Dépistage du cancer du sein, influences et manipulations de masse

 Par Dr ANNETTE LEXA

21 avril 2017

Là où nous en sommes

De nombreux travaux, études, analyses convergent à peu près toutes pour démontrer que le dépistage de masse, que ce soit pour le cancer du sein, de la prostate, du colon ou de la thyroïde, chez des personnes en bonne santé, est un échec. Le dépistage n’a non seulement pas fourni la preuve de son efficacité mais il a généré de nombreux dégâts que l’on a longtemps sous-estimés, les considérant comme le prix à payer pour « combattre le cancer », socialement parlant.

Pourtant, en ce qui concerne le sujet qui nous préoccupe sur ce site, le cancer du sein, aucune étude de grande ampleur n’a jamais été entreprise en France afin de vérifier l’efficacité de ce programme de dépistage pour réduire la mortalité ou la lourdeur des traitements.  Cela peut sembler proprement ahurissant, mais c’est ainsi.

Cela n’a pas empêché journalistes, « leaders d’opinion »,  acteurs et personnalités des médias de baisser leur pantalon pour promouvoir le dépistage du cancer de la prostate. Cela n’empêche pas des entreprises de luxe ou des organisations, dans le but avoué de promouvoir le dépistage, de financer des expositions photographiques « sublimant  la beauté » de femmes (chauves ou non) à la poitrine balafrée par une ablation mammaire et « respirant la vie et le bonheur ».
Cela n’empêche pas des centaines de milliers de femmes de continuer à courir enthousiastes « contre le cancer » tous les ans à l’automne, habillées de rose, en criant « on se sent toutes concernées, c’est important de se faire dépister, cela sauve des vies »... Cela n’empêche pas des lobbys de continuer à réclamer encore plus de dépistage, mieux organisé et de vendre des appareils plus « performants ».
Face à ces terribles constats et face à l’inertie des pouvoirs publics qui pourtant savent mais se taisent, notre collectif Cancer Rose  - constitué de scientifiques indépendant (es), chevronnés(es) - s’est donné comme mission de vulgariser une lecture critique des études épidémiologiques existantes, misant - naïvement peut être - sur le 'cerveau gauche' des femmes. Ce collectif s’inscrit dans le paradigme rationnel dominant de la médecine actuelle, à savoir la médecine basée sur le niveau de preuve - Evidence based medicine en anglais -  ce qui ne fait pas de nous, loin s‘en faut, un sombre groupuscule obscurantiste. Nous ne sommes pas un collectif « militant », tout au plus un groupe de  citoyens convaincus qu’une meilleure éducation au risque permettrait aux femmes de prendre de meilleures décisions pour elles-mêmes, sans céder à l’opinion, si tant est qu’elles puissent disposer d’une information récente, transparente et non biaisée.

L’Etat, pris entre la volonté de contrôler (le paternalisme médical) et la volonté de faire moderne (le périlleux exercice de démocratie participative), a bien senti qu’il fallait faire quelque chose devant les preuves qui s’accumulaient et qu’il ne serait bientôt plus possible de continuer à mettre la poussière sous le tapis. Continuez ou ne pas continuer ? That is the question ! Organisons une concertation de femmes et de professionnels,  ils décideront.  Ce problème est que, stupeur et tremblements, la créature a échappé à son Maître : la concertation a mis à jour un réel besoin d’information de la part des femmes, et a proposé 2 scénario : l’arrêt du dépistage ou son profond remaniement.

Cela ne fut pas du goût de tous. Cela déplût à certains.

Nous assistons, ébahis, au « bal des faux culs », se traduisant par un pas en avant  (on fait un bel exercice de communication) et trois pas en arrière (on maintient le dépistage en l’état en lui offrant un lifting cosmétique). En lieu et place d’études, on réalise fébrilement des enquêtes de satisfaction des usagères du dépistage (les preuves de baisse de la mortalité ne servent à rien, les femmes ne sont pas en demande, elles sont satisfaites du dépistage-qui-sauve-des-vies). Tout en espérant bien que le développement-de-la-médecine-génomique- personnalisée permettra de réduire ces foutus surdiagnostics (et les dégâts des traitements et surtraitements en passant..) de ces maudits cancers. Ouf ! l’honneur est sauf. Business as usual.

Voilà où nous en sommes à ce jour.

Mais comment en est-on arrivés là ?

Arguments rationnels épuisés, appel à la psychologie sociale

Nous avons épuisé les arguments rationnels, ils pèsent bien peu dans la balance bénéfice/risque que nous nous évertuons à expliquer et qui pourtant est désormais  devenu l’alpha et l’oméga de toute évaluation de risque. C’est là que la psychologie sociale peut nous aider à comprendre autrement les dynamiques à l ‘œuvre dans ce vaste et mortifère jeu social .

Je vous propose dans cette première partie de nous appuyer sur les travaux du célèbre  psychologue américain Robert Cialdini qui a longuement travaillé sur les techniques de persuasion. Que nous apprend Robet Cialdini *? Il nous apprend les techniques  de persuasion et comment se prémunir de ces comportements manipulateurs. Mais alors quoi ? Le dépistage organisé du cancer du sein fonctionnerait-il donc comme une vaste entreprise de manipulation sociale ?

Voyons cela de plus près, car c’est bien possible…

Il y a d’abord l’engagement : la technique du pied dans la porte : « A 40ans, on reçoit de la part de son gynécologue une petite ordonnance pour aller passer une mammographie avec un  « allez y, c’est important » dit sur un ton grave et paternaliste.  Et nous voilà parties pour des années d’examens, de relances, de pressions, de fausses alertes,  de peurs, d’angoisse.... Et nous ne savons plus comment dire « non, ça suffit, je ne veux plus y aller ».

Il y a aussi la preuve sociale . Difficile de dire « non » au dépistage quand tant de bonnes copines, tant de femmes autour de nous s’y soumettent. Si tant de femmes y vont, si tant de professionnels de la santé me disent que c’est important, ce doit être vrai. Je ne peux pas rester seule à douter, à dire non. Le problème est que cette étape peut conduire à tous les excès car il s’agit de continuer à « croire » à tout prix et de préserver la croyance. On n’a jamais vu autant de courses roses se déployer dans toutes les villes, mêmes les plus petites, depuis que les preuves de l’absence de l’efficacité du dépistage ne cessent de s’accumuler.

L’argument commercial de la rareté  se traduit dans ce cas par « la perte de chance ». Vous ne pouvez pas laisser passer cette chance que nous vous offrons gratuitement, à vous, femmes de 50 ans, de pouvoir être sauvées d’une mort certaine au moyen d’un petit examen. Pris à temps, un cancer se guérit !

Le levier de la réciprocité - ou de la règle du donnant-donnant - est sans doute le plus puissant. Comment refuser les relances par courrier, par sms, une fois qu’on a commencé sa première mammographie ? Nous avons votre dossier, nous vous suivons,  comment dire non encore une fois ? Vous en êtes à votre troisième mammographie, vous avez eu votre méchante alerte, votre première biopsie qui s’est avérée négative, mais la demande est insistante, vous devez revenir : après tout, vous n’avez rien , alors ne faites pas votre ingrate, ne doutez pas, nous sommes là pour vous, cela vaut bien un nouveau petit tour de manège, non ? D’ailleurs il y a de nouveaux appareils qui écrasent moins les seins. Vous faites la moue ? vous trainez des pieds pour y aller ? « Si vous ne faites plus vos mammographies, ne comptez plus sur moi pour vous suivre » répond le/la gynécologue furieux(se).

La persuasion marche formidablement bien sur les masses en utilisant le levier de la sympathie. Cet argument est très exploité par les courses roses. Comment résister à la proposition de courir toutes ensemble pour une si noble cause ? Après tous, ne sommes- nous pas toutes sœurs, filles, mères, grand-mères ? Nous devons nous épauler, nous soutenir pour combattre ce fléau du cancer ! En plus, les filles, le sport, çà fait du bien !  Au final, on a passé un moment tellement sympa ! Rendez vous l’année prochaine avec nos T-shirt !

Enfin, la classique soumission à l’autorité, encore abondamment utilisée dans le cadre du dépistage du cancer du sein, même si elle a du plomb dans l’aile : la docilité, devrais-je dire, des femmes est du pain béni pour le système médical. Cette soumission au dépistage sera renforcée par la complicité des organisations qui prennent l’apparence de l’autorité dans leur communication pour se donner un air persuasif. Combien de femmes se sont-elles aperçues que les publicités, dépliants et courses diverses étaient en fait organisés par des associations et non pas par des instances officielles ? Et n’oublions pas le recours à des figures médiatiques de médecins et autres experts en tout genre, qui ne portent plus la blouse blanche car c’est passé de mode, mais usent et abusent du prestige de la « parole d’expert » pour inciter les femmes à ne pas sortir de la route bien balisée du dépistage-qui-sauve-des-vies.

Tout ceci marche très bien parce que, in fine, un individu, qu’il soit homme ou femme est limité dans sa capacité à prendre une décision seul(e) : « Dois je me faire dépister ou non ? »  Nous sommes limités parce que nous ne disposons pas de l’information suffisante, parce que nous n’avons pas le temps, ou pas de temps à consacrer à ce choix, parce que nous sommes intellectuellement limités(es) pour comprendre la complexité des données médicales, parce que nous sommes influençables, parce que c’est rassurant de se sentir appartenir à un groupe qui pense pareil. Prendre une décision individuelle qui va à l’encontre du groupe est mentalement chose très coûteuse en énergie. Il est plus simple de suivre l’avis dominant que de se singulariser. Mais, prenez quelques personnes, deux ou trois, pas plus, et alors, vous constaterez qu’il est plus aisé de leur expliquer la balance bénéfice/risque du dépistage qu’à un groupe marqué par l’inertie et la dilution de la responsabilité.

Mais la psychologie sociale nous enseigne bien d’autres mécanismes qui sont à l’œuvre dans le cadre du dépistage de masse du cancer du sein et que nous allons aborder  prochainement … et il se peut que notre pire ennemi soit ... nous-même !

* Cialdini, Robert - Influence & manipulation , ici en format pdf

https://www.fichier-pdf.fr/2015/06/30/cialdini-robert-influence-manipulation/

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Plan d’action pour la refonte du dépistage, la dernière manche de la concertation

Le plan d'actions promis par Mme la Ministre de la Santé Marisol Touraine à la suite de la concertation citoyenne sur le dépistage du cancer du sein voit enfin le jour, en ce 6 avril 2017.

Objectif affiché de maximisation de la participation

Dans le communiqué de presse de la ministre nous lisons : "La meilleure chance pour guérir du cancer du sein, c’est le dépistage. Pourtant, encore trop peu de femmes ont recours au dépistage organisé."

Outre le fait que toutes les études d'impact démontrent que le dépistage n'a jamais permis de faire chuter la mortalité ou d'améliorer la guérison (reliable aux avancées thérapeutiques, mais pas au dépistage), l'objectif clairement mis en évidence dans cette phrase est bien que les femmes participent d'avantage au dépistage alors même que le groupe de citoyennes de la concertation s'est prononcé explicitement pour qu'on abandonne la course au recrutement des femmes.

Dès la deuxième page du plan d'actions les contre-vérités vont bon train : "Son dépistage (celui du cancer du sein) est donc un enjeu majeur de santé publique ; pour réduire la mortalité et la morbidité liées au cancer du sein, mais également pour améliorer la qualité des prises en charges des personnes concernées." Ni le premier objectif n'est atteint, le cancer du sein étant au hit-parade des cancers féminins mortels, ni le deuxième puisque la morbidité liée au dépistage n'est pas négligeable avec l'explosion des mastectomies, des radiothérapies et des chimiothérapies constatées depuis l'instauration du dépistage systématique, traitements lourds impactant la santé. On fait fi des dernières études internationales et des publications médicales basées sur les faits démontrant l'absence de gain en terme de mortalité.

L'information, enfin ?

A l'item n°2 nous avons à peu près la seule branche à laquelle on peut se raccrocher, c'est à dire l'information délivrée aux femmes, celle-ci demandée instamment par les citoyennes : "une information claire sur les enjeux et les avantages sera livrée, mais aussi sur les risques et limites du dépistage, tels que les possibilités de faux positifs ou faux négatifs, les cancers diagnostiqués dans l’intervalle entre deux dépistages, le sur-diagnostic et sur-traitement, les cancers radio-induits." En effet, l'information était on ne peut plus succincte sur les inconvénients du dépistage, notamment sur surdiagnostic et surtraitement. Il faut évidemment que les brochures en préparation soient à la hauteur et ne délivrent pas une information ou bien biaisée, ou trop épuratoire de données gênantes. Il faudrait surtout que les documents fussent rédigés par des auteurs indépendants, comme la Collaboration Nordique Cochrane au Danemark, et non pas par des "experts" auto-proclamés, leaders d'opinion, toujours les mêmes personnes médiatiques au discours convenu dont on connaît à l'avance l'orientation. Mais espérons...

Malheureusement juste à la suite de cette excellente intention d'informer loyalement on peut lire : "Le risque lié à l’absence de dépistage sera aussi précisé."  Et ça c'est formidable, parce qu'aucune évaluation n'est faite dans notre pays, on n'arrive pas à dégager un quelconque bénéfice du dépistage organisé mais on peut parler du non-bénéfice de ne pas le suivre, ce à quoi les études internationales ne sont pas parvenues.

La ROSP, on persiste et signe

L'apothéose est atteinte dans l'annonce de l'antipode de ce que les citoyennes demandaient, à savoir la sortie du dépistage de la ROSP, c'est à dire de la rémunération aux objectifs de santé. Voilà ce qu'on peut lire : "afin d’inciter les médecins à proposer la bonne modalité de dépistage à leurs patientes, les mammographies réalisées à ce titre seront mieux valorisées dans la cadre de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP)" ; "Le suivi de la patientèle de femmes à partir de 50 ans, adapté en fonction du niveau de risque, donnera lieu à une valorisation de la ROSP." Donc non seulement la ROSP est maintenue mais valorisée sur le dépistage. La rémunération que reçoit le médecin pour obtempérer aux objectifs de santé à atteindre incite clairement le médecin...à inciter la femme à participer.

Le gynécologue ainsi que le radiologue peuvent eux aussi inciter et faire rentrer la patiente, après consultation de son "éligibilité" dans un fichier à sa disposition, directement dans le dépistage. Dans la mesure où les gynécologues dans leur grande majorité sont partisans d'un dépistage dès l'âge de 40 ans, on peut avoir quelques inquiétudes sur l'objectivité de l'information, et présumer que la tentation incitative risque de prédominer quelque peu. Ne parlons même pas de celle des radiologues ; pour l'instant, lors de la consultation en cabinet de radiologie, l'information est réduite à sa plus simple expression, c'est à dire à remplir la fiche de renseignements de la patiente.

Et de plus la ministre prévoit une consultation préalable à l'âge de 25 ans ! On va donc "sensibiliser" des femmes jeunes, sans symptômes, dont ce n'est pas le problème, qui présentent des seins beaucoup plus denses et difficilement examinables, et les apeurer 25 ans avant l'âge d'être seulement concernées. Surmédicalisation en perspective, de personnes ne se plaignant de rien, et de plus en plus tôt.

Quelques avancées

Notons quand-même dans ce plan une petite avancée sur l'interdiction pour les radiologues d'appliquer des dépassements sur l'échographie, admettant ainsi implicitement que la "gratuité" du dépistage ne s'applique pas sur toute la chaîne des investigations qui peuvent découler de la mammographie initiale.  En effet la biopsie, l'IRM ne sont pas gratuits.

96 % des femmes sont concernées par le remboursement via une mutuelle selon la ministre, alors tant pis pour les autres, et les futures qui ne pourront bientôt plus s'en permettre une.

Une autre avancée nous paraît être l'obligation (page 9) d'une formation spécifique pour les anatomo-pathologistes à la sénologie, avec l'aveu implicite là aussi de certains manquements de compétences jusqu'ici, d'un manque d'autocontrôle professionnel à l'instar de celui des radiologues qui ont opté pour une deuxième lecture des clichés (malheureusement, avec sa dérive vers des fausses alertes majorées).

Le diagnostic histologique n'est donc point infaillible, et il faut bien reconnaître qu'un travers des histo-pathologistes, comme des radiologues d'ailleurs, est de "sur-classer" un examen qui apparaît douteux ou "entre-deux". Ainsi un carcinome in situ pas totalement de bas grade mais quand-même pas franchement affolant sera facilement "upgradé" (confession d'un anatomo-pathologiste lui-même..) En radiologie le classement de la mammographie en stade ACR3, qui veut dire que la lésion vue à la mammographie mérite une surveillance, sera très souvent revue en ACR4, classification conditionnant d'emblée une biopsie. Cela permet au radiologue de mieux dormir, de procéder à un acte supplémentaire et à la femme de "bénéficier" d'une biopsie dont elle n'aurait pas eu besoin. C'est ainsi qu'on assiste à une quasi-disparition progressive de la classification de surveillance en mammographie et du fait que 90% des biopsies effectuées sont superflues (valeur prédictive positive de la mammographie n'est que de 9%)

 

En conclusion :

En bref, on demande donc à des médecins non formés, à des gynécologues et des radiologues fortement orientés pro-dépistage à informer les femmes sans avoir d'outil pour évaluer leur score de risque, ni les outils pour la formation des médecins et l'information des femmes.. Le tour est joué. On continue donc, en "sensibilisant" encore plus tôt, et en incitant la patientèle par tous les moyens (maintien de la ROSP et accès au fichier d'éligibilité des femmes pour recruter les non-obéissantes).

L'Inca, surpris et dépité par le rapport de concertation auquel, vu le communiqué envoyé à la ministre le lendemain de sa publication, il ne s'attendait pas, est en passe ici de "rectifier" les conclusions de la concertation et de remettre tout ça "dans le droit chemin"...

Pas un mot sur les demandes des citoyennes sur l'évaluation du dispositif, sur la publication d'études françaises.

On continuera donc de façon "améliorée" alors qu'on n'a toujours toujours pas intégré que la détection précoce est un non-sens, qu'elle ne sert à rien tant qu'on n'a pas compris l'histoire naturelle du cancer, tant qu'on ne saura pas déterminer à partir de quand on est malade. Tant qu'on ne saura isoler quelles sont les tumeurs à haut pouvoir de progression et qui évolueront, quelles sont celles qui n'entraîneront jamais de conséquences sur la vie de la femme. Et comme on ne comprend pas on "améliore", on effectue une course en avant avec un surdiagnostic croissant sans intervention sur les taux de mortalité, les femmes vont être encore plus apeurées, inquiétées, pour rien.

Le vernis passé sur un dépistage indigent et inopérant perpétue cette violence faite aux femmes, ne règle rien d'un surdiagnostic qui anéantit la santé et le bien-être de millions de femmes. Comment appelle-t-on une attitude où l'on inflige une conduite délétère à la population en lui tenant des promesses non tenues et intenables ? Ça s'appelle du charlatanisme.

Merci Mme la Ministre.

 

Tout sur la concertation : articles concertation

A lire aussi : Article Figaro/Santé

Et l'analyse du Dr Dupagne, avec une analogie à une concertation canadienne il y a 20 ans, sabordée un peu de la même façon :

Dupagne, conférence de consensus canadienne 1997

 

 

 

 

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Dr Pierre Biron nous éclaire

21/03/2017

Dr Pierre Biron, auteur de l'alter dictionnaire médico-pharmaceutique bilingue (*voir au bas de l'article), nous parle des radiations auxquelles nous sommes soumis, selon une échelle de risque graduelle, pour que nous puissions nous faire une idée de ce que nous subissons, notamment lors d'examens diagnostiques.

Article de Dr Biron : "Des dépistages aux accidents nucléaires", cliquez le lien ci-dessous

Des dépistages aux accidents nucléaires

L'unité mentionnée par Dr Pierre Biron est le Sievert.

Les trois unités de mesures du rayonnement ionisant les plus utilisées, que vous rencontrerez dans les articles sur le sujet sont :

le Becquerel, le Gray et le Sievert.

Le Becquerel (Bq) est l’unité de l’activité radioactive, celle qui sort de la source irradiante.

Le Gray (Gy) est l’unité de la dose de rayonnement absorbée par unité de masse : il représente l’énergie transmise à la matière par une source de rayonnements ionisants située à proximité.

Le Sievert (Sv) lui, va tenir compte de l'effet de ce rayonnement sur la matière qui l'a absorbé, c'est à dire qu'il montre l'effet spécifique provoqué selon le tissu exposé. (Une certaine dose n'a pas le même effet selon qu'elle traverse un cerveau ou une structure osseuse.)

Si on veut donner une explication imagée avec une balle qu'on aurait lancée, le Becquerel serait l'énergie de la balle propulsée par la source émettrice, le Gray mesurerait l'impact de la balle sur le corps qu'elle va frapper, le Sievert prend en compte l'effet sur la matière quand la balle a traversé le tissu, à la sortie. 

Cliquez sur l'image pour accéder au lien de l'article "la radioactivité pour les nuls"

Vous verrez qu'en effectuant une mammographie vous avez déjà atteint votre dose annuelle naturelle, en sus de la dose annuelle que vous recevrez vraiment ! Plus la dose d'autres examens diagnostiques irradiants qui s'y rajouteront (scanners, radios du thorax etc....)

Relire aussi : "mammograhie et radiosensibilité"

Dr Annette Lexa, notre toxicologue, s'est penchée sur la toxicité potentielle de ces rayonnements ionisants répétés, dans son article publié sur notre site : https://www.cancer-rose.fr/mammographies-et-radiosensiblite/

Donc, les radiographies, ce ne sont pas des photos de vacances !

*C'est un dictionnaire anglais-français médico-phamaceutique, mais aussi un manuel d'initiation à la méthodologie en pharmacovigilance et en pharmacologie clinique, également un ouvrage de documentation sur la surmédicalisation et la surmédicamentation. alerdictionnaire

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Le surdiagnostic, par Dr Bernard Duperray

2015

Le dépistage des cancers du sein et son objectif, un diagnostic plus précoce pour mieux guérir : un leurre pervers ?

Par Dr Bernard Duperray

Médecin radiologue retraité après 41 ans de pratique sénologique

à l’hôpital Saint Antoine, Paris.

Ancien président du comité scientifique pour la mise en place du dépistage du cancer du sein (à titre expérimental) dans l’Oise, a démissionné de ces fonctions en 1995, quand il s’est agi d’étendre le dépistage sur le plan national.

Pas de lien d’intérêt.

Abstract

The average tumor size at diagnosis has been declining but one cannot see any drastic drop in mortality. Where a decline in mortality is observed, it is the same among screened and unscreened women. There is no decline in advanced forms nor in the number of total mastectomy. Epidemiological studies generated by screening provided evidence of its failure far above clinical findings. Trying to obtain an early diagnosis by screening mammography is an illusion.

In addition, the setting up of mass screening revealed a significant pernicious effect : overdiagnosis and its corollary, overtreatment. Overdiagnosis is an explanation of the contradiction between the apparent success of the treatment on so called early diagnosed cancer thanks to screening and the absence of significant mortality reduction within the population.

The need for a new definition of the cancerous breast disease and its natural history becomes evident.

Voir aussi la présentation de Dr Duperray : présentation le surdiagnostic

Tout a commencé par une évidence à priori intuitivement inébranlable

Plus on détecte tôt un cancer du sein, plus la lésion est petite au moment du diagnostic, meilleur est le pronostic.

C’est l’impression que donne l’observation clinique superficielle en dehors de toute considération épidémiologique.

A partir de cette impression s’est élaborée l’hypothèse d’une histoire naturelle du cancer du sein qui a toujours cours aujourd’hui.

Selon cette conception, une lésion de petit volume signifie une lésion diagnostiquée précocément. Petit et précoce sont synonymes de curable.

Si l’on n’intervient pas, la progression de la maladie est inéluctable et linéaire dans le temps avec un enchaînement mécanique :

Cellule atypique > carcinome in situ > cancer invasif > métastases > décès par cancer.

Le cancer est perçu comme une maladie d’organe à extension progressive, loco régionale puis générale secondairement avec des métastases.

Ce schéma est validé par Halsted, un chirurgien nord américain qui annonce en 1894 qu’une chirurgie radicale enlevant le sein, le plan pectoral, les ganglions, etc… diminue les récidives et permet de guérir la maladie.

Dans le schéma « Halstedien» :

la dissémination tumorale se fait mécaniquement.
le type d’intervention détermine le devenir de la patiente.
tout retard de diagnostic est préjudiciable.
Le dépistage et, grâce à celui-ci, le diagnostic précoce devaient aboutir à une baisse drastique de la mortalité, à l’éradication des formes évoluées et à la diminution du nombre de mastectomies totales. Grâce au dépistage, on ne devait plus mourir prématurément d’un cancer du sein.

Cette hypothèse paraissait d’autant plus plausible que le cancer du sein constitue un modèle pur pour la cancérologie qui revendique ce schéma : il siège dans un organe externe, facile d’accès, non vital, susceptible d’une chirurgie radicale. Tous les ingrédients d’un succès du dépistage étaient réunis.

Quelles sont les constatations cliniques et épidémiologiques après 25 ans de pratique du dépistage à la recherche du fameux diagnostic précoce ?

La lutte contre le cancer du sein a eu pour priorité la recherche d’un diagnostic précoce. Ainsi, la taille des tumeurs au moment du diagnostic n’a cessé de se réduire : on se plait à dire qu’on est passé entre les années 50 et 80 “ de la prune au noyau” avec une diminution du nombre de creux axillaires envahis.

Aujourd’hui, la taille moyenne des tumeurs au moment du diagnostic est inférieure à 2 cm. Mais on n’observe pas la baisse drastique de mortalité attendue. Là où une baisse de mortalité est constatée, elle est identique chez les femmes dépistées et les femmes non dépistées. Il n’y a pas de recul des formes évoluées ni de recul du nombre de mastectomies totales. (1), (2), (3) (4)

Le cancer du sein reste une préoccupation majeure de santé publique.

La polémique sur les résultats des méta analyses des études randomisées est dépassée. Il faut inclure les études les plus biaisées pour montrer une baisse de mortalité, d’ailleurs constamment revue à la baisse. L’absence de résultat sur les études en population va dans le même sens pour affirmer que le dépistage et la recherche d’un diagnostic précoce sont un échec. (5) (6) (7)

De même, la mastectomie radicale mutilante de Halsted a été un échec.

Il a fallu attendre les années 1970/80 pour que Fisher et Veronesi remettent en cause l’hypothèse « Halstédienne » par des études randomisées et avancent une hypothèse alternative, qui ouvrait la voie à la chirurgie conservatrice :

« Il n’y a pas d’ordre dans la dissémination de la tumeur. Les variations de traitement n’affectent pas la survie. »

Ces constatations n’ont abouti ni à une remise en question du schéma retenu de l’histoire naturelle des cancers du sein ni à un changement des pratiques. Pourtant, il est évident que petit ne signifie pas précoce, volumineux n’exclut pas un diagnostic précoce, petit ne signifie pas obligatoirement bon pronostic.

Deux constatations paraissent totalement contradictoires :

1) Plus petite est la lésion découverte, meilleur est le pronostic.
2) La diminution de la taille moyenne des lésions obtenue en population ne s’accompagne pas d’une baisse significative de la mortalité.
Par ailleurs, parallèlement à cette diminution de taille, on constate une augmentation considérable de l’incidence de la maladie, c'est-à-dire du nombre de nouveaux cas découverts chaque année. L’incidence des cancers du sein en France a été multipliée par 2,3 entre 1980 et 2000.

Deux hypothèses sont envisageables : une simple coïncidence entre la mise en place du dépistage et la survenue d’une épidémie de cancers du sein ou l’apparition de diagnostics de cancer du sein en excès liée au dépistage : le surdiagnostic. (8)

Si l’accroissement continu des nouveaux diagnostics annuels correspondait à une épidémie de cancers à évolution létale, il faudrait alors que la réduction de mortalité grâce au dépistage soit considérable : on aurait un cancer guéri pour un décès en 1980 et trois cancers guéris pour un décès en 2000. Or ni les résultats les plus optimistes des essais contrôlés concernant la réduction de mortalité ni les progrès thérapeutiques durant cette période ne peuvent soutenir cette hypothèse.

En outre, les études épidémiologiques et les résultats d’autopsies systématiques dans une population sans pathologie mammaire connue montrent un excès de cancers par rapport à ce qui est observé dans le même temps dans la population générale. (9) Plus on cherche, plus on trouve !

L’hypothèse d’une majoration du surdiagnostic liée au dépistage n’a pas de contre argument objectif. L’augmentation de l’incidence est essentiellement due au surdiagnostic même si des facteurs environnementaux interviennent également. Mais les facteurs environnementaux ne peuvent pas expliquer la brutalité de l’accélération. (10) (11)

Le surdiagnostic a une définition encore trop vague.

Le surdiagnostic est le diagnostic histologique d’une “maladie” qui, si elle était restée inconnue, n’aurait jamais entraîné d’inconvénients durant la vie de la patiente.

Dans le contexte de nos connaissances actuelles, ce n’est pas une erreur de diagnostic, c’est un diagnostic correct mais sans utilité pour la patiente. (12) (13)

Ce concept pose un problème, il est totalement contre intuitif. Le surdiagnostic n’est identifiable ni par le soignant ni par l’anatomopathologiste ni par la patiente. Pour eux, il n’y a que des diagnostics.

Sa réalité est mise en lumière par l’épidémiologie, en comparant des populations soumises à un dépistage d’intensité variable. Sans l’aide de l’épidémiologiste, la confusion entre taux de létalité et taux de mortalité est inévitable et elle masque la réalité du surdiagnostic.

Le taux de létalité est le nombre de décès rapporté au nombre de diagnostics de cancer du sein. L’augmentation de l’activité diagnostique (dépistage) induit une augmentation des cas prévalents et du surdiagnostic noyé dans la masse des diagnostics, elle contribue ainsi à la diminution du taux de létalité et à l’impression d’un succès.

C’est la perception qu’a le clinicien de la maladie chez un individu.

Le taux de mortalité est le nombre de décès rapporté à l’ensemble de la population. C’est ce qui mesure vraiment l’efficacité d’une opération de santé publique. C’est la perception qu’a l’épidémiologiste de la maladie en population.

Ce sont deux approches différentes de la maladie. En prendre conscience permet de comprendre la difficulté qu’éprouve le clinicien à ne pas se laisser égarer par le surdiagnostic.

Le surdiagnostic est une explication de la contradiction entre le succès apparent des traitements sur des cancers diagnostiqués soi-disant “précocément” grâce au dépistage et l’absence de réduction significative de la mortalité en population. (14)

Le surdiagnostic, plus fréquent parmi les petites tumeurs sans envahissement ganglionnaire, donne l’illusion de l’efficacité d’un diagnostic précoce, du dépistage et des traitements inutiles subis par les patientes surdiagnostiquées. (15)

Dans l’état actuel de nos connaissances, il nous est impossible de différencier un cancer évolutif létal d’un cancer surdiagnostiqué mais ce que nous pouvons dire, pour en finir avec des pratiques médicales qui détruisent la vie de femmes bien portantes, c’est qu’une femme asymptomatique n’a aucun intérêt à risquer un surdiagnostic par le dépistage, qu’il soit de masse ou individuel, dans l’espoir d’un diagnostic précoce car le dépistage n’a aucun résultat probant, qu’il s’agisse de la baisse de mortalité ou de la réduction des formes avancées.

La recherche d’un diagnostic précoce par le dépistage de masse organisé a été le catalyseur du surdiagnostic mais, en même temps, ce dépistage de masse a permis grâce aux études épidémiologiques qu’il a suscitées, d’apporter des éléments de preuve supérieurs à la simple observation clinique et il a mis en lumière la nécessité d’une nouvelle définition de la maladie cancéreuse du sein et de son histoire naturelle.

Une conception de la définition et de l’histoire naturelle de la maladie à réécrire.

Les pratiques diagnostiques et thérapeutiques actuelles sont liées à une définition de la maladie et à une hypothèse de son histoire naturelle erronées, qui perdurent depuis la fin du XIX siècle bien qu’elles soient contredites depuis des décennies par les faits et bien que leur bilan soit désastreux : la mortalité par cancer du sein a peu baissé, celui-ci reste un des cancers féminins les plus meurtriers, alors qu’on lui a consacré plus de moyens qu’à d’autres pathologies. (16)

Rien dans l’histoire naturelle de la maladie que l’on observe avec les outils d’aujourd’hui ne permet de caractériser la notion de précocité du diagnostic. On ne connait pas l’élément fondateur de la maladie.

Par ailleurs, il n’y a pas de lien de proportionnalité entre la taille tumorale et l’écoulement du temps. Du lien constaté entre la taille de la tumeur et le pronostic, on a déduit abusivement une corrélation entre petite taille tumorale et précocité du diagnostic, sous prétexte qu’une lésion a été petite avant d’être grosse.

Or l’évolution de la maladie n’est pas linéaire : des tumeurs peuvent rester stables, régresser, disparaître, devenir grosses en quelques jours, des tumeurs millimétriques être métastasées. L’augmentation considérable du nombre de cancers in situ diagnostiqués et traités ne s’est pas accompagnée d’une diminution du nombre des cancers invasifs.

La présence du surdiagnostic est la preuve que la maladie évolutive ne débute pas obligatoirement avec la découverte de l’anomalie histologique qui fait porter le diagnostic de cancer du sein. Cela vaut aussi bien pour des cancers invasifs que des in situ. Comment dans ces conditions parler de diagnostic précoce qui améliorerait le pronostic ?

La quête d’un diagnostic précoce réalise simplement un biais de sélection, qui favorise le surdiagnostic. Cela explique que la mortalité ne soit pas influencée par le dépistage dans la population malgré la diminution de la taille tumorale observée en moyenne.

La spécificité du dépistage de masse organisé est le paradoxe suivant : plus il s’améliore techniquement (et on ne cesse de l’améliorer), plus il devient pervers.

En effet, la définition purement histologique du cancer du sein est insuffisante pour caractériser la maladie mortelle. Avec un même symptôme, la tumeur épithéliale, le cancer du sein apparaît comme une maladie hétérogène aux modalités évolutives multiples et opposées, allant de la régression à la mort, sans lien avec la précocité du diagnostic.

Conclusion :

Ces positions à contre courant découlent simplement de l’observation des résultats du dépistage. Le choix de celui-ci dans l’optique d’un diagnostic le plus précoce possible est un cul de sac.

Le diagnostic « précoce » obtenu par la mammographie de dépistage est un leurre qui catalyse l’effet pervers le plus grave du dépistage : le surdiagnostic avec son corollaire, le surtraitement, intolérable compte-tenu de la nature des soins prodigués.

Différer le diagnostic chez des femmes asymptomatiques est sans conséquence sur leur avenir, bien au contraire. L’heure est à la reconstruction d’une théorie de l’histoire naturelle du cancer du sein plus conforme aux faits et connaissances actuelles.

Il faut en premier lieu répondre aux questions suivantes :

- Qu’est – ce qu’un cancer ? Une maladie mortelle qui finit par tout envahir ou une anomalie cellulaire repérée au microscope à un moment t sans préjuger de son devenir ?

- A partir de quand est-on malade ?

- Pourquoi certains cancers ne se développent-ils pas ou régressent ?

- Quel est le rôle réel de la tumeur épithéliale dans la maladie cancéreuse ?

D’ores et déjà, la reconnaissance du surdiagnostic et de toutes ses conséquences devrait modifier les pratiques médicales, les résultats thérapeutiques étant actuellement mal interprétés du fait du surdiagnostic, dédramatiser l’urgence diagnostique, déculpabiliser les sceptiques, inciter le corps médical à être moins péremptoire dans ses propositions diagnostiques et thérapeutiques.

Biblio

(1) - BMJ 2014; 349 doi: http://dx.doi.org/10.1136/bmj.g6358 (Published 26 November 2014) Cite this as: BMJ 2014;349:g6358 Mammography screening Stable incidence of advanced breast cancer argues against screening effectiveness. Philippe Autier, Cécile Pizot, Mathieu Boniol, professor and senior statistician1

(2) - Autier P., Boniol M., Gavin A., Vatten L. J. « Breast cancer mortality in neighbouring European countries with different levels of screening but similar access to treatment: trend analysis of WHO mortality database » BMJ 2011;343:d4411

(3) - « Mammography screening. Truth, lies and controversy » ; P.C. Gotzsche ; Radcliffe Publishing, Londres, Prix Prescrire 2012

(4) - Nikola Biller-Andorno,MD. Ph.D, Peter Jüni,MD ; “Abolishing Mammography Screening Programs ? A View from the Swiss Medical Board. N Engl J Med 2014 ;370 :1967 ; May 22, 2014 ; DOI : 10.1056/ NEJM p 140 1875.

(5) - GOTZSCHE PC NIELSEN M Screening with mammography (Review) Cochrane 7 octobre 2009 issue 4

(6) - Commentary on: Does screening for disease save lives in asymptomatic adults? Systematic review of 5 meta-analyses and randomized trials ; Paul G. Shekelle. International Journal of Epidemiology, 2015, 1–2 doi: 10.1093/ije/dyu267

(7) - Revue Prescrire, (mars, avril, mai 2006, oct 2007)

(8) - Overdiagnosed: Making People Sick in the Pursuit of Health ; H. Gilbert Welch (Author), Lisa Schwartz (Author), Steve Woloshin (Author)

(9) - Nielsen M, Thomsen JL, Primdahls et al. Breast cancer and atypia among young and middle-aged women : a study of 110 medicolegal autopsies. Br J Cancer 1987 ; 56 : 814-819.

(10) - Jorgensen K J, Gotzsche P C Overdiagnosis in publicly organised mammography screening programmes: systematic review of incidence trends BMJ 2009 ; 339:b2587

(11) - Overdiagnosis and Overtreatment in Cancer An Opportunity for improvement. » Laura J. Esserman, MD, MBA, Ian M Thompson, Jr, MD, Brian Reid, JAMA. August 28, 2013; 310(8)

(12) - BMJ 2016 ; 352:h6080 doi: 10.1136/bmj.h6080 (Published 6 January 2016) Why cancer screening has never been shown to “save lives”—and what we can do about it

(13) - « Dois je me faire tester pour le cancer ? Peut-être pas et voici pourquoi. » G. Welch, Les presses de l’université de Laval. 2005

(14) - Médecine (vol 2 N° 8 2006) « Le dépistage : Une bonne intention, une mauvaise théorie de l’histoire naturelle de la maladie, un résultat absurde » Duperray B, Junod B.

(15) - "Twenty five year fellow-up for breast cancer incidence and mortality of Canadian National Breast Screening Study : randomised screening trial" Anthony B Miller, C Wall, C J Baines, P Sun, T To, BMJ / 2014, 348 g366 doi : 10.1136

(16) - Harding C et coll. et coll. Breast Cancer Screening, Incidence, and Mortality Across US Counties. JAMA Intern Med. Published online July 06, 2015. doi:10.1001/jamainternmed.2015.3043

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Un autre dépistage : celui du cancer colo-rectal, témoignages et avis divergents

Cancer Rose vous offre une tribune citoyenne. Vous aussi, vous pouvez témoigner.

14/03/2017

Les dépistages en général en question

Des scientifiques se sont penchés en 2015 sur la question de savoir si oui ou non les dépistages sauvaient nos vies ; résumé et analyse de cette réflexion conduite par le Dr Vinay Prasad ici:

http://www.clubdesmedecinsblogueurs.com/category/echec-du-depistage/

Et là : http://docteurdu16.blogspot.fr/2016/01/edition-speciale-pourquoi-le-depistage.html

Nous vous avons informés récemment sur le dépistage du cancer de la prostate au travers de l'article de Dr Philippe Nicot : https://www.cancer-rose.fr/en-parallele-au-depistage-du-sein-celui-de-la-prostate-du-surdiagnostic-aussi/

Dans ce cas, alors que ce dépistage est encore pratiqué par certains, on est pourtant au-delà de la controverse, son inutilité était actée par les autorités sanitaires elles-mêmes.

Le dépistage du cancer colo-rectal, avis du Dr Dupagne

Il fait l'objet d'une campagne promotionnelle de la part de l'Inca, avec à nouveau le genre de clip super-flippant qu'on adore, et qui permet à tout le monde de cauchemarder sans rien comprendre.

Hormis le fait qu'on s'interroge pourquoi les communiquants angoissés de l'Inca optent toujours pour le même mode de "sensibilisation" des foules, il nous a paru bien plus intéressant de relayer un article du Dr Dominique Dupagne qui ouvre le débat avec une confrontation fictive entre deux professionnels d'avis divergents.

Pas toujours facile de comprendre pourquoi un dépistage serait bénéfique sur le plan collectif mais pas forcément sur le plan individuel, d'où nous arrivons toujours à la même conclusion, l'important est d'expliquer les choses le plus clairement et objectivement possible, et puis d'informer les populations. "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire..." etc etc...

Nous vous conseillons donc également la lecture des commentaires en-dessous de l'article, au travers desquels s'est instaurée une discussion entre professionnels de santé sur le terrain, pas toujours du même avis.

http://www.atoute.org/n/article352.html#forum11147

 

Un avis contraire, celui de Doc du 16

Nous relayons l'avis contraire, paru jeudi 23 mars sur le blog du Docteur du 16 :

l'avis de Doc du 16

Le ton est un peu moqueur, mais pour Doc du 16 "il eût été beaucoup plus profitable pour tous qu'il (Dr Dupagne) prît l'exemple de CE dépistage pour donner la parole au citoyen (n'oublions pas le point fondamental : le dépistage concerne des gens non malades)."

Dans cet article vous trouverez aussi les représentations infographiques qui nous sont chères, et qui rendent l'enjeu plus visuel, comme pour les autres dépistages, dans l'article vous trouvez ces présentations pour trois tranches d'âge..

Nous vous conseillons ici aussi de lire les commentaires sous l'article.

En tous cas, le débat n'est pas tranché....

 

 

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Tout comprendre sur le surdiagnostic en médecine

Présentation surdiagnostic

Ci-dessus, vous trouverez un PDF du Dr Guylaine Thériault (Canada), qui sert à des conférences pour les médecins de la province, sous l'égide de l'AMQ, l'Association Médicale du Québec.

Il est à destination des professionnels mais nous paraît suffisamment didactique et pédagogique pour un accès également aux profanes s'intéressant à ce sujet du surdiagnostic dans de multiples domaines, phénomème-apanage de la médecine dite préventive, axée sur le dépistage de masse.

A propos de l'auteure :  Dr Guylène Thériault, médecin de famille au Québec, diplômée en evidence-based healthcare, Oxford, certification en cours en value-based healthcare, Darmouth, membre du "Clinical leaders group" de Choosing Wisely Canada.

Site web : http://www.cassf.ca/

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AMELI, ma Bonne Mère….

Par Dr Annette Lexa, 18 janvier 2017

AMELI s’est donné pour mission de veiller sur ma santé.

AMELI est une bonne mère pour moi. Au-dessus d’AMELI , il y a le Père, l’Etat paternaliste et bienveillant qui a donné mission à ses bergers de veiller sur ses brebis, particulièrement sur les brebis égarées qu’il s’agit de faire rentrer dans le troupeau. Et AMELI s’y emploie, avec des communicants que rien n‘arrête.
Etre une femme est un rude parcours, à chaque âge de la vie. J’ai connu les humiliations paternalistes dans mes jeunes années, mais je ne pensais pas qu’à 50 ans passés, je ferais l’objet d’une telle attention infantilisante et manipulatrice. A moins que ce ne soient les impératifs d’une politique de relance keynesienne[1] du marché et donc de la croissance obligée des dépenses de santé auxquelles je suis sommée de participer en donnant de mon corps ? C’eut été moins immoral en ce cas, juste « amoral ».

Parce que, jusqu’à l’âge de 49 ans et 364 jours, je vivais plutôt bien, je me savais mortelle et, midlife crisis passée, j’entrais dans une sorte d’apogée existentielle. Mais, patatra ! Depuis mes 50 ans et un jour, voilà que la bonne mère AMELI, aidée de ses fonctionnaires statisticiens, a décidé de changer mon statut. J’ai donc rejoint le troupeau des 10 683 633 [2] femmes de 50 à 74 ans à risque de développer un cancer du sein.

Ma fille, finies les plaisanteries .

« Tu te crois en bonne santé ? » me demande AMELI en rentrant subrepticement dans ma vie par ma boite mail. Rien n’est moins sûr... Avant oui, désormais non.

« Tu penses que la prévention ne te concerne pas ? » Alors là, bonne mère AMELI, si je puis me permettre, tu brouilles les pistes. J’ai toujours pensé que la prévention[3] m’éviterait bien des tracas, bien des examens et bien des prises de médicaments peu recommandables. J’ai une vie ascétique, je ne fume pas, bois peu, je mange des graines et pratique l’art de la ballerine plusieurs fois par semaine. J’ai toujours veillé à éviter les viandes grillées, le nitrate de potassium dans les charcuteries, la pilule, le stress, le teflon, le bisphénol dans les conserves, les cosmétiques de l’Oréal, le Roundup, les champignons sauvages depuis Tchernobyl, le radon sous ma maison, etc., et en toxicologue avertie, j’ai toujours évité d’habiter près d’un incinérateur.

Si tu m’avais demandé : « Tu penses que la prévention secondaire ne te concerne pas ? », je t’aurais répondu que la première prévention qui compte est la prévention primaire dont tu ne dis pas un mot.

Ensuite, si tu m’avais expliqué que la prévention secondaire est l’ensemble des mesures destinées à diminuer la prévalence[4] d’une maladie dans une population – par le dépistage par exemple, on aurait pu discuter entre gens responsables. Bonne mère, tu es en train de me dire que tu cherches à faire diminuer le % de cancers dans ma tranche d’âge ? L’objectif est louable. Mais l’histoire de l’évolution d’un cancer est mal connue, multifactorielle, l’épigénétique joue un rôle essentiel dans le développement d’une tumeur et les génomes des femmes sont variés et variables dans le temps : mettre 10 683 633 femmes dans le même panier et espérer que les soumettre toutes à la mammographie tous les 2 ans réduira tes chiffres de prévalence relève de l’argument d’autorité et de la patascience. Le dépistage peut être une solution de prévention secondaire mais la mammographie que tu proposes est plus un outil de diagnostic de cancer utile en cas de symptôme inquiétant qu’un outil de « prévention » pour m’aider à augmenter mon espérance de vie en bonne santé et ma qualité de vie.

Rien ne t’arrête donc, ni les nombreuses études robustes qui paraissent dans la littérature scientifique, ni les conclusions de la concertation citoyenne récente, ni l’avis de l’Académie de Médecine qui affirmait déjà pourtant en 2007 que la médecine était une des principales causes de l’augmentation du nombre de cancers, du fait de la détection précoce[5].

Tu es malhonnête

Tu es malhonnête parce que tu sais très bien tout ceci, tu le sais et pourtant tu continues à me  mentir et à me manipuler comme les 10 683 632 femmes de ma classes d’âge. Tu évites de nous parler chiffres, preuves, raison, bénéfice/risque, alors tu nous parles comme à des enfants.

Tu me demandes, comme à une gamine à qui on va injecter un vaccin, si j’appréhende d’effectuer une mammographie de dépistage. « Voyons, ma grande, ça ne fait pas mal ! »

Avec ta photo d’illustration, tu me renvoies à l’image d’une femme aux cheveux blancs emmitouflée dans une laine polaire avec un type qui lui montre du doigt un truc qui la fait rire. La pleine vie quoi. « En couple », emmitouflée sur une plage, parce qu’elle doit prendre le soleil (à moins qu’elle ne prenne des antidépresseurs), pour éviter l’ostéoporose (à moins qu’elle ne soit sous traitement substitutif hormonal), emmitouflée parce qu’elle ne doit pas attraper froid (à moins qu’elle ne soit vaccinée contre la grippe). Le truc que je vais regretter quand je mourrai d’un cancer parce que je ne t’ai pas écoutée. Le summum de l’extase qu’une femme mûre peut espérer et qui va me passer sous le nez si je n‘écoutes pas AMELI.

Le hic, vilaine mère, est que tu sais que tu ne disposes d’aucune preuve que le dépistage fait reculer la mortalité par cancer du sein. Nous avons rassemblé sur notre site Cancer Rose les plus solides et récente études* qui disent exactement le contraire et que tu fais semblant d’ignorer. Pire, le dépistage n’évite pas la réduction du nombre d’ablations de seins - c’est toi même qui t’en étonnes pourtant[6] - ni le nombre de chimiothérapies qui explose puisque tu contribues au surdiagnostic de cancer chez des femmes que tu traites préventivement pour de petites tumeurs dont personne ne sait si elles vont évoluer vers la mort ou non. Tu ne parles pas des dégâts du surdiagnostic et du surtraitement qui peut faire basculer la vie d’une femme qui n’avait rien demandé, tu évites que je me prenne la tête avec la balance bénéfice/risque, tu refuses de faire des études épidémiologiques de grande ampleur sur ma classe d’âge pour valider ta croyance - le dépistage sauve des vies, pris à temps, on s’en sort - parce que tu crains par dessus tout le résultat d’une telle étude qui discréditerait ton autorité et l’écosystème économique qui s’est créé autour.

Tu me donnes l’impression que je vis under the dome, un peu comme en Corée du Nord, là où les dernières publications scientifiques ne pénètrent pas. A l’époque où nous n’avons jamais eu aussi facilement accès à la connaissance, tu pratiques une désinformation ahurissante.

Tu tiens cependant à me rassurer : je n’aurai rien à payer, puisque ton Père et ta bonne Mère AMELI s’occupent de tout (avec les impôts, taxes et charges qu’ils te prélèvent). Mais tu ne dis pas un mot de ce que je devrai payer en cas de biopsie ou en cas d’éventuel traitement.

Tu me donnes des ordres en utilisant des verbes à l’impératif, dans cette phrase mal construite : « Cet examen est pris en charge à 100% par l’assurance maladie, munissez-vous de votre courrier d’invitation et prenez RV ».

Et si j’hésite encore, tu m’ordonnes (recours à l’impératif une fois de plus), d’en parler avec mon médecin. Là, je te trouve imprudente car si le médecin n’est pas payé à la rémunération sur objectif (ROSP), s’il lit Prescrire, adhère à FORMINDEP, lit Cancer Rose, Grange, Dupagne, Jaddo, Winkler, etc., bref s’il est un dissident, il n’est pas certain qu’il m’y encourage.

Et, comme rien ne t’arrête, mauvaise marâtre, tu demandes aux femmes atteintes de cancer du sein (celles qui se croient sauvées par la mammo , j’imagine ? Pas celles qui ont déclaré un cancer de l’intervalle…) d’en parler autour d’elles. Là, on se croirait dans une secte avec des méthodes dignes de la scientologie (l’exercice de dissémination)[7].

Mais, je garde le meilleur pour la fin, tu me convies à un moment précieux pour ma santé, comme dans une pub pour un spa avec massage aux huiles. Bientôt tu m’offriras un after : avec mon rendez-vous mammo, tu m’offriras un massage bien-être des seins aux huiles essentielles.

Elle est pas belle la vie avec AMELI ?

*https://www.cancer-rose.fr/liste-etudes-de-references/

[1] Théorie de la relance économique par le gouvernement

[2] INED https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/chiffres/france/structure-population/population-ages/

[3] Selon la Haute Autorité de Santé, la prévention consiste à éviter l'apparition, le développement ou l'aggravation de maladies ou d'incapacités; Sont classiquement distinguées la prévention primaire qui agit en amont de la maladie (ex : vaccination et action sur les facteurs de risque), la prévention secondaire qui agit à un stade précoce de son évolution (dépistages), et la prévention tertiaire qui agit sur les complications et les risques de récidive.

[4] La prévalence est une mesure de l'état de santé d'une population à un instant donné. (Somme des cas de maladie présents plus les nouveaux cas)

[5] Rapport sur les causes du cancer, Dominique Dupagne http://www.atoute.org/n/article60.html

[6] Améliorer la qualité du système de santé et maîtriser les dépenses, Propositions de l’Assurance Maladie pour 2015

[7] Les techniques de l'Eglise de Scientologie, http://www.prevensectes.com/techniqu.htm#test

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De Illich à Sackett : la soumission d’Homo medicus à l’Ordre médical

Par Dr Annette Lexa

Relecture et correction, Marc Gourmelon

 

 

Illich dénonçait déjà en 1975 l’emprise de l’Ordre médical sur la prévention des maladies chez les bien-portants, la confusion entre l’individu unique et l’individu statistique et le rôle de sorcier que joue désormais le médecin contemporain avec la complicité de la société toute entière.

 

Le contrôle social par le diagnostic

 

A chaque âge ses menaces de maladies toutes plus mortelles les unes que les autres, réduisant le corps de notre pauvre Homo medicus à l’état d’objet, abandonné aux mains des spécialistes (pédiatre, gynécologue, gériatre..). L’Ordre médical traque sans relâche et soigne même si la maladie ne s’est pas encore manifestée par des symptômes, mais parce qu’elle pourrait statistiquement se manifester.

L’existence d’Homo medicus n’est qu’une succession de menaces qu’il s’agit d’enrayer par des examens poussés, des ablations ou des traitements préventifs. L’individu est dressé à soumettre son corps au rituel médical : prise de rendez-vous,  présentation de sa carte d’assuré, salle d’attente, colloque singulier. Puis  face au « sachant » en blouse blanche, examen corporel, scanner-IRM-radio, attente des résultats, lecture de compte-rendu au vocabulaire abscons et effrayant, passage par la pharmacie, l’hôpital … et ceci en boucle jusqu’à la mort. Ainsi la féminité est une catégorie que le corps médical s’est appropriée très tôt dans l’histoire de la médecine, en médicalisant et contrôlant tous les stades de la vie des femmes : puberté, conception, accouchement, allaitement, sexualité, ménopause.

Comme le rappelait Illich, ce sont toujours les classes aisées qui expérimentent les progrès et l’inventivité médicale particulièrement dans le domaine de la prévention, du check up des années 70 aux dépistages de cancers de ces 25 dernières années. Réservées jusqu’alors aux femmes des classes sociales les plus aisées, habitantes des grandes villes, les politiques de santé ont étendu le dépistage du cancer du sein à l’ensemble de la population féminine. Progressivement, au nom de  la lutte contre les inégalités, les plus pauvres et les plus éloignées des villes ont-elles aussi pu bénéficier du dépistage du cancer du sein, mais aussi de ses excès que sont le sur-diagnostic et le sur-traitement jusque là réservés à celles qui pouvaient payer pour. En outre, les femmes, que l’Ordre médical a convaincues que leur corps était une machine défaillante par nature, ont accepté de devenir cobayes et de payer le prix pour que le marché développe des thérapies « innovantes » et augmente ses bénéfices grâce à un marketing féroce et manipulateur, jouant sur les émotions et les affects les plus primaires.
Illich écrivait déjà cette prophétie en 1975 :

« L’individu est subordonné aux besoins supérieurs de la collectivité (ici le PIB, Produit Intérieur Brut, ndlr). Les soins préventifs deviennent obligatoires, et le droit du patient à donner son consentement aux traitements qui lui sont infligés est progressivement bafoué. »

Combien de femmes pensent-elles encore que le dépistage du cancer du sein est obligatoire ? Car nos sociétés libérales-libertaires utilisent des méthodes de soft power : les femmes reçoivent des « convocations », certains médecins vont jusqu’à les menacer de ne plus les recevoir si elles ne se font pas dépister, des officines aux conflits d’intérêt troubles émettent des messages publicitaires manipulateurs - messages de peur et de culpabilité, impliquant les proches (maris, enfants et petits enfants) - tout ceci sous la houlette d’une armée de fonctionnaires rivés à leurs courbes  tendancielles et leur taux de participation comme seul horizon missionnaire.

Nous avons  volontairement remis nos corps et nos organes tels des objets dans les mains d’une classe de « sachants » et d’« experts » comme nous déposons nos voitures dans les mains de garagistes, sous le contrôle d’un système assurantiel et juridique indirectement devenu coercitif.

 

L’enrôlement dans la liturgie macabre

 

Pour Illich, le médecin est le guerrier saint par excellence. Il prête serment, il fait allégeance à son ordre semi-divin et promet de mener une lutte sans relâche contre la mort.

Une fois les grandes épidémies vaincues (grâce à la découverte des microbes et grâce à l’hygiène, plus efficace que les antibiotiques et antiviraux apparus tardivement), et face aux nouveaux modes de vies d’Homo economicus,  il s’est agi de se centrer sur la prévention des maladies dites de civilisation (malbouffe, sédentarité, tabac, alcool…).

Nos sorciers contemporains en blouse blanche procèdent selon le même rituel appelé désormais « parcours de soins » qui impressionne tant notre rationnel Homo medicus. Car notre Homo medicus est  en quête d’une vie saine et si possible immortelle. Pour cela, la femme Homo medicus a été dressée dès le plus jeune âge à s’engager régulièrement (modernité oblige, elle bénéficie maintenant de rappels par sms sur son smartphone pour sa prise de pilule, son RV gyneco, ou pour sa mammo…) dans son  « parcours de soin » proposé et remboursé par l’Etat bienveillant : médecin en blouse blanche, ambiance aseptisée, appareils d’imagerie et de soins sophistiqués, annonce de la découverte d’une pré-maladie… C’est alors l’espoir, les promesses de guérison miraculeuse d’une maladie qui ne s’est pas encore déclarée grâce à des essais thérapeutiques « innovants » (la refuser serait une perte de chance). Un soutien psychologique, des anxiolytiques ou des médecines complémentaires visant à améliorer son bien-être lui sont aussi proposés dans son parcours (car il s’agit de ne pas défaillir et troubler l’officiant affolé par son incapacité à empêcher la mort malgré tout son savoir).

Homo medicus se regroupe même en association pour soutenir le progrès médical. Il organise des courses pour recueillir des fonds destinés à la recherche en médecine préventive dont le dernier avatar en date est la prometteuse médecine génomique. Célébré par le Mage préventif, le rituel impressionne le fidèle croyant qui respecte scrupuleusement les règles de vie de sa religion. Mais il est privé « de la jouissance du présent » comme écrivait Illich, car il vit toujours sur le fil du rasoir, les résultats de ses examens risquant à tout moment de le faire basculer du côté des mal-portants. Il en oublie de vivre.

La pensée d’Ivan Illich peut être perçue comme radicale. En effet, on doit reconnaître à la médecine des progrès certains (chirurgicaux notamment). Mais on doit aussi honnêtement reconnaître que, dans nos société dites évoluées, la capacité à soulager les VRAIS malades en danger de mort s’est accompagnée du développement d’une surmédicalisation des populations créant plus de maladies et d’effets indésirables (les externalités chères à nos économistes, 3eme cause de mortalité mondiale), rendant le bilan global plus mitigé qu’il n’apparaît de premier abord.

La pensée prophétique de Ivan Illich se prolonge par celle, plus scientifiquement construite de David Sackett, pionnier de l’Evidence Based Medicine (EBM) sur laquelle repose pourtant le fonctionnement  et la gestion de la médecine contemporaine :

« La médecine préventive est trois fois arrogante : Premièrement, elle est agressivement affirmative traquant les individus sans symptômes et leur disant ce qu'ils doivent faire pour rester en bonne santé ;  Deuxièmement elle est présomptueuse, persuadée que les actions qu'elle préconise feront, en moyenne, plus de bien que de mal à ceux qui les acceptent et qui y adhèrent ; Finalement, la médecine préventive est autoritaire, attaquant ceux qui questionnent la validité de ses recommandations."

Cette phrase est à méditer sans relâche par tous les médecins dont les plus jeunes afin qu’ils construisent les bases d’une médecine moins agressive, moins présomptueuse et moins autoritaire, une médecine plus humaine renouant avec son essence même :  (« primum non nocere ») .

Nous appelons cette médecine de tous nos voeux.

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liste des études de références

Voici les études et leur bibliographie qui nous servent de base, et qui ont servi d'appui notamment pour la rédaction des brochures. Certaines, les plus récentes, sont détaillées et vous en trouverez la synthèse dans les différents articles de cette catégorie.

Bonne lecture !

  1. Autier P, Boniol m, middleton R, Doré J-F, Héry C, Zheng T, et al. Advanced breast cancer incidence following population-based mammographic screening. Ann Oncol. 2011 Aug 1;22(8):1726–35.
  2. Junod B, Zahl P-H, Kaplan Rm, Olsen J, Greenland S. An investigation of the apparent breast cancer epidemic in France: screening and incidence trends in birth cohorts. BmC Cancer. 2011 Sep 21;11(1):401.
  3. Autier P, Boniol m, Gavin A, Vatten LJ. Breast cancer mortality in neighbouring European countries with di erent levels of screening but similar access to treatment: trend analysis of WHO mortality database. BmJ. 2011 Jul 28;343:d4411.
  4. Jørgensen KJ, Zahl P-H, Gøtzsche PC. Breast cancer mortality in organised mammography screening in Denmark: comparative study. BmJ. 2010 mar 24;340:c1241.
  5. Harding C, Pompei F, Burmistrov D, Welch H, Abebe R, Wilson R. BReast cancer screening, incidence, and mortality across us counties. JAmA Intern med [Internet]. 2015 juillet [cited 2015 Aug 3]; Available from: http://dx.doi.org/10.1001/jamainternmed.2015.3043 ; synthèse sur le site : https://www.cancer-rose.fr/analyse-etude-jama/
  6. Gøtzsche PC, Hartling OJ, Nielsen m, Brodersen J, Jørgensen KJ. Breast screening: the facts—or maybe not. BmJ. 2009 Jan 28;338:b86.
  7. Brochure d’information complète sur le dépistage organisé du cancer du sein - Ref : BROSEIN14 | Institut National Du Cancer [Internet].
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  2. Dépistage des cancers du sein par mammographie Deuxième partie Comparaisons non randomisées : résultats voisins de ceux des essais randomisés. Rev Prescrire. 2014 Nov;34(373):842–6.
  3. Dépistage des cancers du sein par mammographie Première partie Essais randomisés : diminution de la mortalité par cancer du sein d’ampleur incertaine, au mieux modeste. Rev Prescrire. 2014 Nov;34(373):837–41.
  4. Dépistage des cancers du sein par mammographies Troisième partie Diagnostics par excès : e et indésirable insidieux du dépistage. Rev Prescrire. 35(376):111–8.
  5. Hill C. Dépistage du cancer du sein. Presse med. 2014 mai;43(5):501–9. http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0755498214001328
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  7. Duperray B, Junod B. Dépistage du cancer du sein. Une bonne intention, une mauvaise théorie, un résultat aberrant. médecine.2006 Oct 1;2(8):364–7.
  8. Welch HG. Dois-je me faire tester pour le cancer?: peut-être pas et voici pourquoi. Saint-Nicolas, Québec: Les Presses de l’Université Laval; 2005. 263 p.
  9. Bleyer A, Welch HG. E ect of Three Decades of Screening mammography on Breast-Cancer Incidence. New England Journal of medicine. 2012 Nov 22;367(21):1998–2005.
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  11. Gesundheitsdirektion des Kantons Zürich - 2013-12-15_Rapport_mammographie_Final_rev.pdf [Internet]. [cited 2015 Aug 3]. Available from: http://www.medical-board.ch/index.php?id=803
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  2. Le programme de dépistage organisé - Dépistage du cancer du sein | Institut National Du Cancer [Internet]. [cited 2015 Aug 3]. Available from:http://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Depistage-et-detection-precoce/Depistage-du-cancer-du-sein/Le-programme-de-depistage-organise
  3. Riva C. mammo-business: les liaisons dangereuses [Internet]. Sept.info. [cited 2015 Aug 3]. Available from: http://www.sept.info/mammo-business-depistage-du-cancer-du-sein-les-liaisons-dangereuses/
  4. Riva C. mammo-business: les pouvoirs magiques du mammograben [Internet]. Sept.info. [cited 2015 Aug 3]. Available from:http://www.sept.info/les-pouvoirs-magiques-du-mammograben/
  5. Riva C. mammo-business: un quart de siècle de désinformation [Internet]. Sept.info. [cited 2015 Aug 3]. Available from:http://www.sept.info/un-quart-de-siecle-de-desinformation-mammo-business/
  6. Zahl P-H, Gøtzsche PC, mæhlen J. Natural history of breast cancers detected in the Swedish mammography screening programme: a cohort study. The Lancet Oncology. 2011 Nov;12(12):1118–24.
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  9. Nielsen m, Jensen J, Andersen J. Precancerous and cancerous breast lesions during lifetime and at autopsy. A study of 83 women. Cancer. 1984 Jan 1;54(4):612–5.
  10. Bernard Junod. Presentation 27Avril2012 - Dépistage-et-cancer-du-sein.pdf [Internet]. 2012 [cited 2015 Aug 3]. Available from:http://www.neosante.eu/wp-content/uploads/D%C3%A9pistage-et-cancer-du-sein.pdf
  11. OmS. Principes et pratiques du dépistage de maladies [Internet]. 1970 [cited 2015 Aug 3]. Available from:http://whqlibdoc.who.int/php/WHO_PHP_34_fre.pdf
  12. Gøtzsche PC. Prix Prescrire 2012 :’’mammography screening . Truth, lies and controversy’’, 04 octobre 2012. Rev Prescrire. 2012 Sep;32(347):706.
  13. Welch HG, Schwartz Lm, Woloshin S. Prix Prescrire 2012 Overdiagnosed - making people sick in pursuit of health’’, 04 octobre 2012. Rev Prescrire. 2012 Avr;32(342):309.
  14. Programme de dépistage du cancer du sein en France : résultats 2010, évolutions depuis 2006. / 2013 / maladies chroniques
    et traumatismes / Rapports et synthèses / Publications et outils / Accueil [Internet]. [cited 2015 Aug 3]. Available from: http://www.invs.sante.fr/Publications-et-outils/Rapports-et-syntheses/maladies-chroniques-et-traumatismes/2013/Programme-de-depistage-du-cancer-du-sein-en-France-resultats-2010-evolutions-depuis-2006
  15. Gøtzsche PC, Jørgensen KJ. Screening for breast cancer with mammography. Cochrane Database Syst Rev. 2013;6:CD001877.
  16. Fang F, Fall K, mittleman mA, Sparén P, ye W, Adami H-O, et al. Suicide and Cardiovascular Death after a Cancer Diagnosis. New England Journal of medicine. 2012 avril;366(14):1310–8.
  17. Zahl P-H, mæhlen J, Welch HG. The natural history of invasive breast cancers detected by screening mammography. Arch Intern med. 2008 Nov 24;168(21):2311–6.
  18. Miller AB, Wall C, Baines CJ, Sun P, To T, Narod SA. Twenty five year follow-up for breast cancer incidence and mortality of the Canadian National Breast Screening Study: randomised screening trial. The BmJ. 2014 Feb 11;348:g366. http://www.bmj.com/content/348/bmj.g366 voir analyse ici : https://www.cancer-rose.fr/etude-miller/
  19. Hersch J, Barratt A, Jansen J, Irwig L, mcGeechan K, Jacklyn G, et al. Use of a decision aid including information on overdetection to support informed choice about breast cancer screening: a randomised controlled trial. The Lancet. 2015 mai;385(9978):1642–52.
  20. Autier P, Boniol M, Koechlin A, Pizot C, Boniol M. Effectiveness of and overdiagnosis from mammography screening in the Netherlands: population based study. BMJ 2017;359:j5224. http://dx.doi.org/10.1136/bmj.j5224
  21. Le dépistage par mammographie: un enjeu majeur en médecines Philippe Autier Mathieu Boniol https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959804917313850

  22. The new england journal of medicine Are Small Breast Cancers Good because They Are Small or Small because They Are Good? Donald R. Lannin, M.D., and Shiyi Wang, M.D., Ph.D.

    http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMsr1613680

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Etude de cohorte au Danemark, basée sur la taille tumorale.

Breast Cancer Screening in Denmark: A Cohort Study of Tumor Size and Overdiagnosis

 

 

Karsten Juhl Jørgensen, MD, DrMedSci; Peter C. Gøtzsche, MD, MSc; Mette Kalager, MD, PhD (*); Per-Henrik Zahl, MD, DrMedSci http://annals.org/aim/article/2596394/breast-cancer-screening-denmark-cohort-study-tumor-size-overdiagnosis

janvier 2016

 

 

L’étude ici présentée a pour objectif d’évaluer l’association entre le dépistage et la taille des tumeurs décelées afin de quantifier le surdiagnostic, à savoir les tumeurs qui ne deviendraient jamais symptomatiques.

C’est une étude de cohorte réalisée au Danemark, plus de 1,4 million de femmes danoises âgées de 35 à 84 ans, entre 1980 et 2010.

Le Danemark a ceci de particulier que toutes ses régions ne sont pas dotées d’un dépistage organisé. Là où il a été proposé il s'adresse à des femmes âgées de 50 à 69 ans, à raison d’une mammographie tous les 2 ansLes chercheurs se sont basés sur la taille des tumeurs détectées au-dessus de 20mm, considérées comme avancées car plus difficiles à traiter. Il ont comparé les taux de diagnostics des tumeurs avancées et des tumeurs non avancées chez des femmes des régions avec et sans dépistage.

L’objectif d’un dépistage, rappelons-le, est de diminuer les cancers avancés en détectant les tumeurs précoces.

Mais l’activité du dépistage n'était pas corrélée à une diminution des nouveaux cas des tumeurs avancées. D’après les auteurs, il est probable qu’une tumeur sur trois de cancers invasifs et de cancers in situ chez des femmes ayant eu une mammographie correspond à un surdiagnostic. Le dépistage est responsable d’un accroissement d’incidence de 48,5% (invasifs et cancers in situ confondus).

 

Les résultats pourraient être différents compte tenu de l’amélioration de la technique des mammographies depuis 1980.

(A savoir qu'on détecte de plus en plus, mais qu'on amplifie d'autant plus le phénmène du surdiagnostic.)

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