Nouvelles du front, seconde manche

DEUXIEME MANCHE

A la suite de la parution de ce rapport, l’INCa (Institut National du Cancer) envoie une missive à Madame la Ministre Marisol Touraine, datant du 16 septembre, alors que nous avons eu publiquement connaissance du rapport seulement le 2 octobre.

courrier INCa à la ministre

D’emblée le scénario 1 est qualifié de « cas d’école » par l’Institut et même pas pris en considération, reléguant ainsi la moitié du travail à quantité négligeable.

L’INCa propose une rénovation du programme avec comme objectifs la réduction de la mortalité, de la morbidité, des inégalités sociales de santé, ainsi que de l’amélioration de la qualité de vie.

Nous rappelons quand-même que si la qualité de vie est un objectif louable, la véritable évaluation du programme repose bien sur les études émidémiologiques, que le comité appelle de ses vœux, qui évalueraient la morbi-mortalité. Avant de réduire la morbidité ou la mortalité, il faut les connaître ! Or aucune évaluation en France n’a jamais été entreprise.

Bien évidemment, l’Institut s’empare du scénario numéro 2 ; il s’agit d’assurer sa pérennité, à défaut de proposer une information médicale de qualité sur son site.

Dans la lettre à Madame la Ministre, l’Institut s’arroge le pilotage de la refonte du dépistage, le ré-écrivant à sa façon, et le réduisant à une simple « modernisation » avec des propositions « qui s’inscrivent pleinement dans ….la logique du Plan Cancer 2014-2017 ». « L’Institut National du Cancer pourrait être chargé de conduire la réforme du programme, en lien avec la direction générale de la santé et la caisse nationale d’assurance maladie »

Ben voyons… Il nous semble pourtant qu’il serait logique de dessaisir de toute communication l’INCa et aussi la caisse d’assurance maladie, dont les rôles dans l’information des femmes sont fortement critiqués dans le rapport-même, et que la communication future soit confiée à des structures et personnes indépendantes sans liens d’intérêts avec le dépistage organisé du cancer du sein.

Comme l’écrit très justement Anne Chailleu, présidente du Formindep

(http://www.formindep.org/Depistage-organise-du-cancer-du.html) :

« On n’en retiendra donc que ce qui reste conforme à des orientations arrêtées en 2013. Comme si les avancées scientifiques de ces dernières années et cet exercice exemplaire de démocratie participative en santé n’avaient finalement pas existé.

On ne peut illustrer de façon plus limpide l’éternel conflit d’intérêts qui existe entre l’institution, arc-boutée sur ses habitudes, ses plans quinquennaux et leurs indicateurs, la défense de son image ou de son pouvoir d’une part, et l’intérêt des usagers et patients d’autre part, qui entendent réévaluer en permanence les pratiques à l’aune des avancées de la science et participer à la prise de décision.

Les citoyennes qui se sont exprimées ne doivent pas se laisser voler cet exercice inédit de démocratie participative. Il y a urgence à faire évoluer le dépistage, réellement, conformément à leurs attentes. On ne peut se contenter d’une série d’ajustements cosmétiques qui visent à maintenir le programme de dépistage sur les rails fixés en 2013, dirigé vers des objectifs quinquennaux obsolètes. »

Et c’est bien ce que nous redoutons.

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Nouvelles du front, troisième manche

TROISIEME MANCHE

Le 3 octobre est publié le communiqué de presse de Madame la Ministre Marisol Touraine. Tout en promettant d’engager la réforme du dépistage (nous rappelons que l’arrêt est préconisé dans le rapport final), la ministre trouve le moyen de saluer les initiatives de la campagne d’octobre rose, campagne hautement commerciale, et pour laquelle les citoyennes demandent la cessation du marketing outrancier qui l’accompagne.

Et la ministre nous informer que, comme chaque année depuis 2014, la Tour Eiffel est illuminée en rose en ce débit d’octobre 2016 ...

La ministre annonce donc une rénovation profonde du programme, car « c’est le sens des recommandations qui lui ont été remises par l’Institut National du Cancer (INCa), sur la base du rapport du comité d’orientation de la concertation citoyenne et scientifique lancée il y a un an sur le sujet. »

Alors non, pas du tout : les recommandations de l’INCa sont bien celles-ci énoncées par Madame la Ministre, mais ne sont en aucun cas celles du rapport. Rappelons-le, dans les deux libellés des deux scénarios, ce sont bien les mots « arrêt du dépistage» qui apparaissent.

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Nouvelles du front, quatrième manche, notre lettre et le plan de la ministre

QUATRIEME MANCHE

A-Notre lettre

B-Plan d'actions de la ministre et analyse

A-Notre lettre adressée à la ministre

Au vu des tentatives de confiscation du rapport par l’INCa, poursuivant ses intérêts, ses efforts de minimisation du contenu du rapport et sa demande de poursuivre le pilotage du dépistage, le Collectif Cancer Rose, la Revue Prescrire, le Groupe Princeps en compagnie de la Revue Que Choisir, ont décidé de publier une lettre ouverte à Mme la Ministre, laquelle en a accusé réception au bout de trois semaines.

En voici le contenu :

Madame Marisol TOURAINE

Ministre des Affaires sociales et de la Santé

14 avenue Duquesne

75700 PARIS

Paris, le 14 octobre 2016

Contacts : Collectif Cancer Rose  ; Prescrire  ; Groupe PRINCEPS  ; UFC – Que Choisir

Objet : Dépistage organisé du cancer du sein

Madame la Ministre,

A votre demande, l’Institut national du cancer vient de rendre public, après une concertation du grand public et des parties prenantes, le rapport de la Concertation citoyenne et scientifique sur l’actuelle politique de dépistage organisé du cancer du sein. Celui-ci rejoint, en les actualisant, les constats dressés par de nombreux acteurs indépendants.

Ce rapport fait notamment le constat que le dépistage des cancers du sein fait l’objet d’une controverse scientifique et non d’un consensus, que ce soit sur la réalité ou l’importance des bénéfices attendus ou sur l’importance de ses effets indésirables, liés aux sur-diagnostics et sur-traitements, initialement sous-estimés. Il souligne la nécessité de poursuivre les recherches scientifiques pour essayer de lever les incertitudes actuelles. Le document insiste également sur le déséquilibre de la communication à destination des femmes en âge de participer au programme, qui relève davantage de l’injonction que de l’information, spécialement la campagne « Octobre Rose » et ses déclinaisons.

Le rapport émet de nombreuses autres propositions, et notamment : une évaluation du dispositif qui se penche sur la question du surdiagnostic et du surtraitement ; l’arrêt des dépistages chez les femmes âgées de moins de 50 ans sans facteur de risque ; l’arrêt ou la transformation profonde du dépistage organisé chez les femmes âgées de 50 ans ou plus. L’idée est d’établir des grilles de risque permettant de personnaliser la décision de dépister ou de ne pas dépister, et de faire passer l’information par les médecins généralistes.

Ce rapport appelle naturellement des actions fortes, et c’est pourquoi nous accueillons favorablement l’annonce par votre Ministère, d’ici la fin de l’année, d’un plan de rénovation du dépistage organisé du cancer du sein. Dans ce cadre, nous souhaiterions attirer votre attention sur deux points qui doivent constituer, à notre avis, le fondement de cette politique : le droit des femmes à un choix libre et éclairé de s’inscrire ou non dans les démarches de dépistage organisé ; la prise en compte de l’absence de consensus scientifique à propos du dépistage et des critiques de la Concertation citoyenne et scientifique sur son organisation. Ce droit et cette prise en compte n’auront de réalité qu’à deux conditions.

D’une part, l’information disponible, tant pour les femmes que pour les professionnels de santé, doit être rendue plus objective en présentant aussi bien les avantages que les inconvénients du dépistage, à partir des données de la science, recensées par exemple dans le rapport de la Concertation citoyenne et scientifique.

D’autre part, les médecins doivent être mis en situation de délivrer une information non biaisée à leurs patientes. Cela suppose une formation adéquate des professionnels de santé concernés, afin qu’ils soient en mesure d’expliquer la controverse, les effets indésirables et les inconnues du dépistage. Par ailleurs, il est indispensable que soit retiré des critères de la rémunération sur objectifs de santé publique des médecins généralistes le niveau de participation de leur patientèle au dépistage du cancer du sein. C’est seulement ainsi que les femmes pourront en toute confiance se tourner vers leur médecin pour discuter de leur choix, comme elles sont déjà 56 % à le faire.

Nous vous remercions par avance de l’attention que vous voudrez bien porter à nos propositions, et vous prions de croire, Madame la Ministre, à l’assurance de notre plus haute considération.

B-Le plan d'action

Depuis, Mme Marisol Touraine a émis son plan d'action à la suite de la concertation.

Ou ici : https://solidarites-sante.gouv.fr/archives/archives-presse/archives-communiques-de-presse/article/marisol-touraine-modernise-le-depistage-organise-du-cancer-du-sein-et-annonce

Nous le commentons et l'analysons ici : https://cancer-rose.fr/2017/04/06/plan-daction-pour-la-refonte-du-depistage/

On en parle aussi ici : https://cancer-rose.fr/2017/11/06/on-parle-de-la-concertation-francaise-dans-le-jama/

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Suite de la concertation citoyenne sur la mammographie de dépistage

 

Notre collectif en la personne du Dr Cécile Bour a participé à la concertation citoyenne sur la mammographie de dépistage :

http://www.concertation-depistage.fr/

Cette concertation avait pour but l’amélioration du dépistage organisé, considérant sans doute que les bénéfices de la mammographie de dépistage vont de soi, comme nous l’entendons souvent.

Nous avons, malgré tout souhaité y participer pour ne pas pratiquer la politique de la « chaise vide ».

La réunion publique de clôture de cette concertation s’est tenu à Paris le 28 mai 2016.

A cette occasion, le Docteur Cécile Bour a participé à cette réunion.

Elle a rencontré le Dr Brigitte Seradour et a pu échanger avec elle.

Pour ceux qui ne connaissent pas le Dr Brigitte Seradour, il s’agit d’un médecin radiologue très impliquée dans le dépistage organisé du cancer du sein par la mammographie.

Elle a ainsi été nommée le 30 avril 2002 par la ministre de la santé de l’époque comme personnalité qualifiée pour le groupe technique du cancer du sein.

http://social-sante.gouv.fr/fichiers/bo/2002/02-18/a0181811.htm

A ce titre elle a participé à la mise en place et au développement du dépistage du cancer du sein par mammographie.

Elle fait partie aujourd’hui du système mis en place par les autorités. Elle est très active dans sa région :

http://www.oncopaca.org/fr/professionnels/depistage/structures/structures-de-depistage

De plus, une rapide recherche sur google, montre qu’elle est beaucoup sollicitée par les médias nationaux où elle défend l’intérêt de la mammographie de dépistage  depuis de nombreuses années.

http://www.urps-ml-paca.org/3359/depistage-du-cancer-du-sein-par-le-dr-brigitte-seradour/

https://destinationsante.com/cancer-du-sein-eviter-le-surdiagnostic.html

http://www.allodocteurs.fr/maladies/cancer/cancer-du-sein/cancer-de-lintervalle-quand-le-cancer-du-sein-echappe-au-depistage_9307.html

http://sante.lefigaro.fr/actualite/2011/02/20/10744-cancer-sein-depistage-partir-40-50-ans

C’est donc ce que l’on appelle un leader d’opinion ( http://www.e-marketing.fr/Definitions-Glossaire/Leader-d-opinion-239617.htm ) ou KOL ( Key Leader Opinion chez les anglosaxons : http://pharmacritique.20minutes-blogs.fr/archive/2008/06/20/les-medecins-leaders-d-opinion-pantins-du-commerce-pharmaceu.html )

Lors d’un échange informel dans dans cette réunion de clôture du 28 mi 2016, le Dr Seradour a affirmé devant plusieurs personnes, détenir des études prouvant les bénéfices de la mammographie de dépistage.

Cécile Bour a immédiatement manifesté son intérêt pour ces études car nos propres recherches dans le domaine n’ont pu identifier d’études solides et indépendantes qui prouvent les bénéfices de la mammographie de dépistage.

Elle a donc demandé oralement au Dr Seradour de pouvoir connaître ces études et donc de bien vouloir nous fournir les références de celles-ci.

Notre collectif, par l’intermédiaire de Cécile Bour a réitéré cette demande dans un courrier et un mail qui lui ont été adressé il y a maintenant plus de 15 jours.

Nous n’avons reçu à ce jour aucune réponse à notre demande de références bibliographiques qui fondent la conviction de madame le Docteur Seradour sur les bénéfices de la mammographie de dépistage.

Pour ce qui est de notre collectif qui a une analyse opposée aux affirmations du Dr Seradour, les éléments bibliographiques qui fondent notre conviction de l’effet délétère de la mammographie sur la santé des femmes sont facilement consultables sur ce site.

Pourquoi un tel silence du Dr Seradour ?

Est-ce si compliqué de fournir une bibliographie des études sur lesquelles se fondent la conviction de l’intérêt de la mammographie de dépistage ?

Si une réponse nous parvenait dans l’avenir, nous ne manquerons pas de vous tenir informé par l’intermédiaire de ce blog.

P.S. : 7/1/2017, pas de réponse à ce jour

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Le surdiagnostic, en un graphique et un tableau

Ci-contre, vous trouverez une représentation sur un poster (home-made, désolée…) des résultats des méta-analyses de la revue indépendante Prescrire, de la Collaboration Cochrane (collectif de chercheurs nordiques indépendants) et de l’US Préventive Task Force, organisme étasunien d’évaluation des programmes de santé publique.

Malgré les quelques variations des données, on remarque deux choses : d’une part les estimations sont assez proches toutes proportions gardées, d’autre part il y a pour chacune de ces trois études une proportion largement plus importante de surdiagnostics et de fausses alertes, ce qui constitue les désavantages du dépistage, par rapport aux décès ‘évités’. La balance bénéfice/risques est donc loin d’être aussi optimiste qu’on le présente aux femmes…

La Cochrane présente ses résultats sur 2000 femmes dépistées à partir de 40 ans sur 10 années,
Prescrire sur 1000 femmes dépistées dès 50ans sur 20 années,
US Task Force sur 1000 femmes également, dépistées de 50 ans à 74 ans, ce qui correspond le plus à la situation française.

Les points marron représentent le nombre de femmes dépistées, suivies. Les points rouges correspondent aux sur diagnostics, les points jaunes au nombre de cancers présumément évités. Les points bleu clair sont les fausses alertes, et les bleu foncé les biopsies inutiles.

Nous reproduisons ici un graphique très parlant démontrant comment se produit un sur diagnostic, sur une idée d'un chercheur américain, Gilbert Welch, adapté ici par le Dr Jean-Baptiste Blanc et avec son aimable autorisation de reproduire cette image.

Cliquez sur le lien pour lire l’article « déconstruction d’une manipulation » du Dr Blanc .

  • Le cancer d'évolution rapide évolue rapidement entre deux sessions de mammographies et sera "loupé" par le dépistage. Souvent ce cancer aura déjà essaimé d'emblée dans les ganglions et organes à distance, même si cela ne se voit pas.
  • Le cancer d'évolution lente sera certes anticipé par le dépistage, mais même sans dépistage il sera décelé un peu plus tard par l'apparition de symptômes cliniques qui conduiront la patiente à consulter en temps et en heure, le temps métastatique étant très long.
  • Pour les trois autres formes de cancer, le cancer très lent, le cancer stagnant et le cancer régressant, le dépistage les décèlera mais c'est une détection inutile, les personnes chez lesquelles ils ont été diagnostiqués seraient décédées avec leur cancer mais pas à cause de lui.

A ce propos voir la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=pbGZdyUCITc

Et la présentation : https://cancer-rose.fr/2020/02/04/cancer-et-cancer-cest-pas-pareil/

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les carcinomes in situ, étude de Toronto

 

Matthieu Yver/Cécile Bour, novembre 2016

ETUDE DE L'UNIVERSITE DE TORONTO La mortalité du cancer du sein après un

diagnostic de carcinome canalaire in situ

Traiter les cancers canalaires in situ ne réduit pas la mortalité par

cancer du sein

http://oncology.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=2427491
Auteurs : Steven A. Narod, MD, FRCPC1,2; Javaid Iqbal, MD1; Vasily Giannakeas, MPH1,2; Victoria Sopik, MSc1; Ping Sun, PhD1
JAMA Oncol. Published online August 20, 2015. doi:10.1001/jamaoncol.2015.2510

Traiter les cancers canalaires in situ ne réduit pas la mortalité par cancer du sein, tel est le résultat d’une récente étude observationnelle menée par des scientifiques du Women’s College Hospital de Toronto et de l’Université de Toronto, publiée dans le journal «JAMA Oncology» ce mois d’août.
Leurs conclusions sont fondées sur la plus grande collecte de données jamais analysées, basées sur 18 registres américains incluant 100.000 femmes suivies pendant 20 ans chez lesquelles avait été posé le diagnostic de carcinome canalaire in situ (CCIS).
Rappelons qu’il ne s’agit pas d’un cancer contrairement a ce que sa dénomination pourrait sembler indiquer. C'est une lésion précancéreuse/ adenomateuse qui reste à l’intérieur du canal mammaire sans envahir les tissus qui l’englobent. C'est une lésion de bon pronostic, elle correspond au grade 0 du cancer du sein . On diagnostique beaucoup plus fréquemment ce type de lésion précancereuse depuis l'utilisation plus répandue de la mammographie. Certaines de ces lésions seraient des précurseurs du cancer du sein. Il existe un risque pour les patientes des rechutes locales soit en CCIS, soit en carcinome canalaire infiltrant qui lui, est potentiellement metastasiant et donc mortel. Toutefois, on ne sait pas encore comment déterminer quel CCIS évoluera en cancer infiltrant et lequel ne le fera pas. La patiente subit en général une mastectomie partielle ou totale selon l’étendue, et de toute façon totale lors de la récidive, suivie d’une radiothérapie. Jusqu’ici on considérait que ce traitement avait une vertu préventive sur le développement d’un cancer invasif et était donc bénéfique concernant la survie de la patiente.
Il semblerait à présent que le traitement ne fait pas de différence sur la survie et que les femmes atteintes de cette pathologie et même lourdement traitées (parfois par mastectomie bilatérale) ont la même probabilité de décéder d’un cancer du sein par rapport aux femmes dans la population générale.

La prévention des récidives par radiothérapie ou mastectomie ne réduirait pas non plus le risque de mortalité par cancer du sein.

Le traitement des lésions précancéreuses (CCIS) semble donc excessif en pathologie mammaire. D'ailleurs en pathologie colique, les lésions précancéreuses ne sont jamais traitées par radiothérapie.
Selon Philippe Autier, de l'International Prevention Research Institute (IPRI) la situation est impossible à résoudre d'un point de vue légal et pratique, d’autant qu’on ne sait jamais à 100% affirmer le diagnostic de CCIS avant d’avoir examiné la pièce opératoire sous le microscope. Le problème d’après lui est inhérent à la mammographie, en particulier numérique qui est trop performante concernant la détection des petites calcifications qui sont le signe radiologique le plus fréquent de ces formes de lésions précancereuses.

Il estime que le problème du surdiagnostic, c’est à dire de la détection de cancers in situ ou invasifs qui ne se seraient pas manifestés et n’auraient pas mis en danger la vie de la patiente, ne sera pas éliminé tant que le dépistage restera basé sur cette méthode.
On peut pousser ce raisonnement plus loin : il semble bien inutile que la technologie tende à inventer des méthodes de détection de plus en plus sensibles qui ne serviront qu'à détecter des lésions précancéreuses dont beaucoup n'évolueront jamais en cancer...

 

 

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Femmes à risques, à propos d’une observation

Cancer Rose vous offre une tribune citoyenne. Vous aussi, vous pouvez témoigner.

AU COMMENCEMENT ETAIT L’ OBSERVATION

Mme R, 57 ans, vient passer une mammographie de dépistage. On lui retrouve dans ses antécédents un cancer du sein1 il y a plus de vingt ans et un antécédent de conisation du col de l’utérus.

Lors de cette nouvelle mammographie nous trouvons une image de très petite taille sur le sein controlatéral du sein traité, qui s’avère, après biopsie, être un carcinome micro-invasif. Mme R. bénéficie d’un traitement conservateur et d’une radiothérapie, le tout suivi par un traitement anti-hormonal (traitement médicamenteux donné en complément pendant cinq ans pour des formes de cancers hormono-sensibles) , lequel, très mal supporté en raison d’arthralgies invalidantes et d’un accident vasculaire transitoire, sera arrêté en accord avec la gynécologue.

On note aussi deux antécédents familiaux de cancers du sein chez deux cousines germaines du côté maternel suivis de décès, mais pas d’antécédent ni chez la mère, âgée de 90 ans, ni chez la plus jeune sœur (50 ans).

L’originalité de cette observation réside dans le fait que Mme R., étant très jeune, a passé toutes ses vacances scolaires chez des grand-parents, et ce en compagnie des deux cousines décédées à l’âge adulte de leur cancer du sein. Il se trouve que le grand-père, agriculteur de son métier, avait pour habitude de traiter ses cultures par épandage , et permettait à ses trois petites-filles de se poster à l’arrière du tracteur, ouvert, et exposées ainsi de façon répétée et non protégée, des années durant, aux divers produits pesticides et insecticides.

A la suite de ce deuxième cancer du sein l’oncologue qui suit Mme R. estime l’utilité d’une consultation oncogénétique, laquelle ne peut être pratiquée que par un médecin exerçant dans un centre d’onco-génétique. Normalement, avant de pratiquer cette demande de consultation, il faut consacrer beaucoup de temps à l’enquête familiale minutieuse et surtout fournir à la patiente une information détaillée, et discuter avec elle des conséquences de cette décision pour elle et sa descendance. Mais il y a la théorie et puis il y a la pratique. Malheureusement pour Mme R., c’est par courrier et convocation écrite qu’elle est mise au courant de cette consultation prévue à son insu, et elle se rend donc au centre anti-cancéreux proche de chez elle.

Là elle est interrogée selon un formulaire sur toute sa lignée familiale et ses antécédents.

D’autres facteurs que les antécédents familiaux ont été identifiés comme l’exposition de l’organisme à certaines hormones, la consommation d’alcool et de tabac, la sédentarité et l’obésité après la ménopause, mais on les estime moins déterminants, alors que cela reste certainement à prouver, et l’interrogatoire de Mme R. ne portera à aucun moment dessus.

Mme R. tente bien d’expliquer à l’assistante qui l’interroge le problème de l’exposition chronique et répétée des années durant aux pesticides, mais cet aspect de son vécu n’intéresse nullement ni l’assistante ni la spécialiste d’onco-génétique qui lui reposera les mêmes questions sur ses antécédents familiaux et personnels d’ordre médical, prescrira une recherche des gènes BRCA1 et BRCA2, puis, alors qu’en l’absence de tout résultat, conseillera d’emblée à Mme R. de faire pratiquer à sa fille une ovariectomie préventive ainsi qu’un suivi mammographique/IRM des seins dès l’âge de 30 ans.

Mme R. est congédiée de la consultation et rentre en larmes chez elle, sans avoir bien compris le pourquoi de ces préconisations alors même qu’on ne connaît encore pas les résultats des recherches génétiques, avec le sentiment de n’avoir pas été écoutée, et surtout ayant manqué de toute explication ou préparation psychologique.

Qu’en est-il des recherches de mutations génétiques chez les femmes ? Quand doit-on la réaliser ?

C’est la question que se pose ce mois-ci : LA REVUE PRESCRIRE FÉVRIER 2016/TOME 36 N° 388

Les mutations génétiques portant sur les gènes BCRA1 et BCRA2 sont de transmission autosomique dominante, la femme porteuse de ces mutations est exposée au risque de cancer du sein ou de l’ovaire à hauteur de 50 à 60% avant l’âge de 70 ans (le risque étant de 9% dans la population générale pour une femme née en 1950.)

La revue Prescrire propose de retenir comme antécédents significatifs pour proposer une consultation d’onco-génétique :

-trois personnes de la même branche ayant un cancer du sein avant 70 ans,

-deux personnes de la même branche avec un cancer avant 50 ans

-une personne ayant eu un cancer de l’ovaire

-une personne atteinte du cancer du sein avec un diagnostic avant 40 ans, ou une forme bilatérale, le premier avant 50 ans, ou un cancer négatif aux récepteurs hormonaux et survenu avant 60 ans.

Que peut-on dire à Mme R. à ce stade ?

Soit elle est porteuse d’une de ces mutations , ce qui va augmenter son risque , et il conviendra de préconiser une prise en charge précise pour elle (on s’oriente alors vers une mastectomie et ovariectomie bilatérale pour diminuer la mortalité précoce) mais aussi un suivi particulier et interventionniste pour sa fille.

Soit la survenue de plusieurs cas de cancers dans sa famille est le fait de coïncidences, ou alors est due à d’autres facteurs génétiques non identifiés, cela veut dire que son risque est un peu plus important que celui de la population générale mais reste incertain, difficile à apprécier et à chiffrer.

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Trois situations peuvent se présenter :

A-  Cancer, avec une mutation mise en évidence chez la malade.

Là, la recherche de mutations génétiques apporte une information précieuse aux femmes de la parentèle : les femmes qui en sont porteuses ont un risque élevé, et celles de la même famille qui ne l’ont pas se retrouvent avec le risque de la population générale.

B-  Cancer, mais pas de mutation mise en évidence chez la femme malade,

(le cas de Mme R.)

Soit il n’y a aucune mutation et la patiente a fait une forme de cancer sans cause génétique, ou alors il y en a bien une, mais il s’agirait d’une cause génétique non identifiée.

Il y a donc une incertitude pour les femmes de sa famille quant au caractère héréditaire ou non de ce cancer, le risque du caractère familial de ce cancer n’est pas aussi élevé qu’en cas de mutation mais peut-être un peu plus haut que celui de la population générale. L’incertitude fait qu’il y a lieu d’analyser la généalogie , comportant elle aussi son lot d’incertitudes et d’imprécisions..

C-  Cancer, mais la personne malade n’a fait pas de recherche génétique.

Pour les femmes de la parentèle cela donne une information inexploitable : soit la personne malade peut avoir eu une mutation non recherchée, soit elle est indemne de mutation mais la mutation pourrait bien exister chez les membres de la famille.

Si en raison d’une généalogie montrant des antécédents chargés une femme de la famille décide d’effectuer une recherche de mutation sur les gènes BCRA1 ou BCRA2, et se retrouve porteuse de mutation délétère sur ces gènes, alors son risque apparaît important de faire un cancer du sein, et ce risque est aussi très important pour la parentèle.

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On voit bien que l’examen génétique n’est pas la panacée, et qu’il faut donc que les professionnels de santé interrogent la femme concernée sur son histoire familiale, et il faut aussi que les différentes parties s’interrogent sur les conséquences pratiques et psychologiques * **, mais aussi familiales et post-générationnelles que la découverte possible d’une mutation délétère va entraîner.

Au total :

soit la personne présente un cas familial porteur de mutation mais est indemne de toute mutation elle-même, son risque sera proche de celui de la population générale. Soit elle est porteuse de la mutation et on peut lui chiffrer son risque de faire un cancer du sein, lequel sera très élevé, entre 50 et 60%.

Mais pour d’autres femmes il persistera bien des incertitudes sur le risque familial de contracter un cancer du sein :

-chez les femmes dont des membres de la famille ont eu un cancer du sein mais sans mutation mise en évidence sur un seul des cas familiaux, (car la recherche de mutations est rarement positive chez une patiente donnée, lorsque la mutation n'a jamais été mise en évidence dans sa famille) ;

-chez les femmes avec une généalogie où sont présents des cas de cancers du sein, sans recherche effectuée sur les malades, lorsque sa propre recherche est négative.

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Mme R. a reçu son résultat de recherche génétique un an plus tard, qui s’est avéré négatif.

Elle a reçu un courrier de la consultation d’onco-génétique résumant bien cette incertitude.

La conclusion est la suivante : «  Nous n’avons pas trouvé de mutation ni dans le gène BRCA1, ni dans le gène BCRA2, ni de grand réarrangement du gène BCRA1 , ni de grand réarrangement du gène BCRA2. Cependant vous appartenez à une famille à risque et il faut que vous soyez suivie comme cela a été préconisé au départ ».

On voit donc bien là que la recherche génétique ne sera pas la panacée, son résultat n’est pas binaire, sa finalité n’est pas une orientation précise ; on constate aisément la nécessité de discuter de l’opportunité d’une consultation d’onco-génétique au préalable avec la femme, afin de l’informer de l’éventualité qu’on soit incapable de statuer sur son sort et celui de sa descendance, d’envisager avec elle les cas de figure qui peuvent se présenter, la mettre au courant de la complexité des différentes situations afin qu’elle puisse en peser tous les enjeux .

La lettre propose enfin à Mme R. de reprendre contact avec le secrétariat d’oncogénicité si elle avait des questions. Pendant ce temps, Monsanto et six autres entreprises continuent de commercialiser des produits à base de glyphosate, dont le CIRC (Centre International de Recherche contre le Cancer) estime que ce produit est responsable de cancers chez l’homme. Qui peut dire que l’exposition à ces produits, (et quelle exposition exactement, à quel taux, à quel rythme, sur quel laps de temps), serait plus ou moins déterminante par rapport à l’histoire familiale ?

 

Lire suite : https://www.cancer-rose.fr/depistage-et-risque-familial-eleve-de-cancer-du-sein/

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Dépistage et risque familial élevé de cancer du sein

Cancer Rose vous offre une tribune citoyenne. Vous aussi, vous pouvez témoigner.

Synthèse d’après le dossier Prescrire paru dans

La Revue Prescrire Mai 2016/Tome 36 N°391-p.355 à p.361

Les auteurs qui se sont consacrés à cette étude annoncent en quelque sorte la couleur dès le sous-titre :

« encore plus d’incertitudes que dans la population générale ».

(tableau d'aide à la décision téléchargeable selon les situations, au bas de l'article)

Des guides de recommandations édités :

En effet, des recommandations et des conduites à tenir sont émises par des guides pratiques, dont un notamment soumis par l’INCA à l’approbation du Collège des Médecins Généralistes, lequel ne l’a pas avalisé.

Ces guides reposent sur des postulats, le premier étant que le dépistage est forcément bénéfique sur la réduction de mortalité chez les femmes à risque élevé, alors qu’aucune évaluation n’a été réalisée, que nous ne disposons d’aucune donnée chiffrée pour affirmer cela..

Le deuxième postulat est que l’on peut extrapoler le supposé bénéfice (même pas avéré) de la population générale sur ces populations plus exposées, et même qu’automatiquement les bénéfices ressortiront plus nettement et le surdiagnostic à l’inverse sera plus faible, là aussi sans aucune étude comparative disponible.

Or on omet de considérer que :

1° Ces femmes à risque sont dans les tranches d’âge plus jeunes avec des seins plus denses, et pour lesquels la mammographie est moins contributive et moins performante que pour la femme âgée.

2° Le sein plus dense est irradié plus, et les mammographies répétées chez ces femmes présentant une sensibilité accrue aux rayons entraine un risque majoré de cancer radio-induit

3°Les cancers de l’intervalle, survenant entre deux mammographies risquent d’être plus fréquents lors de mutations

4°et ce sont souvent des cancers plus difficiles à repérer en raison de caractéristiques particulières.

Avant d’affirmer ces certitudes et théories, il faudrait réaliser des essais cliniques randomisés (des études sur des groupes de personnes tirées au sort et comparés), dont on comparerait les effets de différentes stratégies de dépistages :

*sur la mortalité globale,

*sur la mortalité par cancer

*sur le taux des mastectomies

*sur les taux des traitements par chimiothérapies.

*sur les effets pernicieux du dépistage (surdiagnostic à évaluer, fausses alertes)

Malgré une recherche documentaire les auteurs du dossiers Prescrire n’ont trouvé aucune étude de cette sorte.

Ce qu’on peut dire, ce qu’on sait :

  • A-Le risque de cancer radio-induit.

Il est important. D’après la revue Prescrire une estimation étatsunienne parle de 125 cas de cancer du sein pour 100 000 femmes de 40 à 74 ans dépistées par mammographie tous les ans, dont 16 mortels. Et pour des femmes à haut risque, on a mis en évidence que les cancers du sein ont été deux fois plus fréquents chez des femmes exposées à des examens radiographiques avant l’âge de 30ans que pour les non exposées.

  • B-L’apport des autres examens

L’IRM :

cet examen possède une plus grande sensibilité par rapport à la mammographie et est moins irradiant.

IRM + mammographie :

84% de cancers retrouvés

IRM seule :

75% de cancers retrouvés

mammographie seule :

32% de cancers retrouvés

Ces proportions sont à peu près identiques pour les femmes à haut risque, mais ici le problème est le même, on ne connaît pas la proportion des surdiagnostics. On ignore si on obtient un gain de survie pour ces femmes ainsi suivies, ou si au contraire on les expose à plus de surdiagnostics et de traitements invasifs.

On ne connaît pas non plus les effets du Gadolinium injecté tous les ans sur le long terme. L’évaluation de ce risque potentiel est d’autant plus nécessaire que ces femmes vont être intégrées dans des protocoles de surveillance lourds, avec de multiples examens IRM répétés.

Ce produit comporte des effets secondaires possibles lors de l’injection et quelques cas de réactions allergiques ont été décrits.

L’échographie :

cet examen majore les surdiagnostics et expose aux faux positifs et multiplie les biopsies inutiles.

L’examen clinique par un professionnel :

Les auteurs du dossier Prescrire n’ont pas retrouvé d’étude évaluant les performances de l’autopalpation.

Mais d’après l’ensemble des études compulsées par les auteurs, il semblerait qu’au moins la moitié des cancers découverts par un examen d’imagerie n’ont pas été diagnostiqués par l’examen clinique fait dans le même temps. On ignore si un retard de diagnostic clinique aurait un retentissement sur le pronostic vital, cela n’ayant pas été évalué.

  • C-Les effets adverses du dépistage propres à ces femmes à risque élevé

-Une anxiété permanente

-de nombreuses fausses alertes (faux positifs)

-des surdiagnostics très probables mais non évalués puisqu’aucune étude n’a été réalisée pour le quantifier.

Leur non-évaluation doit inciter à la prudence.

Il n’est pas plus éthique de poursuivre des recommandations postulées sans aucune donnée objective que de faire des études comparatives sur la portée des différentes stratégies de dépistage pour ces femmes à risque. En l’absence d’icelles, ces femmes et les soignants sont dans une incertitude quant aux conduites à tenir et se débrouillent tant bien que mal de façon empirique.

Si des évaluations sont réalisées sur la population générale, il est tout aussi important de les réaliser chez ces populations particulières, mais justement, il n’y en a aucune..

Propositions de conduites à tenir, différentes options selon situations

Nous avons tenté de synthétiser dans un tableau les propositions des auteurs de ce dossier.

Tout d’abord qui sont les sujets à risque ?

-femme avec un cas de cancer du sein chez une parente au premier degré (mère, sœur, fille) avant 40 ans.

-deux femmes avec cancer du sein dans la famille au premier ou au deuxième degré.

-homme de la famille atteint, du premier ou deuxième degré

-femme de la famille au premier ou deuxième degré atteinte d’un cancer de l’ovaire.

Lorsque dans ces familles on ne retrouve pas de mutations génétiques, le risque familial reste tout à fait incertain.

 

 
 
 
 
 

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Etude Miller

L’étude de Miller sortie en 2014 est une étude comparative randomisée, ce qui correspond à un critère de qualité le plus élevé des études sur populations. On analyse les données de groupes dont les sujets sont tirés au sort et ensuite comparés.

Ici, l’étude porte sur 90 000 femmes, 45 000 avec dépistage, 45 000 sans dépistage. En fait les essais (NBSS 1 et 2 , National Breast screening studys ) avaient été réalisés au Canada dans les années 80 avec des femmes dépistées tous les ans pendant 5 ans avec mammographie et examen clinique annuels, et ensuite elles bénéficiaient d’un suivi de 10 ans. Ici Miller propose une réévaluation après 25 années de suivi de ces deux groupes.

Quelles sont les conclusions ?

1°-pas de différence de mortalité entre les deux groupes (mortalité= nombre de décès rapporté au rapporté au nombre total de personnes dépistées)

2° les taux de survie sont identiques, quel que soit le stade de la tumeur (survie = nombre de décès rapporté au nombre de cancers diagnostiqués)

3° 22% de surdiagnostics

4° pas de différence entre les deux groupes du taux des cancers fatals.

Plus précisément, Miller trouve 22 % de surdiagnostics  soit 1 surdiagnostic (et donc un surtraitement) pour 424 femmes détectées, et cela pour un bénéfice nul quant à la mortalité par cancer.

Les critiques qui ont été opposées à Miller ont été variées. On arguait tout d’abord qu’il y aurait pu avoir une contamination des deux groupes en raison de la longueur du suivi. En effet, certains suivis s’arrêtent au bout de 7 à 10 ans ce qui limite deux écueils : certaines femmes du groupe non dépistage ont pu entre temps quand-même se faire faire une mammographie une année ou l’autre, à l’inverse certaines femmes du groupe dépisté auront pu « rater » une année de mammographie. L’attente de 20 années supplémentaires diluerait ou brouillerait les résultats.

  • Premièrement, l’effet de non observance du groupe dépistage et de contamination du groupe non-dépistage entrainera plutôt une sous-estimation du surdiagnostic.
  • Deuxièmement, les détracteurs des études arguaient qu’il fallait attendre très longtemps pour apercevoir l’efficacité du dépistage, car ce ne serait que sur un très long terme que l’on verrait la dangerosité des cancers non détectés dans le groupe non dépisté. Mais voilà, même au bout de 25 ans on ne voit toujours pas ce fameux méchant « cancer dormant » se manifester enfin, et pas de surmortalité des femmes non dépistées, peut-être bien parce que le cancer dormant n’existe pas…

On a reproché aussi à Miller que son étude n’était pas représentative du système français qui dépiste tous les deux ans et débute à 50 ans (alors que lors des essais canadiens ciblaient des femmes de 40 à 59 ans). Mais aux Etats Unis existait le débat de commencer le dépistage dès 40 ans. De plus Miller a isolé deux sous-groupes, le groupe des 40-49 ans et le sous-groupe des 50- 59 ans, et à nouveau il n’y a pas de différence observée.

http://www.bmj.com/content/348/bmj.g366

Réf : Miller AB, Wall C, Baines CJ, Sun P, To T, Narod SA. Twenty five years follow-up for breast cancer incidence and mortality of the Canadian National Breast Screening Study: randomised screening trial. The BMJ. 2014 Feb 11;348:g366

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Cancer du sein : recommandations Suisses

Voici le rapport scientifique du Swiss Medical Board du 15 décembre 2013

Cet organe Suisse se définit comme « indépendant de l’administration, des fournisseurs de prestations et de l’industrie », et met en avant son travail dans l’intérêt des patients avant tout.

Voici ses recommandations :

1. Il n’est pas conseillé de lancer un programme de dépistage systématique par mammographie.

2. Les programmes de dépistage systématique par mammographie existants doivent être limités dans le temps.

3. Toutes les formes de dépistage par mammographie doivent être évaluées en termes de qualité.

4. En outre, pour toutes formes de dépistage par mammographie, une évaluation médicale approfondie ainsi qu'une explication claire avec la présentation des effets souhaités et des effets indésirables sont recommandées.

Sur la base de la littérature existante, on peut conclure que le dépistage systématique par mammographie peut contribuer à détecter les tumeurs plus précocement. Le dépistage permet de diminuer la mortalité par cancer du sein de façon de façon très faible: des résultats d’études menées entre 1963 et 1991 ont révélé que, sur 1'000 femmes dépistées régulièrement, on a évité 1 à 2 décès par cancer du sein par rapport aux 1'000 femmes non régulièrement dépistées. Cet effet souhaité est à comparer avec les effets indésirables: ainsi, chez une centaine des 1'000 femmes ayant été dépistées, on a obtenu des résultats faussement positifs qui ont conduit à des investigations complémentaires et parfois à des traitements inutiles. Globalement, on obtient un rapport coût-efficacité très défavorable. Les connaissances tirées de la présente analyse conduisent aux recommandations suivantes (voir ci-dessus).

Swiss Medical Board

 

Comme on peut le constater dans cette image ci-dessous, dans les cantons où a été instauré le dépistage avant l'avis du Swiss Medical Board (date d'introduction du dépistage mentionnée pour chaque canton) le dépistage y est poursuivi. En revanche dans les cantons où les campagnes de dépistage n'ont pas démarré, le dépistage n'y a pas été introduit.

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