Le dépistage mammographique : un enjeu majeur en médecine 

Auteurs : Philippe Autier, Matthieu Boniol *

Résumé, C.Bour

3 janvier 2018

*Institut universitaire de Strathclyde de la Santé publique mondiale à l’IPRI, Institut européen de recherche Prévention, Espace Européen, Bâtiment G, Allée Claude Debussy, 69130 Lyon Ecully, France

*Institut international de recherche en prévention (iPRI), 95 Cours Lafayette, 69006 Lyon, France

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959804917313850

Dans cette publication à paraître dans le European Journal of Cancer de février, les auteurs dressent un bilan complet du dépistage mammographique sous plusieurs aspects : efficacité, critères d’évaluation de son efficacité, aspect économique, surdiagnostic, surtraitement, critique de la méthodologie des études qui ont fondé les premières campagnes, histoire naturelle de la maladie, dépistage, femmes à haut risque etc… et ils effectuent une comparaison avec les dépistages qui, selon eux, sont efficaces en terme de réduction de mortalité, à savoir le cancer du col de l’utérus et celui du colon, afin d’analyser pourquoi en matière de cancer du sein le dépistage s’est soldé par l’échec que nous connaissons aujourd’hui.

Une comparaison est présentée également avec le cas du dépistage du neuroblastome, qui s’est achevé dans une impasse analogue à celle du dépistage du cancer du sein, en raison de similitudes des caractéristiques épidémiologiques du dépistage de ce cancer.

Les points forts

  • Après 20 à 30 ans de dépistage par mammographie, les taux d’incidence du cancer du sein avancé et métastatique sont demeurés stables.
  • Les taux de mortalité par cancer du sein n’ont pas diminué plus rapidement dans les régions où la mammographie de dépistage est en place, depuis la fin des années 1980.
  • Un tiers à la moitié des cancers du sein détectés par mammographie n’auraient pas été symptomatiques durant la vie (surdiagnostic).
  • Les essais randomisés de dépistage du cancer du sein ont adopté des méthodes distinctives qui ont conduit à exagérer l’efficacité du dépistage.
  • L’influence du dépistage par mammographie sur la mortalité diminue avec l’efficacité croissante des thérapies contre le cancer.

Deux indicateurs d’efficacité d’un dépistage

Les méthodes d’évaluation de l’efficacité du dépistage du cancer reposent sur :

  • la surveillance des taux d’incidence ajustés selon l’âge des cancers avancés qui devraient diminuer après l’introduction du dépistage.
  • les taux de mortalité spécifiques au cancer devraient diminuer plus rapidement dans les zones où le dépistage est effectué que dans les zones où les niveaux de dépistage sont inférieurs, mais où la prise en charge des patients est similaire.

Or l’accumulation des données épidémiologiques montre que dans les populations où le dépistage par mammographie est largement répandu depuis longtemps, l’incidence des cancers avancés n’a connu que peu ou pas de diminution, et que les réductions de la mortalité par cancer du sein sont similaires dans les régions à introduction précoce et forte pénétration du dépistage comme dans les zones présentant une introduction tardive et une faible pénétration du dépistage. Les réductions des taux de mortalité par cancer sur les différents essais randomisés devaient être proportionnelles aux réductions des taux des cancer avancés, ce qui n’a pas été le cas, de plus nous sommes devant un problème inattendu de surdiagnostic important avec comme corollaire un surtraitement, comme le prouve l’augmentation du taux des mastectomies radicales constaté dans de nombreux pays. (voir 12 études sur la non-diminution des cancers avancés [1].

Parallélisme avec l’histoire du neuroblastome :

Le dépistage du neuroblastome chez les enfants a été abandonnée au début des années 2000 parce que ces deux critères d’efficacité n’étaient pas remplis. En outre, le surdiagnostic – c’est-à-dire la détection de neuroblastomes occultes non évolutifs qui n’auraient pas mis en danger le sujet au cours de sa vie – est une conséquence indésirable majeure du dépistage.

l’image épidémiologique du dépistage mammographique ressemble étroitement à celle du dépistage du neuroblastome.

Bilan des premiers essais, les études

Les défenseurs du dépistage du cancer du sein ont favorisé les études qui donnaient des résultats compatibles avec les résultats des premiers essais (essai de New York [2]et des deux comtés suédois [3]), tout en minimisant le surdiagnostic. Ces essais n’avaient jamais été contestés, mais une ré-évaluation effectuée par les auteurs de cette publication montre des problèmes majeurs (4 essentiellement) de méthodologie, qui permettait aux défenseurs du dépistage une surestimation notable du bénéfice en terme de réduction de mortalité et une minimisation du surdiagnostic.

Des études dites IBM [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] (basées sur l’incidence de la mortalité par cancer du sein) comparaient la mortalité par cancer du sein dans les populations dépistées et non dépistées sur une période donnée. Ces études basées sur l’incidence de la mortalité par cancer du sein et sur les études cas-témoins ont été ensuite utilisées pour évaluer l’efficacité du dépistage. Mais elles sont entachées de contradictions.

Elles comportaient un fort biais « écologique » et ne correspondaient pas aux critères méthodologiques définis par le Manuel du CIRC publié en 2002 [12]. Des ajustements sont nécessaires dans ces études (sur le lead time et sur l’augmentation de l’incidence du cancer du sein), de plus deux études IBM norvégiennes qui étaient les plus conformes réf 4,8 aux critères du CIRC n’ont trouvé aucune influence significative de la mammographie de dépistage sur le risque de décès par cancer du sein.

Deux contradictions se font jour : comment le dépistage peut-il être efficace lorsque, dans les populations où la plupart des femmes ont participé à la mammographie de dépistage pendant des décennies, les taux d’incidence des cancers du sein avancés n’ont pas du tout ou modérément diminué ? Les promoteurs de dépistage ont néanmoins tenté de montrer que de telles baisses des taux de cancer avancés sont effectivement observées, mais les méthodologies ne sont pas appropriées. Une autre contradiction est l’impossibilité de concilier les étonnantes réductions de mortalité mises en avant, de 25 à 31% de la mortalité par cancer du sein, avec l’absence de réduction réelle observée de la mortalité par cancer du sein dans les pays qui ont rapidement adopté le dépistage de masse.

Un autre problème non élucidé est l’histoire naturelle du cancer. Chaque petit cancer du sein asymptomatique détecté lors du dépistage ne devient pas automatiquement un cancer du sein avancé symptomatique. Et un cancer grave de haut grade n’est pas issu d’un petit dont l’anticipation eut évité sa gravité. Malheureusement, les données actuelles indiquent que la capacité de la mammographie de dépistage est limitée pour détecter ces cancers du sein de stades plus avancés. Nous ignorons les schémas de croissance du cancer du sein et des mécanismes impliqués dans la propagation métastatique, contrairement à un principe fondamental avant toute mise en place d’un dépistage, à savoir que l’histoire naturelle de la maladiey compris le développement de la maladie latente à la maladie déclaréedoit être bien connue».

Résumons :

Les premiers essais suédois ont surestimé les réductions de la mortalité par cancer du sein associées au dépistage, en partie à cause de biais dans les analyses statistiques, certains sciemment comme la sous-déclaration du cancer du sein dans les groupes sélectionnés. D’autre part de nombreux modèles supposaient que si le dépistage n’avait pas lieu, la majorité des cancers asymptomatiques détectés par dépistage auraient évolué vers des cancers avancés symptomatiques. L’accumulation de données démographiques dans des populations bien sélectionnées infirme la pertinence de ces modèles initialement admis, basés sur une évolution linéaire de la maladie. Les promoteurs du dépistage ont volontairement répudié des études qui ne montraient pas de déclin de la mortalité à l’instar du Groupe Euroscreen convoqué par le CIRC pour une évaluation du dispositif en 2015 [13].

Mais depuis, bien des études majeures, indépendantes et de grande ampleur (de Harding aux USA 2015 [14] [15] ou d’impact de Bleyer et Miller[16] [17] ) ont rajouté d’autres preuves d’une efficacité du dépistage par mammographie contestable, mineure, en tous les cas ne correspondant pas à ce qui était escompté.

L’exemple des Pays Bas 

étude Autier, Pays Bas

analyse étude Pays Bas

Aux Pays-Bas, à partir de 1988, le programme national de dépistage du cancer du sein a invité les femmes de 50 à 75 ans à subir un dépistage mammographique bisannuel avec une participation des femmes toujours importante, aux environ de 80%. Malgré une participation élevée au dépistage pendant 23 ans, l’incidence des cancers du sein de stade II-IV n’a pas changé au fil du temps chez les femmes de 50 ans et plus, allant de 168 pour 100 000 en 1989 à 166 pour 100 000 en 2012.

Le programme de dépistage mammographique hollandais n’aura eu qu’un effet marginal sur la mortalité par cancer du sein.

On retrouve des résultats analogues dans d’autres études (Europe, USA, Australie) ; de plus aucune association n’a été trouvée entre l’ampleur des tendances à la baisse de la mortalité par cancer du sein et le moment de la mise en œuvre du dépistage par mammographie dans les différents États des États-Unis comme l’atteste l’étude d’impact de Bleyer et Miller réf 16 17.

Selon les auteurs, les études de population utilisant divers modèles fourniraient des preuves convaincantes que ce sont plutôt les progrès thérapeutiques qui ont une influence favorable sur la mortalité par cancer du sein.

Particularité des cancers détectés lors du dépistage mammographique, des cancers moins agressifs et de meilleur pronostic sont sélectionnés.

La mammographie présente une sensibilité élevée pour les cancers canalaires in situ par exemple et une sensibilité relativement faible pour certains cancers agressifs comme le cancer du sein ‘triple négatif ‘ [18] [19]. La mammographie ne détecte pratiquement pas  les carcinomes lobulaires in situ ou invasifs qui représentent 8-14% de tous les cancers du sein [20] . Les carcinomes lobulaires s’infiltrent dans les tissus sans former de masses, ce qui rend difficile leur détection par mammographie.

Comparativement aux cancers d’intervalle, c.à d. ceux qui progressent vite entre deux mammographies et qui présentent des caractéristiques agressives, les cancers invasifs détectés par mammographie présentent, eux, les caractéristiques cliniques et anatomo-pathologiques de tumeurs moins agressives. De plus, après examen des caractéristiques de ces tumeurs et de l’extension de la maladie au moment du diagnostic, le risque de mourir d’un cancer du sein dépisté est inférieur au risque de décéder d’un cancer d’intervalle. [21] [22] [23].

Ainsi, le fait qu’un cancer du sein ait été détecté par mammographie est en soi un bon facteur pronostique. Par conséquent, la méthode de détection doit être considérée pour estimer le pronostic d’un patient [24].

Les lésions « précurseurs »

Le modèle chronologique d’étapes successives décrit assez bien la progression du tissu normal vers la lésion bénigne puis vers la tumeur maligne qu’on observe dans la majorité des cancers colorectaux et cervicaux. On pensait que le modèle s’appliquerait également à d’autres cancers, y compris au cancer du sein.

Cependant, les observations épidémiologiques et cliniques, telles que l’incidence stable du cancer du sein métastatique (c.-à-d. stade IV) dans des populations bien dépistées, remettent en question la validité de ce modèle pour décrire l’évolution naturelle de nombreux cancers du sein. Ces observations concordent plutôt avec l’hypothèse d’une « palette de cancers » selon laquelle les cancers du sein consisteraient en un ensemble de lésions malignes très hétérogènes dans leur capacité à envahir les tissus environnants et à métastaser vers les ganglions lymphatiques ou vers les organes distants.[25]

La plupart de ces lésions constitueraient un réservoir de tumeurs asymptomatiques qui resteraient indolentes ou se développeraient lentement, avec une progression peu fréquente vers une maladie symptomatique. En raison de leur longue période infra-clinique détectable (c’est-à-dire le temps de séjour sans signe clinique dans le sein), ces lésions seraient les principales découvertes par la mammographie de dépistage et d’autres techniques d’imagerie du sein [26].

À l’autre extrémité de la palette, les tumeurs à fort potentiel métastatique se développeraient rapidement et des métastases seraient déjà présentes dans les ganglions lymphatiques et les organes distants lorsque la tumeur est dépistée.[27]

En raison de leur courte durée de séjour du cancer d’évolution rapide et agressif, la fenêtre d’opportunité pour sa détection avant sa propagation métastatique serait très étroite.

Le grade, la taille et le stade pourraient refléter le potentiel malin intrinsèque d’un cancer. Puisque les cancers de haut grade se développent et métastasent rapidement, leur taille au diagnostic est généralement plus grande que celle des cancers de bas grade qui se développent lentement et ne sont pas destinés à métastaser.

Surdiagnostic

Le surdiagnostic du cancer correspond à l’excès de cancers chez les femmes invitées au dépistage divisé par le nombre total de cancers qui auraient été diagnostiqués en l’absence de dépistage (sur une population de même profil, de même tranche d’âge, sans dépistage).

Un surdiagnostic survient chez les femmes participant au dépistage.

Si on calcule le surdiagnostic en utilisant le nombre de cancers détectés au dépistage comme dénominateur, alors pour 100 cancers du sein dépistés par dépistage, 30 à 50 seraient surdiagnostiqués.[28] [29]

Une observation intéressante est que les cancers d’intervalle ne sont pas plus mortels comparativement aux cancers du sein diagnostiqués en l’absence du dépistage, et ils n’ont pas non plus de caractéristiques cliniques et anatomo-pathologiques plus agressives. [30] [31] 

Si les cancers d’intervalle sont similaires aux cancers diagnostiqués en l’absence de tout dépistage, et si les cancers dépistés ont en moyenne un meilleur pronostic que les cancers d’intervalle, il s’ensuit logiquement qu’une proportion de cancers dépistés sont des cancers non mortels qui n’auraient jamais été symptomatiques durant la vie de la femme. Ces lésions ont les caractéristiques morphologiques de cancer au microscope, mais seraient restées asymptomatiques au cours de la vie de la femme si le dépistage n’avait pas eu lieu. Ce phénomène est appelé «surdiagnostic», est mis en évidence en premier lieu par l’expérience d’Oslo en comparant un groupe de femmes non dépistées à un groupe de femmes dépistées, dans lequel on a recueilli 22% de cancers en excès (NDLR, Zahl P-H, Gøtzsche PC, mæhlen J. Natural history of breast cancers detected in the Swedish mammography screening programme: a cohort study. The Lancet Oncology. 2011 Nov;12(12):1118–24.).

Les premières évaluations, celle canadienne de Miller [32] et celle d’Oslo [33] ne tenaient compte uniquement que des cancers invasifs seuls, sans chiffrage des cancers in situ. Or cette catégorie est également très pourvoyeuse de surdiagnostic, d’autant qu’on sait que leur traitement n’empêche ni la survenue de cancers invasifs, ni ne réduit leur récidive (voir chapitre suivant sur les CIS).

La baisse soudaine de l’incidence en 2002 a coïncidé avec l’abandon massif du traitement hormonal substitutif après la publication de l’essai Women’s Health Initiative [34]. L’incidence du CCIS chez les femmes âgées de 50 ans et plus est passée de 10 pour 100 000 dans les années 1980 à environ 90 pour 100 000 dans les années 2000. L’incidence excédentaire en 2008 aux États-Unis a été estimée à 31% de tous les cancers du sein diagnostiqués, constitués principalement de CCIS et de cancers de stade I. [35]

Si une grande proportion des cancers du sein excédentaires diagnostiqués après 1986 était due à des progrès dans le diagnostic, on aurait dû alors observer des baisses proportionnelles des taux d’incidence chez les femmes plus âgées.

Le dépistage par mammographie ou par d’autres modalités d’imagerie détecte préférentiellement ces lésions non ou peu agressives. C’est par exemple le cas de la plupart des CCIS de bas grade, mais aussi des lésions épithéliales atypiques. L’évolution naturelle de ces lésions est mal connue. Mais, dans l’hypothèse qu’un cancer se développe plus tard, les médecins sont enclins à traiter la plupart de ces anomalies.

Les CIS (carcinomes in situ)

Ils représentent un surdiagnostic parce que ces lésions sont traitées malgré la mauvaise connaissance que nous avons de leur évolution à long terme. Les essais et études montrent que la plus grande détection de CIS n’a pas contribué à la réduction de la mortalité par cancer du sein. Avant l’ère du dépistage, le CIS représentait moins de 5% de tous les cancers du sein. Dans les régions où la mammographie de dépistage est répandue, 15 à 20% des cancers du sein sont des CIS.[36]

De plus on manque d’un réel consensus parmi les anatomo-pathologistes pour le classement de ces lésions lors des biopsies, avec une tendance à les surclasser dans des catégories de pronostic plus défavorables, de peur de sous-estimer une maladie.[37]

la plupart des CIS sont des précurseurs non obligatoires du cancer invasif, car l’augmentation spectaculaire de leur détection suivie de leur ablation chirurgicale n’a pas été suivie de baisses proportionnelles de l’incidence des cancers invasifs [38] [39] .

Les conséquences à long terme du surtraitement peuvent mettre la vie des femmes en danger. Par exemple, la radiothérapie faite sur ces lésions semble incapable de réduire le risque de décès par cancer du sein, mais elle est associée à une augmentation dose-dépendante (10-100% sur 20 ans) du taux d’événements coronariens majeurs.[40]

Le surdiagnostic a également un effet perturbateur considérable sur l’interprétation des résultats cliniques exprimés en pourcentages (au lieu de taux bruts) ou en tant que survie globale (au lieu des taux de mortalité ou de survie spécifique au stade), améliorant artificiellement ces données qui ne reflètent en aucun cas l’efficacité d’un dépistage.

Surtraitement, les mastectomies

Dans les essais randomisés, les taux de mastectomie radicale étaient les plus élevés chez les femmes invitées au dépistage. Aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, les taux de mastectomie radicale ont augmenté dans les années qui ont suivi l’introduction des programmes de dépistage. Aux Etats-Unis, un rebond du taux de mastectomies radicales a été observé depuis 2005. [41] [42] [43] [44] [45] [46]

La reprise des mastectomies radicales a été encouragée par l’utilisation de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) préopératoire pour évaluer l’étendue du cancer et rechercher des lésions malignes dans le sein controlatéral ou de multifocalité. L’IRM tend à découvrir des foyers cancéreux satellites, mais le devenir clinique de ces foyers est inconnu. Les examens multiples attestent de la balance bénéficerisque défavorable de l’IRM préopératoire.[47] [48]

NDLR : voir notre étude sur les mastectomies en France, publiée dans le numéro d’octobre 2017 de la Revue Médecine, à retrouver ici :

Etude dans Médecine/oct 2017

Avec l’analyse ici : analyse étude CR

L’effet du traitement

Une étude récente de Pr Autier suggère que l’accessibilité aux traitements adjuvants et chimiothérapeutiques efficaces modifie la réduction du risque de décès par cancer du sein initialement rapportée par les essais randomisés. [49]

En conséquence, le nombre de femmes nécessaires à dépister pour retrouver un décès évité par cancer du sein augmente avec l’arrivée de traitements efficaces.

Autrement dit, la capacité de réduire la mortalité par cancer du sein imputable aux traitements rend d’autant plus négligeable et inexistante celle du dépistage et il faudra dépister encore plus de femmes pour parvenir à dégager un décès évité qui le serait par le fait qu’on ait dépisté plutôt que par le fait des traitements disponibles.

Le déséquilibre entre l’efficacité du dépistage et le surdiagnostic augmente l’existence de traitements puissants à réduire à eux seuls la mortalité par cancer du sein.

Critique de la technique

Une lecture critique de la littérature démontre rapidement que la plupart des études sont basées sur des conceptions à court terme axées sur la capacité des différentes technologies de détecter des lésions asymptomatiques étiquetées «cancer» après l’étude sous microscopie. En outre, de nombreuses études ont malheureusement considéré des pourcentages de lésions selon la taille, ou des pourcentages de stades plus favorables des cancers détectés, et ont rapporté aux statistiques de survie globale. Ces résultats ne sont pas adéquats pour évaluer l’efficacité du dépistage, puisque nous avons vu que la sur-détection concerne plus favorablement les bas stades, et augmente artificiellement les taux de survie par la découverte de lésions qui de toute façon n’auraient pas été létales.

Ces taux de détection plus élevés ne se traduisent malheureusement pas moins de cancers du sein avancés ou moins de décès par cancer du sein. L’accent mis sur les taux de détection, même dans le cadre d’essais randomisés peut simplement révéler la plus grande capacité d’une méthode de détection particulière à puiser dans le réservoir des tumeurs progressant lentement ou progressant, à sélectionner ces lésions-là, selon l’adage du «plus vous cherchez, plus vous trouvez»[50]

La transition de la mammographie analogique à la mammographie numérique n’a pas été suivie par une diminution du taux des cancers d’intervalle ou des cancers du sein avancés, alors qu’elle a augmenté les de faux positifs, du surdiagnostic et des coûts, principalement en raison de la détection accrue des CIS.[51]

La priorité devrait être donnée aux études qui peuvent démontrer que l’utilisation d’une nouvelle technique de dépistage pourra réellement réduire l’incidence des cancers d’ intervalle ou de stade avancé, au prix de taux de rappel et de biopsie acceptables, et d’un surdiagnostic limité.

Ce qui se passe ailleurs, les politiques de santé publique

Le Swiss Medical Board a conclu que la plupart des preuves initiales sont obsolètes et que, par conséquent, les programmes de mammographie de dépistage devraient être abolis.[52]

Le point de vue opposé est tenu par l’American College of Radiology qui recommande une mammographie annuelle pour les femmes asymptomatiques à partir de l’âge de 40 ans et sans limite.[53]

NDLR : nous actualisons ce passage en 2019, en effet nous assistons outre-Atlantique à une désescalade des recommandations au dépistage, par l'intermédiaire des nouvelles notes d'orientation de l'l’ACP (American College of Physicians). [54]

L’évaluation du programme de mammographie de dépistage en Norvège conclut à juste titre que «au niveau individuel … chaque femme invitée doit peser l’information sur les avantages et les inconvénients potentiels en fonction de ses propres valeurs, de sa santé et de sa situation de vie pour décider de participer ou pas au programme «[55].

La polarisation des visions :

Dans ce contexte de stagnation des opinions et de la poursuite de messages incitatifs aux femmes, de la faiblesse de l’information loyale disponible, il est difficile d’imaginer qu’on puisse aboutir à des informations consensuelles données aux femmes et à la société dans son ensemble sur les préjudices et les avantages du dépistage du cancer du sein. Une alternative pourrait être d’informer sur les désaccords entre les différents experts, en tous cas laisser les femmes faire leur choix. [56] [57]

Le dépistage personnalisé, hiérarchisé selon le risque

[58]

  • Bien que séduisante, une stratégie personnalisée de dépistage du cancer du sein rencontre des difficultés majeures. Premièrement, on a bien peu de preuves qu’un dépistage plus fréquent (c.-à-d. tous les ans avec recours à d’autres techniques d’imagerie du sein) serait plus efficace que le dépistage bisannuel ou triennal.
  • Une deuxième difficulté réside dans les données disponibles sur les facteurs (ou la combinaison de facteurs) qui permettraient d’identifier les femmes asymptomatiques comme présentant un risque intermédiaire de décès par cancer du sein. Etant donné que le dépistage est censé prévenir le décès par cancer du sein mais qu’il majore la probabilité d’être diagnostiqué porteur d’un cancer (surdiagnostic), les facteurs de risque devraient être ceux du risque de décèspar cancer du sein, et non les facteurs du risque de survenue d’un cancer du sein. Les études visant à documenter les stratégies de dépistage fondées sur les risques ont généralement porté sur les facteurs associés à la survenue d’un cancer du sein et rarement sur les facteurs associés au décès par cancer du sein. Les facteurs de risque de cancer du sein et ceux de décéder par cancer du sein ne coïncident pas nécessairement.[59]
  • Il reste encore beaucoup à apprendre sur les déterminants génétiques et sur l’importance de la densité mammaire (liée à l’apparition de cancer et la mortalité). Il reste aussi à apprendre sur les relations qui existent entre ce facteur ‘densité’ et d’autres facteurs de risque comme l’obésité ou l’hyperplasie atypique mammaire.[60]Les technologies d’imagerie mammaire comme l’échographie, la tomosynthèse et l’IRM retrouvent des cancers manqués par mammographie dans les seins denses, et l’utilisation de techniques alternatives d’imagerie mammaire est encouragée chez les femmes à seins denses, notamment aux USA. Cependant il n’y a toujours aucune preuve qu’une telle approche diminuerait le risque de décès par cancer du sein, alors qu’elle augmente sûrement le risque de faux positifs, de biopsies inutiles et de surdiagnostics. Une bonne option pour contourner ces nombreux problèmes associés à la densité mammaire est d’éviter la mammographie de dépistage avant l’âge de 50 ans, d’autant que la balance bénéfice/risque dans cette tranche d’âge est incertaine. [61]

Actuellement il existe des calculateurs de risque qui tentent d’évaluer quelles femmes seraient à risque, en incluant divers facteurs.

Cas particulier des femmes à haut risque de cancer du sein

Les femmes à haut risque de cancer du sein, comme les femmes porteuses de mutations BRCA1 / 2 , ont un risque à vie de contracter un cancer du sein de l’ordre de 30% ou plus, avec un début précoce avant l’âge de 50 ans, un risque élevé de cancer du sein controlatéral et, selon le trait héréditaire (par exemple la mutation BRCA2) un risque accru pour le cancer de l’ovaire. Elles nécessitent une surveillance étroite des seins : l’IRM est, dans ces cas, préconisée.[62]

Chez les femmes présentant un risque intermédiaire de cancer du sein (10-29% de risque), y compris les femmes à densité mammaire extrêmement importante, rien ne prouve qu’un dépistage mammographique plus fréquent ou un dépistage avec d’autres modalités réduit réellement le risque de décès par cancer du sein .

Depuis 1985, les progrès dans la prise en charge des patientes atteintes du cancer du sein ont entraîné une réduction marquée de la mortalité par cancer du sein, même chez les patientes atteintes de maladie disséminée (stade IV). En revanche, les données épidémiologiques indiquent une contribution marginale du dépistage par mammographie dans le déclin de la mortalité par cancer du sein. Plus les traitements seront efficaces, moins l’équilibre bénéfice/risque de la mammographie de dépistage est favorable.

Les femmes à très haut risque présentant une mutation BRCA1 ou BRCA2 et ont un risque de cancer du sein de 50 à 85% à vie ;

ces femmes à haut risque représentent un contexte de problèmes psychologiques et médicaux qui n’ont rien en commun avec les femmes à risque moyen ou intermédiaire de cancer du sein.

La question cruciale reste sans réponse: dans quelle mesure la surveillance régulière du sein chez les femmes à haut risque avec mammographie et IRM peut-elle prévenir la survenue d’un cancer avancé et la mort par cancer du sein ?

Entreprendre un essai randomisé pour évaluer l’efficacité du dépistage chez les femmes à haut risque (en comparant un groupe de femmes suivies et un groupe non suivi) est évidemment éthiquement indéfendable, et probablement beaucoup de femmes à haut risque n’accepteraient pas de faire partie du groupe témoin d’un tel essai.

Des études récentes indiquent assez systématiquement que la surveillance annuelle des femmes à haut risque avec IRM, avec ou sans autre technique (par exemple mammographie et/ ou échographie), laisse peu passer de cancers d’intervalle dans l’année suivant le dépistage. [63] [64] [65] [66]

Ces résultats suggèrent que le dépistage annuel par IRM par des équipes de radiologie expérimentées pourrait représenter une alternative à des options plus radicales de réduction des risques.

Pour conclure

  • Les faits montrent que dans les populations où la mammographie a connu une forte pénétration depuis 20 à 30 ans, la mammographie de dépistage n’a eu aucune influence ou seulement une influence limitée sur la charge que représente le cancer du sein avancé et aucune influence sur les cancers du sein métastatiques chez les femmes. Les auteurs avancent que les méta-analyses d’essais randomisés sur le dépistage du cancer du sein ont largement surestimé les réductions du risque de cancer du sein qu’on pouvait attendre de la mammographie de dépistage.
  • Le surdiagnostic est une source de préjudice considérable pour les femmes qui se soumettent à une mammographie de dépistage. La considération du concept de surdiagnostic du cancer par la communauté médicale a été lent, mais en 2017 il n’est plus acceptable de minimiser le poids de celui-ci, ni ses conséquences. Probablement dans 10 ans, selon les auteurs, si on continue de la sorte, une femme sur six sera diagnostiquée porteuse d’un cancer du sein au cours de sa vie, sans certitude que le risque de décès par cancer du sein sera effectivement réduit, mais avec la certitude que le dommage global induit par le dépistage ne fera qu’augmenter.
  • Si la mammographie de dépistage a une certaine influence sur la mortalité par cancer du sein, cette influence s’estompe avec les progrès de la prise en charge des patients. Cela signifie que plus la prise en charge du patient est efficace, plus le nombre de femmes devant subir un dépistage pour apercevoir enfin un décès par cancer du sein évité grâce au dépistage est important.
  • les données actuelles indiquent que la capacité de la mammographie de dépistage (et probablement d’autres modalités d’imagerie du sein) est limitée pour « rattraper » les cancers du sein avant qu’ils n’atteignent des stades plus avancés. Cette situation reflète essentiellement notre ignorance des schémas de croissance du cancer du sein et des mécanismes impliqués dans la propagation métastatique. Cette ignorance va à l’encontre du septième principe sur le dépistage formulé par Wilson et Jungner[67], selon lequel  » l’histoire naturelle de la maladiey compris le développement de la maladie latente à la maladie déclaréedevrait être bien comprise « 
  • D’après les auteurs on a depuis 2016 la preuve accablante que les améliorations dans la prise en charge des patients ont joué un rôle prépondérant dans les réductions de mortalité par cancer du sein observées en Europe, en Océanie et en Amérique du Nord, alors que celui de la mammographie de dépistage est marginal. les décideurs qui luttent pour mettre en œuvre des plans nationaux de lutte contre le cancer abordables et équitables doivent être conscients des graves lacunes des données qui leur sont souvent présentées comme indubitables.
  • Pour justifier la perpétuation de la mammographie de dépistage, certains peuvent soutenir le point de vue cynique selon lequel toute activité médicale entraîne un préjudice dû au surdiagnostic: par exemple, traiter l’hypertension artérielle d’une personne qui ne serait jamais décédée d’une maladie cardiovasculaire. Mais dans le dépistage du cancer du sein il n’est pas question de prendre simplement une pilule, mais l’enjeu est la menace de dommages à vie dus à la mutilation, au surtraitement et à la détresse psychologique, sans aucun gain sur le risque de décès par cancer du sein attribuable à ce dépistage.
  • Un taux de détection de plus en plus élevé indique peu de choses sur la capacité à prévenir les cancers d’ intervalles ou des cancers de stade avancé ; cela reflète simplement un surdiagnostic supplémentaire. Des études basées sur l’incidence des cancers avancés et sur l’évaluation du surdiagnostic devront être menées avant la mise en oeuvre de nouvelles technologies d’imagerie mammaire.
  • Le dépistage hiérarchisé selon le risque doit faire l’objet de recherches, afin que les recommandations de dépistage puissent être adaptées en fonction du risque de décèslié au cancer du sein chez les femmes.
  • Concernant les coûts : la plupart des évaluations économiques effectuées dans les années 1990 ont ignoré ou sous-estimé les coûts dus au surdiagnostic, lesquels sont estimés à environ 4 milliards de dollars américains par an aux États-Unis.[68]

Références

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Les données sur la réduction de la mortalité par cancer du sein chez les femmes âgées de 70 à 74 ans sont mitigées ; bien que les données des essais contrôlés randomisés soient limitées dans ce groupe d’âge, les directives s’accordent sur le dépistage des femmes à risque moyen à partir de 50 ans et jusqu’à 74 ans.

Il n’y a pas de réduction de mortalité toutes causes confondues chez les femmes âgées de 50 à 69 ans.

La plupart des lignes directrices recommandent la mammographie biennale en tant qu’option acceptable ou préférée pour les femmes qui subissent un dépistage.

Si on diminue l’intervalle on s’expose à un risque accru de surdiagnostic.

En-dessous et au-dessus de cette tranche d’âge, les inconvénients l’emportent sur le bénéfice attendu.

Il n’y a pas de preuve d’efficacité suffisante pour le dépistage par palpation clinique seule ou associée à la mammographie.

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Qu’est-ce qu’un carcinome in situ ?

Le carcinome in situ (CIS) du sein est défini par la prolifération de cellules cancéreuses à l’intérieur d’un canal galactophore sans que les cellules ne dépassent la paroi du canal pour envahir le reste du sein.

Il est essentiellement de découverte mammographique, en effet 90 % des femmes ayant un diagnostic de CCIS (carcinome canalaire in situ) présentaient des microcalcifications à la mammographie. Dans leur grande majorité ces lésions ne mettent pas en danger la vie des femmes si elles ne sont pas détectées, leur pronostic est très bon, la survie à 10 ans, paramètre très utilisé par les autorités sanitaires, est supérieure à 95%. Il existe la forme canalaire et la forme lobulaire considérée plutôt comme un facteur de risque de cancer du sein.

Les CIS alimentent largement les surdiagnostics. Les essais et études montrent que la croissante détection des CIS n’a pas contribué à la réduction de la mortalité par cancer du sein. Avant l’ère des dépistages, le CIS représentait moins de 5% de tous les cancers du sein pour passer à 15 à 20% dans tous les pays où les campagnes de dépistage existent. Ils ne sont pas comptabilisés dans les chiffres d'incidence (taux des nouveaux cas) donnés par l'Institut National du Cancer, car considérés à part, et non en tant que cancers "vrais".

En plus on manque d’un réel consensus parmi les anatomo-pathologistes pour le classement de ces lésions lors de l'analyse des biopsies qu'ils reçoivent, avec une tendance à les surclasser dans des catégories de pronostic plus défavorables, de peur de sous-estimer une "maladie".

la plupart des CIS sont considérés comme des lésions- précurseurs non obligatoires du cancer invasif ; paradoxalement l’augmentation spectaculaire de leur détection suivie de leur ablation chirurgicale n’a pas été suivie de baisses proportionnelles de l’incidence des cancers invasifs.

Le problème majeur est que ces entités particulières des cancers du sein sont traitées avec la même lourdeur qu'un cancer du sein.

En novembre 2016, une étude de l'université de Toronto arrive aux résultats suivants :

  • Leur traitement ne fait pas de différence sur la survie des femmes.
  • Les femmes atteintes de CIS sont lourdement traitées (parfois par mastectomie bilatérale) et ont la même probabilité de décéder d’un cancer du sein par rapport aux femmes dans la population générale.
  • La prévention des récidives par radiothérapie ou mastectomie ne réduirait pas non plus le risque de mortalité par cancer du sein.

De même, notre étude sur les mastectomies en France objectivait une augmentation régulière des actes chirurgicaux, notre hypothèse première étant le surtraitement de lésions qui ne sont pas des cancers invasifs, mais des lésions dites pré-cancéreuses et les CIS.[1] [2]

Les conséquences à long terme du surtraitement peuvent mettre la vie des femmes en danger. Par exemple, la radiothérapie faite sur ces lésions semble incapable de réduire le risque de décès par cancer du sein, mais elle est associée à une augmentation dose-dépendante (de 10 à 100% sur 20 ans) du taux d’événements coronariens majeurs.[3]

D'ailleurs dans plusieurs pays sont entrepris des essais cliniques visant à tester une simple surveillance active notamment pour le CIS de bas grade plutôt qu'un traitement agressif :

Pour Philippe Autier[4], de l'International Prevention Research Institute (IPRI) le problème est indubitablement inhérent à la mammographie routinière, en particulier la mammographie numérique qui est trop performante concernant la détection des petites calcifications ; celles-ci sont le signe radiologique le plus fréquent de ces formes, et la mammogaphie présente une excellente sensibilité pour la détection de ces microcalcifications.

Le problème du dépistage, pour résumer, est que dans les populations dépistées, l'incidence du carcinome in situ augmente de 1 à 20 % sans aucune baisse concomitante des cancers invasifs. Et comme le carcinome 'in situ' est souvent multifocal, les femmes se retrouvent avec avec un verdict thérapeutique de mastectomie.
Lire : https://cancer-rose.fr/2020/10/22/carcinome-in-situ-le-probleme-de-son-surdiagnostic-lors-des-mammographies-de-depistage/

*Pour l'essai Lord https://www.dcisprecision.org/clinical-trials/lord/, voici quelques précisions :

-Depuis février 2019 sont acceptés aussi les CIS grade II, en plus du grade I
-Depuis juillet 2020 l'essai randomisé a été transformé en essai de préférence du patient :  les femmes ont le choix du bras d'essai (soit surveillance soit traitement classique)
-Un test des récepteurs oestrogenes et HER2 a été rajouté avant l'inclusion des patientes dans l'essai pour éliminer les cas de lésions de haut grade, afin de rendre les essais encore plus sécurisants
-Il y a à présent 28 sites ouverts aux Pays Bas,  6 en Belgique et 15 sites vont ouvrir dans d'autres pays dont la France, à venir !

En France :

En France il n’est pas recommandé de proposer aux patientes une simple surveillance active comme alternative au traitement local, qui consiste en l’exérèse chirurgicale, Plus ou moins radiothérapie. Les recommandations françaises de 2015 ne retiennent aucune indication pour une abstention d’exérèse chirurgicale dans la prise en charge d’un CCIS.

En 2015, l’Institut National du Cancer (INCa) a publié de nouvelles recommandations pour la prise en charge des CCIS qui préconise l’exérèse chirurgicale des lésions, par une tumorectomie ou par une mastectomie en cas de lésions étendues, mastectomie qui sera préconisée aussi dès lors que les lésions sont multiples ou que le CIS est trouvé dans le sein concomitamment avec une autre lésion atypique ou une "lésion-frontière". La radiothérapie est fréquemment recommandée après traitement chirurgical conservateur pour diminuer les récidives.

Mais ces attitudes proposées sont standardisées et ne tiennent pas compte de la multitude et de l’hétérogénéité des lésions histologiques, et des situations cliniques. Or, la littérature scientifique s’est enrichie ces dernières années de données permettant de discuter le bénéfice, dans certaines situations, d’une désescalade thérapeutique. Il faudra à l'avenir individualiser davantage les pratiques.

Pour en savoir plus lire : https://www.gyneco-online.com/cancerologie/prise-en-charge-des-carcinomes-canalaires-situ-une-desescalade-therapeutique-est-elle

Pour quelles patientes peut-on envisager une désescalade thérapeutique ?

Perspectives d’évolution dans la prise en charge des carcinomes canalaires in situ (CCIS).

Cliquez sur l'image pour agrandir

RO : Récepteur aux œstrogènes
RP : Récepteur à la progestérone

Un blog pour les femmes avec CIS : https://dcis411.com/author/dp4peace/

Une étude : https://cancer-rose.fr/2016/11/20/cis-bernard-pabion/

Références :

[1] https://cancer-rose.fr/wp-content/uploads/2019/09/Etude-mastectomies-en-France-.pdf

[2] https://cancer-rose.fr/2019/08/09/explication-de-letude-sur-les-mastectomies-en-france/

[3] SC Darby, M. Ewertz, P. McGale, AM Bennet, U. Blom-Goldman, D. Bronnum, et al.

Risque de cardiopathie ischémique chez les femmes après radiothérapie pour cancer du sein

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[4] https://cancer-rose.fr/2019/09/06/le-depistage-mammographique-un-enjeu-majeur-en-medecine/

Des cas cliniques :

Carcinome in situ

Carcinome canalaire in situ suivi d'un carcinome invasif

Carcinome canalaire in situ dormant

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Comprendre votre compte-rendu de mammographie

Le compte rendu de votre mammographie est moins une lecture qu'une interprétation du radiologue.

Le sein est composé de pleins et de vides qui constituent la trame glandulaire.
Il y a, sur les clichés mammographiques, des zones "blanches" du sein qui correspondent à de la glande et des zones "noires" qui correspondent à de la graisse.
Il s'agira de distinguer dans cette trame divers signes qui peuvent attirer l'oeil du radiologue et lui faire suspecter un cancer.
La tumeur n’a rien de spécifique en imagerie. Le médecin suspecte la malignité d’une tumeur sur un faisceau de signes indirects : un halo clair, une désorganisation localisée de l’architecture du sein, une masse, des calcifications, une rigidité localisée etc...
Ces signes ne sont pas eux-mêmes spécifiques de malignité. Ils n’ont qu’une valeur d’orientation plus ou moins forte.

De ce fait le compte rendu est très descriptif, il est aussi subjectif, et une autre médecin pourra faire une analyse des images différentes.

Quoi qu'il en soit, le compte rendu se termine toujours par une conclusion contenant une classification des images, de bénignes à plus ou moins malignes. Cette classification est importante car elle déterminera si la patiente nécessite une surveillance ou pas, ou s'il y a lieu de réaliser des examens complémentaires en cas de doute diagnostique.

Vous trouverez les différents stades de la classification ACR (American College of Radiology) expliqués et détaillés ici : https://cancer-rose.fr/2019/09/04/cancer-du-sein-acr3-acr4-acr5/

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Classification ACR1, ACR2, ACR3, ACR4, ACR5 ?

Cette classification est venue de la nécessité d'harmoniser les comptes- rendus et a été mise au point par l' ACR (American College of Radiology).

Nous y trouvons 5 stades qui correspondent à la plus ou moins certitude d'avoir à faire, devant une image mammographique, à un cancer.
Attention, il ne s'agit en aucun cas d'une classification reflétant un pronostic, c'est uniquement une classification radiologique.

ACR 1 : normal, le sein est "rien à signaler".

ACR 2 : il s'agit d' images qui ne sont que des anomalies bénignes, comme de petits ganglions axillaires, des microkystes, des images stables et strictement inchangées depuis les mammographies antérieures, des fibro-adénomes ou des kystes bien connus déjà et identifiés en tant que bénins (par écho, IRM ou biopsie antérieures), les microcalcifications vasculaires, kystiques ou galactophoriques, des îlots glandulaires amorphes etc...

ACR 3 : ce stade désigne une image non inquiétante mais dont on voudrait vérifier le devenir, qui n'était pas connue avant, ou connue mais s'étant légèrement modifiée par rapport à d'anciens bilans.
La conduite à tenir est alors une seule surveillance à 6 mois , puis à un an, afin de s'assurer qu'elle ne prend pas de l'ampleur ou que les critères d'analyse ne deviennent pas plus caractéristiques en faveur de lésion maligne.

ACR 4 : Classer en ACR 4 veut dire qu'il y a une anomalie suspecte, qu’il faut vérifier. C’est parfois un cancer, mais pas forcément.  ACR4 implique donc d'office une biopsie, sous échographie (micro-biopsie) ou sous contrôle radiographique, par une procédure par mammotome (macro-biopsie), ou encore directement par biopsie-exérèse.
On suspecte bien un cancer mais au final, on peut s'être trompé ; ou il peut s'agir d'un cancer faiblement évolutif, ou encore d'un cancer très agressif ; le type de l'image qui nous a amenés à classer en ACR4 ne dit rien sur l'agressivité ou non du cancer, si ce qu'on a biopsié en est bien un !
En raison d'ailleurs de ces incertitudes une sub-division de cette classification ACR4 a été effectuée, avec attribution d'une fourchette de probabilité de cancer à chacune des subdivisions.

ACR 5 : l'anomalie est très fortement suspecte de malignité et les critères sémiologiques sont tout à fait évocateurs et typiques de malignité. Disons que là on est vraiment très très sûrs de la malignité.

L'ACR 0 est l’examen incomplet qu'il faudra adjoindre d'autres examens d'imagerie.

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Qu’est-ce qu’une chimiothérapie ?

Une chimiothérapie est une thérapeutique qui utilise des substance chimiques présentant une toxicité cellulaire, afin de toucher les cellules malades pour les détruire.

Assez fréquemment on associe plusieurs substances pour en augmenter l'efficacité, notamment en cas de dissémination de la maladie cancéreuse. L'administration des différentes drogues peut se faire par injection intra-veineuse (perfusion) ou par voie orale (comprimé). Les molécules affectent les cellules malades, mais malheureusement indistinctement aussi les cellules saines, ce qui provoque souvent des effets secondaires plus ou moins prononcés selon la sensibilité individuelle des personnes (perte d'appétit, chute des phanères, nausées, vomissements, fatigue importante).

Concernant le cancer du sein, depuis qu'on dépiste, c'est à dire depuis une trentaine d'années, le pourcentage de patientes soumises à la chimiothérapie est passé de 20% à environ 80%.  La chimiothérapie pour le cancer du sein entraîne aussi pour ces patientes traitées des effets sur la survie, le confort de vie, et autres effets morbides.

Des chercheurs alertent sur la surdétection de cancers qui n'auraient jamais impacté la vie des patientes s'ils n'avaient pas été découverts (surdiagnostics) ; le corollaire ce sont les surtraitements, partout où le dépistage est effectué, le nombre de mastectomies, de radiothérapies (voir les chapitres concernés) et les chimiothérapies ont augmenté. Tous les cancers détectés, les vrais cancers ainsi que ceux qui n'auraient pas évolué, sont traités.

Des scientifiques alertent sur le surcroît de mortalité induit par les surtraitements, et plusieurs études avancent que ces effets toxiques des traitements administrés annulent l'hypothétique bénéfice, déjà très remis en question, du dépistage.

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Qu’est-ce qu’une radiothérapie ?

Une radiothérapie est l'application de rayonnements destinés à détruire les cellules cancéreuses et les empêchant de se multiplier. Elle doit être le plus ciblée possible afin de ne pas détruire les organes vitaux avoisinants.

La radiothérapie en cas de cancer du sein, qui suit très fréquemment le traitement chirurgical, peut néanmoins provoquer des effets secondaires, dont la révélation peut être tardive. Ces effets peuvent être locaux, affectant directement les organes irradiés, ou généraux, et d'expression variable selon la sensibilité des individus.

-Les effets locaux, plus ou moins tardifs :

  • Effets cutanés, simple rougeur jusqu'à la radiodermite
  • Fibrose pulmonaire faisant perdre son élasticité au tissu pulmonaire
  • Atteinte des coronaires, troubles du rythme cardiaque, roubles cardiaques, insuffisance cardiaque congestive.
  • Cancers secondaires radio-induits, sur l'oesophage, le poumon, la peau, les côtes.

-Les effets généraux :

  • Fatigue
  • Anémie
  • Inappétance
  • Baisse du nombre de cellules sanguines
La radiosensibilité individuelle

Un autre problème insuffisamment abordé de la radiothérapie pour cancer du sein est la radiosensibilité inégale selon les femmes. Les sein est un organe très radio-sensible et les cassures des brins de l'ADN contenu dans les cellules du sein de façon répétée  peuvent entraîner à la longue des mutations et favoriser des cancers secondaires, induits par les traitements. Mais cet effet survient de façon variable selon qu'on est radiorésistant ou radio-sensible modéré ou encore hyper-radiosensible. Or il se trouve que 25% de la population présente cette hypersensibilité aux radiations qui les prédispose, en raison d'un déficit de leurs mécanismes de réparations cellulaires, à des mutations accrues et à de potentiels cancers secondaires radio-induits.

Comme expliqué précédemment, les traitements par radiothérapie pour cancer du sein, qui délivrent par séance des doses répétées plusieurs fois et ce en plusieurs séances, sont bien sûr ciblés au mieux, néanmoins il y a un risque de cancer radio-induit au-delà de la zone ciblée, surtout si l'on fait partie de ces 25% de personnes particulièrement vulnérables aux radiations . Malgré la très grande variabilité individuelle, les thérapeutes continuent à délivrer les mêmes doses pour tous, sans que soient mis en place des tests permettant de prédire la radiosensibilité individuelle des patients. Ces tests existent pourtant, il serait urgent d'informer les patientes sur l'existence de ces tests permettant d'évaluer leur propre radiosensibilité, tous n'étant pas de valeur égale, et de demander le remboursement des tests scientifiquement éprouvés.

La radiothérapie hypo-fractionnée

Vous entendrez parler de cette technique que l'on propose parfois. Quelles sont les indications, quels sont les avantages et les risques ?

Cette technique consiste en l'administration de doses plus élevées de radiations par séance pendant deux fois moins longtemps. Cette approche est ainsi plus pratique, moins coûteuse et plus courte en durée totale de prise en charge pour les femmes.

Cette notion recouvre deux techniques particulières :

-          la radiothérapie hypofractionnée, qui comme son nom l’indique, comporte moins de fractions (de 5 à 15 séances) qu’une radiothérapie « classique »
(de 18 à 36 séances).

-          la radiothérapie focalisée, qui ne concerne que le site post-opératoire de la tumeur. De une à cinq séances.

La radiothérapie hypofractionnée a été validée depuis une dizaine d’années, recul donc assez court pour juger de l’effet à long terme.
Donner des doses importantes par fraction expose au risque de douleurs et de sclérose iatrogènes (= effet induit par des manoeuvres médicales), d’autant plus que le volume irradié est important et que l’irradiation est réalisé sur un temps court. Il est surtout proposé aux :
* Femmes pour lesquelles il n’y a pas d’indication à une irradiation ganglionnaire.
* Et pour les femmes dont le sein n’est pas trop volumineux car tout le sein doit être irradié.

Son avantage peut être de protéger les organes profonds (coeur/poumons) en cas d'une localisation de la tumeur dans le sein gauche ; le physicien calcule l’intensité et la position des faisceaux de la machine de radiothérapie pour délivrer la dose souhaitée sur le sein à traiter et protéger les organes à risque en arrière. L'irradiation est effectuée en inspiration bloquée, de façon à bien éloigner les seins du cœur et des poumons que l'on veut protéger.

En ce qui concerne la radiothérapie focalisée il est recommandé de ne l’utiliser que dans des cas bien précis :
* Petite tumeur,
* Tumeur peu agressive,
* Peu de risque de tumeur plurifocale,
* Situation post-opératoire (après chirurgie d’exérèse complète).

L’idée est de focaliser l’irradiation au niveau du site du foyer tumoral uniquement. Donc, qui dit petit volume, dit possibilité de délivrer des doses élevées par fractions (sans risque de douleurs post-radiques, de nécrose ou de séquelle esthétique à long terme), et donc en moins de fractions.
Mais, qui dit petit volume, dit aussi nécessité de précision (être sûr de mettre les rayons" là où il faut").
Grâce à des clips mis en place par les chirurgiens en post-opératoire, cette radiothérapie peut être orientée.
Mais il y a des écueils : les clips peuvent migrer ; de plus actuellement, la chirurgie mammaire est souvent associée à une "oncoplastie", (un modelage per-pératoire du sein, rotation de lambeaux de tissus, etc … ) et de ce fait la localisation des rayons devient plus difficile à déterminer.… ; les « cicatrices» internes deviennent alors beaucoup plus importantes en volume que la tumeur diagnostiquée.  Le « complément » d’irradiation cicatriciel systématique est bien difficile à définir anatomiquement dans un sein opéré, à partir de la mammographie de diagnostic, et même en faisant un scanner en position de traitement avant l’intervention et juste avant la
radiothérapie.
Alors, dans le doute, en irradiant tout le sein, on est au moins sûr de cibler aussi la « cicatrice ».

Il faut donc bien discuter de ces différentes options avec votre radio-thérapeute.

Pour approfondir le sujet, lire :

Test prédictif des réactions à la radiothérapie : des femmes en grand danger

et aussi : https://cancer-rose.fr/2016/11/05/mammographies-et-radiosensiblite/

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Qu’est-ce qu’une métastase ?

Une métastase est un foyer tumoral secondaire, provenant de cellules d'une tumeur principales qui s'en sont détachées, puis véhiculées vers des ganglions ou vers des organes secondaires par la circulation lymphatique et/ou sanguine.

Le cancer du sein, s'il présente des caractéristiques biologiques péjoratives, est susceptible de produire des métastases.

Les organes pouvant être secondairement atteints sont les os, le cerveau, le fois, le poumon.....

Le risque de développer des métastases dans le cas du cancer du sein dépend des caractéristiques moléculaires de la tumeur initiale. En effet d'après plusieurs études les cancer du sein agressifs, à croissance rapide, qui deviennent rapidement volumineux et sont d'emblée métastatiques, ne se développent pas à partir de chaque petite lésion, mais bien à partir d'une sous-population de petites lésions comportant des facteurs biologiques d'emblée péjoratifs.

Depuis qu'on dépiste, les taux des cancers métastatiques n'a pas baissé depuis 20/30 ans, alors que c'est, avec la baisse de la mortalité, un des objectifs du dépistage. Lire : https://cancer-rose.fr/2018/01/03/le-depistage-mammographique-un-enjeu-majeur-en-medecine/

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Qu’est-ce qu’une mastectomie ?

Une mastectomie c'est l'ablation d'un sein. Elle peut -être partielle (on n'enlève que la partie malade), ou totale (on enlève la totalité du sein), lorsque la tumeur est trop volumineuse par rapport au volume du sein, lorsqu'il y a plusieurs lésions, ou dans les formes retro-mamelonnaires.

Les défenseurs du dépistage du cancer du sein invoquent le fait qu'avec la détection de plue petites lésions, on est moins agressif sur les seins des femmes, et que de ce fait on réalise moins d'actes chirurgicaux lourds.

Pourtant, beaucoup d'études et notamment des méta-analyses suggèrent l'inverse.  (Une méta-analyse est une méthode permettant de combiner les résultats de plusieurs études indépendantes autour du même problème afin de synthétiser les résultats et d'en tirer une conclusion globale). Or la revue indépendante Prescrire, le panorama de l'OCDE (partie 3), la méta-analyse du collectif de chercheurs nordiques Cochrane, la publication de Pr P.Autier, l'étude étatsunienne Harding, allèguent une augmentation des actes chirurgicaux.  Plus on dépiste, plus on enlève de seins.

Nous avons nous-mêmes vérifié avec notre étude sur les mastectomies en France, dont vous trouverez l'intégralité ainsi que l'explication sur le site.  Ses résultats sont sans appel : aucune diminution des mastectomies, totales ou partielles, ne peut être mise en évidence après la généralisation du dépistage organisé.

Indépendamment de cet état de fait, l'enjeu pour les femmes n'est pas de leur promettre des acts chirurgicaux plus "légers", mais de ne leur faire subir aucun traitement chirurgical si elles n'en ont pas besoin, en ne les exposant pas inutilement à une maladie qu'elle n'aurait jamais dû connaître en l'absence de dépistage (surdiagnostic).

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Qu’est-ce que My PEBS ?

Mypebs (my personal breast screening) est une étude européenne, qui devrait durer 6 ans et recruter 80 000 femmes, âgées de 40 à 70 ans, dans 5 pays (Italie, France, Israël, Belgique et Royaume-Uni).

L'objectif annoncé de l'étude est de vérifier si un dépistage individualisé, c'est à dire basé sur le risque de chaque femme de développer au cours de sa vie un cancer du sein, serait plus efficace de réduire le nombre de cancers évolués (de stade 2 et plus) que le dépistage standard actuel.

Mais en réalité l'étude se contentera de voir si le dépistage individualisé ne laisse pas passer trop de cancers graves par comparaison avec le dépistage standard.

C’est ce qu’on appelle un « essai de non infériorité ». Si le nouveau dépistage, ou dépistage individualisé, laisse passer moins de 25% de cancers graves de plus que le dépistage standard, on considérera arbitrairement qu’il est « non inférieur », et que les deux techniques, somme toute, se valent.

Les défauts de Mypebs sont multiples :

  • Brochure incomplète et trompeuse donnée aux participantes, minimisant le problème du surdiagnostic et omettant le problème du surtraitement.
  • Il n'y a pas de groupe de comparaison de femmes "sans dépistage" , ce qui ne permettra donc pas de chiffrer le surdiagnostic dans les groupes dépistés par rapport à un groupe de femmes non dépistées.
  • Les logiciels qui servent à "calculer" le risque individuel de chaque femme selon son âge, ses antécédents personnels et familiaux, sa densité mammaire,  n'ont pas de validation scientifique et seront "testés" en cours d'étude avec des ré-ajustements possibles.
  • Davantage de mammographies pour certaines femmes intégrées dès 40 ans dans l'étude, alors que l'irradiation subie du sein pose un réel risque de cassures de l'ADN des cellules mammaires dans cette catégorie d'âge jeune.

Pour mieux comprendre les subtilités et les défauts de Mypebs, Cancer Rose a créé un portail dédié à étudier et décrypter l'étude  My PEBS

Présentation en poster et sonorisée ici : https://cancer-rose.fr/my-pebs/2019/12/07/presentation-colloque-de-bobigny-nov-2019/

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Deux livres d’éminents spécialistes du dépistage et du surdiagnostic parus !

Deux livres d'importance voient le jour simultanément.

En France celui de Bernard Duperray :

 

Dépister pour mieux guérir : un leurre.

Telle est la conviction de nombreux scientifiques et le Dr Bernard Duperray explique brillamment pourquoi dans ce livre. Depuis 2004, les autorités sanitaires invitent toutes les femmes (de 50 ans à 74 ans) à effectuer une mammographie tous les 2 ans. Objectif : diagnostiquer les cancers du sein précocement afin de réduire la mortalité ainsi que la lourdeur des traitements. Après quinze ans de dépistage, le constat est sans appel : le cancer du sein est diagnostiqué de plus en plus tôt, on découvre des tumeurs de plus en plus petites et pourtant le dépistage n’a réduit ni la mortalité, ni le nombre de formes avancées, ni la lourdeur des traitements. Le dépistage ne permet pas de moins mourir du cancer du sein. Après plus de quarante années consacrées au diagnostic du cancer du sein, le Dr Bernard Duperray arrive à la conclusion que le dépistage comme pratique de santé publique est une grave erreur dont les femmes sont les premières victimes. Pourquoi le dépistage fait plus de mal que de bien ? Parce qu’il génère du surdiagnostic. Le dépistage fabrique de la « maladie ». Il révèle des cancers qui ne se seraient pas manifestés sans lui. En clair, plus on cherche et plus on trouve. Ce surdiagnostic, aujourd’hui massif en France, est lourd de conséquences car il est à l’origine de surtraitements inutiles. Non seulement le surdiagnostic précipite des milliers de femmes bien portantes dans un état pathologique imaginaire terrifiant mais il entraîne des traitements qui, par leur nature et l’intensité de leurs effets secondaires, sont intolérables chez des femmes qui n’en ont pas besoin.

 

Le second ouvrage voit le jour au Royaume Uni, il est écrit par Pr. Michaël Baum, professeur émérite de chirurgie, oncologue britannique spécialisé dans le traitement du cancer du sein, sous le titre "histoire et mystère du cancer du sein".

Description du livre

Le cancer du sein et son traitement constituent un problème terriblement complexe qui implique toutes les intrications du corps humain, l'anatomie anatomique et microscopique du sein, le système endocrinien et le métabolisme osseux, ainsi que la nature de la transformation maligne. Même les experts ont encore des incertitudes. Cependant, les spécialistes ont maintenant l'obligation légale et éthique de partager leurs incertitudes avec leurs patients lorsque nous recherchons un consentement éclairé lors de procédures invasives. Les rumeurs obsessionnelles sur la menace du cancer du sein signifient que peu de citoyens non-initiés savent que le cancer du sein a disparu des sept principales causes de décès chez les femmes. Les traitements du cancer du sein peuvent augmenter le risque de décès par maladie cardio-vasculaire, tandis que, d'autre part, refuser la thérapie de substitution hormonale aux femmes de cette tranche d’âge en raison de la crainte injustifiée du cancer du sein peut altérer leur qualité de vie, leur fonction cognitive et leur densité minérale osseuse. La considération de l'ensemble ' santé de la femme et son attente en matière de qualité de vie' doit toujours l'emporter sur les fanatiques de la pensée unique, qui ne voient la femme que comme la somme de ses deux seins.

C’est plus qu’un livre d’entraide, mais il doit également être considéré comme une introduction à l’histoire et au mystère du cancer du sein, depuis l’époque des anciens Égyptiens jusqu’à l’ère moderne, ainsi que comme un espoir pour l’avenir.

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