales par rapport aux partielles diminue parce que les mastectomies partielles augmentent davantage que les totales, mais de fait TOUTE la chirurgie du sein a significativement augmenté, ce qui est logique, puisqu'on opère avec la même agressivité des lésions comme les cancers in situ, important réservoir de surdiagnostics.

 

 

A télécharger ci-dessous, merci à l'IRDES de nous avoir envoyé cette publication.

rapport IRDES

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CONGRES DE LA SFSPM / 8 au 10 novembre 2017

Cancer Rose a participé au congrès de la Société Française de Sénologie et de Pathologie Mammaire novembre 2017, Lille.

Le Dr Vincent Robert a présenté le poster, et Dr Bour Cécile la communication orale de 10 minutes.

Nous avons proposé un abstract, à retrouver ici
abstract CR
concernant la partie "mastectomies totales" de notre étude.
Cet abstract a donné lieu à une présentation sur poster et également une communication orale. (communication E07, page 11 du programme)
Signalons la très remarquée et originale présentation de Mr le Pr Philippe Autier, épidémiologiste de renom, à retrouver ici : présentation P.Autier

Vidéo de la séance plénière, Pr Autier : Idée reçue, le dépistage organisé a diminué la mortalité par cancer du sein

Ci-dessous vous trouverez le programme de la SFSPM, notre poster ainsi que le diaporama de la communication.

 

diaporama SFSPM Lille PC

Poster

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On parle de la concertation française dans le JAMA

October 30, 2017
Viewpoint : https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/article-abstract/2659560

Less Is More

Reform of the National Screening Mammography Program in France

Mr le Pr. P.Autier nous a confié la traduction française de l'article relatant la concertation citoyenne française.

Réforme du programme national de dépistage par mammographie en France

Auteurs :

Alexandra Barratt, MBBS, MPH, PhD Sydney School of Public Health, University of Sydney and Wiser Healthcare, Sydney Australia.

Karsten Juhl Jørgensen, MD
The Nordic Cochrane Centre, Rigshospitalet Department 7811, Blegdamsvej 9, DK-2100, Copenhagen, Denmark.

Philippe Autier, MD

International Prevention Research Institute, Lyon, France.

En octobre 2016 la ministre de la santé française a communiqué le rapport de la concertation indépendante sur le dépistage mammographique.

Le rapport a présenté deux options : fin du programme national de dépistage du cancer du sein, ou fin du programme actuel et mise en place d'un programme radicalement réformé. (1)

En 2004, après des années d'un dépistage ad hoc, un  programme national de dépistage mammographique a été introduit. Tous les deux ans, les femmes âgées de 50-74 ans reçoivent par la poste des invitations au dépistage mammographique, qui leur est pris en charge. Au fil du temps, cependant, des doutes émergent sur la portée du programme, son accessibilité, son efficacité et ses potentiels effets adverses qui sont le surdiagnostic et le surtraitement. En septembre 2015, la Ministre de la Santé annonce ce que les Français connaissent sous le terme d' "enquête citoyenne et scientifique", et nomme un comité de pilotage indépendant pour le superviser.

Ce comité rassemble des professionnels de santé de pointe, (en oncologie, médecine générale, épidémiologie, santé publique) et des professionnels en sciences sociales (en anthropologie, droit, économie, histoire des sciences et bioéthique), tous sans liens d'intérêts financiers ou universitaires avec le dépistage du cancer du sein.

Outre l'examen des revues de preuves sur des questions spécifiques (assuré par un comité technique de l' Institut National du Cancer National français (Inca)), le comité supervise aussi "un dialogue civil", concept hérité de la Révolution Française de 1789.

Un site web fournit des informations sur la concertation et invite le public à soumettre son avis. Deux consultations piliers ont été mises en place : une consultation citoyenne d'un groupe de 27 femmes de régions différentes de France et de différents groupes socio-économiques, et une consultation parallèle d'un groupe de 19 professionnels de santé possédant une expérience professionnelle pertinente, mais sans aucun lien avec le dépistage du cancer du sein. Chacune de ces consultations se sont déroulées sur plus de 5 jours d'informations, de présentations, d'entretiens d'experts, de questions et de discussions. Chaque groupe de consultation a traité quatre questions et développé une réponse collective pour chacune. Une réunion publique finale s'est tenue pour présenter les recommandations et répondre à des questions.

Le comité de pilotage a estimé la controverse scientifique sur le dépistage mammographique particulièrement intense, centrée sur l'incertitude de son bénéfice et préoccupée des questions du surdiagnostic et du surtraitement. Le programme de dépistage national n'avait jamais connu de controverse, en dépit de discussions approfondies pourtant dans la littérature scientifique. Le comité a constaté que les preuves sur les résultats du dépistage du cancer du sein était limitées, provenant d'essais anciens et d'études dont aucune n'avait été conduite en France.

Les membres du comité ont souligné que la connaissance de l'histoire naturelle du cancer du sein était incomplète, et qu'en conséquence le dépistage du cancer du sein contrevenait à un principe fondamental du dépistage (2), à savoir que l'histoire naturelle de la maladie depuis le stade latent jusqu'à la maladie déclarée devait être adéquatement comprise. De plus, le comité était critique sur l'information promue pendant octobre Rose, ou mois de sensibilisation au cancer du sein, dont le comité a estimé qu'il exagérait le bénéfice du dépistage.

Les citoyennes ont conclu qu'elles ne souhaitaient pas conserver le programme de dépistage du cancer du sein comme actuellement défini et mis en oeuvre. Elles se sont exprimées sur la difficulté de faire des recommandations sans une évaluation régulière du programme, et sur l'importance de mesurer l'impact du programme sur la qualité de la vie (pas seulement sur la mortalité). Elles ont noté la nécessité d'une responsabilisation sur le plan économique lorsqu'un programme est publiquement financé. Les professionnels de santé consultés ont recommandé de poursuivre le programme, mais avec des réformes majeures incluant des améliorations de la qualité des informations, de l'accessibilité et de l'évaluation du programme.

le comité de pilotage a recommandé de stopper le programme, ou de procéder à des réformes radicales.

Si le programme devait être poursuivi, leurs recommandations clés incluent :

  • Délivrance d'informations neutres, complètes pour les femmes, le public et les médecins.
  • Reconnaissance de la controverse scientifique dans l'information pour femmes et médecins.
  • Formation pour les praticiens afin de mieux aider les femmes dans la prise d'une décision informée en matière de dépistage du cancer du sein.
  • Mise en place d'un programme de recherche sur l'histoire naturelle du ou des cancer(s) du sein et sur l'efficacité de nouvelles approches thérapeutiques.
  • Evaluation améliorée du programme pour contrôler l'impact du dépistage sur la qualité de la vie, sur la mortalité, et l'impact de son coût.
  • Arrêt du dépistage pour les femmes à risque moyen en dessous de 50 ans
  • Réflexion sur un dépistage basé sur le niveau de risque, ainsi des femmes à risque faible pourraient être examinées moins souvent ou pas du tout, tandis que celles à risque plus élevé pourraient être suivies plus intensivement.

La Ministre de la Santé a demandé à l'Institut National français du Cancer de développer un plan pour la réforme.

Avril 2017 la Ministre de la Santé publie un plan composé de larges réformes destinées à être mises en œuvre sur plusieurs années (3).

Les premières mesures prises dans l'immédiat sont axées sur l'information pour les femmes afin qu'elles puissent prendre leurs propres décisions avec l'aide de leur médecin : une nouvelle consultation médicale pour chaque femme de l'âge de 50 ans pour discuter des options du dépistage du cancer et de la prévention du cancer (incluant la prévention primaire par un changement de style de vie permettant de réduire le risque de cancer); la délivrance d'une information complète sous forme d'un livret accompagnant les invitations au dépistage et également via un support de décision en ligne ; des outils supplémentaires et une formation pour aider des médecins à communiquer sur la balance bénéfice/ risques et des limites du dépistage.

D'autres dispositions doivent améliorer l'accès au programme, fournir plus de soutien aux femmes pendant le processus du dépistage, améliorer la qualité technique du programme et établir un programme de recherche à côté du programme de dépistage. Le plan ne détaille pas comment ces mesures seront évaluées.

Cette enquête française est la troisième évaluation indépendante du dépistage du cancer du sein en Europe, après celles de la Suisse et du Royaume-Uni (4,5). Toutes soulignent le besoin d'une information complète et équilibrée, et toutes ont reconnu le surdiagnostic comme un dommage sérieux ; deux (l'évaluation suisse et la française) ont émis une recommandation d'arrêt du dépistage tel qu'actuellement proposé.

Ces résultats diffèrent beaucoup des recommandations d'autres jurys, comme ceux de l' US Task Force (organisme étasunien), de la Société du Cancer américaine et de l'Agence Internationale pour la Recherche sur le Cancer, lesquelles ont récemment conclu que les avantages dépassaient les inconvénients du dépistage du cancer du sein, et qui continuent de le recommander. (6)

D'où pourraient venir ces différences entre les différentes révisions et recommandations des programmes ? Une explication est que certains jurys pourraient être compromis dans des conflits d'intérêts (7), chose soigneusement évitée dans les trois enquêtes européennes.

Il est important aussi que les visions d'un plus large éventail de disciplines soit représentées, ainsi les membres du jury avec expertise dans des sciences humaines et sociales pourront plus volontiers soulever des considérations sociales, légales et éthiques pour en discuter concernant le dépistage de populations.

Les jurys émettant des recommandations de traitements médicaux ne recherchent pas forcément les valeurs et les préférences des citoyens dans la formulation de leurs recommandations. Mais les programmes de dépistage ont un impact sur les vies de citoyens asymptomatiques, et ainsi leurs choix sont importants dans la prise de décisions.

Que la concertation française ait inclus une perspective citoyenne dans son enquête et son processus de recommandations est une autre explication possible.

Une approche du dépistage mammographique est de demander aux individus de prendre leur propre décision éclairée de participer, avec une assistance sous forme de prise de décision partagée.

Cette approche, bien que souvent préconisée (8), est astreignante à obtenir et à faire perdurer.(9)

La recherche des points de vue de citoyens informés et de leurs préférences par une approche collective est une alternative qui fournit un contraste aigu avec celle d'une prise de décision partagée avec un seul patient à la fois. Les débats en communauté, tels que lors de l'enquête française, permettent un partage d'informations sensées et un échange d'opinions entre des citoyens de contextes divers. Ce genre de processus de délibération offre des avantages pour le développement d'actions avec des implications pour d'autres pays, bien au-delà du dépistage de cancer du sein.(9,10)

Références :

1. Comitéd’orientationdelaconcertation citoyenne et scientifique sur le dépistage du cancer du sein. Rapport du Comité d’Orientation. Boulogne-Billancourt, France: Institut National du Cancer; 2016. http://www.concertation-depistage .fr/. Accessed September 14, 2017.

2. WilsonJMG,JungnerG.PrinciplesandPracticeof Screening for Disease. Geneva, Switzerland: World Health Organization; 1968.

3. Plan d’action pour la rénovation du dépistage organisé du cancer du sein: Ministère des Affaires Sociales et de la Santé; 2017.

4. MarmotMG,AltmanDG,CameronDA,Dewar JA, Thompson SG, Wilcox M. The benefits and harms of breast cancer screening: an independent review. Br J Cancer. 2013;108(11):2205-2240. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3693450/

5. Chiolero A, Rodondi N. Lessons from the Swiss Medical Board recommendation against mammography screening programs. JAMA Intern Med. 2014;174(10):1541-1542.

6. Jørgensen KJ, Kalager M, Barratt A, et al. Overview of guidelines on breast screening: Why recommendations differ and what to do about it. Breast. 2017;31:261-269.

7. NorrisSL,BurdaBU,HolmerHK,etal.Author's specialty ans conflicts of interest contribute to conflicting guidelines for screening mammography. J Clin Epidemiol. 2012;65(7):725-733.

8. ElmoreJG,KramerBS.Breastcancerscreening: towardinformeddecisions.JAMA.2014;311(13): 1298-1299.

9. IrwigL,GlasziouP.Informedconsentfor screening by community sampling. Eff Clin Pract. 2000;3(1):47-50.

10. RychetnikL,CarterSM,AbelsonJ,etal. Enhancing citizen engagement in cancer screening through deliberative democracy. J Natl Cancer Inst. 2013;105(6):380-386.

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Publication Revue Médecine, octobre 2017

Le dépistage organisé permet-il réellement d'alléger le traitement chirurgical des cancers du sein ?

 

Notre collectif a réalisé une étude afin de vérifier l'affirmation de défenseurs du dépistage systématique selon laquelle, depuis le dépistage systématique, on assisterait à un allègement des pratiques chirurgicales. Ce postulat n'ayant pas été vérifié en France, nous nous sommes basés sur le PMSI (programme de médicalisation des systèmes d'informations) qui enregistre de façon exhaustive les séjours hospitaliers. Les résultats, dans l'article à paraître dans le numéro d'octobre de la revue Médecine, et en accès libre en suivant ce lien, montrent que l'allègement des prises en charges chirurgicales n'a pas eu lieu :

http://www.jle.com/fr/revues/med/e-docs/le_depistage_organise_permet_il_reellement_dalleger_le_traitement_chirurgical_des_cancers_du_sein__310529/article.phtml

Communiqué de presse téléchargeable ci-dessous.

COMMUNIQUE ETUDE MASTECTOMIES

Explications et analyse de l'étude à retrouver ici : https://www.cancer-rose.fr/explication-de-letude-sur-les-mastectomies-en-france/

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Analyse critique du nouveau livret d’information de l’Inca

17 septembre 2017

Dr Cécile Bour

Dr Marc Gourmelon

Dr Philippe Nicot

L'Institut National du Cancer (Inca) a édité un nouveau livret d'information sur le dépistage du cancer du sein intitulé : "dépistage des cancers du sein ; s'informer et décider". (1)
Download / Télécharger

La concertation citoyenne de 2017 avait clairement pointé les fautes de communication et d'information commises par le passé par l'institut, page 85 du rapport complet disponible en suivant le lien suivant : http://www.concertation-depistage.fr/wp-content/uploads/2016/10/depistage-cancer-sein-rapport-concertation-sept-2016.pdf

"... la consultation publique sur le dépistage organisé du cancer du sein...a permis de mettre en évidence le caractère très lacunaire des informations accessibles aux femmes sur ce dépistage. Et pour celles qui leur sont spécifiquement destinées, on constate que ces informations ne comportent aucune mention de la controverse dont il est l’objet depuis quelques années, ni de l’existence d’une réelle incertitude quant au rapport bénéfices / risques, ni de ses limites..."

Les critiques sur la communication de l'Inca morcelée, parfois contradictoire, tendancieuse, peu claire sur le surdiagnostic se poursuivent de la page 87 à 95.

Deux études parues dans le British Medical Journal (l’une australienne, l’autre de chercheurs de la Collaboration nordique Cochrane) ont énuméré 17 points clés que devraient aborder les brochures sur les cancers du sein et leur dépistage, pour une information scientifique et objective. (2,3)
Nous avons utilisé ces 17 critères scientifiques pour évaluer la brochure de l’INCA sur le dépistage du cancer du sein par mammographie et établir si, conformément aux demandes de la concertation citoyenne, l'institut s'est astreint à répondre aux attentes en matière d'amélioration de la qualité de l’information.
Pour le détail de ces deux études, voir l'article de Dr Nicot dans Voix Médicales : http://www.voixmedicales.fr/2011/11/14/depistage-organise-du-cancer-du-sein-information-ou-communication/

PLAN DE L'ARTICLE

PARTIE I : analyse selon les 17 critères

PARTIE II : autres points soulevant questionnement

PARTIE I : Les 17 points clés pour évaluer la qualité de l'information

Ces 17 points clés sont :

  1. Risque de développer un cancer du sein au cours de la vie.
  2. Risque de décéder d’un cancer du sein au cours de la vie.
  3. La survie après un cancer du sein.
  4. Réduction du risque relatif.
  5. Réduction du risque absolu.
  6. Le nombre nécessaire à dépister pour éviter un décès par cancer du sein.
  7. Proportion des femmes qui seront rappelées.
  8. Proportion de cancer du sein dépisté (sensibilité ).
  9. Proportion des femmes sans cancer du sein qui ont un dépistage positif ( manque de spécificité/faux positifs).
  10. Proportion des femmes avec un test positif qui ont un cancer (valeur prédictive positive )
  11. la réduction du risque relatif de mortalité totale.
  12. le carcinome in situ.
  13. le surdiagnostic.
  14. le surtraitement.
  15. l’effet du dépistage sur le nombre de mastectomies.
  16. le risque relatif de la radiothérapie, la détresse psychologique en rapport avec les faux positifs.
  17. la douleur au cours de la mammographie.

Nous allons examiner ces 17 points clés dans la nouvelle brochure émise par l'Inca afin d'évaluer le plus objectivement possible sa valeur informative.

   1. Risque de développer un cancer du sein au cours de la vie.

La brochure répond à ce premier point : sur 100 femmes de 50 ans, 3 développeront un cancer du sein dans les 10 ans. Les différents facteurs de risques sont détaillés page 4.

   2. Risque de décéder d’un cancer du sein au cours de la vie.

La question qui, en effet, intéresse en premier lieu les femmes est : quel est le risque réel de mourir d'un cancer du sein ? "On peut mesurer le risque de mourir d'un cancer du sein en France, en 2010 ce risque était de 4,1%...., dont 1,9% entre 50 et 79 ans.."  (4) 

Cette donnée n'est pas présente dans le livret de l'Inca.

   3. La survie après un cancer du sein.

La brochure en parle et met en avant la survie de 99% pour un cancer pris "précocement". Mais sans expliquer ce que cela signifie.

La « survie » mesure plutôt la durée de vie du cancer. Elle donne une illusion d’optique : par l’anticipation de la date de "naissance" du cancer trouvé lors d'un dépistage, on a l’impression d’un allongement de la vie après cancer, alors que la durée de la vie de la personne n’est en rien changée. Prenons une espérance de vie pour une femme donnée de 73 ans, si chez cette femme un diagnostic de cancer est posé par dépistage à l'âge de 67 ans, elle rentrera dans les statistiques de survie à 5 ans. Si le diagnostic est réalisé plus tard, vers l'âge de 72 ans, lors de la survenue d'un symptôme par exemple, alors cette même femme ne rentrera pas dans les statistiques de survie. La survie à 5 ans entraîne une illusion de succès, alors que l'espérance de vie des femmes en France n'est en rien modifiée depuis le dépistage.

   4. 5. 11. Réduction du risque relatif. Réduction du risque absolu.

En page 8 il est écrit : "Les études internationales estiment que ces programmes permettent d’éviter entre 15% et 21% des décès par cancer du sein. "

Il s'agit là de l'indication uniquement du risque relatif. Les rédacteurs font fi de la revendication des citoyennes de ne plus être bernées par des chiffres qui ne signifient pas ce qu'ils semblent dire. Les 20% de décès en moins ne signifient en aucun cas que 20 femmes en moins sur 100 mourront de cancer du sein si elles se font dépister. Ces 20% ne correspondent qu'à une réduction de risque relatif entre deux groupes comparés de femmes.

En fait, selon une projection faite par le Collectif Cochrane (6) basée sur plusieurs études, sur 2 000 femmes dépistées pendant 10 ans, 4 meurent d’un cancer du sein ; sur un groupe de femmes non dépistées dans le même laps de temps 5 meurent d’un cancer du sein, le passage de 5 à 4 constitue mathématiquement une réduction de 20% de mortalité, mais en valeur absolue un seul décès de femme sera évité (risque absolu de 0.1% ou 0.05% )
En fait cela correspond à une réduction de risque absolu de 0.05% (1 femme sur 2000)  à 0.1 % (1 femme sur 1000) au terme de 10 à 25 années de dépistage selon les estimations retenues (américaines, revue Prescrire, US TaskForce). (5)

Pour bien comprendre la différence entre risque relatif et absolu, lire ici : https://web.archive.org/web/20170623084247/http://hippocrate-et-pindare.fr/2017/01/01/resolution-2017-non-au-risque-relatif-oui-au-risque-absolu/

C’est pour cela que les citoyennes avaient exigé lors de la concertation une présentation en données réelles, et non en pourcentages qui enjolivent la situation.

   6. Le nombre nécessaire à dépister pour éviter un décès par cancer du sein.

On cherche vainement cette indication. Selon la synthèse de la Collaboration Cochrane par exemple, il faut dépister entre 2000 femmes sur 10 ans afin de trouver un bénéfice d'une vie sauvée grâce au dépistage. (6)

   7. Proportion des femmes qui seront rappelées.

Une des causes de rappel des femmes est l'examen jugé "techniquement insuffisant" par le deuxième lecteur qui reçoit les clichés validés par le premier lecteur, mais que lui juge insuffisamment bien réalisés. Ceci occasionne des angoisses supplémentaires pour les patientes, et bien évidemment, une irradiation supplémentaire, pour des questions d'incidences parfois bien formalistes.

La deuxième cause de rappel et non des moindres sont les faux positifs, c'est à dire un examen de dépistage positif pour une femme qui ne présente pas de lésion cancéreuse (ce qui se recoupe avec le critère n°9).

   8. Proportion de cancer du sein dépisté (sensibilité ).

   9. Proportion des femmes sans cancer du sein qui ont un dépistage positif (manque de spécificité/faux positifs).

  10. Proportion des femmes avec un test positif qui ont un cancer (valeur prédictive positive )

La brochure annonce bien dans "à savoir", en page 11 : "Le faux positif - Dans la plupart des cas, il s’avère que les anomalies découvertes sont bénignes et qu’il ne s’agit pas de cancer. On parle alors d’un « faux positif ." , mais sans en donner la proportion, le critère n'est donc pas rempli.

Nous vous livrons l'estimation selon Prescrire, Cochrane, et la US Task Force : sur 1000 à 2000 femmes dépistées sur une période entre 10 et 25 ans selon les synthèses, il y aura entre 200 et 1000 femmes qui subiront une fausse alerte, conduisant à au moins 200 biopsies inutiles. (5)

Ces données précises ne sont pas présentes dans la brochure.

Nous renvoyons nos lecteurs aux explications que notre site, lui, fournit : https://www.cancer-rose.fr/cancer-du-sein-un-peu-de-technique/

   12. Le carcinome in situ.

Ce point n'est pas abordé du tout.

Dans les données statistiques sur les cancers produites sur le site de l'INCA, seuls les cancers invasifs sont considérés. Or les cancers in situ, grands pourvoyeurs du surdiagnostics sont estimés entre 15 et 20% des cancers du sein. Ils sont d'autant plus fréquents que la participation au dépistage est importante. La plupart des cancer qualifiés de "pris précocément" sont des cancers in situ dont on sait que le traitement ne change pas grand chose au pronostic puisque la plupart ne se seraient pas développés.
Lorsqu'on traite inutilement une maladie non mortelle, il est normal que la survie (voir critère 3 ) soit élevée.

Le livret n'aborde pas le sujet.

   13. Le surdiagnostic.

   14. Le surtraitement.

Le surdiagnostic est bien abordé page 7, mais un peu rapidement.

Le problème du surtraitement n'est, lui, pas mentionné.

   15. L’effet du dépistage sur le nombre de mastectomies.

La question n'est pas abordée. Des études internationales de grande ampleur (Harding  (7)) ainsi que des méta-analyses de la revue Prescrire (8 9 10) et de la collaboration Cochrane (6) montrent une augmentation significative des mastectomies, des radiothérapies et des chimiothérapies depuis le dépistage, alors que les lésions trouvées sont de plus en plus petite taille.

   16. Le risque relatif de radiothérapie, la détresse psychologique en rapport avec les faux positifs.

Ce point n'est pas abordé.

   17. La douleur au cours de la mammographie.

Ce point est abordé page 9.

Faisons à présent le décompte : sur les 17 points clés pour une information éclairée et objective,  seulement 5 points sont abordés dans la brochure de l'INCA (n°1, n°3 bien qu'imparfaitement, n°4 mais sans explication, n°13, n°17).

PARTIE II : Autres points soulevant questionnement.

 

A-les études

Le livret de l'INCA mentionne la controverse scientifique sur le dépistage qui serait basée, selon lui, sur des études "peu nombreuses et difficilement comparables".

Selon L'INCA le débat ne porterait pas sur le fait que des vies soient sauvées mais sur le nombre de vies sauvées.

Pourtant, depuis les années 2000 de très nombreuses études sont régulièrement publiées dans les meilleures revues indépendantes internationales (New England Journal of Medecine, British Medical Journal, JAMA, Lancet etc...).

On ne peut qualifier de "peu nombreuses" les études alors que celles-ci abondent au contraire.

Pour exemple nous ne citerons que trois de ces études majeures parues ces dernières années : celle de Bleyer Welch 2012 (11), celle de A.Miller 2014 (12), Harding 2105. (7)

La première montre l'envolée de l'incidence du cancer du sein depuis l'instauration du dépistage sans diminution des formes les plus graves. La seconde expose l'absence de retentissement significatif du dépistage sur la mortalité, révèle les taux de survie identiques quel que soit le stade du cancer dans deux groupes de femmes comparés, un groupe dépisté et l'autre non, avec un suivi à 25 ans.

La troisième enfin met en évidence qu'une augmentation de 10% de la particpation au dépistage entraîne 16% de diagnostic en excès sans retentissement sur la mortalité, mais avec une envolée des formes peu agressives, stabilité des formes avancées, et augmentation significative des traitements les plus lourds.

On ne voit pas bien quelles études permettent à l'Inca d'affirmer que le débat ne porterait pas sur le fait que des vies soient sauvées puisqu'on ne parvient pas à dégager une quelconque baisse significative de la mortalité.

B-Le rayonnement délivré

Concernant les rayons X lors d'un examen mammographique, dont la dose nécessaire après 50 ans serait moindre (page 12), le problème n'est pas la faible dose théoriquement délivrée, mais la réalité de la répétition des doses, aussi infimes soient-elles.

De plus, assez fréquemment, plusieurs incidences par sein sont nécessaires, leur dose s'ajoutant à l'examen de base.

Le véritable problème toutefois, est le rayonnement à visée thérapeutique en cas d'un surtraitement consécutif lui-même au surdiagnostic mammographique, entraînant de réelles et graves conséquences sur la santé (coronarites, cancers radio-induits sur oesophage, peau, médiastin, poumon).

 

C-L'histoire naturelle de la maladie

 

Page 3, nous trouvons :

"De manière générale, plus les cancers du sein sont détectés tôt et plus les chances de guérison sont importantes.
"

Il y a confusion entre petitesse du cancer découvert et précocité de découverte.

Un cancer de petite taille n’est pas synonyme de dépisté tôt, il peut être petit et être présent depuis de nombreuses années sans jamais se manifester. Une volumineuse lésion n'est pas, non plus, forcément tardive, elle a pu se développer en très peu de temps, ce qui est souvent le cas de ce que l’on nomme les cancers de l’intervalle. Ce sont ces cancers rapides qui sont souvent les plus agressifs, survenant après une mammographie normale et avant la suivante prévue deux ans plus tard. Le dépistage ne peut les anticiper.

Le problème est la méconnaissance de l'histoire naturelle du cancer, ce que le livret admet lui-même page 2 où il est dit qu'il existe plusieurs types d'évolution et de cinétique des cancers. Ceci justifierait de traiter l'ensemble des cancers d'après le livret (page 7), qui brandit la menace selon laquelle une femme non dépistée régulièrement aura forcément un cancer plus avancé, un traitement plus lourd et qu'elle verra ses chances de guérison réduites.

"Si vous développez un cancer du sein et si vous n’avez pas réalisé régulièrement un dépistage, il sera diagnostiqué à un stade plus avancé. Cela réduira les chances de guérison et aura un impact plus important sur votre qualité de vie. En effet, la lourdeur des traitements, leur dangerosité parfois, et leurs séquelles sont notablement plus importantes en présence d’un cancer diagnostiqué à un stade avancé."

Il y a deux problèmes dans cette affirmation.

Elle est d'un alarmisme inutile et ne repose sur aucune étude, la véritable question à se poser étant plutôt : "Quels sont les avantages à ne pas se faire dépister? " (La brochure posant celle-ci, page 7 : "Quels sont les risques à ne pas réaliser le dépistage du cancer du sein ?")

L'affirmation d'une lourdeur de traitement diminuée grâce à une détection "précoce" est contredite par l'étude Harding (7) aux Etats Unis, par les méta-analyses de Cochrane (6) et de la Revue Prescrire (8 9 10), qui notifient l'augmentation des chimio-et des radiothérapies, avec les conséquences sous forme de complications thrombo-emboliques, cardiaques, de néoplasie radio-induite même pas effleurées dans le livret. Ces études et méta-analyses objectivent aussi l'augmentation des mastectomies, celles-ci devaient très logiquement drastiquement baisser puisque les lésions découvertes sont de plus petite taille. D'où la deuxième question subséquente : "Qu'en est-il, en France, de la baisse des mastectomies totales promise, et où en est l'évaluation ?"

D-le surdiagnostic

Le surdiagnostic est rapidement abordé dans le livret (page 7), nous n'ergoterons pas sur son ampleur, les dernières études avançant le chiffre de 50% ; cependant justifier le traitement de tous les cancers avec la même agressivité parce qu'on ne sait pas l'appréhender est une approche du problème un peu lapidaire.

La troisième source indiquée par l'Inca au bas du document se réfère au "Handbooks of Cancer Prevention", lequel est présenté ici :

https://www.youtube.com/watch?v=4ejAL_pzLGI

Le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer, Lyon) lui-même, ( dès 7:54 environ ) opte pour un codage rouge ('données manquantes ou lacunaires') du surdiagnostic dans le cadre du dépistage du cancer du sein .

EN CONCLUSION

 

Le score de qualité de l'information est donc de 5/17, c'est à dire de 6/20.

cliquez :

Au vu de tous ces éléments, cette nouvelle brochure de l'Inca ne semble pas répondre aux attentes de la concertation citoyenne.

Rajoutons à cela que ce "livret d'information" téléchargeable sur le site de l'INCa, outre le fait d'être incomplet et partial, n'est pas envoyé à toutes femmes. Il est envoyé aux femmes invitées pour la première fois à 50 ans, selon ce qui est mentionné sur le site.
Donc toutes les autres femmes de plus de 50 ans, n'ont jamais eu, n'ont pas et n'auront aucune de ces informations, même partiales et parcellaires. La lettre" d'invitation" et les relances ne sont jamais oubliées, elles...

P.S. Entre temps, début du mois d'avril 2018, l'INCa a rajouté des références au bas du document, examen de ces sources ici : https://www.cancer-rose.fr/a-vot-bon-coeur-messieurs-dames/

_________________________________________

Références

http://www.e-cancer.fr/Expertises-et-publications/Catalogue-des-publications/Livret-d-information-sur-le-depistage-organise-du-cancer-du-sein

2 Slaytor EK, Ward JE How risks of breast cancer and the benefits of screening are communicated to women: analysis of 58 pamphlets.http://www.bmj.com/content/bmj/317/7153/263.full.pdf

3 Jørgensen KJ, Gøtzsche PC. Presentation on websites of possible benefits and harms from screening for breast cancer: cross sectional study. bmj.com 2004;328:148. Sur : http://www.bmj.com/content/328/7432/148.full.pdf+html

http://www.unaformec-idf.org/documents/lagny/KseinHill2014.pdf

5 https://www.cancer-rose.fr/le-sur-diagnostic-un-graphique-pour-expliquer/

6 http://www.cochrane.org/fr/CD001877/depistage-du-cancer-du-sein-par-mammographie

7 http://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/2363025

8 Dépistage des cancers du sein par mammographie Deuxième partie Comparaisons non randomisées : résultats voisins de ceux des essais randomisés. Rev Prescrire. 2014 Nov;34(373):842–6.

9 Dépistage des cancers du sein par mammographie Première partie Essais randomisés : diminution de la mortalité par cancer du sein d’ampleur incertaine, au mieux modeste. Rev Prescrire. 2014 Nov;34(373):837–41.

10 Dépistage des cancers du sein par mammographies Troisième partie Diagnostics par excès : effets indésirables insidieux du dépistage. Rev Prescrire. 35(376):111–8.

11 http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1206809#t=article

12 http://www.bmj.com/content/348/bmj.g366

 

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Notre étude : Le dépistage organisé permet-il réellement d’alléger le traitement chirurgical des cancers du sein ?

Etude, 2017

Actualisation 2023

Etude

Le dépistage organisé permet-il réellement d’alléger le traitement chirurgical des cancers du sein ?

Revue Medecine , Volume 13, numéro 8, Octobre 2017

https://www.jle.com/fr/revues/med/e-docs/le_depistage_organise_permet_il_reellement_dalleger_le_traitement_chirurgical_des_cancers_du_sein__310529/article.phtml

PDF : Etude mastectomies en France -

_______________________________________________________________________________

Le dépistage organisé des cancers du sein est toujours l’objet de controverses. Un des arguments mis en avant par ses partisans serait une diminution des traitements lourds, rendue possible par des diagnostics plus précoces. Ce postulat n'a pas été évalué en France.

Avec le programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI), on dispose d'un recensement exhaustif des actes chirurgicaux réalisés en France. Toute évolution du nombre de mastectomies pour cancer du sein devrait donc s'y retrouver.

Nous avons interrogé les bases de données du PMSI et constaté qu'aucune diminution des mastectomies, totales ou partielles, ne pouvait être mise en évidence après la généralisation du dépistage organisé.

Le dépistage organisé permet-il réellement d'alléger le traitement chirurgical des cancers du sein ?

Robert Vincent 1, Jean Doubovetzky 2, Annette Lexa 3, Philippe Nicot 4, Cécile Bour 5

1 Hôpitaux Robert Schuman, Département d'information médicale (DIM)- Luxembourg

2 Médecin généraliste, rédacteur senior à la Revue Prescrire, Albi

 3 Docteur en toxicologie (Eurotox), Metz

4 Médecin généraliste, expert à la HAS, Panazol

5 Radiologue libéral, présidente de l’Association Cancer Rose, Talange 

Abstract: Does organized screening really reduce the surgical treatments of breast cancers?

The organized screening of breast cancers is still controversial. According to its supporters, it should enable a decrease of treatments, due to earlier diagnoses. This assumption has never been tested in France. The "Programme de médicalisation des systèmes d'information" (PMSI), is an exhaustive census of the surgical treatments achieved in France. The PMSI should show any change of the number of mastectomies for breast cancer.

We searched the PMSI databases and found no decrease of the number of mastectomies, radical or partial, after the generalization of the organized screening.

Keywords: breast cancer; mass screening; mastectomy

Introduction

Le dépistage organisé des cancers du sein a été généralisé en France en 2004. Pourtant, il est toujours l’objet de controverses.

En particulier, le postulat selon lequel le dépistage organisé permet un diagnostic plus précoce et détecte des tumeurs de plus petites dimensions, aboutissant à des traitements moins agressifs, n'a pas été évalué en France.

Si tel était réellement le cas, parallèlement à la généralisation du dépistage, on devrait constater un recul des traitements les plus lourds, et notamment des mastectomies totales. Depuis 1997, toutes les interventions chirurgicales, réalisées en France au cours d'une hospitalisation, sont enregistrées dans le cadre du programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI)[1].

L'objectif de notre travail est de vérifier si, en France, la généralisation du dépistage organisé des cancers du sein s'est accompagnée d'une diminution des interventions les plus mutilantes, en étudiant l'évolution annuelle du nombre de mastectomies pour cancer recensées dans le cadre du PMSI.

Matériel et méthodes

Le nombre de mastectomies a été estimé à partir de données extraites de la plate-forme ScanSanté de restitution des données PMSI [2]. Les recherches ont concerné la France entière et tous les types d'établissements, publics et privés.

Les requêtes sur ScanSanté ont porté :

- d'une part sur les « Mastectomies totales pour tumeur maligne » (racine de GHM 09C04) ;

- d'autre part sur les « Mastectomies subtotales pour tumeur maligne » (racine de GHM 09C05) [1] [3].

Le nombre des mastectomies totales a été diminué du nombre des « ablations prophylactiques de sein ». C’est à dire que les séjours avec un diagnostic principal Z40.00 ont été soustraits des séjours classés dans la racine 09C04).

Le PMSI n'est généralement considéré comme exhaustif qu'à partir de l'année 2000. Les données antérieures à l'année 2000 sont donc susceptibles d'être sous-estimées et n'ont pas été prises en compte.

Les données brutes sur le nombre de mastectomies ont été complétées par une estimation des ratios [nombre annuel de mastectomies / incidence annuelle des cancers du sein]. Ces ratios n'ont pu être calculés que pour les 4 années, 2000, 2005, 2010 et 2012, pour lesquelles l'incidence des cancers du sein en France est disponible [2].

Le nombre de mastectomies totales effectuées au cours des 4 dernières années précédant le dépistage organisé (période 2000 à 2003) a été comparé avec celui des 4 dernières années avec dépistage organisé (période 2013 à 2016).

L’évolution du nombre annuel de mastectomies a été recherchée par une méthode graphique, avec courbe de tendance linéaire, complétée par un test de corrélation des rangs de Spearman. Pour les comparaisons entre 2 périodes, les intervalles de confiance ont été déterminés par rééchantillonnage bootstrap avec 105 répétitions.

Le seuil de significativité retenu est le seuil habituel de 0,05.

Toutes les analyses statistiques ont été réalisées avec le logiciel R version 3.0.2.

Résultats

Comme le montrent le tableau 1 et le graphique 1, le nombre annuel de mastectomies totales pour cancer tend à augmenter sur la période 2000 à 2016.

Cette tendance à la hausse est statistiquement significative (p < 0,0002 au test de corrélation des rangs de Spearman).

La comparaison des 4 dernières années sans dépistage organisé (période 2000 à 2003) avec les 4 dernières années avec dépistage organisé (période 2013 à 2016]) montre que durant la période 2013 à 2016, en moyenne, 1 615 mastectomies totales de plus ont été réalisées chaque année par rapport à la période 2000 à 2003 (IC 95% : 1010-2280).

Année 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Totales 17 403 18 333 18 526 19 142 18 368 18 778 19 063 18 982 19 755 18 869 18 722 18 830 19 669 19 700 20 137 20 029 19 997
Partielles 36 473 39 318 42 111 44 993 46 170 46 767 45 755 44 539 44 202 45 293 46 149 47 508 52 247 51 485 52 078 52 769 53 658
Tot + Part 53 876 57 651 60 637 64 135 64 538 65 545 64 818 63 521 63 957 64 162 64 871 66 338 71 916 71 185 72 215 72 798 73 655

(Tableau 1 :  nombres annuels de mastectomies totales, partielles, totales et partielles)

(Graphique 1)

Le tableau 1 et le graphique 2 montrent que le nombre de mastectomies tout type confondu (totales + partielles) est lui aussi en forte augmentation sur la période 2000 à 2016.

Cette tendance à la hausse est statistiquement significative (p < 10-7 au test de corrélation des rangs de Spearman).

(Graphique 2)

La comparaison des 4 dernières années sans dépistage organisé (période 2000 à 2003) avec les 4 dernières années avec dépistage organisé (période 2013 à 2016) montre que durant la période 2013 à 2016, en moyenne, 13 389 mastectomies (tous types confondus) de plus ont été réalisées chaque année par rapport à la période 2000 à 2003 (IC 95% : 9 610-17 160).

Le tableau 2 présente les ratios [nombre de mastectomies / incidence des cancers du sein]. Ces ratios sont stables, entre 0,38 et 0,41, dans le cas des mastectomies totales. Ils montrent une tendance à augmenter entre 2000 et 2012 dans le cas des mastectomies partielles et des mastectomies tout type confondu.

Année 2000 2005 2010 2012
Incidence des cancers du sein 42 696 49 087 48 980 48 763
Ratio [nombre de mastectomies totales / incidence des cancers du sein] 0,408 0,383 0,382 0,403
Ratio [nombre de mastectomies partielles / incidence des cancers du sein] 0,854 0,953 0,942 1,071
Ratio [nombre de mastectomies tout type confondu / incidence des cancers du sein] 1,262 1,335 1,324 1,475

(Tableau 2 : Ratios [nombre annuel de mastectomies / incidence annuelle des cancers du sein])

Discussion

Le PMSI constitue la seule source d'information exhaustive sur l'activité chirurgicale en France. Il est essentiellement utilisé pour la facturation des séjours hospitaliers. Cependant des études précédentes ont montré qu'il pouvait être exploité pour des analyses épidémiologiques, notamment en ce qui concerne les cancers du sein [3,4].

Si le dépistage organisé s’était accompagné d’une diminution du nombre de mastectomies pour cancer réalisées en France, cette diminution devrait se traduire par une diminution équivalente des mastectomies codées dans les bases de données du PMSI. Cela ne correspond pas aux résultats observés. Au contraire, on constate une augmentation statistiquement significative des mastectomies totales ainsi que de l'ensemble des mastectomies tous types confondus.

La stabilité dans le temps des ratios mastectomies totales / incidence des cancers du sein montre que l'augmentation du nombre de mastectomies totales est parallèle à l'augmentation du nombre de cancers du sein invasifs diagnostiqués. Ainsi, en 2012, 8 années après la généralisation du dépistage organisé, on avait toujours 4 mastectomies totales pour 10 nouveaux cancers du sein invasifs, exactement comme en 2000, avant la généralisation du dépistage organisé.

La tendance à l'augmentation dans le temps des ratios mastectomies partielles / incidence des cancers du sein et ensemble des mastectomies tout type confondu / incidence des cancers du sein suggère que l'augmentation des interventions comportant des mastectomies partielles pour cancer est plus rapide que la progression de l'incidence des cancers du sein invasif. Ainsi, en 2012, on avait près de 15 interventions comportant une mastectomie pour 10 nouveaux cancers du sein invasifs, alors qu'en 2000, moins de 13 interventions étaient pratiquées pour 10 nouveaux cancers.

Une des explications possibles pourrait être les surtraitements associés aux surdiagnostics. En effet, le dépistage conduit dans 30% à 52% selon les auteurs à la découverte de lésions cancéreuses de petites tailles ou peu évolutives, qui seraient restées asymptomatiques durant toute la vie de la patiente. Par précaution, toutes les lésions sont traitées et leur découverte aboutit à leur ablation chirurgicale, le plus souvent par mastectomie partielle [5,6].

Il est également possible que les mastectomies partielles secondairement suivies de mastectomies totales soient plus nombreuses ; autrement dit, il est possible qu’un certain nombre de femmes qui étaient autrefois directement traitées par mastectomie totale subissent à présent une mastectomie partielle avant de subir secondairement une mastectomie totale. Ce mécanisme ne pourrait cependant jouer que pour une part très faible, puisque selon la Caisse nationale d’Assurance maladie, en 2012, seulement 3% des tumorectomies ont été suivies d’une mastectomie [7].

Les services d’hospitalisation sont mieux rémunérés pour des mastectomies totales (racine 09C04) que pour des mastectomies partielles (racine 09C05). On pourrait donc supposer un biais de surcodage des mastectomies totales, lié à une motivation financière. Cette interprétation est peu probable, pour au moins deux raisons :

-  d’une part, s’il y avait une augmentation abusive des codages en « mastectomie totale » (09C04), elle se ferait au détriment des codages en « mastectomie partielle » (09C05), qui devraient donc être en diminution. Or les données disponibles sur ScanSanté montrent que les mastectomies partielles sont au contraire en augmentation, et même plus rapide que les mastectomies totales.

- d'autre part, le surcodage modifierait l'équilibre entre le nombre de mastectomies totales enregistrées dans le PMSI et le nombre de cancers du sein. Il en résulterait une augmentation des ratios nombre de mastectomies totales / incidence des cancers du sein, parallèle à l'augmentation des mastectomies totales. Nos résultats montrent au contraire une stabilité de ces ratios.

Nos résultats sont cohérents avec les résultats trouvés dans d’autres pays :

- aux Etats-Unis, dans une étude de 2015 portant sur 16 millions de femmes, une augmentation de 10% de l'activité du dépistage a été associée à une augmentation de presque 25% des tumorectomies et mastectomies partielles (RR 1,24 ; CI 1,15-1,34), sans diminution des mastectomies totales [8].

- au Royaume-Uni, selon le rapport dit Marmot de 2013 sur le dépistage des cancers du sein, la fréquence des mastectomies est augmentée d’environ 20% dans la population dépistée, par comparaison avec la population non dépistée [9].

- pour l’ensemble des essais comparatifs randomisés effectués dans le monde ayant examiné cette question, en 2013, la Collaboration Cochrane évalue que le nombre de mastectomies est augmenté de 20% (RR 1,20 ; CI 95% 1,08–1,32) et le nombre d’interventions chirurgicales (mastectomies et tumorectomies) est augmenté de 30% (RR 1,31 ; CI 95% 1,22–1,42) [10].

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt en lien avec le contenu de cet article.

Références.

  1. Manuel des Groupes Homogènes de Malades - Version 2016 de la classification. Bulletin officiel No 2016/5 bis Fascicule spécial.

2- Binder-Foucard F, Belot A, Delafosse P, Remontet L, Woronoff AS, Bossard N. Estimation nationale de l’incidence et de la mortalité par cancer en France entre 1980 et 2012. Partie 1 – Tumeurs solides. Saint-Maurice (Fra) : Institut de veille sanitaire, 2013. 122 p. (Page 55 du document)

  1. Trombert Paviot B, Gomez F, Olive F, Polazzi S, Remontet L, Bossard N et al. Identifying Prevalent Cases of Breast Cancer in the French Case-mix Databases. Med. 2011;50(2):124-30. doi : https://doi.org/10.3414/ME09-01-0064
  2. Quantin C, Benzenine E, Hägi M, Auverlot B, Abrahamowicz M, Cottenet J et al. Evaluation de l’intérêt de l’utilisation des données du PMSI pour l’estimation de l’incidence du cancer du sein dans deux départements français. Rev Epidemiol Sante Publique 2010 ; 58 (Suppl. 1) : S14.
  3. Jørgensen KJ, Gøtzsche PC. Overdiagnosis in publicly organised mammography screening programmes: systematic review of incidence trends. BmJ. 2009 Jul 9;339:b2587.
  4. Bleyer A, Welch HG. Effect of three decades of screening mammography on breast-cancer incidence. N Engl J Med 2012;367:1998-2005.
  5. Améliorer la qualité du système de santé et maîtriser les dépenses : proposition de l’Assurance Maladie pour 2015. Rapport au Ministre chargé de la sécurité Sociale et au Parlement sur l’évolution des charges et des produits de l’Assurance maladie au titre de 2015 (loi du 13 août 2014) ; page 62.
  6. Harding C, Pompei F, Burmistrov D, Welch HG, Abebe R, Wilson R. Breast Cancer Screening, Incidence, and Mortality Across US Counties. JAMA Intern Med. 2015 Sep;175(9):1483–9.

9- Baum M. Harms from breast cancer screening outweigh benefits if death caused by treatment is included. BMJ 2013 ; 346 : f385. doi : https://doi.org/10.1136/bmj.f385

10- Gøtzsche PC, Jørgensen KJ. Screening for breast cancer with mammography. Cochrane Database of Systematic Reviews 2013 ; 4;(6) : CD001877. doi: https://doi.org/10.1002/14651858.CD001877.pub5

[1] Développé progressivement à partir de 1982, le PMSI vise à décrire les hospitalisations en les classant dans des groupes aux caractéristiques voisines, les Groupes homogènes de malades (GHM). Depuis 1995, obligation est faite aux établissements publics de transmettre leurs données. En 1997, le PMSI a été étendu aux établissements privés. On estime généralement que les données sont devenues quasiment exhaustives à partir de l’année 2000.

[2] Les données du PMSI sont mises à disposition de tous, acteurs de santé et grand public, sur une plate-forme nationale en accès libre, gérée par l'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation (ATIH). Cette plate-forme se nomme ScanSanté et peut être consultée à l'adresse : http://www.scansante.fr

[3] À l'issue de l’hospitalisation d'un patient, le motif d'admission, les comorbidités et les actes réalisés durant le séjour, sont codés pour permettre leur traitement informatique. Chaque séjour est ensuite classé dans une racine de GHM, sur base de son motif d'admission et des éventuels actes chirurgicaux réalisés. Ainsi, la racine de GHM 09C04 correspond, par construction, aux séjours ayant un motif d'admission en lien avec un cancer du sein et comportant un acte chirurgical de mastectomie totale. De même, la racine de GHM 09C05 correspond, par construction, aux séjours ayant un motif d'admission en lien avec un cancer du sein et comportant un acte chirurgical de mastectomie partielle.

_________________________________________________________________________________

Pour conclure

Globalement, on opère autant en 2016 qu'en 2000Dans les recommandations officielles, il doit y avoir une tendance croissante à privilégier chaque fois que possible la chirurgie conservatrice.Ce qui est sûr, c'est que, malgré cette volonté affichée de privilégier la chirurgie conservatrice, le nombre annuel de mastectomies totales ne diminue pas. Ce que nous avons également montré, c'est que le nombre de mastectomies totales rapporté à l'incidence des cancers invasifs n'a pas non plus diminué.

Deux explications sont possibles :

  • soit la chirurgie n'est pas plus conservatrice en 2016 qu'en 2000 (i.e. les recommandations privilégiant la chirurgie conservatrice chaque fois que possible ne sont pas suivies ; ce qui annule le bénéfice espéré du dépistage),
  • soit des mastectomies totales sont réalisées pour des tumeurs non invasives (surtraitement associé au surdiagnostic) et ces mastectomies totales supplémentaires font perdre le bénéfice d'une tendance générale à une chirurgie plus conservatrice.
 

Explication détaillée

 
explication détaillée de l'étude

Etude présentée au congrès de la  Société Française de Sénologie et de Pathologie Mammaire en 2017,

cliquez sur l'image pour voir le diaporama:

CONGRES DE LA SFSPM / 8 au 10 novembre 2017
 

Actualisation 2023

Par Dr V.Robert

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Cette année, Octobre Rose commence en Septembre/ enquêtes IFOP et Europa Donna 

Par Dr Annette Lexa

Dr Bour (partie conflits d'intérêts)

5 septembre 2017

Grande tête de proue du lobby rose en France, EUROPADONNA France, par le biais de sa Présidente Natacha Espié, s’est dit, le 28 août dernier, publiquement fier de « se consacrer à la diffusion et à l'échange d'informations précises et d’actualités sur le cancer du sein ».  Sans doute ne dispose-t-on pas d’assez de budget pour revoir la plaquette de 2012 qui annonce encore, sans preuve aucune, une réduction de mortalité de 20 à 30% chez les femmes de plus de 50 ans qui participent au dépistage, ainsi qu’un risque de surdiagnostic de 5 à 10%. La priorité de cette association militante n’est de toute évidence pas de se suffire des recommandations des institutions publiques ni de fournir une information précise et d’actualité.

En effet, EUROPADONNA a confié à l’IFOP, grâce au soutien institutionnel [1] de ACCURAY, deux sondages d’opinion (« Les Français et le cancer du sein» et « Les Françaises et le dépistage du cancer du sein») dont la piètre qualité de la méthode et des conclusions est telle que nous avons été incités à rechercher le véritable mobile des commanditaires .

Plan de l'article :

  • L’enquête IFOP " Les Français et le cancer du sein "

  • L’enquête IFOP " les Françaises et le dépistage du cancer du sein "

  • Conflits d'intérêts au sein d'Europa Donna

Mais tout d'abord :

Qui est EUROPADONNA ?

Il s'agit d'une association européenne se définissant elle-même comme  militante et qui informe, rassemble et soutient les femmes dans la lutte contre le cancer du sein. Elle s’est donné aussi pour mission de mettre en place des recommandations dans tous les pays européens et au delà, faisant fi des recommandations des institutions desdits états, comme celles de l’ANSM en France, ce que nous allons constater au  détour de cette enquête[2].

L'association EUROPADONNA France est financée à 83% par des dons privés, voir page 18 du PDF : lien PDF

Le réseau EUROPADONNA tire environ 97% de ses revenus de l’industrie pharmaceutique : lien PDF

EUROPADONNA France s'est vu refuser son agrément en tant qu'association de patients, et ce par la Commission Nationale d'Agrément des associations représentant les usagers dans les instances hospitalières ou de santé publique (la CNA arusp).

La raison (page 18 du rapport, ou 21 du PDF lien ) tient au fait que " l'association (EUROPADONNA)...ne produit elle-même aucune information spécifique....De surcroît, son indépendance n'est pas évidente, aussi bien en ce qui concerne les membres de son conseil d'administration majoritairement médecins, que ses ressources qui proviennent pour une part importante des laboratoires pharmaceutiques. Pour ces motifs énoncés, l'association ne relève pas d'un agrément national." Pour l'instant elle n’est toujours pas agréée comme association de patients ou usagers. Voir lien

De ce fait, depuis la création du réseau EUROPADONNA par des oncologues, EUROPADONNA reste en réalité non pas une association de patients mais bien un groupement de leaders d'opinion.

Qui est ACCURAY ?

Accuray est une société de radio-oncologie, leader sur son marché, « qui développe, fabrique et vend des solutions de traitement innovantes et précises dans le but d'aider les patients à vivre plus longtemps, à mieux vivre ». L’entreprise côté au NASDAQ, traverse une période difficile. [3]

Quand une entreprise annonce vouloir relever le défi de « chiffres noirs »  pour satisfaire  ses investisseurs, on peut s’interroger sur la philanthropie qui l’a conduite à financer cette étude IFOP.

L’enquête IFOP " Les Français et le cancer du sein "

[4]

L’enquête  a interrogé 1000 personnes de 18 à 65 ans dont 529 femmes, en respectant la méthode des quota classiques. Les personnes ont rempli un questionnaire en ligne.  L’IFOP est muet sur les rémunérations ou gratifications reçues des sondés qui acceptent de répondre.

Il s’agissait de sonder leur adhésion à différentes formes de traitements  de cancer du sein (radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie et chirurgie) .

L’IFOP a donc demandé à des jeunes gens de 18 ans, à des jeunes femmes et des jeunes hommes si elles/ils considéraient ces différents traitements, chimiothérapie, chirurgie et radiothérapie, comme efficaces/ innovants/ douloureux/ chronophages/ bien tolérés. On est surpris de lire dans les tableaux des résultats que des personnes interrogées non touchées elles-mêmes ou dans leur entourage, ont un avis sur tout .

La suite du sondage permet de mieux comprendre les intentions du commanditaire. En effet on a demandé aux  sondés s’il adhéraient aux affirmations suivantes : « il faudrait davantage donner accès à la radiothérapie de pointe » (ils sont 93% à être d’accord) et  « Il faudrait davantage promouvoir la radiothérapie » (ils sont 90% à être d’accord).

Enfin, le sondage se termine par le « sentiment d’information sur les traitements du cancer du sein ». On apprend ainsi à la lecture des tableaux que si le jeune de 18 à 24 ans, le chômeur ou l’homme retraité inclus dans le panel ont le plus faible « sentiment d’information », le dirigeant d’entreprise sympathisant En Marche a le meilleur sentiment d’information .

Les conclusions telles qu’elles sont présentées pour les media : Seul un Français sur deux estime être bien informé sur les traitements du cancer du sein » .

En questionnant un panel représentatif de la populations générale d’hommes et de femmes de 18 ans et plus, ce résultat ne veut tout simplement rien dire et on comprend mal l’intérêt qu’il y a à faire dire à des jeunes gens de 18 -20 ans ou à des hommes de 70 ans qu’ils s’estiment mal informés sur les traitement du cancer du sein.

Que 93% des français soient d’accord avec le fait qu’il faudrait davantage promouvoir la radiothérapie en cas de cancer du sein a là aussi de quoi laisser songeur, et ceci à plus d’un titre. Les médecins - et particulièrement les oncologues - sont les plus à même de juger de la pertinence d’un traitement radiothérapique en fonction de la tumeur, de son stade d’avancement, du risque de récidive, etc. De plus, le traitement par radiothérapie est un acte médical remboursé dont il est interdit de faire la publicité, comme c’est le cas ici de manière indirecte. C’est un curieux renversement de situation que de demander de la radiothérapie à son médecin lorsque l’on a un cancer du sein.

La conclusion de ce sondage est que « Les Français se sont déclarés insuffisamment informés sur le cancer du sein et particulièrement sur les différentes options de traitement », ce qui fait dire au Chef de Groupe de l’IFOP « qu’il est essentiel de fournir ces informations à grande échelle ». ACCURAY s’est donc servi de ce sondage pour promouvoir ses appareils de radiothérapie, vendus aux hôpitaux, en manipulant l’opinion des consommateurs de soins de santé. Si ce procédé de business marketing est déjà éthiquement et légalement douteux, il est, de plus, dangereux.

Les risques liés au radiodiagnostic et à la radiothérapie

Si les appareils de radiothérapie mis sur le marché sont de plus en plus sûrs pour le patients dans leur ensemble (bien qu’il existe très certainement des disparités), force est de constater aussi qu’à ce jour l’hypersensibilité individuelle en radiothérapie est insuffisamment prise en compte car largement sous estimée[5]  et cela commence à poser de sérieux problèmes quand on cherche à étendre ce procédé de traitement. En effet certaines populations à risque (25% de la population serait radiosensible) subissent régulièrement des radiodiagnostics et/ou des traitements multiples (enfants malades, personnes présentant des troubles de la réparation de l’ADN, des maladies héréditaires ou des pathologies auto-immunes)  sans qu’on se soit préalablement inquiété de leur statut génétique[6] . La radiothérapie est une cause bien connue de cancers secondaires (entre 5 et 12%) ce qui ne doit pas être minimisé. Et cela vient se cumuler avec le risque lié au radiodiagnostic tels que les mammographies répétées sans précaution sur des femmes en bonne santé, jeunes et moins jeunes, porteuses de la mutation génétique les rendant moins aptes à réparer leur ADN irradié.

Sur le site d’ACCURAY (Accuray), on peut écouter le Pr ERIC LARTIGAU évoquer le cancer du sein. Si  « sur des maladies prises précocement, le contrôle locorégional est excellent », il reconnait une sous-estimation de la radio-toxicité et évoque une amélioration du niveau de précision du ciblage des tissus lésés, mais ne dit rien sur la susceptibilité individuelle des patientes atteintes de cancer du sein et subissant une radiothérapie après tumorectomie d’un petit cancer, réalisée sur un minimum de 20 à 50 % de patientes surdiagnostiquées.  Chez ces patientes on a posé un diagnostic qui a conclu à la présence d’une maladie «histologique» qui n’aurait jamais été perçue au cours de leur vie, et qui n’aurait modifié ni leur qualité de vie ni la durée de leur vie, en d’autres termes, ces femmes auront été diagnostiquées et déclarées cancéreuses et traitées… pour rien.

Dans ces conditions, promouvoir la radiothérapie comme un vulgaire bien de consommation est totalement irresponsable .

A ce propos lire aussi : radiosensibilité

L’enquête IFOP " les Françaises et le dépistage du cancer du sein "

Si le premier sondage est de toute évidence une publicité déguisée pour la radiothérapie de pointe développé par ACCURAY, le second est quant à lui, destiné ouvertement à promouvoir les recommandations militantes de EUROPA DONNA en matière de dépistage du cancer du sein. Si la loi n'interdisait pas de le faire, on aurait sondé des garçons et les filles de 10 ans : les courses d’Octobre rose, inspirées d’EUROPADONNA font déjà courir mères et filles... Donc, ce second sondage, sorti début septembre pour préparer le grand raout populaire d’Octobre Rose cuvée 2017,  a porté sur un panel de 1 007 personnes de 18 ans et plus (478 hommes et 529 femmes). Pour ce sondage, par un fait exprès, pas de détail des résultats en ligne. Sans information sur la méthodologie, sans accès aux résultats détaillés, aux tableaux bruts, nous devons nous contenter du Communiqué de presse de Europa Donna. sondage ED

Ce curieux panel mixte sélectionné pour répondre aux attentes des femmes en matière de dépistage de cancer du sein, comptait 47 femmes atteintes d’un cancer du sein et 374  participants ayant eu un parent proche, une amie ou une collègue touché par cette maladie. Quant on sait que la prévalence totale du cancer du sein est de 650 000 cas pour 22,5 M (2.9%) de femmes majeures en France [7], on s’interroge sur le sur-représentation de ces 47 femmes atteintes de cancer du sein sur 529 (9%) et donc sur la fiabilité de ce sondage.

Mais là où EUROPA DONNA montre son vrai visage, c’est quand il nous apprend qu’un tiers des répondants/répondantes de cette enquête pense encore (!) que « le dépistage du cancer est uniquement recommandé pour les femmes de plus de 50 ans ». Pour EUROPADONNA , le fait de penser que le dépistage est recommandé seulement au-delà de 50 ans est présenté comme une "idée fausse" à combattre.

Alors que la HAS ne le recommande QUE à partir de 50 ans : recommandation HAS ; lien HAS : "...il est rappelé qu’il n’y a pas lieu de réaliser une mammographie ou une échographie mammaire de dépistage en dehors de la tranche d’âge de participation au programme national de dépistage organisé, c’est-à-dire entre 50 et 74 ans."

L’enquête est aussi censée montrer que moins de 60 % des femmes âgées de plus de 18 ans se sont fait dépister. Cela permet, sur la base d’un panel hors sujet, de faire apparaître une moindre participation au dépistage et donc de justifier une communication encore plus agressive pour Octobre.

L’enquête demande enfin aux femmes quels sont les freins au dépistage, dans une liste soigneusement établie bien sûr. Dans cette liste des freins, on cherche vainement « j’ai lu qu’il y avait une controverse sur l’intérêt du dépistage à faire diminuer la mortalité par cancers et la lourdeur des traitements », « j’ai moins de 50 ans, je n’ai pas de risque familial connu, je ne suis pas concernée par le dépistage ».

On apprend par ailleurs que parmi les 42% de femmes ne s’étant pas fait dépister, 35 % pensent avoir peu et pas de risques de développer un cancer du sein, 35 % affirment ne pas avoir reçu de sensibilisation de la part de leur médecin. Si ces chiffres ont été calculés sur les 529 femmes âgées de 18 ans et plus, ils sont tout à fait normaux. La probabilité de développer un cancer du sein à 20 ans est extrêmement faible et ne peut justifier des dépistage forcenés hors recommandations. De plus, les médecins ciblent préférentiellement les femmes de 50 ans et plus - et les femmes à risque éventuellement - et ne proposent pas le dépistage organisé aux femmes de moins de 50 ans. Il n’y a aucune raison de conclure qu’il y a un déficit de sensibilisation.
A moins de chercher à démontrer qu’il faut sensibiliser les jeunes filles  pour aller faire des dépistages payants, ce sondage est incompréhensible tant dans sa méthodologie, que dans l’exploitation de ses résultats.

Malgré cette confusion entre femmes de 18 ans et plus interrogées, et femmes de 50 ans et plus concernées par le dépistage organisé, cela n’empêche ni EUROPADONNA de titrer «  une pratique insuffisante malgré une perception positive », ni les medias qui ont accepté de relayer cette ‘enquête’ de titrer « les femmes ne font pas confiance au dépistage » [8]

Il y a quelque chose de pourri dans le lobby rose quand, dès septembre et sans attendre octobre :

  • EUROPADONNA fait encore croire aux Françaises/Français à une réduction de mortalité de 20 à 30% chez les femmes de plus de 50ans, sans justifier ce chiffre.
  • EUROPADONNA tire des conclusions biaisées d’une enquête biaisée
  • EUROPADONNA et ACCURAY fait dire aux Françaises/Français qu’il faudrait davantage promouvoir la radiothérapie et qu’il y a des inégalités d'équipements entre les différents centres.
  • L’enquête est financée par une entreprise qui vend aux hôpitaux de la radiothérapie anti cancéreuse et doit se remettre de « chiffres noirs » en ayant déjà  « réduit une partie de ses effectifs au niveau mondial «  pour « pour renouer avec les bénéfices »
  • ACCURAY fait la promotion  indirecte pour la radiothérapie sans évoquer les risques liés à l’hypersensibilité individuelle en radiothérapie.`
  • EUROPADONNA tente par des moyens détournés de recommander l’extension du dépistage aux femmes jeunes et en bonne santé, alors que des mammographies répétées sans précaution sur des femmes jeunes porteuses de la mutation p21 sont dangereuses et de plus inefficaces en l’absence de tout symptôme.

Il y a quelque chose de pourri dans la diffusion de l’information sur le dépistage du cancer du sein en France quand on apprend que :

  • 90% des Françaises/Français croient aux vertus du dépistage précoce sur leur chance de guérison, ce qu’aucune étude scientifique ne vient confirmer.
  • On attend toujours une vaste étude épidémiologique nationale pour donner aux Françaises/Français les vrais chiffres de réduction de la mortalité/morbidité liés au dépistage organisé et aux surtraitements qui en découlent.

Mais laissons le soin à Natacha Espié de nous dévoiler la prochaine campagne marketing de EUROPADONNA:  « nous devons revoir nos axes de communication et d’information de façon à ce que les femmes retrouvent leur capacité de sujet, et à ce qu’elles parviennent à trouver une position et qu’elles ne soient pas otages de leurs peurs ».

Pourtant, la peur du cancer ne représente que 3% des freins, la peur de la douleur 4%, et l’option de ne pas les prendre pour des idiotes (restez ignorantes et confiantes, nous nous occupons de vous), de leur donner une information transparente, honnête et non biaisée n’est de toute évidence pas à l’ordre du jour de cette association militante. Et l’IFOP qui a accompagné ces clients dans leur décision stratégique ne ressort pas grandi de tout cela .

L'association EUROPADONNA, quant à elle, a montré son vrai visage, celui du militantisme idéologique.

Conflits d'intérêts au sein d'Europa Donna

Nous nous intéressons aux liens d'intérêts de la plupart des membres-médecins composant les comités d'administration et scientifique de l'association Europa Donna France, d'après  les déclarations publiques d'intérêts, consultables auprès de l'INCa pour certains membres, et sur la base publique base publique :

Mme Natacha Espié, présidente d'Europa Donna France, psychologue psychanalyste ; conventions avec les laboratoires TEVA SANTE (en 2015 pour une prestation de conseil/orateur), ainsi qu'avec Roche.

Dr Marc Espié, oncologue, Hôpital St Louis Paris

Responsable des maladies du sein à l'Hôpital Saint-Louis à Paris, Mr Espié intervient comme leader d'opinion publiquement à plusieurs reprises : Vidal Actualités 2013 Lien Youtube, vidéo Youtube janvier 2015 pour le laboratoire Sanofi lien youtube, et en 2016 pour défendre le dépistage organisé du cancer du sein. lien youtube

Dr Marc Espié, selon sa déclaration publique d'intérêt, fut de 2012 à 2014, plusieurs fois en contrat de conseil/prestations avec les laboratoires GlaxoSmithKline, avec Roche en tant qu’expert et avec Novartis Pharma. En 2016 on retrouve un contrat d'expert scientifique pour MSD France ainsi qu'un contrat de consultant pour 2017 prévu jusqu'en mars 2018, en 2016/2017 un contrat de conseil pour Pfizer, ainsi que des rémunération pour réunions professionnelles, réunions scientifiques et contrats de conseil/prestations avec Novartis, Roche, TEVA Santé, GlaxoSmithKline, et des contrats "d'hospitalité" avec AMGEN, ASTRAZENECA, Pierre Fabre Medicament etc...

Dr Israël Nisand, gynécologue obstétricien, CHRU de Strasbourg, président du CNGF (conseil national des gynécologues et obstétriciens de France) est aussi un leader d'opinion en faveur du dépistage organisé du cancer du sein :

Lien La Croix

Lien La Croix

Selon sa déclaration publique d'intérêts Pr Nisand a reçu des avantages de multiples laboratoires pharmaceutiques entre 2013 et 2016 (Ferring, MSD, TEVA Sante, Nordic Pharma, GE Medical System qui produit de l'appareillage d'imagerie médicale, Sanofi, Merks, Bayer Healthcare), et il a aussi réalisé une enquête en 2014 pour ICOMED, (également entreprise de matériel d'imagerie).

Dr Anne Tardivon, radiologue, Institut Curie Paris

Elle fut membre du groupe de liaison pour les dépistages organisés auprès de la DGS (Direction Générale de la Santé)en 2011, et membre du groupe de travail sur le dépistage organisé auprès de l'INCa en 2012. Elle est formatrice à Forcomed (voir formateurs Forcomed), structure délivrant un diplôme permettant au médecin radiologue d’obtenir l’agrément pour être lecteur et/ou relecteur des clichés mammographiques dans le cadre du dépistage organisé. Ex-présidente de la SIFEMen, la Société d'Imagerie de la Femme (ancienne SOFMIS), et actuellement dans son conseil d'administration (Lien Sofmis), Dr Tardivon est aussi responsable « international relationship » de EUSOBI (European Society of Breast Imaging Eusobi), Europa Donna intervenant dans le meeting annuel à Londres d'Eusobi, par exemple, page 4 de : annual report Eusobi

Eusobi délivre un diplôme de qualification pour l’imagerie du sein au niveau européen et cette société est soutenue par les firmes Guerbet (produits injectables d'imagerie médicale), Mammotome et Hologic,( fabricants de matériel radiologique et de biopsie), Siemens Heathineers, mais également par la MSL (mammography saves lives MSL), une communauté américaine de patients approuvée par le ACR (American College of Radiology).

D'après sa déclaration publique d'intérêts, Mme Tardivon est en contrats formation/recherche/divers avec les laboratoires Guerbet, Roche, Bayer, Nodea Medical. Elle a reçu des avantages divers des laboratoires Guerbet, Siemens, Roche, Bayer, Gibaud.

Dr Jean-Yves Seror, radiologue, est également leader d'opinion sur le dépistage : Lien Youtube

D'après sa déclaration publique d'intérêts il est en contrat avec les sociétés BARD (matériel de biopsie), les laboratoires Roche, Pfizer, GlasoSmithKline, et a perçu des avantage de ses entreprises ainsi que de GE Medical System.

Dr Pascale Romestaing, cancérologue radiothérapeute à Lyon, promeut le dépistage Lien Youtube, et est donc une leadeuse d'opinion ; convention congrés/formation/étude de marchés pour les laboratoires Roche, Sanofi, Astrazeneka, A+A (société internationale d'études de marché, spécialisée dans l’industrie pharmaceutique, mais également dans la biotechnologie, les dispositifs médicaux et la santé grand public.), également pour IPSEN Pharma et JANSSEN-CILAG. Des avantages ont été perçus de ICOMED (matériel d'imagerie), NOVEX PHARMA, Novartis, Astrazeneca, Janssen Cilag, Eisai,  Sanofi Aventis France, Roche.

Dr Anne De Roquancourt, anatomo-pathologiste, Hôpital St Louis Paris ; conventions avec Roche, Pierre Fabre Medicament, Grünenthal SAS, avantages perçus de Sandoz, Roche, ESAI, GlaxoSmithKline, Novartis.

Dr Patricia De Cremoux, biologiste, Hôpital St Louis à Paris ; conventions avec Roche, Astrazeneca, Amgen, Boehringer Ingelheim et avantages perçus de Amgen, Roche, Astrazeneca, Boehringer Ingleheim, Sandoz.

Dr Sarfati Benjamin, chirurgien, Institut Gustave Roussy ; conventions avec Roche, Perouse Plastie (implants mammaires),  Allergan, Integra Lifescience Services, Medtronic, LifeCell Emea ; avantages perçus par GSK, Perouse, Ethicon, Bristol-Myers Squibb, Allergan, Arion.

Dr Pascale Grosclaude, épidémiologiste Oncopôle Toulouse, convention avec Roche et avantages perçus de Celgene, Roche.

Dr Pia De Reilhac, gynécologue, Nantes ; conventions avec Sanofi (réunions d'experts),TEVA Santé (prestation conseil scientifique), Bayer HealthCare (manifestation de promotion), avantages perçus de Sanofi, Hologic, Biocodex, Icomed, Gedeon Richger, GSK, Besins International, Effik, Pierre Fabre.

Dr Mario Campone, oncologue, Institut de Cancérologie de l'Ouest Nantes ; convention savec Pfizer, GSK, Novartis, Roche, MSD France, avantages perçus de Novartis, Roche, Pierre Fabre, Medexact, MSD, Ipsen, Servier, Eisai, Icomed.

Dr Véronique Trillet Lenoir, oncologue Hospices civils de Lyon ; conventions avec MSD, Roche, Becton Dickinson, Roche, Lilly, Pierre Fabre ; avantages perçus de Pfizer, Roche, Pierre Fabre, MSD France, Hospira France, Merck Serono, Becton Dickinson,

Dr Eisinger François, oncogénéticien, Institut paoli Calmette à Marseille ; conventions avec Celgene, Roche, Sanofi, MSD, avantages perçus de Celgene, Roche,MSD.

Dr Serin Daniel, radiothérapeute, Avignon ; avantages perçus de Amtgen.

Des professionnels de santé, dont certains sont des leaders d'opinion apparaissant régulièrement dans les médias, participent donc à la fois à la formation des médecins par des congrès ou des organismes de formation, à divers programme de recherche et de "conseils" auprès de firmes pharmaceutiques, ils peuvent siéger dans des conseils administratifs ou scientifiques d'associations financées par des partenaires commerciaux, et puis dans des conseils scientifiques d'agences sanitaires et consultés comme experts.

Cela pose un évident problème de confusion des intérêts entre les firmes pharmaceutiques et d'équipements médicaux, et des agences sanitaires, par l'intermédiaire de ces spécialistes. Au regard de l'affaire Mediator, cela est fort inquiétant sur le terrain de l'indépendance de ces professionnels.

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[1] Rappel sémantique : on parle en langage courant de soutien institutionnel quand un institut public tel que l’INCa , qui vit de fonds publics, parraine ponctuellement une opération quelconque. EUROPA DONNA n’étant pas une institution publique , elle se définit comme une institution privée  et aurait dû ajouter, dans son souci de précision, « soutien institutionnel privé ACCURAY »

[2] EUROPA DONNA ne reçoit aucune subvention régulière de l’Union Européenne mais accepte des versements de fonds de la commission européenne sur la base d’un projet. Ainsi en 2013 Europa Donna, dans son rapport d’activité, remercie l’Union européenne pour sa dotation de 100.000 euros dans le cadre du programme de santé sur le cancer du sein, voir page 11( donations 2013), et pareil en 2014 ( donations 2014 ). L'association bénéficie du soutien institutionnel du Ministère des Affaires Sociales et de la Santé, de la Ligue contre le Cancer et de l'Institut National du CAncer http://www.europadonna.fr/7.aspx?sr=2. L'association Europa Donna bénéficie du soutien de partenaires industriels (partenaires ED ) tels que AMGEN France, EISAI, Lilly , NOVARTIS, PFIZER, ROCHE, SANOFI, laboratoires pharmaceutiques impliqués dans la commercialisation des médicaments et de tests sanguins destinés au traitement, diagnostic ou suivi du cancer , p.ex. http://www.roche.fr/pharma/cancer.html.

[3] C’ est une entreprise californienne côté au NASDAQ, qui a installé son siège en Suisse à Morges. Dans un article du Temps du  10/3/16 (https://www.letemps.ch/economie/2016/03/10/californien-accuray-renforce-presence-morges) nous pouvons lire que l’entreprise pèse actuellement " 3,5 milliards dollars avec une croissance annuelle de 2,5 à 3 et un chiffre d’affaires en progression de 7% à 380 millions de dollars." Toutefois, "Accuray reste déficitaire et a même accru sa perte nette. Celle-ci est passée de 35 millions de dollars sur l’exercice 2013-2014 à 40,2 millions de dollars en 2014-2015. Pour renouer avec les bénéfices, Accuray a réduit une partie de ses effectifs au niveau mondial. Le groupe atteindra prochainement les chiffres noirs, dès l’exercice 2016-2017. La technologie a mis beaucoup de temps avant d’être acceptée par le milieu médical. Nous sommes désormais plus en phase avec ce que veulent nos clients, à savoir les hôpitaux(…)"

[4] https://www.ifop.com/publication/les-francais-et-le-cancer-du-sein-2/

[5] RADIOSENSIBILITE INDIVIDUELLE : UNE NOTION ANCIENNE ET SON AVENIR Conclusions du séminaire du 16 décembre 2013 organisé par l’ASN

[6] Un test utilisant par exemple le gène check point p21 directement impliqué dans la voie ATM permettrait d’identifier le statut d’hypersensibilité individuelle à la radiothérapie.

[7] http://invs.santepubliquefrance.fr/Dossiers-thematiques/Maladies-chroniques-et-traumatismes/Cancers/Donnees-par-localisation/Cancer-du-sein ),

[8] (https://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/22684-Cancer-sein femmes-confiance-depistage).

Dépêche APM News

Grâce à APMNews qui a édité une dépêche suite à cet article le 8 septembre, nous apprenons des liens étroits d'autres membres du conseil d'administration avec l'industrie pharmaceutique, que les journalistes ont constatés de leur côté.

Deux vice-présidentes d'EUROPADONNA :

D'après les renseignements obtenus sur LinkdIn, Mme Dominique Debiais se présente comme consultante pour la société DPDS qui conseille les compagnies de biotechnologies pour l'accès au marché, les affaires publiques et la communication. Elle a dirigé précédemment les affaires règlementaires d'Amgen.

Dr Pascale Romestaing est cancérologue radiothérapeute et présente de nombreux liens d'intérêts avec l'industrie pharmaceutique (voir plus haut).

Deux secrétaires générales :

Mme Florence Etterlen, également d'après le profil LinkedIn, est vice-présidente de Liens directs, association "qui met en relations le monde parlementaire et les entreprises pour partager les enjeux économiques et de développement". De 1999 à 2011 elle a été directrice des relations gouvernementales chez Sanofi -Aventis (devenu Sanofi).

Mme Ghislaine Lasseron, consultante en communication médico-scientifique a été responsable de communication oncologie chez Sanofi-Aventis de 2000 à 2005.

Cancer Rose est un collectif de professionnels de la santé, rassemblés en association. Cancer Rose fonctionne sans publicité, sans conflit d’intérêt, sans subvention. Merci de soutenir notre action sur HelloAsso.


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