Dépistage, traitements anti-cancéreux et réduction de mortalité chez les femmes américaines

https://jamanetwork.com/journals/jama/article-abstract/2668347?resultClick=1&redirect=true

Auteurs :

Sylvia K. Plevritis, PhD  ; Diego Munoz, MS, PhD  ;  et al

Départements de radiologie et de science des données biomédicales, École de médecine, Stanford University, Stanford, Californie

 

Objectif de l'étude : la réduction de mortalité par cancer du sein chez les femmes américaines est-elle reliable aux effets thérapeutiques ou au dépistage ?

Dans cette étude, sur 6 modèles de simulation de mortalité par cancer du sein chez les femmes âgées de 30 à 79 ans, les avancées thérapeutiques, telles que l'utilisation de thérapies adjuvantes plus récentes, ont été comparées aux progrès du dépistage, de 2000 à 2012.

Résultat :

La modélisation a estimé que les progrès dans les traitements étaient associés à des diminutions plus importantes des taux de mortalité par cancer du sein que ceux attribuables au dépistage, bien qu'il y ait quelques variations selon le sous-type moléculaire du cancer.

Dans cette étude de simulation qui a projeté les tendances des taux de mortalité du cancer du sein chez les femmes américaines, les diminutions de la mortalité globale du cancer du sein entre 2000 et 2012 étaient associées de façon nettement majoritaire aux traitements par rapport au dépistage. (Contribution relative des traitements à la réduction de la mortalité estimée à 83%).

Le traitement par Herceptine contribuerait quant à lui, selon les auteurs, à une réduction de la mortalité entre 40 et 57% selon le sous-groupe de la tumeur.

Conclusion

Les auteurs avancent que les résultats de leur étude attestent d'un changement dans l'attribution de l'effet réducteur de la mortalité par cancer du sein chez les femmes américaines, effet qui reviendrait majoritairement aux thérapeutiques (chimios et hormono-thérapies) plutôt qu'au dépistage.

(Les auteurs concèdent 17% de réduction de mortalité seulement au dépistage, sans mettre ce pourcentage en balance avec le surdiagnostic inhérent au dispositif, chiffré actuellement, selon les études, à 30 à 50% ; NDLR).

 

Lire aussi : dépistage/enjeu majeur

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2016/17 SYNTHESE PRESSE

SYNTHESE PRESSE OCTOBRE 2016/2017

LES RELAIS PRESSE

Un peu avant octobre 2016, contact avec une journaliste belge du magazine féministe Axelle, en effet la controverse émerge également chez nos voisins du Nord.

http://www.axellemag.be/lutte-contre-cancer-sein-business-lucratif/

Dr Philippe Nicot, membre de Cancer Rose fut également, courant du mois d’octobre, interviewé par la Libre Belgique.

Après une tribune dans le Huff Post intégrant notre vidéo,  http://www.huffingtonpost.fr/../../cecile-bour/mammographie-de-depistage-cancer-du-sein_b_12218408.html

Jean Doubovetzky a pris le relai dans Paris Match, interviewé par Vanessa Boy, pour mettre l’accent sur le fait que le choix incombe aux femmes, avec également intégration de la vidéo au sein de l’article :

http://www.parismatch.com/Actu/Sante/Oui-ou-non-a-la-mammographie-de-depistage-Ce-choix-revient-aux-femmes-1080733

On ne souligne pas assez le fait qu’une mammographie normale peut être faussement rassurante, et retarder le diagnostic d’une tumeur grave. Voilà qui est fait :  http://sante.lefigaro.fr/actualite/2016/10/04/25476-cancer-sein-mammographie-peut-etre-faussement-rassurante#

Notre combat est également relayé dans La Dépêche :

http://www.ladepeche.fr/article/2016/10/05/2432988-aujourd-hui-le-depistage-est-un-dogme-d-etat.html

ainsi qu’ici : http://tempsreel.nouvelobs.com/sante/20160203.OBS3963/cancer-du-sein-le-casse-tete-du-depistage.html

La tribune de Philippe Nicot a eu forte audience et retentissement au travers des réseaux sociaux, et fut reprises de multiples fois.

http://www.lepoint.fr/sante/arret-du-depistage-du-cancer-du-sein-la-france-va-t-elle-sauter-le-pas-06-10-2016-2074054_40.php 

et ici : https://theconversation.com/arret-du-depistage-du-cancer-du-sein-la-france-va-t-elle-sauter-le-pas-66588

et encore ici : http://www.slate.fr/story/124965/depistage-cancer-sein

C’est peu dire que la sortie du rapport du comité d’orientation de la concertation citoyenne, lorsque nous en avons pris connaissance, a été un ébranlement, une surprise immense mais aussi une consécration de notre combat et une grande satisfaction de constater que nos revendications avaient été prises en compte, comme celles d’autres contestataires de l’utilité du dépistage.

Citons ici deux articles remarquables, l’un étant une analyse de la présidente du Formindep, Anne Chailleu : Dépistage organisé du cancer du sein : la concertation citoyenne sera-t-elle confisquée ? - Formindep

Et l’autre émanant de Jean-Philippe Rivière, l’un des rédacteurs de cet excellent rapport, extrêmement exhaustif et détaillé, argumenté, basé sur les plus récentes données scientifiques et à l’écoute des revendications citoyennes :

https://www.vidal.fr/actualites/20159/depistage_organise_du_cancer_du_sein_vers_une_renovation_profonde_suite_a_la_concertation_citoyenne_et_scientifique/

Notre film fut ensuite encore relayé ici :

https://www.quechoisir.org/actualite-cancer-du-sein-relativiser-les-benefices-du-depistage-n22785/

Et aussi ici : http://www.psychomedia.qc.ca/sante/2016-10-09/depistage-cancer-du-sein-video-cancer-rose

Et encore là : http://www.koreus.com/video/mammo-depistage-oui-non.html

Et puis là aussi : http://pryskaducoeurjoly.com/actu/425/depistage-du-cancer-a-double-tranchant-pour-les-patientes

Et également sur France Bleu : https://www.francebleu.fr/infos/culture-loisirs/l-oeil-du-web-une-mammographie-pour-quoi-faire-1476459909

Egalement sur Neosanté : http://www.neosante.eu/trois-videos-a-voir-absolument/

L’action du collectif Cancer Rose ainsi que les propos de Jean Doubovetzky et les prises de position de Dominique Dupagne, auteur du site Atoute sont à l’honneur : http://www.jim.fr/medecin/jimplus/e-docs/depistage_du_cancer_du_sein_concertation_en_trompe_lil__161436/document_jim_plus.phtml

On parle encore de Cancer Rose et de son action ici : http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/10/11/cancer-du-sein-pourquoi-le-depistage-est-remis-en-cause_5011756_4355770.html

En citant notre vidéo ici : http://marieaccouchela.blog.lemonde.fr/2016/10/06/lexamen-gynecologique-des-jeunes-femmes-un-droit-de-cuissage-moderne/

Tandis que Le Lanceur occulte carrément toute langue de bois.. :

http://www.lelanceur.fr/les-campagnes-de-depistage-systematique-du-cancer-du-sein-nauraient-jamais-du-etre-mises-en-place/

Et qu’une journaliste indépendante , Brigitte Bègue, brosse un tableau assez complet de l’évolution historique de la controverse, en rendant compte des arguments scientifiques par l’intermédiaire du Pr Autier ainsi que, pour finir, des conclusions du rapport qui inaugura si bien ce mois d’octobre 2016 :

http://www.e-sante.fr/depistage-organise-cancer-sein-arreter-ou-continuer/3/actualite/616

A la suite de la réaction de l’INCa qui qualifie le premier scénario de cas d’école le réfutant d’emblée, et proposant des ajustements a minima du scénario  numéro deux, comme on pouvait d’ailleurs s’y attendre, le collectif Cancer Rose avec le concours de UFC Que Choisir, la revue Prescrire et le Groupe Princeps écrivent à Mme la Ministre une lettre ouverte lui demandant instamment de respecter les citoyennes en accédant à leurs requêtes, d’autant que Mme Marisol Touraine annonce un plan d’action pour la fin de l’année.

Cette lettre est relayée ici :

https://www.quechoisir.org/action-ufc-que-choisir-lettre-ouverte-a-madame-marisol-touraine-ministre-des-affaires-sociales-et-de-la-sante-n22829/

http://www.ladepeche.fr/article/2016/10/14/2439301-depistage-cancer-sein-lettre-ouverte-ministre-sante.html

Grâce à l’investissement intensif de membres du collectif (Jean Doubovetzky, Philippe Nicot, Marc Gourmelon et Emilie Franzin), le basculement de la situation du dépistage en France est relaté également dans la presse médicale anglo-saxone :

http://www.bmj.com/content/355/bmj.i5544/rapid-responses

http://www.bmj.com/content/355/bmj.i5544/rr-1

Retrouvons encore un article bien fait et assez complet où nous sommes cités en référence :

http://www.dur-a-avaler.com/la-mammographie-de-depistage-pour-le-cancer-du-sein-inutile-et-dangereuse/

Notre combat et vidéo sont relayés dans plusieurs blogs, citons la très bonne analyse de Dr du 16 : http://docteurdu16.blogspot.fr/

Pour clôturer ce mémorable mois d’octobre rose, voici l’intervention de Philippe Nicot sur France 3 Limousin :

http://france3-regions.francetvinfo.fr/limousin/depistage-du-cancer-du-sein-s-arretera-t-il-limousin-1112993.html

Une superbe tribune de Jean, reprise dans le blog du Dr Lehmann boucle la boucle, puisque Jean donna les interventions inaugurale et finale d’octobre rose :

http://enattendanth5n1.20minutes-blogs.fr/archive/2016/10/24/depistage-des-cancers-du-sein-vive-la-democratie-sanitaire-932265.html

Une tribune signée de Philippe Nicot et Cécile Bour achèvera dignement les opérations dans le Nouvel Obs Plus. La voilà :


http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1569435-pourquoi-l-arret-du-depistage-organise-du-cancer-du-sein-est-une-bonne-chose.html 

Rappelons qu’en janvier 2016 déjà, les dépistages en général étaient déjà pointés du doigt, après la sortie d’une étude du Dr Prasad de l’l'Oregon Health and Science University à Portland Source :

http://www.notre-planete.info/actualites/4402-despistage-cancer-mortalite

Et encore deux articles ici :

Isabelle de Hercé, Cécile Bour, Sébastien Faure, Regards croisés sur le dépistage du cancer du sein, Actualités Pharmaceutiques,Volume 55, Issue 558, 2016, Pages 35-37, ISSN 0515-3700, https://doi.org/10.1016/j.actpha.2016.06.015. (https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0515370016302804)

La lutte contre le cancer du sein, un business lucratif ?
Par Camille Wernaers — N°192 / p. 20-22 • Octobre 2016
https://www.axellemag.be/lutte-contre-cancer-sein-business-lucratif/

Articles version papier :

  • infirmière libérale-magazine
  • Revue Axelle (2016)
  • Actualités pharmaceutiques (2016)
  • Figaro, 5 octobre 2016
  • Que Choisir, un article janvier 2017, et un dossier complet dans le Que Choisir de janvier 2017
  • Interview accordé par Dr Nicot octobre 2016 dans la Libre Belgique
  • Article dans Femme Actuelle N°1686, janvier 2017

Télévision : sujet inclus dans le JT de midi FR3 du 03/02/2017

Journaliste Marine Brossard

http://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-3/12-13/jt-de-12-13-du-vendredi-3-fevrier-2017_2038659.html

Et aussi : http://www.bmj.com/content/355/bmj.i6624/rr-2

Après la parution du Plan d'action de Mme la Ministre Marisol Touraine, le 6 avril 2017, notre analyse critique est relayée, avec celles du Dr Bernard Duperray et du Pr.Philippe Autier, dans le Figaro version papier du 7 avril, mais également sur le web :

http://sante.lefigaro.fr/article/depistage-du-cancer-du-sein-deux-consultations-proposees-a-25-et-50-ans

octobre 2017, article sur La nutrition.fr https://www.lanutrition.fr/dr-bour-les-mammographies-engendrent-des-surdiagnostics-en-masse

A la suite de la parution du nouveau livret d'information de l'Inca, nous en avons rédigé une analyse critique, reprise ici :

Journal international de Médecine

http://www.jim.fr/medecin/pratique/recherche/e-docs/information_sur_le_depistage_du_cancer_du_sein_peut_beaucoup_mieux_faire__167677/document_jim_plus.phtml

LE JDD fait paraître le 1er octobre un article sur la sortie prochaine de notre étude à partir du PMSI français concernant les mastectomies,

http://www.lejdd.fr/societe/sante/cancer-du-sein-le-depistage-ne-permet-pas-de-faire-diminuer-les-ablations-mammaires-3455636

ainsi qu'une tribune :

http://www.lejdd.fr/societe/sante/cancer-du-sein-pourquoi-la-generalisation-du-depistage-pose-probleme-3450941

Un article nous est consacré dans Les Echos :

https://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/030668058097-cancer-du-sein-la-pertinence-du-depistage-en-question-2120226.php

Et une chronique de Dr Dupagne sur France Inter du 12 octobre :

https://www.franceinter.fr/emissions/sante-polemique/sante-polemique-12-octobre-2017

Article dans Sciences et Avenir 13 octobre :


https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cancer/cancer-du-sein-le-depistage-organise-n-a-pas-fait-baisser-les-ablations_117352

Paris Match

http://www.parismatch.com/Actu/Sante/Cancer-du-sein-Le-depistage-organise-ne-reduit-pas-pas-le-taux-d-ablations-1370897

Europe 1

http://www.europe1.fr/sante/cancer-du-sein-le-depistage-na-pas-fait-baisser-les-ablations-du-sein-3462692

Psychomédia

http://www.psychomedia.qc.ca/sante/2017-10-04/cancer-du-sein-depistage-mastectomies

http://www.observatoire-sante.fr/cancer-du-sein-les-ablations-se-poursuivent/

http://www.notretemps.com/droit/cancer-du-sein-le-depistage-n-a-pas-afp-201710,i152510

http://www.linfo.re/magazine/sante-beaute/728510-cancer-du-sein-le-depistage-a-augmente-le-nombre-mastectomies

http://jeudi.lu/cancer-sein-depistage-na-baisser-ablations-sein/

http://www.oncauvergne.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=3695&catid=201:depeches-apm&Itemid=212

http://www.boursorama.com/actualites/cancer-du-sein-le-depistage-n-a-pas-fait-baisser-les-ablations-du-sein-etude-41a917cf5d42ba61e7a68c0a909bc9dd

https://www.quechoisir.org/actualite-cancer-du-sein-le-depistage-n-allege-pas-les-traitements-chirurgicaux-n47488/

Encore un article dans Sciences et Avenir

https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cancer-du-sein-le-depistage-se-reforme-a-petits-pas-sans-faire-taire-les-controverses_118155

et dans Libé :

http://www.liberation.fr/societe/2017/11/09/cancer-du-sein-le-depistage-se-reforme-a-petits-pas-sans-faire-taire-les-controverses_1608900

Décembre 2017, à la suite de la publication de P.Autier aux Pays Bas, itw dans Paris Match : http://www.parismatch.com/Actu/Sante/Depistage-cancer-du-sein-deux-nouvelles-etudes-contestent-son-interet-1423061

Où l'on parle de notre action : https://www.franceinter.fr/emissions/sante-polemique/sante-polemique-12-octobre-2017

Toute la synthèse téléchargeable :

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Fréquence des cancers latents, de découverte fortuite

Fréquence des cancers du sein fortuits et des lésions précancéreuses lors d'études d'autopsies : une revue systématique et méta-analyse.

https://bmccancer.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12885-017-3808-1

décembre 2017

Une autre étude que celle du Pr Autier récemment publiée dans le BMJ*(voir au bas de l'article) renforce la crainte que parmi les femmes traitées après découverte d’une lésion cancéreuse grâce au dépistage, et donc en l’absence de symptôme, un certain nombre (une sur deux dans l'étude Autier des Pays Bas) n’en aurait jamais souffert de son vivant ; on aurait pu éviter chez cette femme l’ablation d’un sein, une radiothérapie inutile ou une chimiothérapie fatigante.

Auteurs :

Elizabeth T. Thomas1 , Chris Del Mar 2 , Paul Glasziou 2 , Gordon Wright 1 , Alexandra Barratt 3 and Katy J. L. Bell 2,3

1 Faculty of Health Sciences and Medicine, Bond University, Robina, QLD 4229, Australia.

2 Centre for Research in Evidence-based Practice, Faculty of Health Sciences and Medicine, Bond University, Robina, QLD 4229, Australia.

3 Sydney School of Public Health, Sydney Medical School, Edward Ford Building (A27), University of Sydney, Fisher Road, Sydney, NSW 2006, Australia

Contexte

Les études d'autopsies ont démontré la fréquence de cancers occultes dans la population, mais les évaluations réalisées lors de ces études primaires portaient chaque fois sur un petit nombre de patients décédés.

Résultats

Les auteurs ont inclus 13 études  de 10 pays différents, sur 6 décades (de 1948 à 2010), incluant  2363 autopsies avec 99 cas de cancers dits "incidentalomes" (cancers de découverte fortuite), ou de lésions précancéreuses.
Lorsque l'examen histologique a été plus approfondi (sur plus de 20 coupes histologiques), il  a décelé davantage encore d'incidentalomes, des cancers in situ et des hyperplasies atypiques majoritairement, mais peu de cancers invasifs.

Ce qui signifie que plus on pousse la recherche histologique sur des personnes décédées, plus on trouve de cancers latents, avec une fréquence moyenne de ce cancer "accidentel" de l'ordre de 19,5% (0,85% cancer invasif + 8,9% de cancer in situ + 9,8% d'hyperplasie atypique).

Donc plus on cherche et plus on trouve, ce qui pose question sur le développement de techniques d'investigations de plus en plus performantes qui vont découvrir abusivement de plus en plus de ces lésions.
Les conséquences des sur-traitements qui en découlent sont à prendre plus au sérieux encore chez les femmes âgées en raison de la susceptibilité accrue aux effets adverses des traitements de cette population.

Conclusion

La revue systématique dans dix pays pendant plus de six décennies constate que la découverte fortuite de cancers occultes, in situ ou de lésions précancéreuses est très commune chez des femmes, chez lesquelles une maladie du sein n'était pas connue durant leur vie.

Il apparaît que des lésions cancéreuses ou pré-cancéreuses sont découvertes fortuitement chez 2 femmes sur 10 au cours de ces autopsies, les auteurs estiment que 40 % des cancers invasifs détectés par mammographie systématique et 24 % de l’ensemble des cancers invasifs seraient des sur-diagnostics.

Cette grande fréquence de cancers non détectés, in situ et hyperplasies atypiques dans ces études d'autopsies suggère que les programmes de dépistage devraient être plus prudents dans la promotion de méthodes de détection ayant une sensibilité accrue, qui majorent donc ces diagnostics inutiles.

*https://www.cancer-rose.fr/efficacite-et-surdiagnostic-du-depistage-mamographique-aux-pays-bas-etude-populationnelle/

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Rapport entre expériences personnelles des médecins et prescription du dépistage du cancer du sein

Lettre publiée dans le JAMA : résumé par Dr Bour, 11 décembre 2017

Auteur :

Craig Evan Pollack, MD, MHS, Division of General Internal Medicine, Department of Medicine, Johns Hopkins University, Baltimore

Research letter

 

Contexte

 

Les recommandations médicales influencent fortement les décisions des femmes de se soumettre au non au dépistage mammographique.

L'adhésion des médecins aux directives en évolution qui recommandent moins de dépistage au vu des preuves insuffisantes de son efficacité, ne sont pas toujours suivies.

Les cas cliniques rencontrés et les expériences de l'entourage (amis, collègues, membres de la famille diagnostiqués porteurs d'un cancer du sein) sont susceptibles d'affecter le médecin par rapport aux recommandations officielles.

Ces expériences personnelles "anecdotiques" induisent des informations sur le dépistage du cancer du sein dans l'esprit du professionnel de santé, qui peuvent être en totale contradiction avec les évaluations scientifiques, par exemple sur la réelle réduction de mortalité.

Une enquête a été réalisée sur des médecins gynécologues et médecins généralistes pour évaluer si leurs propres expériences personnelles (patientes, collègues, amis, famille) influençaient leurs recommandations vis à vis des patientes sur le dépistage du cancer du sein.

 

Méthode

 

Il s'agit d'une enquête réalisée par voie postale de mai 2016 à septembre 2016 qui a inclus 2000 généralistes, gynécologues, internistes, afin d'examiner leurs pratiques.

On a demandé aux médecins de rapporter en détail leurs expériences vécues en rapport avec ceux de leur réseau social (amis, patients, famille) qui avaient eu un diagnostic de cancer du sein.

Bien que la majorité des médecins interrogés rapportaient les cas de bon pronostic, une large proportion de médecins racontaient les cas à mauvais pronostic, proportion plus large qu'attendu compte tenu des 6% de femmes (chiffre national) souffrant d'une maladie disséminée.

 

Conclusion

 

L'évocation disproportionnée de mauvaises expériences (entendues ou vécues) est conforme à ce qui est relaté dans l'abondante littérature sur le comportement, qui explique comment ce qui est redouté et craint est plus volontiers rappelé, et peut accroître la perception du risque.

La description d'une patiente dont le cancer à évolution défavorable n'a pas été diagnostiqué par la mammographie de dépistage, se trouve associée à un comportement (de la part du praticien) de recommander le dépistage de façon accrue à des femmes de tranches d'âges inappropriées, pour lesquelles les recommandations officielles ne préconisent pas ce dépistage.

Les résultats de l'enquête suggèrent que les praticiens doivent tenir compte de l'influence de leurs propres expériences sur leurs modes de prescription du dépistage. Ceci peut constituer une bonne approche pour l'amélioration de leur adhésion aux révisions des directives sur le dépistage du cancer du sein.

 

 

 

 

 

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Communiqué de presse/étude Autier Pays Bas 2017

Dépistage du cancer du sein aux Pays-bas : peu d’effet sur la mortalité pour beaucoup de surdiagnostic.

 

Depuis les années 2000, il existe dans le monde entier une controverse scientifique vigoureuse sur le dépistage du cancer du sein. Cette controverse porte autant sur l’efficacité réelle de ce dépistage, que sur les risques qu’il occasionne.

Les bénéfices espérés d'un dépistage sont :

  • Diminution de la mortalité par cancer du sein. Est-elle aussi importante qu'il est affirmé ?
  • Diminution des formes avancées. Cet objectif est-il atteint ?

 

En balance il faut considérer les risques de la mammographie systématique :

  • Le surdiagnostic, c'est à dire des cancers annoncés et traités comme tels, qui n’auraient pas causé de dommage aux femmes s’ils n’avaient pas été diagnostiqués, car non évolutifs et n'entraînant pas le décès. Quelle est son ampleur ?
  • Le surtraitement (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie), dû au surdiagnostic, avec ses conséquences psychologiques, professionnelles, familiales, sociales et économiques sur la vie des femmes.

 

Une étude réalisée aux Pays-Bas, où les femmes participent massivement à 80% depuis 24 ans à ce dépistage, apporte des réponses importantes et inquiétantes. Le Prof. Philippe Autier et son équipe ont analysé le registre des cancers de ce pays. Leur analyse, publiée dans le BMJ du 6 décembre[1][2] conclut à :

  • L'absence de diminution des cancers du sein avancés.
  • Une baisse de mortalité par cancer du sein attribuable au dépistage de ce cancer se situant entre 0% et 5%, et donc bien plus faible que les 20% à 30% affirmés depuis des années.
  • Un surdiagnostic d’environ 50% parmi les cancers détectés par la mammographie, sans commune mesure avec les 10 à 20% généralement avancés.

 

La mammographie de dépistage diminuerait donc très peu la mortalité par cancer sein (beaucoup moins que les progrès des traitements, par exemple), mais induirait en revanche un grand nombre de diagnostics et de traitements inutiles. Cette information doit être connue des femmes participant à ce dépistage, mais également de leur entourage.

 

En France en 2016, afin de faire le bilan sur cette controverse et de déterminer l’attitude à adopter, une concertation scientifique et citoyenne avait été organisée à la demande du ministère de la santé. Celle-ci s’est catégoriquement prononcée pour que le dépistage soit purement et simplement arrêté, ou qu’il soit remplacé par un dispositif profondément transformé. [3]

 

L’étude menée par le Professeur Autier et ses collaborateurs confirme donc le verdict de cette concertation citoyenne.

 

[1] Autier P, Boniol M, Koechlin A, Pizot C, Boniol M. Effectiveness of and overdiagnosis from mammography screening in the Netherlands: population based study. BMJ 2017;359:j5224. http://dx.doi.org/10.1136/bmj.j5224

 

[2] Résumé en français : https://www.cancer-rose.fr/efficacite-et-surdiagnostic-du-depistage-mamographique-aux-pays-bas-etude-populationnelle/

 

[3] Cases C, Di Palma M, Drahi E, Fainzang S, Landais P, De Montgolfier S, Paccaud F, Rivière P, Thouvenin D. Ensemble, améliorons le dépistage du cancer du sein – Rapport du comité d’orientation. September 2016. http://www.concertation-depistage.fr

page 132 du rapport

 

 

 

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Efficacité et surdiagnostic du dépistage mammographique aux Pays Bas, étude populationnelle

BMJ 2017;359:j5224 http://dx.doi.org/10.1136/bmj.j5224

http://www.bmj.com/content/359/bmj.j5224

7 décembre 2017

Auteurs :

Philippe Autier,

University of Strathclyde Institute of Global Public Health at iPRI, Allée Claude Debussy, 69130 Ecully, Lyon, France

Magali Boniol

International Prevention Research Institute, Lyon, France

Alice Koechlin,

Cécile Pizot

Mathieu Boniol

Objectif

 

L'objectif de l'étude est d'analyser l'incidence spécifique des cancers selon leur gravité auprès des femmes aux Pays Bas, invitées tous les deux ans au dépistage mammographique depuis 1989 (sur la base du registre du cancer du pays).

On souhaite vérifier si le dépistage mammographique permet la réduction des formes les plus avancées (stades 2 à 4), ce qui définirait l'efficacité d'un dépistage mammographique.

L'étude évalue les variations de mortalité et tente de quantifier le surdiagnostic.

Méthodes

Le nombre supplémentaire de cancers in situ (CIS) et de tumeurs du sein de stade 1 dû au dépistage est estimé en comparant les taux de CIS et de tumeurs de bas stade (stade 1) dans le groupe de femmes de 50 à 74 ans dépistées, avec les taux parmi les femmes de mêmes tranches d'âges mais non dépistées.

En effet on estime que le réservoir le plus important du surdiagnostic sont les CIS et les tumeurs de stade peu élevé de malignité, dont le taux s'envole dès lors qu'on dépiste. Les auteurs ont considéré les stades 2 à 4 comme des stades 'avancés', expliquant que cette distinction est conventionnelle et utilisée ainsi dans les essais d'évaluation des programmes de dépistage.

Le surdiagnostic a été évalué après soustraction des cancers d'intervalle.

La réduction de mortalité entre 2010 et 2012 a été chiffrée sans et avec considération de l'effet de cohortes (en effet on considère que les cohortes n'ont pas toutes des caractéristiques uniformes, mais que la pyramide des âges ou les périodes de naissance peuvent induire des effets sur les cohortes étudiées.)

Résultats :

L'incidence des cancers des stades 2 à 4 parmi les femmes des tranches d'âge au-delà de 50 ans était de 168 pour 100 000 femmes en 1998, et de 166 pour 100 000 en 2012.

Ceci tendrait à démontrer qu'il n'y a pas de "rattrapage" des tumeurs des stades les plus élevés par le dépistage.

mortalité :

La mortalité par cancer du sein a décliné de 38% entre 1989 et 2013.

En ne tenant pas compte de l'effet de cohorte le dépistage serait associé à une réduction de mortalité de 5%, et à aucune réduction de mortalité si on tient compte de l'effet de cohorte (c.àd. de l'influence de la pyramide des âges et des périodes de naissance des populations).

Dans les deux cas les améliorations thérapeutiques seraient responsables de 28% de la réduction de la mortalité.

surdiagnostic :

L'étude soutient une manifeste augmentation du surdiagnostic avec l'extension du dépistage notamment aux femmes plus âgées, (entre 70 et 75 ans), favorisée par la mammographie numérique qui détecte de plus en plus petites lésions, la plupart sans importance clinique.

Parmi les cancers détectés avec le dépistage, on évalue le surdiagnostic en soustrayant les cancers d'intervalle et les cancers des stades 2 à 4.

Le programme avec la mammographie numérique a généré, selon les auteurs, 16 surdiagnostics pour une vie "sauvée", cela de façon d'autant plus flagrante chez les femmes de la tranche d'âge 70-75 ans.

Les auteurs évoquent un surdiagnostic aux alentours de 50% parmi les cancers détectés au dépistage.

La procédure du ganglion sentinelle :

 

Dès 2002 elle contribue à une "migration du stade", c'est à dire à un "upgrading" du stade des tumeurs, essentiellement du stade 2 au stade 3 dès 2002. Les tendances observées entre 1989 et 2012 montrent une augmentation considérable de l'incidence des tumeurs in situ et des cancers de stade 1, tandis que les tendances des cancers de stade 2 à 4 sont restées relativement stables.

Conclusion :

  • Absence de réduction significative des taux des cancers avancés.
  • Un effet marginal sur la réduction de la mortalité. (Entre 0% et 5%, donc bien plus faible que les 20% à 30% affirmés depuis des années.)
  • Environ la moitié des cancers dépistés constitue du surdiagnostic.
  • Dans les deux scénarios, en considérant ou alors sans considérer l'effet de cohortes, la réduction de mortalité imputable au dépistage est marginale, alors que celle attribuable aux traitements est de l'ordre de 28%

 

 

 

 

 

 

Que disent ces courbes ?

  • Les cancers de stade avancé ne régressent pas et tendent même à rejoindre des taux d'avant l'instauration du dépistage.
  • En revanche, l’incidence des cancers in situ et de stade 1 a fortement augmenté. La comparaison de l'incidence entre les groupes d'âge montre des différences notables dans les tendances dans le temps qui sont corrélées à l'invitation au dépistage et au remplacement de la mammographie sur film par une mammographie numérique

Commentaires/parallèle avec la situation et les études faites en France

L'étude d'efficacité du dépistage mammographique aux Pays-Bas, par l'équipe de l'IPRI, BMJ 7/12/2017

L'étude réalisée par le Pr Autier et son équipe s'est donnée pour objectif de vérifier si le dépistage mammographique permettait réellement la réduction des formes les plus avancées (stades 2 à 4) du cancer du sein, l'efficacité d'un dépistage étant définie à la fois par la réduction de la mortalité due à la maladie et par la diminution significative des formes les plus graves.

En France règne la conviction que les indicateurs de mortalité sont insuffisants en raison d'une participation trop faible (50%) de la population féminine.

A ce titre les constats décevants de l'étude de Autier et col. prennent d'autant plus de poids que la participation aux Pays-Bas, elle, est de 80% ; ces constats sont :

  • effet marginal du dépistage sur la mortalité,
  • absence de recul des formes les plus avancées du cancer du sein.

Un surdiagnostic massif

Mais c'est l'évaluation du surdiagnostic qui interpelle dans de cette étude, puisque chiffrée jusqu'alors aux alentours de 20 à 30%, jamais au-delà de 50%.

Les auteurs de l' évaluation néerlandaise publiée ici soutiennent une manifeste augmentation du surdiagnostic, favorisée par la mammographie numérique. Ils évoquent un taux de surdiagnostic aux alentours de 50% (pouvant atteindre 52%) des cancers détectés, ce qui rejoint l'estimation de B.Junod, réalisée sur trois cohortes de femmes en France et publiée en 2011 dans British Medical Journal. [1]

Junod et Zahl avançaient à l'époque un taux de 60% de surdiagnostics chez les femmes dépistées.

Surtraitement, l'étude française de "vraie vie"

 

Les auteurs de l'IPRI joignent deux graphiques dans les annexes de leur étude, il s'agit des tendances des incidences spécifiques des tumeurs selon leur stade, et qui illustrent la constante augmentation des tumeurs de bas stade de gravité ainsi que des CIS, qui seront traitées avec la même agressivité que les autres formes de cancers, ce que corrobore l'étude française menée par notre collectif, récente, publiée par la Revue Médecine en octobre 2017, "le dépistage permet-il d'alléger le traitement chirurgical des cancers du sein ?". [2]

Dans notre étude basée sur les données publiques d'une base de facturation des actes hospitaliers (Scansanté), on constate les faits suivants :

  • Une augmentation significative des actes de mastectomies totales et des actes de mastectomies toute chirurgie confondue, depuis 2000.
  • L'examen des ratios mastectomies totales/incidence des cancers invasifs et total actes/incidences des cancers invasifs montre une stabilité des ratios pour les mastectomies totales, et une augmentation des ratios concernant les mastectomies tous actes confondus.
  • Il y a bien une diminution, statistiquement significative, de la part des mastectomies totales. Mais elle n’est pas synonyme d’allègement des traitements chirurgicaux, car n’est pas due à une diminution des mastectomies totales mais bien à une augmentation des mastectomies partielles plus importante que celle des mastectomies totales.

lire aussi : https://www.cancer-rose.fr/explication-de-letude-sur-les-mastectomies-en-france/

Conclusion :

On réalise donc de plus en plus d'actes chirurgicaux, y compris radicaux, depuis le dépistage systématisé, et non pas uniquement pour les seuls cancers invasifs.

Le surtraitement que notre étude française dénonce, est la résultante d'un surdiagnostic plus important qu'on l'estimait auparavant, massif à l'instar de ce que pressentait l'étude Junod/Zahl, ce que semble confirmer aujourd'hui l'étude de Philippe Autier et de ses collaborateurs.

 

 

[1] Junod B, Zahl P-H, Kaplan RM, Olsen J, Greenland S. An investigation of the apparent breast cancer epidemic in France: screening and incidence trends in birth cohorts. BMC Cancer. 2011 Sep 21;11(1):401.

[2] http://www.jle.com/fr/revues/med/e-docs/le_depistage_organise_permet_il_reellement_dalleger_le_traitement_chirurgical_des_cancers_du_sein__310529/article.phtml

Autres lectures et analyses en lien avec l'étude

Communiqué de presse : Communiqué de presse

Mette Kalager, professeure et chercheuse (Université d'Oslo) pose la question "si on était mieux sans mammographie?"

A lire ici : http://www.bmj.com/content/359/bmj.j5625

L'analyse de Dr Grange, ici : http://docteurdu16.blogspot.fr/2017/12/

Et la synthèse sur le dépistage Autier/Boniol : https://www.cancer-rose.fr/le-depistage-mammographique-un-enjeu-majeur-en-medecine/

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Analyse du nouveau panorama de l’OCDE 2017

3 décembre 2017

Le nouveau panorama de la santé de l' OCDE (2017) avec les indicateurs de l'OCDE est paru,  Edition OCDE)

Panorama OCDE

Analyse critique par

Dr Gourmelon Marc,

Dr Robert Vincent

Vous pouvez cliquer directement sur la partie qui vous intéresse

Première partie, Dr Marc Gourmelon Marc : critique formelle du texte

Deuxième partie Dr Vincent Robert : analyse statistique de l'hypothèse d'une baisse de mortalité associée au dépistage.

PREMIERE PARTIE


 

Introduction

 

Le document présenté est une vision de la santé sous différents aspects par l'analyse d'éléments présents dans de très nombreux pays dans le monde, pas seulement ceux faisant partie de l’OCDE.

« Le cancer est la deuxième cause de mortalité dans les pays de l’OCDE, après les maladies circulatoires ; il a été à l’origine de 25 % des décès en 2015, contre 15% en 1960. Dans plusieurs pays, comme le Danemark, la France, le Japon, les Pays-Bas, le Canada, le Royaume-Uni, l’Espagne, la Belgique et l’Australie, le taux de mortalités par cancer est supérieur à celui des maladies circulatoires. La part croissante des décès par cancer tient au fait que les taux de mortalité dus à d’autres causes, aux maladies circulatoires notamment, reculent plus rapidement que ceux du cancer. »(page 62, premier pavé)

Il est à noter que dès le début de ce rapport, la baisse de la mortalité est affirmée comme étant liée aux diagnostics précoces qui sont la conséquence de politiques de dépistage mises en place.

« Le cancer du sein est la deuxième cause de mortalité par cancer chez les femmes dans de nombreux pays de l’OCDE. Bien que son incidence ait augmenté au cours de la dernière décennie, la mortalité a diminué dans la plupart des pays grâce aux diagnostics plus précoces et à l’amélioration des traitements. »(page 62, 7ème pavé)

Cette affirmation, pour le moins « péremptoire » montre donc un parti pris des auteurs.

 

Cas du cancer de la prostate

 

A propos du cancer de la prostate :

«  Les taux de mortalité par cancer de la prostate ont diminué dans certains pays de l’OCDE sous l’effet de la détection précoce et de l’amélioration des traitements »(fin page 70 du document de référence).

Or la Haute Autorité de Santé,  dès 2012, ne recommande plus le dépistage ; " la HAS a confirmé sa non-recommandation du dépistage systématique du  cancer de la prostate en population générale comme dans les populations à haut risque sur les éléments suivants etc.." [i]

Il en est de même des autorités américaines et canadiennes. [ii]

Comment les auteurs de ce rapport peuvent-ils affirmer que le dépistage précoce a diminué grâce au dépistage quand cela contrevient aux recommandations d’autorités qui ont étudié en détail cette problématique.

La croyance contre les faits scientifique est sans doute la réponse à cette interrogation.

Cas du cancer du sein

 

Il est clair que le cancer du sein, de par sa fréquence est un réel problème de santé publique :

« Les plus courants sont le cancer du sein (12.9 % des nouveaux cas de cancer) et de la prostate (12.8 %), suivis du cancer du poumon (12.3 %) et du cancer colorectal (11.9 %). Ces quatre cancers représentent la moitié de la charge de morbidité estimée du cancer dans les pays de l’OCDE (Ferlay et al., 2014). » (page 70, premier pavé)

 

Un peu plus loin sur la même page :

«  La variation de l’incidence du cancer du sein d’un pays de l’OCDE à l’autre serait imputable, en partie tout au moins, à la diversité de la couverture et des méthodes de dépistage. Bien que les taux de mortalité par cancer du sein aient diminué dans la plupart des pays de l’OCDE depuis les années 1990 grâce à des diagnostics plus précoces et à une amélioration des traitements, ce cancer demeure l’une des premières causes de décès par cancer chez les femmes »(page 70, moitié du 4ème pavé).

A nouveau  est ici affirmé que le dépistage et les diagnostics précoces sont une des causes de la baisse de mortalité par cancer du sein.

 

Venons-en à présent au chapitre spécifiquement consacré au cancer du sein, dès page 128.

« Le cancer du sein est la forme de cancer la plus fréquente chez les femmes dans les pays de l’OCDE, à la fois en terme d’incidence et de prévalence. Une femme sur neuf souffrira d’un cancer du sein à un moment ou à un autre de sa vie. Les facteurs qui augmentent les risques de développer cette maladie sont l’âge, les antécédents familiaux de cancer du sein, la prédisposition génétique, les facteurs de reproduction, une œstrogénothérapie substitutive et l’hygiène de vie, y compris l’obésité, le manque d’activité physique, le régime alimentaire et la consommation d’alcool. » (page 128 du document de référence)

 

Il est peu contestable que le cancer du sein est la forme la plus fréquente de cancer chez la femme.

Par contre l’affirmation qu’une femme sur 9 souffrira d’un cancer du sein dans sa vie, occulte complètement le surdiagnostic dû aux politiques de dépistage par mammographie.

La fréquence du cancer du sein fait la part belle au surdiagnostic et il est impossible de savoir dans le nombre de cancers du sein  diagnostiqués ceux qui en étaient des « vrais ». D’où le problème de définition de cancer du sein.

Aujourd’hui c’est l’analyse anatomopathologique qui fait le cancer alors que l’anatomopathologiste est encore aujourd’hui incapable de dire si les cellules cancéreuses qu’il voit au microscope vont ou non tuer la femme.  

Dire qu’une femme sur neuf sera confrontée au cancer du sein est une présentation trompeuse, ce risque étant un risque cumulé tous âges confondus, calculé sur une population fictive en fonction des risques observés en 2012. Or il convient de considérer ce risque selon la tranche d’âge. Avec un suivi de 20 années, pour une femme de 40 ans ce risque est de 4%, pour une femme de 60 ans il est de 6%.(  

Le surdiagnostic est malgré tout évoqué un peu plus loin :

« La plupart des pays de l’OCDE ont mis en place des programmes de dépistage du cancer du sein qu’ils considèrent efficaces pour détecter la maladie à un stade précoce (OCDE, 2013). Or, en raison de l’amélioration récente des résultats des traitements et des inquiétudes relatives aux

résultats faux positifs, au surdiagnostic et aux traitements excessifs, les recommandations en matière de dépistage du cancer du sein ont été réévaluées ces dernières années. Au vu des conclusions des études récentes l’OMS préconise l’organisation d’un dépistage par mammographie parmi la population concernée si les femmes sont en mesure de prendre une décision éclairée après avoir pesé les avantages et les risques associés à cet examen (OMS, 2014). » (page 128, deuxième pavé)

Il est intéressant de noter qu’ici, à la différence des pages précédentes, que l’efficacité du dépistage du cancer du sein n’est pas affirmée.

De plus, il est mis en avant la nécessité de l’information éclairée des femmes, information éclairée qui n’est toujours pas assurée en France comme l’a montré notre dernière analyse du livret de l’ INCA sur le sujet.[iii]

 

Qu’en est-il des indicateurs retenus ?

Dès le début de ce document, les auteurs affirment se baser sur des indicateurs pertinents dans l’élaboration de leurs analyses. Ils écrivent :

« Un jeu de quatre à cinq indicateurs pertinents est présenté pour chacune de ces composantes, sous la forme de vues d’ensemble des pays de l’OCDE et de tableaux de bord nationaux. »(page 19)

 

Or à propos du cancer du sein, un des indicateurs présentés est le taux de survie :

« Le taux de survie au cancer du sein est signe d’un diagnostic précoce et de traitements améliorés. »(page 128, 4ème pavé)

Le taux de survie est défini ici : « La survie nette à cinq ans est la probabilité cumulée que les patients atteints de cancer survivent à leur cancer pendant au moins cinq ans, après avoir contrôlé les risques de décès dus à d’autres causes. »(page 128, encart gris, deuxième pavé)

 

Or le taux de survie est un mauvais indicateur car il fait la part belle au surdiagnostic en ignorant le biais d’avance au diagnostic [iv] dans le cas des cancers qui bénéficie d’un programme de dépistage précoce.

Sachant le problème de ce biais d’avance au diagnostic, comment les auteurs de ce panorama peuvent-ils écrire ceci :

« Au cours des 10 dernières années, le taux de survie net à cinq ans des femmes atteintes d’un cancer du sein a augmenté dans les pays de l’OCDE. Il a considérablement progressé dans certains pays d’Europe centrale et orientale, comme l’Estonie et la République tchèque, la survie après un diagnostic de cancer du sein y demeurant toutefois inférieure à la moyenne de l’OCDE. Il est possible que ces progrès soient liés au renforcement de la gouvernance des soins d’oncologie dans ces pays. La République tchèque a par exemple intensifié ses efforts en vue de s’attaquer au fléau du cancer du sein par la mise en place d’un programme de dépistage et un programme national de lutte contre le cancer au début des années 2000

(OCDE, 2014).(page 128, cinquième pavé)

 

Qu'en est-il des taux de mortalité selon les pays ?

 

On laisse croire que si la République Tchèque a vu le taux de survie des cancers du sein à 5 ans progresser, c’est grâce à la mise en place d’un programme de dépistage.

« Les taux de mortalité, pour leur part, ont reculé dans la plupart des pays de l’OCDE au cours de la décennie écoulée (graphique 6.35). Ce repli tient aux progrès en matière de dépistage et de traitement précoces du cancer du sein. Des avancées substantielles sont observées en République tchèque et au Danemark, où la mortalité a reculé de plus de 20 % en 10 ans, le Danemark continuant toutefois d’afficher l’un des taux les plus élevés. 

Par contre, le taux de mortalité du cancer du sein a augmenté de plus de 10 % en Islande et en Corée au cours de la dernière décennie.

L’Islande enregistre le taux le plus haut de l’OCDE, alors que celui de la Corée reste le plus bas. »(page 128, sixième pavé).

 

la République Tchèque semble le pays exemplaire car le dépistage a progressé de 30 % à 61,5 % et dans le même temps la mortalité est passée de 33 % environ à 23,3 %

Mais ce magnifique exemple ne saurait faire oublier d’autres pays.

Par exemple en Corée entre 2005 et 2015 le taux de dépistage a passé de 25 % environ à 66,8 % soit la progression la plus importante et dans le même temps la mortalité a augmenté même si elle est parmi la plus faible.

En Islande, la mortalité était de 27 % en 2005 elle est aujourd’hui de 31,5 % alors que le dépistage est quasi stable à 59 %.

La mortalité a progressé en Slovaquie alors que le dépistage y est stable à 75 %

La mortalité progresse aussi en Lettonie malgré l’amélioration du dépistage et c’est aussi le cas au Mexique et au Japon.

Le seul indicateur dont tout le monde reconnaît la pertinence,  est le taux de mortalité. Nous allons rechercher la relation entre taux de mortalité et dépistage dans la deuxième partie de cet article.

[i] https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2013-07/referentieleps_format2clic_kc_prostate_vfinale.pdf - 6eFormat2clic_KC Col prostate-040814.indd%3AAccueil-Fondements scientifiques-p30%3A1375page 30

[ii] https://screeningforprostatecancer.org/wp-content/uploads/2017/03/temp-Prostate-Cancer-Draft-RS_Final-for-Web_3.24.171.pdf

[iii]  https://www.cancer-rose.fr/analyse-critique-du-nouveau-livret-dinformation-de-linca/

[iv] Biais du temps d’avance au diagnostic et biais de sélection des cancers les plus favorables

http://www.minerva-ebm.be/fr/article/146

DEUXIEME PARTIE

Introduction

 

Le panorama comporte des données concernant les cancers du sein pour une trentaine de pays (page 128 et 129). On dispose ainsi pour ces pays des taux de dépistage, des taux de survie à 5 ans et des taux de mortalité par cancer du sein.

Nous avons cherché à vérifier si ces données confirment l'hypothèse d'une baisse de mortalité par cancer du sein associée au dépistage.

Hypothèse

Si l'hypothèse d'une baisse de mortalité associée au dépistage est correcte, les pays à fort taux de dépistage devraient également être des pays à faible taux de mortalité. On devrait donc observer une corrélation négative entre taux de dépistage et taux de mortalité. De même, les pays ayant augmenté leur taux de dépistage devraient avoir obtenu parallèlement une diminution de leur taux de mortalité et on devrait observer une corrélation négative entre évolution du taux de dépistage et évolution du taux de mortalité.

Méthode

Pour les pays pour lesquels l'information était disponible, nous avons étudié les relations entre taux de dépistage en 2015 et taux de mortalité en 2015, ainsi que les relations entre évolution des taux de dépistage entre 2005 et 2015 et évolution pour la même période des taux de mortalité.

L'étude des relations a été réalisée par méthode graphique (nuage de points + droite de tendance linéaire) et test de corrélation des rangs de Spearman.

La disponibilité des données a permis d'inclure 30 pays dans l'analyse des relations entre taux de dépistage et taux de mortalité et 27 pays dans l'analyse des relations entre évolution du dépistage et évolution de la mortalité.

La figure 1 représente le nuage de points taux de dépistage en 20015 - taux de mortalité en 2015 ; la figure 2 représente le nuage de points évolution du taux de dépistage - évolution du taux de mortalité. Chaque point représente un pays.

Cliquez sur la figure pour agrandir :

 

Résultats

Dans les 2 cas, la pente de la droite de tendance linéaire est discrètement positive ; autrement dit, la mortalité tend à augmenter quand le dépistage augmente. Cette tendance n'est toutefois pas statistiquement significative au test de corrélation des rangs de Spearman (autrement dit, cette tendance pourrait n'être qu'un effet du hasard).

Nous nous bornerons donc à conclure que les données publiées par l'OCDE ne corroborent pas l'hypothèse d'une diminution de la mortalité par cancer du sein associée au dépistage.

Discussion

Nous n'avons volontairement pas analysé les relations entre taux de dépistage et taux de survie à 5 ans. On sait en effet que ces relations sont faussées par l'avance au diagnostic qui accompagne le dépistage et qui augmente mécaniquement la survie apparente.

Du fait de modalités de recueil des données différents d'un pays à l'autre, les données de l'OCDE que nous avons utilisées sont de toute évidence hétérogènes. Cette hétérogénéité se traduit graphiquement par une forte dispersion des nuages de points et elle fait perdre de la puissance lors des tests statistiques. De surcroît, les situations sanitaires sont différentes d'un pays à l'autre et pourraient générer des biais. Par exemple, on peut imaginer que les pays qui ont le plus mis en place le dépistage sont les pays qui avaient les plus forts taux de mortalité ; cette mortalité pourrait avoir baissé avec le dépistage mais sans revenir aux taux des autres pays, laissant ainsi ces pays à fort dépistage parmi les pays à forte mortalité.

Ce risque de biais est réel dans l'analyse des relations entre dépistage en 2015 et mortalité en 2015. Il est plus limité dans l'analyse des relations entre évolution du dépistage et évolution de la mortalité entre 2005 et 2015. Travailler sur des évolutions de taux pour un même pays permet de réduire l'hétérogénéité des données liée aux modalités de recueil, ces modalités ayant probablement peu varié d'une période à l'autre. Travailler sur des évolutions de taux pour un même pays permet également de réduire les biais liés aux situations sanitaires différentes, les variations d'une période à l'autre étant probablement moins marquées que les variations entre pays.

Le test de corrélation portant sur les rangs des données plutôt que sur les données elles-même permet également d'atténuer le problème de l'hétérogénéité des données en s'affranchissant du problème des valeurs extrêmes (outliers).

Ces limites tenant à l'hétérogénéité des données et au risque de biais doit rendre prudent dans l'interprétation des résultats. Il n'en reste pas moins que les données de l'OCDE ne confirment pas l'hypothèse d'une réduction de mortalité par le dépistage et qu'on peut affirmer que, si le dépistage permet une réduction de mortalité, cette réduction est certainement très modeste. Une forte réduction aurait en effet été mise en évidence malgré les limites de qualité des données.

Nos résultats sont par ailleurs en accord avec les études récentes qui concluent également à une absence de diminution de la mortalité par cancer du sein par le dépistage organisé.

biblio 1 2 3

 

Conclusion

En conclusion, les données concernant les cancers du sein publiées par l'OCDE dans son Panorama de la santé 2017 ne corroborent pas l'hypothèse d'une diminution de la mortalité par cancer du sein associée au dépistage. Nous pouvons donc, au minimum, affirmer que le dépistage ne constitue pas le déterminant principal de la baisse de mortalité observée dans la plupart des pays depuis 10 ans.

Biblio

1 Impact of screening mammography on breast cancer mortality

Archie Bleyer, Cornelia Baines, Anthony B. Miller

Issue International Journal of Cancer
International Journal of Cancer
Volume 138, Issue 8, pages 2003–2012, 15 April 2016

 Les auteurs concluent que le lien entre mammographie de dépistage et le degré de réduction de mortalité par cancer du sein observée ces dernières années est de plus en plus sujet à controverse.

Une comparaison de huit pays d’ Europe et en Amérique du Nord ne démontre pas de corrélation entre la pénétration du dépistage national et la chronologie ou même l’ampleur de réduction de mortalité par cancer du sein.

Les preuves issues des trois approches différentes et d’autres observations supplémentaires ne soutiennent pas l’hypothèse que le dépistage par mammographie serait la raison principale de la réduction de mortalité par cancer du sein observée en Europe et en Amérique du Nord.

https://www.cancer-rose.fr/etude-dimpact-du-depistage-par-bleyermiller-2015/

2   « Breast Cancer Screening, Incidencee, and Mortalily Acress US Countrie. »
Auteurs : Harding C, Pompei F., Burmistrov D., et al.
JAMA Intern Med. Published online July 06, 2015. doi:10.1001/jamainternmed.2015.3043

https://www.cancer-rose.fr/analyse-etude-jama/

3 Mortalité par cancer du sein et facteurs associés dans l’Etat de São Paulo, Brésil: une analyse écologique

http://bmjopen.bmj.com/content/7/8/e016395

Auteur : Carmen Simone Grilo Diniz

Panorama de l'OCDE

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Un témoignage à Cancer Rose

Cancer Rose vous offre une tribune citoyenne. Vous aussi, vous pouvez témoigner.

par Dr Marc Gourmelon, 30 novembre 2017

 

 

 

Nous avons reçu sur notre site un témoignage qui nous a paru indispensable de partager  .

L’histoire vécue d’une patiente montre combien le comportement et l’action des médecins n’est jamais sans conséquence pour son patient  .

Ce que dit ce témoignage n’est jamais évoqué car « les médecins agissent pour le bien des patients ».

Mais se rendent-ils compte que ce qu’ils font, disent dans le secret de leur cabinet, peut avoir des conséquences dramatiques pour la vie de ceux qu’ils reçoivent ?

Cette partie de l’intime n’est jamais exprimée, c’est la raison pour laquelle ce récit est particulièrement précieux et nous a semblé important de le publier avec l’accord de l’intéressée.

 

 

Témoignage

 

De Martine B : Remerciements et témoignage *
Bonjour,

Je vous écris après avoir découvert votre association dans un article du magazine Paris Match, que je feuilletais dans la salle d’attente de mon gynécologue. Quel heureux hasard.

Je vous écris car j’aimerais vous apporter un témoignage de la façon dont une femme sous surveillance systématique pour un risque de cancer du sein depuis 20 ans vit cette situation. Mon témoignage ne vaut que pour ce qu’il est, c’est à dire mon expérience personnelle et je n’ai bien entendu pas la prétention d’être un exemple de ce que vivent les autres femmes dans ma situation, mais je pense que nous sommes nombreuses à en souffrir. Peut être apportera -t-il de l'eau à votre moulin.

Le jour ou j’ai lu cet article, j’avais rendez-vous avec un nouveau spécialiste dans la ville ou je viens d’emménager. Je lui ai fait, comme il se doit pour une première visite un résumé de mon historique familial et comme d’habitude depuis les 20 dernières années de ma vie, il m’a prescrit un bilan sénologique complet, pour, m’a t-il dit « servir de référence ». J’ai un peu protesté, il a insisté.

Je viens d’avoir 46 ans. Ma mère est morte à 60 ans d’un cancer du sein métastasé, qui avait débuté 10 ans plus tôt. Je dois préciser ici que ma mère n’était pas porteuse des gènes BRCA1 BRCA2, que ma grand mère maternelle est morte à 98 ans, après sa fille, d’un AVC, tout comme sa mère avant elle, morte à 92 ans.

Quand j’ai atteint l’âge de 27 ans, ma gynécologue, qui était aussi celle de ma mère, alors en pleine rechute de son cancer, a décidé de me mettre sous surveillance en faisant pratiquer de façon annuelle un bilan senologique. Je me suis pliée à cet exercice les deux premières années, puis, devant les doutes sur le bien fondé de cette démarche émis par les médecins qui pratiquaient les examens, j’ai demandé à ce que l’on mette plus de distance. 18 mois fût le délai que ma spécialiste jugea raisonnable. 24 mois furent en réalité les délais que j’appliquais de moi même.

A aucun moment à cette époque je n’ai pensé remettre en question le jugement de ma spécialiste. C’est un cancérologue qui traitait ma mère, alors en fin de vie qui m’a interpellée à ce sujet. Il m’a parlé du score d’Eisinger et m’a expliqué que selon toute vraisemblance j’avais un score équivalent à toutes les femmes de mon âge, 34 ans et pas de risque accru, si ce n’est par la pratique de ces irradiations que mon médecin me faisait pratiquer depuis 7 années déjà. Ce fût un choc. Ma mère mourut peu après et je tombais enceinte pour la première fois, ce qui mit un peu de distance entre le dépistage et moi, mais je gardais en mémoire ses paroles en me promettant d’en parler avec ma spécialiste quand l’heure serait venue.

Ce fût fait trois ans plus tard. Elle entendit ma demande, mais au lieu de me rassurer et de confirmer les dires du cancérologue, me proposa de limiter l’irradiation en faisant réaliser des   . Choquée, déstabilisée après 15 ans passés à être suivie par elle, je décidais de changer de spécialiste. J’en choisis une hautement recommandée par les collègues sages-femmes de ma mère. Mais là encore, après explication de mon « historique familial » je m’entendis dire « On connaît ces deux gènes, mais il y en peut être d’autres. Vous ne pouvez être certaine de rien. Il faut continuer à pratiquer un bilan tous les deux ans. »

Alors me voilà, à 46 ans, deux enfants et 9 mammographies parfaites au compteur, avec un nouveau spécialiste qui me propose de continuer cette cavalcade, comme si de rien n’était. 20 ans que tous les deux ans, la boule au ventre je prends rendez-vous et je me plie à ce que l’on attend de moi. 20 ans que finalement, je vis comme si j’étais une malade en sursis. 20 ans que je pratique des auto-palpations quasi quotidiennes et que je ressens des douleurs et symptômes de somatisation, dont je n’ose parler qu’à ma psy et à mon mari qui soufre avec moi du poids que cette peur tenace, qu’on a lentement instillée en moi.

J’ai vécu mes grossesses dans la terreur de la maladie, j’ai allaité mes enfants 18 mois chacun, plus dans un but prophylactique, pour mettre toutes mes chances de mon côté, que par plaisir. J’ai accompagné ma mère dans toutes ses épreuves et ce depuis mes 17 ans. J’ai vécu cette maladie avec elle. Cette simple expérience était en soi déjà suffisamment traumatisante, mais les médecins, dont la parole a forcément un poids énorme, ont réussi à faire de moi une malade imaginaire et, comme je l’ai découvert ont aussi vraisemblablement augmenté mes risques véritables de tomber malade un jour, en me permettant de m’irradier inutilement.

Alors aujourd’hui après avoir découvert votre site, et lu beaucoup d’articles sur le sujet, j’ai décidé que cela devait s’arrêter, que je devais reprendre en mains ma santé et que je n’irai plus faire de mammographies.
Cela sera difficile, car avec la peur, on m’a aussi inoculé un sentiment de culpabilité. La mauvaise mère, la mauvaise épouse, qui ne se ferait pas diagnostiquer assez tôt et qui risquerait sa vie…. mais en fait en prenant cette décision, j’ai l’impression de sauver ma peau. Ce n’est pas MA peur, c’est la leur. Celle de passer à côté de quelque chose, de perdre encore une patiente.

Un immense merci donc pour votre démarche, qui a donné du poids à ce que je ressentais confusément depuis si longtemps. Continuez d’informer les femmes! Et pour apporter ma modeste contribution, j’ai décidé de souscrire à votre association.

Bien à vous,

 

 

De nos pratiques médicales

 

Ce témoignage met en lumière les idées fausses et déviances de nos pratiques médicales :

 

  • Faire passer une femme comme à risque en raison d’un seul antécédent familial de cancer du sein ( aïeules décédées à des âges avancés) ; et à l’encontre de l’avis d’un spécialiste cancérologue.

 

  • La conviction de nombres de médecins que la surveillance par mammographie est le « gold standard » du travail de prévention d’un cancer du sein. La proposition de remplacer la mammographie par un IRM qui ne délivre pas de rayons X ne change rien au comportement médical.

 

  • La non information éclairée sur le dépistage du cancer du sein par mammographie, la croyance exagérée dans les bénéfices du programme de dépistage porté par les autorités, les médias, la majorités des médecins ; tout cela a des conséquences réelles sur la vie quotidienne des femmes comme le relate cette patiente.

 

Les conséquences sur la vie des femmes sont systématiquement niées par ceux qui portent cette promotion affirmant sans vergogne que le dépistage du cancer du sein par mammographie, qu’il soit organisé ou individualisé comme ici est sans conséquence aucune.

 

Ce témoignage souligne que trouver des informations fiables et indépendantes est très difficile.

Il a fallu le hasard de la lecture d’un rare article qui porte notre combat pour l’information éclairée de toutes les femmes sur le sujet pour que cette femme trouve enfin l’information qu’elle pressentait au fond d’elle-même.

Combien de patientes passent à côté de cette information encore insuffisamment reprise, alors que bon nombre d'expositions médiatiques ne rapportent que le dogme de la mammographie de dépistage qui sauverait des vies ?

De plus cette information biaisée est souvent culpabilisante.

Enfin, cette contribution montre à quel point le « primum non nocere » ( d’abord ne pas nuire) enseigné il y a plus de 2500 ans par HIPPOCRATE est complètement oublié aujourd’hui par nombre de médecins convaincus de bien faire.

 

Mais chacun sait que « l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions ».

 

 

* : le prénom et l’initiale du nom ont été modifiés pour respecter l’anonymat.

 

 

 

 

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Traitement hormonal substitutif (THS) et cancer du sein

Synthèse Dr C.Bour, 29/12/2020

Le débat sur la question du lien entre THS et cancer du sein est ancienne, et date de 2002 où une étude américaine laissait entendre un sur-risque de cancer chez les patientes sous THS. Cette première étude a donné lieu à de grandes controverses. Cet essai WHI (Women Health Initiative) est une vaste étude randomisée américaine ayant pour objectif d’évaluer les risques et les bénéfices de différentes stratégies diététiques et médicales, pouvant réduire l’incidence des maladies cardiovasculaires, des cancers du sein, du cancer colorectal ainsi que des fractures chez les femmes ménopausées.

Prévu pour durer plus de 8 années, l’essai a été prématurément arrêté au premier semestre 2002 après un peu plus de 5 années, les risques ayant été jugés supérieurs aux bénéfices, en particulier à cause de l’apparition d’effets cardiovasculaires défavorables et inattendus du THS.

En effet l'étude confirmait bien un effet anti-fracturaire vertébral et fémoral, un effet bénéfique sur le taux des cancers du côlon, mais objectivait une augmentation des accidents vasculaires cérébraux, des infarctus du myocarde, des phlébites et embolies pulmonaires, et des cancers du sein.

La contestation des résultats, en France, se basait sur le fait que les produits utilisés au cours de l'étude étaient des œstrogènes équins administrés par voie orale et normodosés (alors qu’en France on utilisait de l’estradiol par voie transdermique ou orale), et de l’acétate de médroxyprogestérone non utilisée en France. Grand ouf de soulagement donc lorsque le JAMA[1], en 2017, revenait sur ces premiers résultats plutôt affolants et contestait cette sur-mortalité dans l'étude WHI, les gynécologues français considérant alors le THS globalement comme une "bonne chose si le traitement n'est pas standardisé mais personnalisé".[2]

Mais en médecine, jamais rien n'est gravé dans le marbre, et en 2003, une autre étude, anglaise[3] celle-ci, menée de 1996 à 2001 auprès de plus d'un million de femmes ménopausées entre 50 et 64 ans, montrait un sur-risque de cancer du sein sous THS, et cela même avec des traitements couramment utilisés en Europe. Le résultat de l'étude était que le risque de survenue de cancer du sein ainsi que le risque de décès lié à des cancers était plus important chez les femmes traitées que chez les femmes non traitées, et plus important chez les femmes traitées par une association oestroprogestative que chez les femmes recevant un traitement œstrogénique seul. Cette étude anglaise examinait bien des traitements utilisés en Europe, tant pour les types d'oestroprogestatifs que pour leurs voies et modes d'administration.

La controverse était telle que la prescription systématique de THS fut drastiquement freinée dès 2004. Et il est vrai qu’on a observé une diminution de l’incidence de ce cancer vers 2004, date à laquelle on a cessé de prescrire à grande échelle le THS et sur de longues durées. [4]

On trouve le THS comme facteur de risque sur la page de l'OMS :
"Certains facteurs accroissent le risque de cancer du sein, notamment l’âge, l’obésité, l’abus d’alcool, des antécédents familiaux de cancer du sein, une exposition aux radiations, les antécédents gynécologiques (l’âge au moment des premières règles et à la première grossesse, par exemple), le tabagisme et un traitement hormonal post-ménopause." 

Une étude de 2019 - un sur-risque de cancer confirmé sous THS

Il s'agit d'une revue de 58 études épidémiologiques sur le sujet de l'association THS et cancer du sein, pour la plupart observationnelles, portant sur plus de 100.000 femmes au total. Publiée en 2019 dans Le Lancet [5], cette revue démontre un risque de cancer du sein accru chez les femmes qui suivent un traitement hormonal contre les effets de la ménopause. Si ce sur-risque diminue bien après l'arrêt du traitement, il persiste néanmoins pendant au moins une dizaine d'années.

L' étude est innovante dans la mesure où est quantifié le risque pour chaque type de traitement.

Ainsi, une femme de cinquante ans qui suit pendant 5 années un THS combinant des œstrogènes et de la progestérone en continu a un risque de développer un cancer du sein dans les 20 années qui suivent de 8,3% après le début du traitement. Le risque ne serait que de 6,3% pour les femmes du même âge n’ayant eu aucun traitement.

Le risque de développer un cancer du sein à 20 ans serait de 7,7% pour les femmes ayant suivi un traitement avec œstrogènes et progestérone mais par intermittence, et de 6,8% pour celles traitées par œstrogènes seuls, estiment les chercheurs.

Ce qu'il faut retenir essentiellement de l'étude

  • Tous les traitements hormonaux de la ménopause sont associés à un risque accru, à l'exception des gels aux œstrogènes pour application locale.
  • Le risque augmenterait aussi avec la durée du traitement, l'utilisation d'un THS pendant 10 ans entraînerait un excès de risque de cancer du sein environ deux fois plus élevé que le risque d'un traitement sur 5 ans seulement.
  • A l'inverse l'utilisation d'un THS pendant moins d'un an entraînerait peu de risque.

Adapter en fonction du besoin

Actuellement la pratique vise à individualiser les prescriptions, en envisageant soigneusement les risques et les bénéfices d’un traitement pour chaque femme et en prenant en compte l'impériosité ou non d'avoir recours au THS, selon les troubles climatériques de la femme. (Le climatère désigne les années de changement hormonal que connaît la femme avant puis après la ménopause.)

La recommandation de la Haute Autorité de Santé

En 2004 la Haute Autorité de Santé (HAS) a émis une recommandation[6]qui est toujours en vigueur : le THS doit être prescrit sur une courte durée. La HAS précise qu'il n'y a aucune utilité de prescription d'examens radiologiques supplémentaires ou spécifiques pour la femme traitée par THS, en revanche la HAS demande l'intégration systématique, pour toute femme traitée, dans le programme de dépistage. Voilà ce qui est préconisé [7]:

  • En cas de traitement hormonal substitutif ou traitement hormonal de la ménopause en cours :

En cas de prescription avant 50 ans et en l’absence de données suffisantes pour déterminer la balance bénéfice-risque de la mammographie, aucune surveillance radiologique spécifique n’est recommandée.
En cas de prescription après 50 ans, aucune surveillance radiologique spécifique n’est recommandée. La femme doit être incitée à participer au programme national de dépistage organisé.

En cas de prescription de THS le médecin prescripteur ne peut donc s'affranchir, au risque de s'exposer à des poursuites judiciaires, de recommander le dépistage systématique du cancer du sein à sa patiente.[8]

En complément de cet article : https://cancer-rose.fr/2020/03/02/depistage-et-paradoxe-lors-de-lusage-de-certains-medicaments/

Références


[1] https://jamanetwork.com/journals/jama/article-abstract/2653735

[2] https://www.lequotidiendumedecin.fr/actus-medicales/recherche-science/thm-letude-whi-montre-finalement-une-absence-de-surmortalite

[3] https://www.ansm.sante.fr/S-informer/Communiques-Communiques-Points-presse/Traitement-hormonal-substitutif-et-risque-de-cancer-du-sein

[4] Page 6 du document : "ÉTAT DES LIEUX ET DES CONNAISSANCES/ FICHES REPÈRES"

FÉVRIER 2015

TRAITEMENTS HORMONAUX
DE LA MÉNOPAUSE ET RISQUES
DE CANCERS

Document rédigé et coordonné par le département Prévention, pôle Santé publique et soins (PSPS)-INCa. "Même si cette hypothèse est à approfondir, la diminution de l’incidence du cancer du sein a aussi été décrite dans d’autres pays où la chute de prescription des THM (traitement hormonal de la ménopause) a été spectaculaire, comme au Canada, en Allemagne, aux États-Unis, en Belgique et en Australie."

[5] https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(19)31709-X/fulltext

[6] https://www.has-sante.fr/jcms/c_1754596/fr/traitements-hormonaux-de-la-menopause

[7] https://www.has-sante.fr/jcms/c_1741170/fr/depistage-du-cancer-du-sein-en-france-identification-des-femmes-a-haut-risque-et-modalites-de-depistage#toc_1_2

[8] https://cancer-rose.fr/2020/03/02/depistage-et-paradoxe-lors-de-lusage-de-certains-medicaments/

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Qu’est-ce qu’un « risque élevé » ?

D'ABORD

Qu'est-ce qu'une "famille à risque" ?
Un antécédent familial seul, même direct, ne constitue pas, contrairement à ce qui est souvent agité comme épouvantail aux femmes, la preuve d'être une personne "à risque".
Nous recevons suffisamment de témoignages de femmes jeunes inquiétées inutilement et surtout incitées à des surmédicalisations inutiles et dangereuses.

Qu’en est-il de la recherche de mutations génétiques chez les femmes ? Quand doit-on la réaliser ?

C’est la question que s'est posée la revue indépendante Prescrire, tome 36 N°388/février 2016

Les mutations génétiques portant sur les gènes BCRA1 et BCRA2 sont de transmission autosomique dominante, la femme porteuse de ces mutations est exposée au risque de cancer du sein ou de l’ovaire, à la fois plus élevé, mais aussi plus précoce que dans la population générale.

-L'âge médian de survenue est de 40 ans et le risque cumulé à 70 ans de connaître un cancer est de 51 % à 75 % pour la mutation BRCA1
-L'âge médian est de 43 ans et le risque cumulé estimé de 33 % à 55 % pour la mutation BRCA2.

La revue Prescrire propose de retenir comme antécédents significatifs, pour proposer une consultation d’onco-génétique, les critères suivants :

-Trois personnes de la même branche ayant un cancer du sein avant 70 ans,

-Deux personnes de la même branche avec un cancer avant 50 ans

-Une personne ayant eu un cancer de l’ovaire

-Une personne atteinte du cancer du sein avec un diagnostic avant 40 ans, ou une forme bilatérale, le premier avant 50 ans, ou un cancer négatif aux récepteurs hormonaux et survenu avant 60 ans.

Dans ces cas et selon le tableau de score ci-dessous sera demandée la consultation d'onco-génétique.

Score d'Eisinger

Le score d'Eisinger est une aide à la décision pour demander une consultation d'onco-génétique.

Nous le reproduisons ci-dessous (téléchargeable) :

Analyse de l arbre généalogique selon le score d Eisinger : Additionner les scores pour chaque branche de la famille. Score > 3. Consultation d oncogénétique. Score < 3. Examen clinique annuel à partir de 25 ans. Dépistage à partir de 50 ans.

Plusieurs situations peuvent se présenter dans les familles présentant ainsi plusieurs cas de cancer du sein :

A-  Mutation mise en évidence chez une femme de la famille, présentant un cancer du sein.

Cette recherche de mutation génétique apporte une information précieuse aux femmes de la parentèle : les femmes qui en sont porteuses ont un risque plus élevé, les femmes de la même famille qui ne l’ont pas se retrouvent avec le risque de la population générale.
Si en raison d’une généalogie chargée une femme de la famille décide d’effectuer une recherche de mutation sur les gènes BCRA1 ou BCRA2, et se retrouve porteuse de mutation délétère sur ces gènes, alors son risque apparaît important de faire un cancer du sein, et ce risque est aussi très important pour la parentèle.

B-  Pas de mutation mise en évidence chez la femme présentant un cancer du sein.

Soit il n’y a réellement aucune mutation et la patiente a fait une forme de cancer sans cause génétique, ou alors il y en a bien une, mais il peut s'agir d’une cause génétique non identifiée.

Il y aura donc alors une incertitude pour les femmes de sa famille quant au caractère héréditaire ou non de ce cancer, le risque du caractère familial de ce cancer n’est pas aussi élevé qu’en cas de mutation identifiée notamment BRCA mais peut-être un peu plus haut que celui de la population générale.
L’incertitude fait qu’il y a lieu alors d’analyser la généalogie, comportant elle aussi son lot d’incertitudes et d’imprécisions..

C-  La personne porteuse du cancer du sein n’a pas effectué de recherche génétique.

Pour les femmes de la parentèle cela donne une information inexploitable : soit la personne malade peut avoir eu une mutation non recherchée, soit elle est indemne de mutation mais la mutation pourrait bien exister chez les membres de la famille.

Au total retenons :
  • Soit la personne présente un cas familial porteur de mutation mais est indemne de toute mutation elle-même, son risque sera proche de celui de la population générale.
  • Soit elle est porteuse de la mutation et on peut lui estimer son risque de faire un cancer du sein, lequel sera plus élevé que dans la population générale.
  • Mais pour d’autres femmes il peut persister bien des incertitudes sur le risque familial de contracter un cancer du sein :
    *Chez les femmes dont des membres de la famille ont eu un cancer du sein mais sans mutation mise en évidence sur un seul des cas familiaux,
    *Chez les femmes avec une recherche génétique personnelle de mutation négative, avec une généalogie présentant plusieurs cas de cancers du sein, mais sans recherche effectuée sur les personnes malades.

Synthèse de conduites à tenir selon les situations d’après le dossier Prescrire

Paru dans "La Revue Prescrire" mai 2016/Tome 36 N°391-p.355 à p.361

Différentes options proposées par les auteurs, selon les situations de risque (portage de mutation, pas de mutation personnellement mais un cas dans la famille, pas de mutation du tout mais une 'histoire' familiale) ; nous avons tenté de synthétiser ces situations dans un tableau (plus bas, téléchargeable).

Tout d’abord qui sont les sujets à risque ?

-femme avec un cas de cancer du sein chez une parente au premier degré (mère, sœur, fille) avant 40 ans.

-deux femmes avec cancer du sein dans la famille au premier ou au deuxième degré.

-homme de la famille atteint, du premier ou deuxième degré

-femme de la famille au premier ou deuxième degré atteinte d’un cancer de l’ovaire.

Lorsque dans ces familles on ne retrouve pas de mutations génétiques, le risque familial reste tout à fait incertain.

Lire pour de plus amples explications l'article : https://cancer-rose.fr/2016/11/20/depistage-et-risque-familial-eleve-de-cancer-du-sein/

et https://cancer-rose.fr/2021/01/18/haut-risque-de-cancer-du-sein-et-mammographie-en-pratique/

A qui proposer une mastectomie prophylactique (une ablation des seins à visée préventive) ?

Synthèse d'un article intitulé « à qui proposer une mastectomie prophylactique » publié dans la revue 'Réalités en Gynécologie-Obstétrique- N°185_janvier 2017' ; Auteurs : A.Kane, CH. Dehghani, E.Vincens du Service de chirurgie viscérale et gynécologique, Groupe hospitalier Diaconesses Croix Saint-Simon, Paris

Les conclusions sont :

  • Pour les patientes porteuses de la mutation génétique (mutation BRCA1 et 2 mais surtout BCRA1), indemnes, surtout pour les jeunes et celles avec histoire familiale chargée, la mastectomie préventive correspond au meilleur moyen de prévention, et doit être discutée avec elles.
  • Pour les patientes porteuses de mutation ou à histoire familiale chargée et qui ont eu un cancer du sein, la mastectomie bilatérale préventive ou controlatérale en cas d’ablation du sein lors du premier cancer semble présenter un intérêt en terme de survie et de diminution de survenue d’un deuxième cancer du sein. Elle est d’ailleurs recommandée par la HAS.
  • Pour les patientes ayant eu un cancer du sein, mais sans risque génétique ni histoire familiale, le bénéfice est très incertain et certainement fortement surévalué. Les auteurs en invoquent les nombreux risques. Elle n’est PAS recommandée.

Trois cas de figure sont étudiés :

  1. Demande de mastectomie préventive de patientes avec mutation ou à haut risque.
  2. Demande de mastectomie préventive controlatérale chez ces patientes mutées ou à haut risque familial, ayant eu un premier cancer du sein.
  3. Demande de mastectomie préventive chez des patientes ayant eu un cancer du sein, sans contexte génétique.

Pour l'analyse plus détaillé lire ici : https://cancer-rose.fr/2017/01/03/a-qui-proposer-une-mastectomie-prophylactique/

Et ici : https://www.boitedecision.ulaval.ca/fileadmin/documents/Boites_PDF/BRCA12/Dbox_BRCA_1-2_FR.2019.pdf

Une aide à la décision

Une aide à la décision pour décider de faire la recherche de mutation BCRA ou non est disponible ici : https://www.boitedecision.ulaval.ca/fr/boite-pdf/?tx_tmboites_tmboitesshow%5Bboite%5D=12&cHash=01525475bcac7b3fcf7c8f2a2669312e

Et ici : https://www.boitedecision.ulaval.ca/fileadmin/documents/Boites_PDF/BRCA12/Dbox_BRCA_1-2_FR.2019.pdf

Les lésions dites "à risque"

Il s'agit de lésions "frontières" trouvées à l'examen microscopique après une biopsie mammaire, qui ne sont pas réellement bénignes, qui ne sont pas des cancers à proprement parler, qui sont dites "intermédiaires" et présentent un risque plus ou moins accru pour la patiente de se transformer ultérieurement en cancer.

Nous présentons ci-dessous deux tableaux de recommandations qu'on peut trouver dans la littérature, qui quantifient le risque selon le résultat d'une biopsie.
Ces deux tableaux indiquent les conduites à tenir proposées (abstention, chirurgie ou surveillance)

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