Ah mais quelle aubaine ce cancer…

6 février 2020

Dr C.Bour

En 2009 l’artiste Christophe Fort prévoyait d’ériger des lettres colossales au-dessus de Marseille, à l’instar de celles d’ Hollywood, mettant en avant des motivations humanitaires et caritatives. Les lettres devraient être acquises par des mécènes, et « l’argent sera reversé à un grand centre de lutte contre le cancer et aux hôpitaux de Marseille. C’est cet aspect humain qui a séduit la mairie ». Hollywood avait bien son chewing-gum après tout, et Marseille a son savon, ce qui méritait bien sûr d’être inscrit en grand sur la montagne, surtout quand c'était pour une grande cause, le cancer. Bon depuis ce projet n'a pas vu le jour et l'artiste s'est fait piquer l'idée. https://www.laprovence.com/article/sorties-loisirs/4153415/christophe-fort-contre-attaque.html

Pas grave, entre temps de nombreux pipoles et starlettes ont chanté que le cancer c'était pas bien (Justin Timberlake sur scène au profit de la Fondation "stand up to cancer", https://www.marieclaire.fr/,justin-timberlake-alicia-keys-et-renee-zellwegger-contre-le-cancer,20122,39740.asp), et il y a eu la mode des "clips" contre le cancer.

Notez que le cancer n'était pas le seul concerné par la dégoulinitude d'émotioline ; d’aucuns ont chanté contre la pauvreté (qui les en blâmerait), d’autres, au hasard de l’actu, pour l’Ethiopie (Renaud en 84), l’Arménie (Aznavour en 88), Bruel( pour la terre en 2006), le tout avec des chanteurs habillés tout de blanc de préférence (parce que c'est pur, le blanc), avec un ou une soliste qui nous envoie des vocalises poignantes dans les tripes (et on est fragiles des tripes quand on a eu un cancer je vous le dis), et en arrière-fond de préférence des enfants ou des bébés (très porteur le bébé), ou bien encore des vieillards tristes (un peu moins porteur le vieillard quand-même). Mais je m'égare...

Contre le cancer voici ces quelques expérimentations musicales :

https://www.youtube.com/watch?v=iW6xcY-bazQ

Et ça aussi : https://www.youtube.com/watch?v=29Xx7B1C6sc

Voyons, ceci : https://www.youtube.com/watch?v=hfJfjS_og5I

Et ça là : https://www.youtube.com/watch?v=iVpP3-3NU54

Vrai, ils en ont ras la mèche, les malades, une jeune femme atteinte m'a dit un jour dans un souffle, dans l'intimité d'un examen échographique en plein mois d'octobre où de joyeuses femmes en bonne santé gambadaient sous les fenêtres du cabinet avec des ballons roses : "si elles savaient seulement, à quel point j'aimerais l'oublier ce cancer".

Mais il faut renouveler, et ce qui marche bien en ce moment ce sont les "témoignages", de pipoles préférentiellement, qui nous étalent généreusement leurs prostates, seins, colons sur les plateaux télé, dans les radios, les magazines, Françoise Hardy et l'animateur JP Pernault en tête, pas avares de confidences pour sauver leurs semblables dans un grand altruisme médiatique et sacrificiel, et nous on demande une chaise en criant grâce devant les détails qui feraient vomir même sans chimio. https://www.medisite.fr/coloscopie-lavement-francoise-hardy-donne-les-details-intimes-de-ses-examens.813416..html

https://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/29311-Cancer-prostate-gueri-Jean-Pierre-Pernaut-adresse-message-hommes

Lorsqu'on contracte une maladie on en devient, et ça c'est chouette, un spécialiste, un "sachant", et comme "ça c'est bien passé pour moi", l'animateur vedette Mr Pernault dans sa grande humilité déferle un peu partout en chevalier blanc de la prostatectomie pour pourfendre le cancer et nous imposer son "sauvetage" grâce au dépistage de son cancer lequel, ou bien ne l'aurait jamais tué de toute façon, ou si quand-même mais plus tard, et ça on ne peut pas savoir, vu que nous ne sommes pas devins.(voir https://cancer-rose.fr/2020/02/04/cancer-et-cancer-cest-pas-pareil/?fbclid=IwAR2xVmcys689W5b7Ffptnv5BbIPKK3PvdaRvEoOTXRSJ7V-RzAZJghmtsDU )

Les actions plus modernes de jemefousapoilistes de nos jours, ça marche à fond, regardez le nombre de calendriers-charité avec des pompiers, électriciens, rugbymen, contrôleurs de trains effeuillés pour la bonne cause, je vous fais grâce de l'énumération, vous tapez ça dans un moteur de recherche et votre PC fume.

Et à présent donc, l'apothéose, le summum, le phare intellectuel qui illumine nos soirées, j'ai parlé de l'émission "stars à nu" diffusée sur TF1 le 30 janvier dernier, puis elle le sera demain soir, le 7 février donc, pour sensibiliser les gens aux dépistages : d'abord les hommes-stars se mettaient à nu, et là les femmes-stars se déshabilleront également pour le même objectif.

Mme le Dr Sublet nous explique doctement sur France Info ce qu'il faut savoir, et cela parce que Marine Lorphelin, qui est en fac de médecine (sic), elle a dit qu'on pouvait avoir le cancer avant 30 ans.

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/info-medias/alessandra-sublet-si-stars-a-nu-sauve-ne-serait-ce-quune-vie-on-aura-gagne_3788091.html

France Info nous avait habitué à mieux, malheureusement en beaucoup plus court : https://www.francetvinfo.fr/sante/soigner/cancer-du-sein-le-depistage-generalise-est-il-un-echec_3620355.html

Mais Mr le Dr Duperray n'est pas en fac de médecine et ne tient pas des potimarrons devant ses seins, vous allez comprendre pourquoi je dis ça.

Sinon, l'avis des médecins me demandez-vous ??? Ceux qui pratiquent, là, sur le terrain, qui voient des vrais malades, après 14 années d'études ? Quoi, quoi, enfin, quels médecins, on ne va pas encore s'embêter d'un médecin alors que des stars se mettent à nu, à nu vous dis-je pour remplir notre cerveau disponible en deux émissions de tout ce qu'il y a à savoir !

En une heure vous avez le résumé du module de cancérologie des étudiants en médecine, c'est quand-même plus pratique.

Et tout ça en contemplant Mme Sublet tenant des potimarrons devant ses seins. (Voilà !!)

Mais pourquoi les cours en fac ne sont-ils pas dispensés par des danseurs /chanteurs à poil avec des concombres et des pruneaux (oui ben pour l'appareil génital mâle, faut tout vous expliquer) et des potimarrons, ou des Reine-Claude éventuellement (on n'est pas toutes des frimeuses non plus) pour le système mammaire.

Moi là, dans ces conditions je vous le dis tout de go, je la refais ma PACES...

L’hypocrisie du procédé permet aux stars, sous un vernis caritatif, de redorer leur ego et relancer leur carrière pour bon nombre d’artistes un peu oubliés.

Il permet aussi de faire passer n’importe quel message, sans trop de débat, dans un silence assourdissant d'autorités sanitaires, du ministère de la santé, et dans une merveilleuse inertie du CSA.

Alors nous avons encore ceci en magasin :

https://www.medisite.fr/cancer-du-sein-fanny-leeb-jai-contracte-ce-cancer-parce-que-je-netais-pas-en-phase-avec-moi-meme.5556527.38942.html?fbclid=IwAR2Edcs4HvmEFZuUMlr4r_-c_EtE--H4dVVB-Eh9__rs8mjcwJhu4rajz-o

Là Mme Leeb nous explique que vous n'aviez qu'à être "en accord avec vous-mêmes" pour ne pas contracter de cancer, bannir le sucre, pas déprimer et pousser les femmes à se gaver de rayons X sur leurs seins avant 45 ans parce qu'après c'est trop tard ! Pour ceux qui voudraient avoir un autre son de cloche, des études (scientifiques, désolée j'ai dû utiliser ici un gros mot) n'ont pas démontré de corrélation entre dépression et cancer.

http://curiologie.fr/2016/01/choc-psychologique-et-cancer/?fbclid=IwAR0ylMrOGPGY_dBtF7LtIoOGhbaWmW1tEgUaXDQ_5FR5R8C0Rz2U_XrtRsg

Mais elles ont sûrement tort puisque Mme Leeb elle a dit.....Faudrait demander confirmation à Mme Lorphelin qui est en fac de médecine.

Les chaînes, les médias faisant le relai de ces manifestations, les partenaires publicitaires peuvent se frotter les mains, le marché a de l’avenir, car en effet, la pauvreté, la famine, la mucoviscidose, la myopathie et le cancer ont de beaux jours devant eux. Tous ces fléaux ont-ils reculé depuis l’arrivée de ce cirque médiatico-humanitaire ?

Comment se porte donc l'information médicale dans notre pays, où règne un révisionnisme médical en dépit de recommandations médicales qui demandent l'arrêt du dépistage du cancer de la prostate chez l'homme asymptomatique, qui avertissent sur la nécessité de ne pas dépister le cancer du sein avant 50 ans en l'absence de symptôme, sur la base de données épidémiologiques et scientifiques (rha encore le gros mot). Le pauvre public français n'a pas de chance, il a le choix entre des interventions de leaders d'opinions bourrés de conflits d'intérêts, invités complaisamment sur des plateaux télé sans qu'on leur demande de décliner ces liens d'ailleurs, alors que la loi le demande pourtant, ou des stars ignares aux messages indigents.

Mais peut-être la conséquence du spectacle caritatif sur la perception par le public ne sera pas sans impact à l' avenir.

La réalité des causes défendues est souvent plus complexe qu’il n’est exposé au public ; en jouant sur l’anesthésie de l'auditoire par des méga-shows, sur sa mauvaise conscience par l’appel aux dons et aux records de générosité à battre, le business de la bienfaisance et des kermesses médicales pourrait devenir contre-productif. Souvent à la suite de ces émissions on assiste bien à un afflux éphémère vers les cabinets médicaux, où il nous faut faire preuve de pédagogie et de temps pour démonter les messages dangereux et fallacieux, souvent au détriment de vrais malades qui attendent patiemment nos soins et notre écoute, dont ils ont vraiment un grand besoin.

Mais au long terme la terreur autour du cancer pourrait bien un jour, à force de répétitions, se banaliser, et le risque que le grand public devienne indifférent, lassé de se voir imposée cette surenchère jusqu’à la nausée sera peut-être le début d’un sentiment de saturation, conduisant à terme vers un désintérêt des "bonnes causes", un déclin de la mode du charity-business et des spectacles de "sensibilisation", et une demande d'information médicale soigneuse, bien balancée, modérée, sur la base de preuves scientifiques et d'évidences. En espérant que celle-ci regagne ses lettres de noblesse, dans l'intérêt de la santé individuelle qui n'est pas inépuisable et renouvelable, et de la santé publique qui n'est pas une ressource infinie qu'on puisse galvauder.

Attention au prix à payer sur la confiance des Français en leur système de santé, après des scandales sanitaires comme le sang contaminé, la Dépakine , le Mediator, qui ont mis bien du temps à nous exploser au visage. Le caractère inopérant et potentiellement dangereux des dépistages à tout va pourrait bien suivre le même chemin, et des pays plus en avance sur nous conçoivent déjà du matériel d'information pour le public ; en Australie, un grand plan contre la sur-médicalisation est déjà opérationnel.

___________

J'appelle les femmes et hommes de bonne volonté à se mobiliser autour d’un disque « fuck the charity » , les fonds pourraient être reversés à l’AEdPC, l’association pour l’entartage des pipoles-charlatans.

Au fait il est où l'entarteur  ?

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30 000 cancers surdiagnostiqués par an dans une étude australienne : un enjeu de santé publique

Synthèse Dr C.Bour 28 janvier 2020

https://www.mja.com.au/journal/2020/212/4/estimating-magnitude-cancer-overdiagnosis-australia

Auteurs de l'étude australienne publiée dans le Medical journal of Australia :

Paul P Glasziou, Mark A Jones, Thanya Pathirana, Alexandra L Barratt and Katy JL Bell
Med J Aust || doi: 10.5694/mja2.50455

L'obsession de nos sociétés modernes à traquer les maladies par une détection toujours plus précoce entraîne une crise de santé publique, selon les auteurs australiens qui ont publié en ce mois de janvier 2020 leur évaluation des diagnostics en excès pour cinq différents cancers.

La méthode

 

Les données nationales recueillies régulièrement par l'Australian Institute of Health and Welfare (agence nationale australienne pour l'information et les statistiques sur la santé et le bien-être de l'Australie) ont été analysées afin d'estimer en population les risques de contracter un cancer durant la vie, en comparant la période actuelle (données de 2012) et le passé (données de 1982). Cela permet de mesurer les changements de ces risques durant ces 30 dernières années. Il y a eu un ajustement pour tenir compte du risque de décès et des variations des facteurs de risque dans le temps.

Les cinq différents cancers étudiés sont : cancer de la prostate, du sein, cancer rénal, thyroïdien et mélanome.

Les auteurs proposent ainsi une estimation de la proportion de diagnostics de cancers en Australie  raisonnablement attribuables à un surdiagnostic .

 

Les résultats

 

Les chercheurs ont estimé que, pour les femmes, 22% des cancers du sein (dont 13% de cancers invasifs), 58% des cancers rénaux, 73% des cancers de la thyroïde et 54% des mélanomes (dont 15% de mélanomes invasifs) étaient surdiagnostiqués.

Chez les hommes, ils ont estimé que 42% des cancers de la prostate, 42% des cancers du rein, 73% des cancers de la thyroïde et 58% des mélanomes (dont 22% de mélanomes invasifs) étaient surdiagnostiqués.

Malgré une  relative incertitude autour de ces estimations concédée par les auteurs eux-mêmes, ce résultat équivaudrait à un surdiagnostic représentant environ 18% des diagnostics de cancer chez les femmes, et environ 24% des diagnostics chez les hommes en Australie en 2012, autrement dit on arrive à environ 11 000 cancers chez les femmes et 18 000 cancers chez les hommes surdiagnostiqués chaque année en Australie.

Les taux absolus de surdiagnostics étaient les plus élevés pour le cancer du sein et le cancer de la prostate en raison de leur prévalence de référence (taux de nouveaux cas + taux de cas déjà présents) plus élevée.

 

Les causes

 

La population vieillit certes, mais les programmes de dépistage sont les grands pourvoyeurs du surdiagnostic. En dehors du dépistage systématisé, il y a aussi un surdiagnostic possible lors d'examens réalisés non liés au cancer trouvé ; par exemple un cancer de la thyroide découvert fortuitement lors d'examens d'imagerie non liés à la thyroïde, ou les découvertes fortuites de cancers du rein lors d'imageries scanographiques abdominales effectuées pour d'autres causes.

 

Les problèmes

 

Le surdiagnostic est important à connaître et à maîtriser en raison des inconvénients qu'il entraîne en matière de  iatrogénie (pathologie induite par les traitements) et de surcoûts associés.

Les préjudices comprennent l'impact psychosocial des diagnostics de cancer inutiles, tels que le risque accru de suicide chez les hommes après avoir reçu un diagnostic de cancer de la prostate. Les traitements contre le cancer tels que la chirurgie, la radiothérapie, la thérapie endocrinienne et la chimiothérapie peuvent causer des dommages physiques. Les risques pourraient être considérés comme acceptables lorsque le diagnostic est approprié. A contrario, lorsqu'une personne est diagnostiquée inutilement d'un cancer qui n'aurait pas compromis sa santé ni sa vie (définition du surdiagnostic), elle ne peut que subir un dommage à cause du traitement, au lieu de jouir d'un bénéfice d'avoir été détectée.

 

Dans d'autres pays

 

Cette étude est la première à estimer le surdiagnostic global du cancer au niveau national.

Une récente analyse britannique a constaté que l'incidence de dix des vingt cancers les plus courants au Royaume-Uni a augmenté de plus de 50% dans les deux sexes depuis les années 1980. Ces cancers incluaient le sein, le rein, les cancers de la prostate, de la thyroïde et le mélanome, mais aussi les lymphomes non hodgkiniens, les cancers buccaux, cervicaux, hépatiques et utérins.

L'étude ici présentée a estimé le surdiagnostic uniquement pour les cancers présentant une signature épidémiologique typique de surdiagnostic : cancer du sein, de la prostate, du rein, de la thyroïde et mélanome ( c'est à dire la constatation d'un pic d'incidence dès l'instauration du dépistage, mais mortalité peu changée).

Les statistiques britanniques sur le cancer publiées en janvier 2019 montrent des taux de survie très élevés pour les personnes atteintes de cancers à leur stade précoce, fournissant des preuves supplémentaires d'un surdiagnostic probable : survie à 5 ans de 99% pour le cancer du sein de stade 1, 100% pour le cancer de la prostate de stade 1, 100% pour le mélanome de stade 1, 89% pour le cancer du rein de stade 1 et 88% pour le cancer de la thyroïde de tout stade.

NDLR : la survie, souvent mise en avant par l'INCa pour justifier le dépistage du cancer du sein n'est pas un indicateur d'efficacité du dépistage mais un bon marqueur du surdiagnostic. La survie mesure la durée de vie avec un cancer, si le cancer n'est pas destiné à tuer son hôte, comme c'est le cas des cancers majoritairement détectés par dépistage, qui sont de bas stade, la survie ne pourra qu'être importante puisque ces cancers trouvés n'auraient jamais conduit au décès. Plus il y a du surdiagnostic, plus il y a de cancers qui auraient pu être ignorés, et meilleurs sont les taux de survie automatiquement. Le seul indicateur recevable d'efficacité d'un dépistage est la mortalité, plus exactement même la mortalité totale.

 

Conclusion des auteurs

 

Le surdiagnostic du cancer a des implications importantes pour la santé publique.

Premièrement, les taux de surdiagnostics évitables doivent être réduits au niveau le plus bas par des dépistages plus ciblés, plutôt que des dépistages de masse.

Il convient de s'atteler à des stratégies visant à réduire les traitements trop excessifs des cancers de la prostate, du sein et de la thyroïde de bas stade, donc à faible risque.

Une deuxième implication, et peut-être la plus importante, est que les services de santé doivent être attentifs à l'exposition à du surdiagnostic dans d'autres nouveaux secteurs de la santé et les détecter.

 

NDLR : L'Australie a déjà initié un plan d'action contre le surdiagnostic https://cancer-rose.fr/2018/10/15/un-plan-daction-national-contre-le-surdiagnostic-en-australie/

 

NDLR : L'exemple australien devrait nous inciter à revoir à la baisse notamment les campagnes commerciales d'octobre rose qui causent de façon coupable une incitation et un entraînement des foules à la pratique du dépistage de masse, incitant même des femmes en dehors des tranches d'âge à se faire dépister.

 

 

 

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Les maladies cardiaques sont le plus grand tueur parmi les survivantes du cancer du sein

Résumé C.Bour 12 janvier 2020

Causes of Death After Breast Cancer Diagnosis: A US Population-Based Analysis

article original revue Cancer

Medscape

Medscape français

Plus les femmes sont suivies à distance de leur diagnostic de cancer du sein, plus il y a de probabilité de trouver une cause de décès non liée au cancer initial. Il s'agit le plus souvent de maladies cardiaques, selon les auteurs de l'étude publiée en fin d'année 2019 dans la revue "Cancer".

L' étude est basée sur une population de plus de 750 000 femmes américaines diagnostiquées avec un cancer du sein au cours des 15 années écoulées depuis le début du siècle.

La proportion de décès imputables à des causes non cancéreuses est passée d'environ 28% au cours de la première année suivant le diagnostic à un peu plus de 60% chez les femmes qui ont vécu pendant plus de 10 ans après leur diagnostic de cancer du sein.

Ces femmes, ayant survécu à leur cancer plus longtemps, avaient un risque considérablement accru de maladie cardiaque et de maladie d'Alzheimer par rapport à la population générale.

Résultats selon le suivi

 

  • Pour les décès dans les 1 à 5 ans après diagnostic, le cancer du sein lui-même est le plus fréquemment responsable.
  • Chez les femmes décédées 5 à 10 ans après le diagnostic de cancer du sein, le cancer du sein était la cause de décès dans 38,2%, suivi par les autres cancers dans 13,4% , et les causes non cancéreuses dans 48,4%. Les maladies cardiaques étaient la cause de décès non cancéreuse la plus courante (15,7%), suivies des maladies cérébro-vasculaires (AVC) et de la BPCO (3,9%) ainsi que de la maladie d'Alzheimer (3,4%).
  • Dans un suivi plus éloigné encore, la cause cardio-vasculaire l'emporte.

Causes évoquées

 

Comme nous venons de le voir ci-dessus les décès attribuables à des maladies cardiaques et AVC viennent en premier plan comme causes de décès non liées au cancer,  au cours des périodes de suivi après diagnostic.

Mais parmi d’autres causes importantes de décès non liées au cancer du sein on compte également les maladies hépatiques chroniques, la septicémie, des maladies infectieuses et parasitaires. Le suicide doit être également considéré, c'est une cause de décès significativement plus élevée que dans la population générale chez toutes les femmes mais particulièrement parmi  les femmes jeunes.

Les taux élevés de décès par maladie cardiaque sont probablement liés à la toxicité de la chimiothérapie (notamment les anthracyclines) et de la radiothérapie (sein gauche notamment).

Hypothèses

 

Selon Dr Sonbol, co-auteur de l'article,

1°Certaines femmes pouvaient être guéries du cancer du sein puis être décédées d'autres causes intervenantes.

2°Pour d'autres femmes le cancer du sein, par exemple un cancer métastatique, peut avoir été transformé en une maladie chronique, " il peut être sous contrôle grâce à la thérapie systématique, c'est alors que d'autres causes contribuent au décès."

Conclusion

 

Selon les auteurs, ces constatations donnent un aperçu considérable de la façon dont les patientes traitées pour leur cancer du sein devraient recevoir des mises en garde sur les risques futurs pour leur santé ultérieure.

Les médecins hospitaliers qui assurent le suivi des femmes qui ont eu un cancer du sein doivent travailler en étroite collaboration avec les médecins généralistes, afin d'assurer un suivi au long terme qui soit optimal, et prévenir différentes pathologies qui pourraient survenir au décours de la vie de ces patientes après leurs traitements.

NDLR

 

Nous rajouterons que le surdiagnostic, dans ce contexte, doit devenir une préoccupation majeure, et d'autant plus pris en compte qu'il projette des femmes bien portantes dans une maladie qu'elles n'auraient pas dû connaître, et les expose à ces pathologies autres, potentiellement graves qui sont susceptibles elles aussi d'impacter gravement leur vie et les conduire au décès.

 

 

 

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témoignage d’une généraliste londonienne Iona Heath BMJ 27juin 2009

Cancer Rose vous offre une tribune citoyenne. Vous aussi, vous pouvez témoigner.

TEMOIGNAGES ! BMJ 27 juin 2009 volume 338

Dépistage du cancer du sein : témoignage d’une généraliste londonienne!
Vie et mort - Il n’est pas faux de dire non!
Iona Heath

https://en.wikipedia.org/wiki/Iona_Heath

 

Pourquoi ne dit-on aux femmes que les avantages du dépistage du cancer du sein et jamais
ses préjudices potentiels? !

J’ai vu assez de femmes mourir d’un cancer du sein pour savoir précisément combien cette maladie peut être terrible et pour comprendre la motivation menant à tenter un diagnostic précoce et un traitement curatif. La question de l’information à donner aux femmes n’est donc pas à prendre à la légère. Pourtant, j’ai volontairement décliné les invitations successives des autorités sanitaires ( NHS ) à me faire dépister. Ce qui me préoccupe, c’est d’avoir pris cette décision sur la base de données qui ne sont pas facilement accessibles à mes patientes.

Au Royaume-Uni, chaque invitation à passer une mammographie est envoyée avec une brochure intitulée “ Dépistage du Cancer du sein: les faits “, dont le titre en soi empêche, semble-t-il, la moindre remise en question du bien fondé de ce programme de dépistage. Ce qui est impardonnable, c’est que, malgré les protestations et les promesses d’amélioration, cette brochure souligne uniquement les avantages du dépistage sans faire mention de la moindre possibilité de préjudice. Pourtant, chaque médecin constate dans sa pratique qu’un dépistage produit toujours à la fois des bénéfices et des inconvénients. Le ton rassurant de la brochure exprime l’idée toute simple que chaque femme, parce qu’elle est raisonnable et socialement responsable, acceptera l’invitation. Mais qui a intérêt à procéder de la sorte?

La revue systématique des données scientifiques disponibles sur la mammographie de dépistage du cancer du sein réalisée par le Réseau Cochrane et sa brochure alternative disponible sur www.cochrane.dk, décrit une situation très différente de celle présenté par "Dépistage du Cancer du sein: les faits": cette révision étayée par des faits suggère qu’il faut inviter 2000 femmes à se faire dépister pendant dix ans pour éviter à 1 seule d’entre elle de mourir d’un cancer du sein. Mais parmi ces femmes, 10 seront considérés à tort comme cancéreuses: c’est le surdiagnostic. Il causera 6 tumorectomies et de 4 mammectomies inutile. De plus 200 de ces femmes subiront des dommages psychologiques liés à l’anxiété provoquée par la recherche d’anomalies à la mammographie. Le pourcentage de survie à 10 ans des femmes qui ne se font pas dépister est de 90,2%; il est de 90,25% si elles suivent le programme organisé.
Est-ce une différence suffisante pour prendre le risque de produire de pareils dommages? Pas pour moi en tout cas.!

Pourquoi, dans un système qui vante régulièrement la nécessité d’un choix éclairé, les femmes, adultes et indépendantes, ne sont-elles pas pleinement informées de ce débat scientifique à propos du surdiagnostic et des incertitudes sur l’histoire naturelle des carcinomes intra-canalaires qui représentent 25% des cancers diagnostiqués lors de ce dépistage? Selon mon expérience clinique, depuis l’introduction du programme national de dé-pistage du cancer du sein, un certain nombre de patientes de ma liste ont été identifiées comme des patientes cancéreuses après mammographie et ont subi pour cela divers traitements. Ensuite, elles se sont très bien portées de très nombreuses années. A première vue, ce sont de bonnes nouvelles et certaines de mes patientes se considèrent comme des cancéreuses dont la vie a été sauvées grâce au programme de dépistage. Mais moi, je me demande combien d’entre elles ont été surdiagnostiquées alors que leur cancer ne se serait jamais développé sous une forme invasive et combien d’entre elles ont subi le traumatisme du diagnostic du cancer et par voie de conséquence des traitements mutilants et épuisants, pour finalement aucune utilité. Les conséquences ne s'arrêtent même pas là puisque que je vois la vie des filles de ces patientes gâchée par la peur de l’histoire familiale de ce cancer du sein présageant d’un risque accru de cancer du sein.

Combien de médecins sont capables de comprendre, et à plus forte raison combien de patients, l’effet Will Roger décrit en 1985 par Alvin Feinstein (New Journal of Medecine 1985;312;1604-8)? Voici son explication. Quand des individus sont classés comme malades du fait qu’ils répondent à de nouveaux critères de gravité de la maladie - changement de technique diagnostique, élargissement de la définition de la maladie ou baisse du seuil d’intervention préventive - le résultat d’un suivi sera une amélioration illusoire de leur état de santé. Cette illusion réconfortante s’est révélée très utile pour ceux qui ont en charge la gestion du système de santé, ce qui explique peut-être dans une certaine mesure le contenu des invitations à se faire dépister.

La peur permanente et bien humaine en l’avenir fait qu’il n’est jamais facile de refuser les avantages promis par les interventions de dépistage. Refuser, c’est tenter le sort d’une façon primitive dérangeante. Un médecin généraliste du sud de Londres, David Misselbrook, a écrit en 2001 dans son merveilleux livres Thinking about Patients: “ Ne tenez compte que du nombre de sujets àtraiter ( NST en français, NNT en anglais - numbers needed to treat ) pour éviter une mauvaise interprétation des interventions de dépistage. Pourquoi tous les gens acceptent-ils d’être dépistés?
En partie parce que nous avons tendance à observer des courbes de bénéfices sur des modèles de réduction du risque relatif. Mais aussi parce qu’il s’agit d’un équivalent moderne d’offrande religieuse apporté par les pénitents au temple d’Hygie. C’est juste un truc psychologique pour gérer notre peur.” Notre peur des morts inévitables rend nécessaire et fréquent l’utilisation d’artifice psychologique et il est essentiel que les programmes de dépistage n’exacerbent pas ces craintes dans l’idée de promouvoir leurs mises en place d’une manière inacceptable d’un point de vue éthique. Dans ce contexte, en tant que médecins, nous devons nous rappeler ce que David Sackett dit de l’arrogance de la médecine préventive (CMAJ 2002;167;363-4): “la médecine préventive se joue pleinement des 3 facettes de l’arrogance. premièrement, elle est agressive dans sa quête péremptoire d’ individus indemnes de tout symptôme en leur disant ce qu’il faut faire pour rester en bonne santé. Deuxièmement, elle est présomptueuse, tant elle est sure que les interventions qu’elle défend feront en moyenne plus de bien que de mal à ceux qui l’accepteront et y adhéreront. Enfin, la médecine préventive est tyrannique ( dominatrice ) dans ses attaques contre ceux qui remettent en question la valeur de ses recommandations.”!

J’ai pris ma propre décision. D’autres femmes, avec une perception différente de leur risque individuel, de leur contexte familial ou du degré d’aversion du risque, pourront prendre de manière appropriée une toute autre décision. Il n’est pas faux de dire oui, mais il n’est pas faux non plus de dire non.

traduction libre B. Junod - T. Gourgues - 01/09/2009

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Contributions de Dr B.Duperray sur le surdiagnostic dans le cancer du sein

17 décembre 2019

Bernard Duperray est médecin radiologue spécialiste du cancer du sein, retraité après quarante et un an de pratique à l’hôpital Saint-Antoine à Paris.

Il enseigne à l’université Paris-Descartes. Il a très longtemps travaillé avec un éminent épidémiologiste, Mr Bernard Junod. Le résultat de ses travaux sont à retrouver dans son livre publié cette année aux éditions Souccar : https://cancer-rose.fr/2019/08/29/communique-de-presse-livre-b-duperray-depistage-du-cancer-du-sein-la-grande-illusion/

Cette collaboration entre B.Duperray et B.Junod a donné lieu par ailleurs à une publication en 2006 dans la revue Médecine, et plus récemment à un diaporama présenté par Dr Duperray à Bruxelles en novembre à l'occasion d'une soirée organisée par l'association "Femmes et Santé":

Article dans Medecine 2006

diaporama présentation Bruxelles novembre 2019, "Dépistage, surdiagnostic, cancer, de quoi parle-t-on ? "

Présentation Bruxelles version anglaise : "Screening, overdiagnosis, cancer, what are we talking about ?"

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Avis de la Haute Autorité de Santé sur la performance de la mammographie par tomosynthèse dans le dépistage organisé

https://www.has-sante.fr/jcms/c_2849735/fr/revue-critique-de-la-litterature-sur-la-performance-de-la-mammographie-par-tomosynthese-dans-le-depistage-organise-du-cancer-du-sein

28 novembre 2019

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Contexte

 

Il s'agit de s'interroger sur la pertinence d'intégrer la tomosynthèse  dans le dépistage organisé du cancer du sein, et de savoir si cet examen sera remboursé au même titre que l'examen mammographique de base.

Rappelons la définition de la tomosynthèse :

La tomosynthèse (ou mammographie 3D), est une nouvelle technique d’imagerie radiologique qui permet de diminuer l'effet de superposition des tissus mammaires, car elle reconstitue de manière tridimensionnelle l’image du sein à partir de plusieurs radiographies à faible dose acquises sous différents angles de projection. Les études publiées suggèrent qu’elle pourrait améliorer la performance clinique du dépistage du cancer du sein.

L'élaboration de cette recommandation HAS se fait sur l'évaluation de l'aspect "performance " de cet examen et de ses limites, et sur la place de la tomosynthèse dans le dépistage en complément ou en remplacement de l'examen habituel.

 

Une feuille de route

 

La feuille de route détaillée était publiée ici : https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2018-05/feuille_de_route_tomosynthese_mai_2018.pdf

 

Rappelons que l'INCa lui-même notait en 2014 "qu’aucune étude prenant la mortalité comme critère d’évaluation n’avait été identifiée et que les études publiées portaient sur des critères intermédiaires de performance et n’intégraient qu’une marque d’appareil de tomosynthèse (Hologic)." Plusieurs pré-requis étaient demandés par l'INCa dont "la mise en place en conditions réelles d’une étude multicentrique comparative sur la performance de la tomosynthèse, en population et en situation de dépistage, tenant compte des spécificités françaises. "

Il est dit dans cette feuille de route : " une revue systématique de littérature la plus récente sur le sujet a été publiée par le Norwegian Institute of Public Health en 2017. Il s’agit d’une revue critique de la littérature très complète qui concluait que les études ont un faible niveau de preuve concernant la supériorité de l’association tomosynthèse Hologic + mammographie numérique sur la mammographie numérique seule en ce qui concerne les taux de rappel et de détection du cancer, les taux de cancers d’intervalle, les taux de faux positifs et faux négatifs, la sensibilité et spécificité, l’impact sur la mortalité et la qualité de vie, même si toutes les études concordent sur l’augmentation du taux de détection des cancers lors d’un premier cycle de mise en œuvre de l’association tomosynthèse + mammographie versus mammographie seule. En effet, aucune étude n’a évalué la pertinence de la tomosynthèse au cours des cycles suivants. L'utilisation concomitante de la tomosynthèse avec la mammographie standard (double acquisition) entraîne une augmentation de la dose d’irradiation."

Selon les appareillages commercialisés il existe de grandes variations en terme de dose délivrée.

La feuille de route mentionne que "La dose délivrée en « 2D+3D » était environ deux fois plus élevée que celle délivrée dans le cadre d’une mammographie numérique seule (2D), au-delà du seuil acceptable, pour une incidence 2D, tel que défini dans le protocole européen de contrôle qualité."

Généralement, la dose allouée à chaque projection est telle que la dose totale délivrée à la patiente est comprise entre une et deux fois la dose d’une mammographie standard.

Il est possible de reconstituer des images 2D après une acquisition 3D de la TDS, mais en 2016 le NHS breast screening programme (UK) estimait "qu’il n'y avait pas suffisamment de preuves pour recommander l'utilisation la mammographie synthétique en 2D faisant suite à une acquisition de tomosynthèse en remplacement de la mammographie numérique."

Par ailleurs en 2016 l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) a publié, à l’attention des professionnels de santé et des autorités, des recommandations sur la caractérisation des doses délivrées au sein, a lancé une campagne de mesures de dose à la glande mammaire et également une évaluation de la qualité de l’image obtenue par la tomosynthèse. Un contrôle de qualité réglementaire des installations doit être réalisé par l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé).

 

Multiples questions en suspens

 

  • Le problème du surdiagnostic de bon nombre de lésions petites et non agressives, dont on ne connaît pas le devenir. Il est évoqué dans la feuille de route (rubrique 'problématique'). Il ne faut pas que le seul critère de succès soit le nombre de cancers détectés, effectivement on détectera de plus en plus petites lésions mais dont on ne saura que faire, et dans la mesure où toutes seront traitées comme un « vrai » cancer susceptible d’évoluer, on expose les femmes au problème du surtraitement.
  • Le problème des doses : Même si des faibles doses sont utilisées, celles-ci ne sont pas pour autant anodines. Nous savons que des doses faibles, voire très faibles, peuvent conduire à des cancers radio-induits par défaut de réparation des cassures double brin de l’ADN, et que ceci conduit certains sujets prédisposés génétiquement à un risque de cancer 10 fois plus élevé que les radiorésistants. De plus l’accumulation de petites doses peut conduire à un risque d’effet d’amplification. Or ce risque n’est actuellement pas pris en compte par les médecins pour les patientes jeunes et/ou à risque familial de cancer du sein. On ne sait pas à ce jour si la susceptibilité au cancer du seins chez les porteuses de mutations (de type BRCA1ou BRCA2 ou d’autres…) est ou non corrélée avec la radiosensibilité. (Voir : article radiotoxicité)
  • Enfin on ne connaît pas grand-chose sur l’effet de l’étalement dans le temps des doses reçues : les doses reçues par minute, heure, jour, année ont-elles les mêmes effets ?
  • Notons a passage que la tomosynthèse pourra être utilisée, dans les centres qui disposent de cette technologie, dans le cadre de l'étude MyPEBS, sur des femmes à haut et à très haut risque, alors même de sa potentielle radio-toxicité. Voir : https://cancer-rose.fr/my-pebs/2019/03/01/presentation-analyse-methodologique/

 

Une revue de la littérature scientifique a donc été effectuée pour cette recommandation par la HAS avec recherche documentaire sur les dix dernières années.

 

Réponses de la HAS (voir lien)

 

  •  Les éléments de réponse
    • Les recommandations issues de pays disposant d’un D.O. ne préconisent pas d’utiliser en routine la mammographie par tomosynthèse, seule ou en association avec la mammographie numérique, dans le cadre d’un programme de dépistage organisé, principalement en raison du manque de données probantes ou de faible certitude.
    • L’analyse critique de quatre méta-analyses, trois essais randomisés et trois études en crossover publiés au cours de ces cinq dernières années concorde sur le fait que la mammographie par tomosynthèse, en association à la mammographie numérique ou synthétique et en comparaison à la mammographie seule, augmenterait le taux de détection des cancers du sein.
    • Les études ne sont pas homogènes en termes de qualité, de population incluse et de protocole, les résultats sont donc à interpréter avec prudence, en particulier concernant l’augmentation du taux de détection des cancers du sein invasifs, la diminution du taux de rappel, la diminution des faux positifs et l’augmentation de la valeur prédictive positive du dépistage. Certaines données suggèrent une augmentation du taux de détection des cancers du sein invasifs, une diminution du taux de rappel, une augmentation de la VPP du rappel et une diminution des faux positifs.
  •  Les questions en suspens
  • L’analyse des données de la littérature disponible ne permet pas de savoir :
    • si la mammographie par tomosynthèse aurait une performance intrinsèque et clinique, ainsi qu’une efficience supérieure ou égale au D.O. tel qu’il est mis en œuvre en 2019 en France ;
    • quelle serait la place de la mammographie par tomosynthèse dans la procédure de dépistage du cancer du sein et selon quel protocole (échographie, mammographie synthétique, modalités de la seconde lecture) ;
    • si le fait d’intégrer la tomosynthèse dans le D.O. permettrait d’améliorer le dépistage du cancer du sein, notamment en ce qui concerne le surdiagnostic et le surtraitement ;
    • si, au regard des disparités de performance observées dans le D.O. tel qu’il est mis en œuvre en 2019 (du fait de la diversité des dispositifs de mammographie numérique et de leurs fabricants), la performance, la fiabilité et la sécurité de tous les dispositifs de tomosynthèse seraient équivalentes selon le dispositif et le fabriquant.

 

Lesdites questions en suspens seront examinées dans le volet 2 de la recommandation.

Une note de cadrage devrait être publiée courant décembre 2019.

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Dépistage par IRM supplémentaire pour les femmes ayant un tissu mammaire extrêmement dense

https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1903986

Synthèse Dr Bour 28 novembre 2019

Contexte

 

On estime qu'un tissu mammaire extrêmement dense est un facteur de risque de cancer du sein, ce facteur est surtout limitant pour la détection du cancer par mammographie.

On souhaite tester si l'utilisation de l'IRM permettrait de réduire pour ces femmes l'apparition de cancers d'intervalle, c'est à dire ces cancers apparaissant entre deux mammographies, la précédente mammographie ayant été jugée normale.

 

Méthode

 

Il s'agit d'un essai contrôlé randomisé (sujets de l'étude attribués au hasard dans l'un ou l'autre groupe) multicentrique (réalisé dans deux centres ou plus avec un même protocole et un coordinateur  chargé du traitement de toutes les données et de l’analyse des résultats.)

Il est réalisé par van Gils et ses collègues du groupe de l'essai "DENSE".

Les chercheurs ont réparti 40 373 femmes entre 50 et 75 ans, présentant un tissu mammaire extrêmement dense ainsi que des résultats négatifs lors de la mammographie de dépistage en deux groupes :  soit le groupe "IRM supplémentaire" ou le groupe  "dépistage par mammographie uniquement" ;  plus exactement 8061 femmes dans le groupe "invitation à l'IRM" et 32 ​​312 femmes dans le groupe " mammographie seule".

Une mammographie de contrôle a été ensuite effectuée au bout de deux ans pour les deux groupes afin de comparer les résultats du nombre de cancers trouvés.

Le résultat principal était la différence entre les groupes dans l'incidence des cancers d'intervalle au cours d'une période de dépistage de deux ans.

Les chercheurs ont déclaré que « ces patientes pourraient bénéficier d'une stratégie de dépistage du cancer du sein sur mesure, complétée par des méthodes d'imagerie plus sensibles. Les avantages de l'imagerie supplémentaire font l'objet d'un débat mondial. Aux États-Unis, une loi fédérale régit la notification de la densité mammaire , mais le dépistage supplémentaire n'est pas recommandé dans les directives américaines. Bien que l'imagerie complémentaire augmente le taux de détection du cancer chez les femmes ayant des seins denses, la question reste de savoir si cela améliore les résultats pour la santé ». Lire à ce propos : https://cancer-rose.fr/2019/05/12/la-densite-mammaire-un-point-de-vue-dans-le-jama/

 

Conclusion de l'étude

 

Le dépistage par IRM supplémentaire apparait associé à moins de cancer d' intervalles par rapport à la mammographie seule chez les femmes présentant un tissu mammaire extrêmement dense et des résultats normaux à la mammographie . Il semble que dans le cas de seins denses, le risque de cancers d' intervalle soit réduit de moitié chez les femmes avec mammographie négative et un dépistage IRM.

Plus exactement les chercheurs ont constaté que le taux de cancer par intervalle était de 2,5 pour 1 000 dépistages chez 4 783 femmes du groupe d'invitation à l'IRM, comparativement à 5 pour 1 324 femmes dans le groupe mammographie seule.

Dans l'ensemble, 59% des femmes du groupe d'IRM ont vraiment suivi ce dépistage supplémentaire. Sur les 20 cancers d'intervalle diagnostiqués dans le groupe d'invitation à l'IRM, 4 ont été diagnostiqués chez les femmes qui avaient subi une IRM, et  16 ont été diagnostiqués chez celles qui n'avaient pas réalisé l'IRM.

 

Limites de l'étude

 

  • Faux positifs : Les examens IRM complémentaires étaient associés à un taux de détection du cancer de 16,5 pour 1 000 dépistages et donnaient lieu à un taux de faux positifs de 8,0% (79,8 pour 1 000 dépistages). Parmi les femmes qui ont subi une biopsie du sein sur la base d'une indication IRM, 26,3% avaient un cancer du sein et 73,7% n'en avaient pas.
  • Echantillon pas assez important.  Pour examiner l'effet du dépistage par IRM sur la mortalité par cancer du sein ou sur la mortalité globale, il faudrait un échantillon plus vaste et un laps de temps d'observation plus long.

Le plus faible taux de cancers d'intervalle observé chez les participantes ayant eu une IRM pourrait bien avoir un effet sur la mortalité, mais il serait aussi nécessaire de constater une réduction du nombre des cancers avancés pour démontrer un bénéfice sur la mortalité, pour l'instant jamais démontré dans le cas du dépistage mammographique seul.

 

Des réserves émises

 

Dans un éditorial d'accompagnement Dan L. Longo, rédacteur en chef adjoint du New England Journal of Medicine, et professeur. de médecine à la Harvard Medical School, (Boston), a loué des données de haute qualité provenant de cet essai randomisé sans précédent : " Il semble montrer que chez les femmes ayant des seins denses, le risque de cancers en intervalle est réduit de moitié chez les femmes avec mammographie négative et un dépistage IRM."

Mais on revient toujours au problème du surdiagnostc et de l'utilité d'un dépistage supplémentaire chez des femmes asymptomatiques, chez lesquelles on détecte des lésions qui seront toutes traitées, et cela sans aucune donnée probante sur survie ou réduction de mortalité.

Dan Longo écrit :

"Une réduction des cancers de l'intervalle est-elle un substitut approprié pour améliorer la survie globale ? Il semble que la plupart des cancers détectés lors du dépistage supplémentaire par IRM aient été détectés à un stade précoce. Le carcinome canalaire in situ était 10 fois plus fréquent chez les patients subissant une IRM, et ces diagnostics sont susceptibles de conduire à des traitements. Reste à savoir si les tumeurs auraient pu ne jamais être détectées et si elles menaçaient la survie du patient. »

"Le test ultime de la valeur du dépistage par IRM chez les femmes ayant un tissu mammaire extrêmement dense consistera à déterminer si son utilisation améliore la survie — une réponse que nous n’aurons pas avant très longtemps. Entre-temps, nous avons maintenant un essai qui montre que le dépistage par IRM peut réduire le taux de cancers d'intervalle.

Le coût est que 74 % des biopsies qui seront effectuées par la suite ne donneront pas lieu à un diagnostic de cancer, et nous ne savons pas si les cancers qui ont été détectés devaient être trouvés et traités."

"Le dilemme demeure donc. Les femmes ayant des seins denses et une mammographie négative qui subissent une IRM ont un très faible risque d’avoir un cancer du sein (16,5 pour 1000 examens de dépistage dans le cadre de cet essai) et un risque accru d’un faux examen positif. Les résultats de cet essai sont susceptibles de renforcer l’idée que le dépistage par IRM est important chez les femmes ayant un tissu mammaire dense. Mais allons-nous exposer ces femmes à un risque accru de procédures sans contribuer à leur survie éventuelle?"

 

__________________

Par ailleurs, une autre étude :

 

La préoccupation concernant le dépistage par IRM supplémentaire est relayée dans une autre étude contrôlée sur l’IRM de dépistage pour le sein controlatéral des patientes atteintes du cancer du sein aux États-Unis.

(Wang SY, Long JB, Killelea BK, et al. Preoperative breast magnetic resonance imaging and contralateral breast cancer oc- currence among older women with breast cancer. J Clin Oncol 2016;34:321-8.)

Bien que l’incidence du cancer du sein invasif dans le sein controlatéral après la période de dépistage ait été plus faible avec le dépistage par IRM que sans dépistage, l’incidence globale du cancer du sein dans le groupe IRM était deux fois plus élevée que dans le groupe sans IRM, sans changement dans l’incidence du cancer au stade avancé pendant toute la période de suivi de cinq ans. Or c'est bien cette incidence qui rend compte de l'efficacité d'un dépistage ou pas.

Les chercheurs en ont conclu : «Une augmentation du taux de détection du cancer du sein controlatéral synchrone, attribuable à l'IRM, n'a pas été compensée par une diminution de la fréquence ultérieure du cancer du sein controlatéral chez les femmes âgées atteintes d'un cancer du sein à un stade précoce, ce qui suggère que l'IRM préopératoire chez les femmes atteintes d'un cancer du sein peut conduire à un surdiagnostic. "

 

 

 

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Etude des trois paires de pays comparés

Mortalité par cancer du sein dans des pays européens voisins, avec différents niveaux de dépistage mais accès au traitement similaire: analyse des tendances de la base de données sur la mortalité de l'OMS

Philippe Autier research director (International Prevention Research Institute), Mathieu Boniol senior statistician

(Northern Ireland Cancer Registry, Belfast, Northern Ireland, UK; Department of Public Health, Norwegian University of Science and Technology, Trondheim, Norway)

BMJ 2011;343:d4411 doi: 10.1136/bmj.d4411

https://www.bmj.com/content/343/bmj.d4411

 

 

La mortalité par cancer du sein est comparée (étude comparative non randomisée) en appariant les pays par paire, le deuxième pays ayant introduit son dépistage dix années plus tard.

Irlande du Nord (UK) 1990 /Irlande 2000

Suède 1986/Norvège 1996

PaysBas 1989/Belgique 2001

L'étude aboutit à la conclusion que la mortalité par cancer du sein diminue de façon similaire  malgré une différence considérable dans l’année d’introduction et la participation au dépistage. Il n'y a donc pas de lien entre l'activité du dépistage et la baisse de la mortalité. Le cancer invasif métastatique reste toujours aux mêmes taux. Une des meilleures preuves que ce dépistage n’est pas efficace.

De 1989 à 2006, les décès par cancer du sein ont diminué de 29% en Irlande du Nord et de 26% en République d’Irlande; de 25% aux Pays-Bas et de 20% en Belgique et de 25% en Flandre; de 16% en Suède et de 24% en Norvège. La tendance temporelle et l’année de l'inflexion à la baisse étaient similaires entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande et entre les Pays-Bas et la Flandre. En Suède, les taux de mortalité n’ont cessé de diminuer depuis 1972, sans inflexion jusqu’en 2006. Les pays de chaque paire avaient des services de soins de santé similaires et une prévalence des facteurs de risque de mortalité par cancer du sein, mais une mise en œuvre différente du dépistage par mammographie, avec un écart d’environ 10 à 15 ans.

 

Conclusion des auteurs :

 

Le contraste entre les différences temporelles dans la mise en œuvre du dépistage mammographique et la similitude dans les réductions de mortalité entre les paires de pays suggère que le dépistage n’a pas joué de rôle direct dans la réduction de la mortalité par cancer du sein.

 

 

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Le dépistage de masse du cancer du sein bafoue les valeurs éthiques et les principes fondamentaux du système de radioprotection

Par ANNETTE LEXA, Toxicologue PhD

20 OCTOBRE 2019

Le dépistage de masse du cancer du sein est un monstre technocratique inscrit dans la loi par arrêté ministériel. Il est censé reposer sur les 9 piliers des politiques de santé publique. Dans son écriture même, il bafoue le principe de connaissance [1]  selon lequel les objectifs et les actions doivent tenir compte des meilleures connaissances disponibles et réciproquement, la connaissance doit répondre aux besoins d'informations nécessaires pour éclairer les décisions. Or à ce jour aucune étude n’est venue valider l’efficacité du dépistage reposant exclusivement sur un dogme « plus un cancer est détecté tôt, mieux on en guérit » qui n’est pas validé dans la réalité puisque la mortalité n’a pas diminué depuis la mise en place du dispositif depuis plus de 25 ans.

Mais il y a pire. L’arrêté ministériel incite fortement les femmes a priori bien portantes de 50 ans et plus à être exposées régulièrement aux irradiations ionisantes de l’imagerie médicale (mammographie et tomographie de synthèse).

La Commission internationale de protection radiologique (CIPR) a édicté des principes et valeurs de la radioprotection afin de protéger les populations et les individus [2]. Ces grands principes et valeurs reposent sur l’utilisation réglementaire du modèle linéaire sans seuil qui reste une base prudente mais contestée[3] au regard des récentes découvertes de la radiobiologie. Ce modèle probabilistique repose sur la relation dose-effet qui postule que le nombre de cancers radio-induits varie de manière linéaire avec la dose reçue de manière irréversible et cumulative et  «sans seuil» en deçà duquel on puisse considérer qu'une exposition serait sans effet. Chaque particule ionisante traversant un organisme a une certaine probabilité de toucher l'ADN ; chaque impact provoque une mutation qui a une probabilité de passer à une étape menant au déclenchement de la prolifération cancéreuse. De ce fait la probabilité globale d'observer un cancer ne peut que croître linéairement avec la dose reçue. Or aujourd’hui nous savons qu’il existe une inégalité fondamentale entre individus. Chaque individu possède son propre seuil spécifique de tolérance aux rayons ionisants. Délivrer une même dose à tous alors qu’une fraction non négligeable (5 à 20%) de la population a un risque de cancer radioinduit 10 fois plus important que la normale n’est pas acceptable. [4]

 

Quelles sont les doses recommandées actuellement ?

Les doses recommandées ont été édictées en 1991 par la Commission internationale de protection radiologique (CIPR). Elles sont valables pour la population humaine entière et ne tient pas compte des susceptibilités inviduelles. La commission estime l’irradiation naturelle (radon, tellurique, cosmique) à 2.5 mSv/an, l’irradiation médicale moyenne à 1.2 à 2 mSv/an et le nucléaire civil à 0.2 mSv/an.

Tout le monde n’est pas égal car il existe des régions à radon et d’autres non, le radon représentant à lui seul 1.2mSv/an.

Par ailleurs, la consommation d’actes d’imagerie médicale explose avec 70 millions d’actes en France par an (3), et, toujours pour la France, la dose annuelle reçue pour le diagnostic médical est de 1 mSv/habitant/an en moyenne mais peut atteindre 20 mSv/an selon l’Académie de Médecine elle-même qui ne cache pas son inquiétude [5]. Les femmes en subissent plus que les hommes, du fait de l’obsession sociétale autour du sein, organe accessible mais sensible. Dans le cadre du dépistage de cancer du sein, une femme non malade et encore jeune peut en outre recevoir, dans un cabinet médical et à son insu, une tomographie de synthèse bien plus irradiante sans avoir été prévenue du risque encouru. Et nombre de femmes sont exposées dès 25-30 ans par le fait de praticiens imprudents.

Pour la population, la dose est limitée 5 mSv par an, le maximum tolérable sur la vie entière est de 70 mSv.

Or, les doses reçues au cour d’examens d’imagerie médicale peuvent amener à un dépassement de cette limite et ceci sans tenir compte des susceptibilité individuelles. Ainsi la surveillance de la scoliose chez les jeunes filles par le passé a généré une dose de 0. 11 Sv à la glande mammaire.

Cliquez sur image

Perez A-F, et al. Les faibles doses de radiations : vers une nouvelle lecture de l'évaluation du risque ? Bull Cancer (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.bulcan.2015.03.019

La mammographie génère 2 clichés de 2 mGy espacés de 3 minutes. Des cassures double brin (CDB) - source d'instabilité génique menant au développement des cancers - apparaissent dès 1mGy et l’effet est significatif vers 100-300 mGy. Les personnes radiosusceptibles présentant un retard de transit de la protéine de réparation ATM ne peuvent tout simplement pas réparer ou réparent mal ces CDB en moins de 3 minutes, et donc les CDB s’accumulent lors d’une mammographie. Le risque est d’autant plus élevé que la femme est jeune, ne connaît pas son statut de radiosusceptibilité et que l’examen est répété tous les ans ou tous les 2 ans. [6] (voir la bibliographie des travaux de Nicolas FORAY).

LES TROIS GRANDS PRINCIPES DU SYSTEME DE RADIOPROTECTION

- La justification qui stipule que toute décision de soumettre une personne à une source de rayonnements ionisants même la plus faible possible devrait faire plus de bien que de mal. Il faut obtenir un bénéfice suffisant pour compenser tout coût ou conséquence négative. Les sources de rayonnements ionisants ne doivent pas être utilisées s'il existe d'autres alternatives (par exemple, pas de radiographie si des résultats similaires sont obtenus avec une échographie, c'est au médecin et au radiologue de faire le compromis entre le bénéfice et le risque, le bénéfice qu’une personne retire de l'examen doit être supérieur au risque radiologique). Les praticiens restent les premiers responsables de la justification des actes qu’ils demandent ou qu’ils réalisent.

- L'optimisation des expositions à ces rayonnements  qui doit être au niveau le plus faible possible ;

- La limitation qui déclare que les expositions individuelles ne doivent pas dépasser les limites de doses recommandées par le CIPR afin d'éviter l'apparition d’effets stochastiques (= aléatoires). Chaque pays définit des limites réglementaires en fonction des recommandations de la CIPR.

  

LES VALEURS ÉTHIQUES ESSENTIELLES À LA BASE DU SYSTÈME DE PROTECTION RADIOLOGIQUE (2)[7]

 

Bienveillance et non-malveillance 

Bienveillance signifie faire le bien, et non-malveillance signifie ne pas faire du mal. Ces deux valeurs éthiques liées ont une longue histoire dans la philosophie morale, remontant au serment d'Hippocrate, qui exige qu'un médecin fasse le bien et évite de nuire. L’utilisation de radiations, bien que couplées à certains risques peuvent sans aucun doute avoir des conséquences souhaitables, telles que l’amélioration des diagnostics et la thérapie anti-cancéreuse en médecine. Mais ceux-ci doivent être pesés contre les conséquences néfastes. L’un des principaux défis en matière de bienveillance et de non malveillance est de savoir comment mesurer les avantages versus les dommages et les risques encourus. De plus une telle évaluation doit être faite en toute transparence.

Prudence

La prudence est la capacité de faire des choix éclairés et soigneusement pesés dans la pleine connaissance de la portée et des conséquences des actions. C'est aussi la capacité de choisir et d'agir sur ce qui est en notre pouvoir de faire et de ne pas faire.

Justice

La justice est généralement définie comme une équité dans la répartition des avantages et des inconvénients : indemnisation équitable des pertes (réparation), équité des règles et procédures dans les processus de prise de décision. En premier lieu, le principe d’équité dans les situations reflète les circonstances personnelles dans lesquelles les personnes sont impliquées. C’est le rôle des limitations réglementaires des doses, du respect des protocoles afin de réduire les expositions chez des individus soumis à la même exposition irradiante(voir l’affaire des irradiés de Toul).

L’inégalité peut être également vue comme l’inéquité entre les doses reçues chez les femmes non malades dépistées, particulièrement les plus jeunes, par rapport aux femmes non malades et non dépistées donc moins irradiées.

 

Dignité

La dignité est un attribut de la condition humaine. Cela signifie que chaque individu mérite le respect inconditionnel, quels que soient l'âge, le sexe, la santé, la condition sociale, l'origine ethnique et ou la religion. C’est le principe de la Déclaration universelle des droits de l'Homme qui stipule que tous les Hommes naissent libres et égaux en dignité et en droits.

L'autonomie personnelle est un corollaire de la dignité humaine : les individus ont la capacité d’agir librement afin de pouvoir de prendre des décisions éclairées. Ce principe se retrouve dans le «consentement éclairé» en médecine, principe selon lequel une personne a le droit d'accepter le risque volontairement et a un droit égal de ne pas accepter. Ce consentement éclairé revêt une importance capitale dès lors qu’il ne s’agit pas de patient atteint de maladie grave mais de personne encore jeune et non malade que l’on incite à un dépistage de cancer  et que la probabilité qu’elle ne soit atteinte est très faible.

  

LES VALEURS PROCEDURALES DU SYSTEME DE RADIOPROTECTION

- La responsabilité : les personnes responsables de la prise de décision doivent répondre de leurs actes devant tous ceux qui risquent d'être affectés par ces actions. En terme de gouvernance, cela signifie l’obligation des individus ou des organisations à rendre compte de leurs activités, à assumer leurs responsabilités et à être prêtes à rendre des comptes.

==> Les commanditaires de l’étude MyPebs, qui s’est donné pour objectif de recruter des femmes de 40 ans et plus afin de comparer le dépistage de masse et une forme de dépistage personnalisé, devront rendre des comptes en terme de radioprotection et assumer leur responsabilité le moment venu ( et nous y veillerons) .

- La transparence signifie “ouverture aux décisions et aux activités qui affectent la société, l’économie

et l’environnement et volonté de les communiquer de manière claire, précise, rapide, honnête ».

La transparence ne signifie pas simplement communication ou consultations, elle signifie accessibilité aux informations sur les activités, les délibérations et les décisions en jeu et honnêteté avec laquelle cette information est transmise. Cette transparence suppose que toutes les informations pertinentes soient fournies aux personnes concernées.

Ainsi le consentement éclairé a été développé dans le contexte de l'éthique médicale. Les éléments préalables du consentement éclairé incluent :

- des informations (qui devraient être appropriées et suffisantes)

- la compréhension

- le volontariat (éviter toute influence indue)

- le tout associé au droit de refus et de retrait (sans aucun préjudice comme l’idée qui avait germé dans les cerveaux malades de quelques- uns dans les années 90, de retirer leurs droits sociaux aux femmes qui ne se feraient pas dépister).

Pour les personnes vulnérables, aux compétences limitées ou diminuées (personnes handicapées, en prison, internées en hôpital psychiatrique, etc.),  pour les personnes faibles sous influence  de médecins pratiquant le chantage ou la menace, pour les femmes enceintes, une protection supplémentaire à la fois en termes de consentement et d'évaluation stricte du rapport bénéfice / risque est  doublement nécessaire. Or l‘Arrêté de 2006 [8] (7) est allé jusqu’à inciter les fonctionnaires territoriaux à recruter, sans information sur le risque radio induit, des femmes vivant en forêt guyanaise, handicapées, en prison, afin de faire augmenter le pourcentage de participation du dépistage de masse du cancer du sein, ce qui est un abus de faiblesse évident.

==>   En ne communiquant pas, avec les femmes concernées, de manière honnête transparente sur le risque radio-induit et sur l’inégalité intrinsèque de risque individuel associé, le dépistage de masse du cancer de sein ne respecte pas cette valeur éthique.

Pire, l’étude My Pebs (https://cancer-rose.fr/my-pebs/), financée par de l’argent public au niveau européen, ne respecte pas cette valeur éthique élémentaire, puisqu’il est à ce jour impossible de disposer librement du protocole et que les femmes recrutées ne sont pas informées du risque individuel radio-induit, d’autant plus qu’elles sont plus jeunes (inclusion prévue dès 40 ans).

-L’ inclusivité

C’est la participation des parties prenantes, qui implique toutes les parties concernées aux processus décisionnels liés à la radioprotection.

==>La concertation citoyenne de 2016 n’a bien évidemment pas respecté cette valeur fondamentale de la radioprotection.

CONCLUSION

En exposant les femmes non malades aux rayons ionisants (mammographie, tomographie..), le dépistage de masse bafoue les principes de justification, optimisation et limitation du système de radioprotection tels qu’ils existent actuellement, c’est-à-dire sans tenir compte de l’inégalité individuelle.

Tellement obnubilé par la promesse d’un bénéfice fantasmé, le dépistage est devenu aveugle au risque inconsidéré qu’il fait courir aux femmes non malades en les soumettant à des examens inutiles, des technologies dangereuses (tomographies) et sans tenir compte d’autres doses possiblement reçues dans l’année.

Le dépistage de masse – et son extension sauvage aux femmes jeunes - bafoue les valeurs éthiques fondamentales du système de radioprotection qui sont la non malveillance, la prudence, la justice (inégalité individuelle face aux irradiations), la transparence (absence de communication sur le risque individuel) et l’inclusivité dans les processus de participation.

Il en est de même de l’étude My Pebs qui entend recruter 85 000 femmes dites « volontaires » sans les informer loyalement du risque radioinduit, au mépris des plus élémentaires valeurs du système de radioprotection.

  • Mais pourquoi tant de malvaillance et si peu d’éthique me direz vous ?
  • Parce que la nature a horreur du vide,
  • Parce que l’idée de ne rien faire est insupportable à notre société marchande,
  • Parce que la France déteste l’idée de citoyen.nes ayant la capacité d’agir librement afin de pouvoir de prendre des décisions éclairées,
  • Parce que l’appât du gain passe outre le principe de non-malveillance, de prudence, de dignité et d’égalité face au risque radio-induit
  • Parce qu’il existe des lobbies (Europa Donna, etc.)
  • Parce que les femmes ont une propension à la soumission à l’autorité médicale dont elles peinent à s’émanciper et ça, le marché le sait.

BIBLIOGRAPHIE

[1] Plaidoyer pour l’abrogation de l’arrêté ministériel du 29 septembre 2006 encadrant le dépistage du cancer du sein , Annette LEXA
, 2016.

https://cancer-rose.fr/2016/11/05/article-pour-labrogation-de-larrete-de-2006/

[2] ICRP, 201X. Ethical foundations of the system of 37 radiological protection. ICRP Publication 1XX. Ann. ICRP XX(X), 1–XX.

http://www.icrp.org/docs/TG94%20Draft%20for%20Public%20Consultation%20(20April2017).pdf

[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Lin%C3%A9aire_sans_seuil

- Argument en faveur du modèle linéaire sans seuil : Des études épidémiologiques ont démontré une augmentation du risque de cancer pour des doses de 10 mGy. L’effet cancérogène de doses de l’ordre de 10 mSv est prouvé chez l’homme. À partir de 10 mGy, la relation linéaire sans seuil rend compte de manière correcte de la relation dose-effet dans la cohorte d’Hiroshima et Nagasaki. Aux doses inférieures à 10 mSv, les cellules irradiées ne sont traversées que par une seule trajectoire et l'effet de chaque trajectoire est un évènement stochastique indépendant. La nature des lésions ainsi causées et la probabilité de réparation et d’élimination  des cellules lésées ne dépendent ni de la dose ni du débit. La probabilité pour qu’une cellule initiée donne naissance à un cancer n’est pas influencée par les lésions dans les cellules voisines ou les tissus adjacents.

- Une partie des arguments en sa faveur ont perdu de leur valeur, en raison notamment de nombreux résultats issus des laboratoires de radiobiologie: Même si les ionisations sont indépendantes, il peut y avoir des effets de groupe via des mécanismes de communication cellulaire; L'efficacité de la réparation des dommages chromosomiques dépend directement du débit de dose, avec la possibilité d'une hypersensibilité aux radiations à très bas débit ; Le développement d'un cancer ne dépend pas seulement d'une cellule isolée mais également des tissus voisins, qui peuvent contribuer à ce qu'elle échappe au système immunitaire ; Les effets d'une irradiation à un instant donné peuvent dépendre d'irradiations précédentes (réponse adaptative).

A ces arguments contre, il faut désormais rajouter la susceptibilité  individuelle  (génétique et epigénétique) conduisant une part non négligeable de la population (environ 20%) à un risque de cancer radio induit en fonction de son propre seuil de tolérance, jusqu’alors négligée dans les études qui mêlent cancer radio induit et cancer spontanée avec l’âge.

[4] MODULE NATIONAL D'ENSEIGNEMENT DE RADIOPROTECTION DU DES DE RADIOLOGIE, Principes et mise en œuvre de la radioprotection, Drs J.F. Chateil, H. Ducou Le Pointe et D. Sirinelli, 2010. http://www.sfrnet.org/data/upload/files/10_objectifs_et_principes.pdf

[5] De l’usage des Rayons X en radiologie (diagnostique et interventionnelle), à l’exclusion de la radiothérapie. Rapport et recommandations. Dubousset J., Académie Nationale de Médecine, 2016. http://www.academie-medecine.fr/de-lusage-des-rayons-x-en-radiologie-diagnostique-et-interventionnelle-a-lexclusion-de-la-radiotherapie-rapport-et-recommandations/

[6] Test prédictif des réactions à la radiothérapie : des femmes en grand danger, Annette LEXA, 2017.

https://cancer-rose.fr/2017/11/20/test-predictif-des-reactions-a-la-radiotherapie-des-femmes-en-grand-danger/

[7] Radiotoxicité et dépistage de cancer du sein : prudence, prudence, prudence,  Annette LEXA, 2019.

https://cancer-rose.fr/2019/07/18/radiotoxicite-et-depistage-de-cancer-du-sein-prudence-prudence-prudence/

[8] Arrêté du 29 septembre 2006 relatif aux programmes de dépistage des cancers

https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000460656

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Un parfum de Mediator

Par Dr Marc Gourmelon, 15 oct 2019

 

Alors que le procès du Médiator a débuté et va durer 6 mois, une question que tout le monde se pose est de savoir si le Médiator est une exception dans le monde de la santé ou si il existe actuellement des potentiels « Médiator » ?

A cette question je répondrai que oui, bien évidement.

Je ne vais pas faire la liste des « Médiator » aujourd’hui en « activité » mais exposer un examen médical actuel qui est en tout point comparable à ce qu’était le Médiator.

 

Il ne s’agit pas d’un médicament mais du dépistage du cancer du sein par mammographie et cela à partir de 30 ans.

 

Vous avez peut-être lu dans un journal people qu’une « célébrité » avait réalisé sa première mammographie à l’âge de 31 ans et que « le dépistage est important ».

Vous pouvez retrouver cet article en suivant ce lien :

https://www.closermag.fr/people/cancer-du-sein-caroline-receveur-rappelle-que-le-depistage-est-important-et-reve-1023976

« L'influenceuse Caroline Receveur le sait bien et a donc pris la décision, à seulement 31 ans, de se faire dépister du cancer du sein »

Ce type de message est « criminel ».

Pourquoi ?

Parce que le dépistage du cancer du sein par mammographie n’est conseillé qu’à partir de 50 ans ;

  • avant cette date le tissu mammaire est particulièrement sensible aux effets des radiations ionisantes des mammographies en multipliant les risques de développer un cancer du sein radio-induit (cancer provoqué par la réalisation de mammographie).[1] [2]
  • Les autorités qui font la promotion du dépistage du cancer du sein savent de plus qu’avant 50 ans, le dépistage n’apporte aucun bénéfice.[3]

Ces deux raisons font que le dépistage n’est recommandé par les autorités qu’à partir de 50 ans. Et cela dans tous les pays qui recommandent ce dépistage. Aucun pays ne recommande le dépistage à partir de 30 ans.

 

Avant 50 ans, réaliser des mammographies de dépistage n’apporte aucun bénéfice et est susceptible de provoquer ce cancer que l’on veut justement « éradiquer ».

 

Nous avons donc les même ingrédients qui ont conduit au scandale du Médiator :

1) Une « intervention » inutile et qui fait courir un risque grave et même mortel à ceux qui s’y soumettent.

2) Des messages qui sont essentiellement marketing, sans aucun fondement scientifique.

3) Une absence totale d’information sur les risques encourus, risques qui sont occultés voire niés.

4) Un mutisme total des autorités sur le sujet et qui plus est, un laisser faire.

5) Des médecins qui prescrivent par ignorance mais plus vraisemblablement par lien d’intérêt, non plus avec le laboratoire Servier, mais avec « l’église de dépistologie ».

La différence avec le Médiator qui, lui, détruisait les valves cardiaques des patientes qui le prenaient, est que la conséquence de la mammographie de dépistage n’apparaît pas, car les cancers induits sont noyés dans ceux découverts et ne présentent pas de spécificité qui permette de les identifier en tant que tels.

 

Faudra-t-il, comme pour le Médiator attendre plus de 30 ans pour que la radiotoxicité des mammographies de dépistage surtout pratiquées chez des jeunes femmes soit prise en compte ?

 

Quand on lit ce type d’article, quand on lit des témoignages de patientes à qui leur gynécologue leur préconisent le dépistage du cancer du sein par mammographie dès 30 ans, que les autorités sont absolument muettes sur le sujet, il est clair que le scandale du Médiator n’a pas permis la moindre prise de conscience des dérives du système de santé.

Comme pour le Médiator, les médecins qui prescrivent ces mammographies dès 30 ans, diront-ils qu’ils ne savaient pas ?[4] [5]Diront-ils aussi qu’ils ignoraient que l’échographie peut permettre une surveillance sans risque, pour les seins des jeunes femmes ?[6]

Aujourd’hui, il est temps que les femmes soient informées de ces dérives.

Il est temps qu’elles puissent savoir combien nombres de médecins et de médias les manipulent, et que les mammographies de dépistage ne sont pas sans risque. [7]

Pour assumer un risque, il faut par ailleurs qu’il y ait un bénéfice, ce qui n’est absolument pas le cas pour les femmes jeunes, si tant est qu’il y ait un bénéfice après 50 ans, ce qui reste encore à démontrer.

Pourquoi de tels mensonges, un tel manque d’information de la part des professionnels de santé, un tel mutisme des autorités ?

 

Bibliographie

 

[1] https://its.aviesan.fr/getlibrarypublicfile.php/cd704e89988a4e3bcf2e1217566876cf/inserm/_/collection_library/201800012/0001/J1-098ITS-2017.foray.lyon.ITMO.TS..21.nov.2017.pdf.pdf

 

[2] https://www.irsn.fr/GT-CIPR/Documents/15-05-2014/GT-CIPR_15-05-2014_3-Bourguignon.pdf

 

[3] https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Se-faire-depister/Depistage-du-cancer-du-sein/De-50-a-74-ans/Le-programme-de-depistage-les-reponses-a-vos-questions

 

[4] http://www.icrp.org/docs/TG94%20Draft%20for%20Public%20Consultation%20(20April2017).pdf

 

[5] https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/09553002.2019.1665210?scroll=top&needAccess=true

 

[6] https://www.allodocteurs.fr/maladies/cancer/cancer-du-sein/cancer-du-sein-l-echo-plus-efficace-que-la-mammo-chez-les-femmes-jeunes_8522.html

 

[7] https://cancer-rose.fr/2019/08/29/communique-de-presse-livre-b-duperray-depistage-du-cancer-du-sein-la-grande-illusion

 

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