Analyse critique du site de l’Inca sur la « prévention et le dépistage du cancer du sein ».

11 février 2018

Par Dr Bour Cécile,

Dr Doubovetzky Jean,

Dr Nicot Philippe

INTRODUCTION

L'objectif est de livrer ici un examen du nouveau site de l'Inca dédié spécialement au dépistage du cancer du sein [1], en nous basant sur les mêmes critères d'analyse que nous avons utilisés pour l'analyse du livret de l'Inca[2].

En effet il existe une carence dans l'information délivrée aux femmes sur le dépistage du cancer du sein, pas seulement en France, cette carence a été relevée lors de la concertation citoyenne française[3].

Deux études parues dans le British Medical Journal (l’une australienne, l’autre de chercheurs de la Collaboration nordique Cochrane [4] [5] [6]) ont énuméré 17 points clé que devraient aborder les brochures sur les cancers du sein et leur dépistage, pour une information scientifique et objective.

Le livret créé par l'Inca en septembre 2017, après la concertation citoyenne, restait très en-deçà des attentes.

L'enjeu actuel est d'informer de manière équilibrée sur les risques du dépistage, au moins autant que sur ces bénéfices. En effet depuis 20 ans, les études internationales font de moins en moins pencher la balance du côté du bénéfice du dépistage mais au contraire relèvent des risques non négligeables pour les femmes qui y adhèrent régulièrement.

Nous allons à présent utiliser ces points clés pour établir si l'Institut National du Cancer, avec son site dédié au dépistage du cancer du sein par mammographie, s'est astreint à améliorer la qualité de son information par rapport au livret, mais surtout par rapport aux attentes des citoyennes formulées dans le rapport final de la concertation.

METHODES

Nous comparons les données publiées sur le site de l'Inca avec le référentiel des études disponibles à présent depuis 20 ans.

Les 17 critères retenus dans les deux études sus-citées, pour une information de qualité sur le dépistage du cancer du sein sont :

  1. Risque de développer un cancer du sein au cours de la vie.
  2. Risque de décéder d’un cancer du sein au cours de la vie.
  3. Survie après un cancer du sein.
  4. Réduction du risque relatif.
  5. Réduction du risque absolu.
  6. Nombre nécessaire à dépister pour éviter un décès par cancer du sein.
  7. Proportion des femmes qui seront rappelées.
  8. Proportion de cancer du sein dépisté (sensibilité ).
  9. Proportion des femmes sans cancer du sein qui ont un dépistage positif ( manque de spécificité/faux positifs).
  10. Proportion des femmes avec un test positif qui ont un cancer (valeur prédictive positive )
  11. Réduction du risque relatif de mortalité totale.
  12. Carcinome in situ.
  13. Surdiagnostic.
  14. Surtraitement.
  15. Effet du dépistage sur le nombre de mastectomies.
  16. Risque relatif de la radiothérapie, la détresse psychologique en rapport avec les faux positifs.
  17. Douleur au cours de la mammographie.

RESULTATS

Note finale 7 à 7,5/20

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DISCUSSION

A. les critères

  1. Risque de développer un cancer du sein au cours de la vie.

Oui, ce point est développé ici, accessible sur la page d'accueil ; (voir aussi la cartouche : "connaître son niveau de risque" : https://cancersdusein.e-cancer.fr/infos/connaitre-son-niveau-de-risque/

2. Risque de décéder d’un cancer du sein au cours de la vie.

Non,  en page d'accueil est affiché le nombre de décès par an, mais pas le risque de décès selon la tranche d'âge [7].

3.La survie après un cancer du sein.

La survie est bien évoquée, et pour cause, le taux avancé est outrancier : 99% de survie. Ce chiffre, contestable, est élevé en raison même du surdiagnostic.

Comme nous l'avons déjà expliqué plusieurs fois sur ce site, la survie est un mauvais indicateur d'efficacité du dépistage. La « survie » mesure la durée de vie après diagnostic du cancer et donne une illusion d’optique : si on diagnostique le cancer plus tôt (par exemple lors d'un dépistage), la survie après diagnostic est augmentée, même lorsque la durée de la vie de la personne n’est en rien changée. L'espérance de vie des femmes en France ne s'est en rien modifiée depuis le dépistage. La survie après diagnostic est augmentée par le surdiagnostic. En effet, on traite des personnes qui n’auraient jamais souffert de cancer et seraient mortes d’une autre raison. Plus on dépiste, et plus on majore ce phénomène.

Le taux de survie, de plus, dépend de l'âge, ce qui n'est pas indiqué.

De surcroît, il ne correspond pas aux données de l'agence nationale de santé publique française [8] :

  • Sur la période 2005-2010, la survie1 à 5 ans est maximale (92-93 %) chez les femmes âgées de 45 à 74 ans, légèrement inférieure (91 %) chez les femmes entre 15 et 44 ans et beaucoup plus faible (75 %) chez les femmes les plus âgées.
  • La survie1 à 5 ans s’est améliorée au cours du temps, passant de 80 % pour les femmes diagnostiquées en 1989-1993 à 87 % pour celles diagnostiquées en 2005-2010. Cette amélioration est liée d’une part, à une plus grande précocité des diagnostics (en lien avec le développement des pratiques de dépistage, mais également avec l'amélioration des pratiques et techniques diagnostiques) et, d’autre part, aux progrès thérapeutiques de ces dernières années.

    4.Réduction du risque relatif.
    5-Réduction du risque absolu.

 Oui, il est bien fait mention de la notion de risque de mortalité réduit, mais il s'agit seulement du risque relatif. On y accède par l'encart en page d'accueil :

Le site de l’INCa indique que le dépistage permet une diminution de 15 à 21 % des morts par cancer du sein.

Il s'agit là de l'indication uniquement du risque relatif. Les rédacteurs font fi de la revendication des citoyennes de ne plus être bernées par des chiffres qui ne signifient pas ce qu'ils semblent dire. Les 20% de décès en moins ne signifient en aucun cas que sur 100 femmes qui se font dépister, 20 femmes en moins sur 100 mourront de cancer du sein. Ces 20% ne correspondent qu'à une réduction de risque relatif entre deux groupes comparés de femmes.

Selon une projection faite par le Collectif Cochrane [9]  basée sur l’ensemble des études de bonne qualité disponibles, sur 2 000 femmes dépistées pendant 10 ans, 4 meurent d’un cancer du sein ; sur un groupe de femmes non dépistées dans le même laps de temps 5 meurent d’un cancer du sein, le passage de 5 à 4 constitue mathématiquement une réduction de 20% de mortalité, mais en valeur absolue un seul décès de femme sera évité (risque absolu de 0.1% ou 0.05% )

Pour bien comprendre la différence entre risque relatif et absolu, lire ici : https://web.archive.org/web/20170623084247/http://hippocrate-et-pindare.fr/2017/01/01/resolution-2017-non-au-risque-relatif-oui-au-risque-absolu/


En réalité, au bout de 10 à 25 années de dépistage, selon les estimations retenues (américaines, revue Prescrire, US TaskForce), une mort par cancer du sein sera évitée pour 1000 à 2000 femmes qui se font dépister. [10]

C’est pour cela que les citoyennes avaient exigé lors de la concertation une présentation en données réelles, et non en pourcentages qui enjolivent la situation. Le même travers déjà relevé dans le livret est répété ici.

6. Le nombre nécessaire à dépister pour éviter un décès par cancer du sein.

Non, ce point n'est pas abordé. Toujours selon la synthèse Cochrane, il faut dépister environ 2000 femmes sur 10 ans pour éviter un décès par cancer du sein (mais pas forcément pour éviter une mort, car les effets indésirables parfois mortels du dépistage ne sont pas pris en compte dans ces études).

7. Proportion des femmes qui seront rappelées.

Non, ce point n'est pas chiffré.

Une des causes de rappel des femmes est l'examen jugé "techniquement insuffisant" par le deuxième lecteur qui reçoit les clichés validés par le premier lecteur. Ceci occasionne des angoisses supplémentaires pour les patientes, et bien évidemment, une irradiation supplémentaire, pour des questions d'incidences parfois bien formalistes.

La deuxième cause de rappel et non des moindres sont les faux positifs, c'est à dire un examen de dépistage positif pour une femme qui ne présente pas de lésion cancéreuse. Le faux positif est une notion expliquée sur le site, mais n'est pas quantifiée.

8. Proportion de cancer du sein dépisté (sensibilité ).

Encart ici

Partiellement, ce point est chiffré, en cliquant sur cet encart sur la page d'accueil , vous accédez à https://cancersdusein.e-cancer.fr/infos/la-fiabilite-et-qualite-du-depistage-organise/; ici on explique que 6% des cancers sont détectés lors de la deuxième lecture.

En passant par l'encart :

On aboutit ici : https://cancersdusein.e-cancer.fr/infos/examens-de-depistage-quels-sont-les-resultats-possibles/, où il est expliqué que dans 90% des cas le résultat sera normal, et que dans 910 cas sur 1000, les mammographies ne détecteront pas d’anomalie, ou seulement des anomalies bénignes

9. Proportion des femmes sans cancer du sein qui ont un dépistage positif

(manque de spécificité = faux positifs).

La notion de faux positif est mentionnée, en cliquant sur l'encart " les bénéfices et les limites du dépistage" en page d'accueil. Sur la page "les bénéfices et les limites du dépistage"  le faux positif est abordé sous l'évocation du surdiagnostic, mais sans en donner la proportion. Il est indiqué qu'il survient "rarement", ce qui ne constitue pas un chiffrage précis.

10. Proportion des femmes avec un test positif qui ont un cancer (valeur prédictive positive )

Critère non présent.

11. la réduction du risque relatif de mortalité totale.

Critère non présent.

12. le carcinome in situ.

Aucune mention n'est retrouvée sur ce point, pourtant important car constituant une grosse partie du surdiagnostic.

13. le surdiagnostic.

Oui.

Mais nous notons qu'il faut aller tout en bas du site pour tomber enfin sur ce renseignement, et c'est dans la rubrique "vos questions", alors que cet écueil majeur du dépistage devrait être bien en évidence, au même titre que les prétendus "risques à ne pas se faire dépister". Il y a donc déjà une hiérarchisation dans la présentation même, avec mise en avant des arguments positifs à se faire dépister.

Le chiffrage indiqué ici : https://cancersdusein.e-cancer.fr/questions/surdiagnostic-surtraitement-quest-ce-que-cest/ se situe dans la fourchette la plus basse, faisant fi des dernières études internationales passées complètement sous silence. [11] [12]

Une fois de plus il est trompeusement donné en pourcentage.

14. le surtraitement.

Non, ce point n'est absolument pas abordé correctement alors que mentionné dans le libellé de l'encart, le titre est tout à fait trompeur et on ne trouve aucune information sur le surtraitement et sur ses conséquences.

15. l’effet du dépistage sur le nombre de mastectomies.

Point non abordé. On parle à différents endroits du site de traitements moins lourds et de séquelles moindres, sans références, alors que dans les faits, le dépistage aboutit à augmenter le nombre de femmes qui subiront une mastectomie. [13] [14] [15] [16]

16. le risque relatif de la radiothérapie, la détresse psychologique en rapport avec les faux positifs.

Non, aucune mention n'en est faite.

17. la douleur au cours de la mammographie.

Oui, dans la vidéo du radiologue et au bas du site, sous "vos questions", il y a un encart spécial "pourquoi ça fait mal une mammographie ?". Notons au passage la curieuse tournure très enfantine de la question..

B.Commentaires

Généralement rien n'indique de quelle source proviennent les chiffres avancés. Certains d'entre eux sont carrément erronés (taux de survie).  Les affirmations dans les différents encarts ne sont pas plus référencées. Aucune étude scientifique étayant les propos n'est citée.

L'indicateur de survie, bien que faisant partie des 17 points clés, n'est pas un bon indicateur d'efficacité du dépistage du cancer du sein, il est majoré par le surdiagnostic, ce qui aurait dû être expliqué sur le site.

Les publications majeures et récentes, internationales, entre autres l'étude populationnelle de P.Autier aux Pays Bas (réf 11) ou l'étude de Zahl au Danemark (réf 12), qui donnent un chiffrage plus inquiétant sur le surdiagnostic, ne sont pas évoquées.

L'encart "les risques à ne pas réaliser un dépistage" est bien apparent en milieu de la page d'accueil, emplacement immédiatement accessible.

A l’inverse, les « risques à se faire dépister » ( "surdiagnostic, surtraitement") ne sont abordés que tout en bas du site, en dessous de "vos questions".

Et encore, il n'est pas fait mention des nombreuses études qui démontrent le caractère de plus en plus invasif des traitements depuis l'avènement des campagnes, avec absence de diminution, voire augmentation des mastectomies et explosion des chiffres de chimio-et radiothérapies. (réf 13 à 16)

Dans la vidéo le radiologue prétend que de moins en moins de doses de rayons sont délivrées par la mammographie. Nous déplorons à nouveau le manque de références et de sources à cette affirmation, comme généralement dans l'ensemble du site, où aucune étude n'est seulement citée.

Le problème est que plusieurs incidences supplémentaires peuvent être réalisées lors d'une mammographie de dépistage, augmentant l'impact du rayonnement, et que d'autre part le problème n'est pas la quantité de dose délivrée, mais sa répétition dans le temps, car le cumul de petites doses est plus délétère pour les tissus qu'une seule dose importante. [17]

Est occulté complètement le problème de la dose délivrée en cas de radiothérapie inutile, celle que la femme subit en cas de surdiagnostic ou de carcinomes in situ de bas grade traités avec la même agressivité qu'un véritable cancer invasif. Le carcinome in situ, grand pourvoyeur de surdiagnostic n'est absolument pas évoqué, nulle part sur tout le site.

La double lecture est présentée sur le site de l'Inca comme une sécurité supplémentaire, mais le problème du rappel majoré de femmes dépistées consécutif précisément à cette double lecture, qui augmente l'éventualité des faux positifs et du surdiagnostic, n'est pas expliqué.

Nous ne nous appesantirons pas sur l'encart en haut de la page d'accueil sur les "réelles chances de guérison", chances réelles aussi pour des cancers non dépistés, dès lors qu'il s'agit de cancers intrinsèquement peu agressifs, ce qui n'a rien à voir avec une détection "précoce". Nous savons maintenant que petit ne veut pas dire détecté tôt, que volumineux ne signifie pas trop tard, qu'un cancer petit peut déjà avoir métastasé, qu'un volumineux cancer peut être simplement local, et que plus petite est la lésion détectée, plus grande est la probabilité d'avoir à faire à un surdiagnostic. Il faut croire que ce sont là aussi des notions trop subtiles pour être détaillées aux femmes, ou pour y consacrer un chapitre.

Ce travers est retrouvé aussi dans l'animation : la détection avant apparition des symptômes, dit-on, augmente les chances de guérison, de traitements moins lourds, sans donner aucune référence ou source de ces affirmations parfaitement péremptoires et fallacieuses, ce qui est pire.

Pour finir, nous cherchons vainement les références vers des études scientifiques ou autres sources même dans la vidéo ou l'animation.

AU TOTAL

Nous avons cherché dans ce nouveau site de l'Inca sur le dépistage du cancer du sein une amélioration tangible dans l'information aux femmes.

Ce que nous avons trouvé est un site de propagande, très décevant, faisant semblant d'avoir entendu les demandes des citoyennes d'une information plus honnête, et pas seulement mieux présentée. L'information donnée ici est enfantine, simpliste, reléguant par le visuel les vrais problèmes du dépistage mammographique au second plan et mettant en avant et en évidence des résultats magnifiés, non référencés, certains même prétendus (allègement des traitements), reprenant des vieux poncifs maintenant obsolètes comme une réduction de mortalité de 15 à 21%, dont on sait qu'elle présente une situation artificiellement favorable et alors même que les citoyennes avaient expressément demandé à ce que soient évitées ces données en pourcentage, qui sont trompeuses et enjolivent la réalité. [18]

Rappelons que la note finale pour le livret de l'Inca était de 6/20, celle du communiqué de presse de l'Inca pour la campagne d'octobre rose de 2011, évaluée par Dr P.Nicot était de 0/20, aucun des critères, à l'époque, n'étant rempli.

NOTE FINALE

L'analyse du site de l'Inca permet de dégager six critères et un septième partiel sur 17 qui sont abordés, soit une note finale de 7,5/20 , un point et demi de mieux que pour le livret. Il reste encore bien du travail à faire...

REFERENCES


[1] https://cancersdusein.e-cancer.fr/

[2] https://www.cancer-rose.fr/analyse-critique-du-nouveau-livret-dinformation-de-linca/

[3] depistage-cancer-sein-rapport-concertation-sept-2016

[4] Slaytor EK, Ward JE How risks of breast cancer and the benefits of screening are communicated to women: analysis of 58 pamphlets.http://www.bmj.com/content/bmj/317/7153/263.full.pdf

[5] Jørgensen KJ, Gøtzsche PC. Presentation on websites of possible benefits and harms from screening for breast cancer: cross sectional study. bmj.com 2004;328:148. Sur : http://www.bmj.com/content/328/7432/148.full.pdf+html

[6]  http://www.voixmedicales.fr/2011/11/14/depistage-organise-du-cancer-du-sein-information-ou-communication/

[7] https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0755498214001328

[8] http://invs.santepubliquefrance.fr/fr../Dossiers-thematiques/Maladies-chroniques-et-traumatismes/Cancers/Donnees-par-localisation/Cancer-du-sein

en cliquant sur l'onglet "survie", en-dessous du tableau

[9] http://www.cochrane.org/fr/CD001877/depistage-du-cancer-du-sein-par-mammographie

[10] https://www.cancer-rose.fr/le-sur-diagnostic-un-graphique-pour-expliquer/

[11] http://www.bmj.com/content/359/bmj.j5224

Eficacité et surdiagnostic du dépistage mammographique aux Pays Bas par .Autier

[12] http://annals.org/aim/article-abstract/2596394/breast-cancer-screening-denmark-cohort-study-tumor-size-overdiagnosis

[13] http://www.jle.com/fr/revues/med/e-docs/le_depistage_organise_permet_il_reellement_dalleger_le_traitement_chirurgical_des_cancers_du_sein__310529/article.phtml

[14] https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/2363025

[15] Junod B, Zahl P-H, Kaplan RM, Olsen J, Greenland S. An investigation of the apparent breast cancer epidemic in France: screening and incidence trends in birth cohorts. BMC Cancer. 2011 Sep 21;11(1):401.

[16] Dépistage des cancers du sein par mammographies Troisième partie Diagnostics par excès : effet indésirable insidieux du dépistage. Rev Prescrire. 35(376):111–8.

[17] https://www.cancer-rose.fr/mammographies-et-radiosensiblite/

[18] Page 79 du rapport de la concertation citoyenne depistage-cancer-sein-rapport-concertation-sept-2016

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Betty Boobs s’est fait dépister et elle n’a pas eu de chance.

 

 Par Annette LEXA, 25 janvier 2018

Nos héroïnes BD tombent le haut

 

Une certaine presse s’est emparée du sujet de la mastectomie sous l’angle de la dédramatisation, de l’humour, de la déconstruction des stéréotypes de l’esthétique symétrique et de la pression incitative sociétale et médicale à la reconstruction mammaire. Ce sujet  semble même avoir bien plus mobilisé les féministes que la recherche de preuves scientifiques de l’efficacité du système de dépistage organisé à réduire la mortalité par cancer du sein, de la réelle réduction de la lourdeur des traitements tant vantée comme une évidence *. Les féministes sont des femmes libres, rebelles, indépendantes et insoumises au système, nous savons cela.

Bien sûr, ce douloureux sujet peut toucher des femmes jeunes, en dehors du dépistage et il n’est pas question de minimiser le drame que cela représente.

Là, où cela devient plus dérangeant, c’est lorsque des artistes, des écrivain.es, des associations, s’emparent du sujet - dont ils ne maitrisent de toute évidence pas toutes les facettes - pour promouvoir une « dédramatisation » de cet acte médical. Il est vrai que le système est gourmand : avec un plan cancer cherchant à atteindre 80% de femmes au dépistage alors que les chiffres plafonnaient à 50%, il fallait bien mettre le paquet pour dédramatiser et  déconstruire les représentations stéréotypées  que la société porte sur nos Betty Boobs un peu nigaudes et trouillardes pour qu’elle aillent se faire dépister comme on va chez la manucure : La mastectomie ? même pas peur !

Nous avons eu droit en 2015 à un artiste improbable dont l’indécence n’a d’égal que l’ignorance, du nom de AleXsandro Palombo  - depuis retombé dans l’oubli heureusement -  qui créa un « projet artistique intitulé "Survivor", dans lequel il transforme les princesses Disney, mais aussi Wonder Woman, Marge Simpson ou encore Betty Boop en survivantes du cancer du sein. Qu'elles aient subi une mastectomie partielle ou totale, chacune de ces héroïnes emblématiques de la pop culture américaine exhibe fièrement ses cicatrices. Le but du projet artistique ? Sensibiliser les femmes à l'importance du dépistage (…) Vous devez être très forte et être capable de surmonter psychologiquement le choc pour accepter la nouvelle apparence de votre corps", explique Alexsandro Palombo au Huffington Post US. Ce projet est un message d'espoir et de courage. Je crois que nous devons également sensibiliser les jeunes par le biais d'enseignements sur la santé. (…) L'art est un puissant moyen de sensibilisation sur les questions sociales importantes »**

Nous avons aussi l’association « Les amazones s’exposent »***, activistes qui vous donneraient presque envie de vous faire couper un sein tant cela a l’air follement excitant de porter un monokini assymétrique pour briser des tabous.

En août 2017, Slate brisait les tabous lui aussi : oui, on peut être belle et bien dans sa peau à 53 ans avec un seul sein ****. Parmi les 52.500 femmes chez qui on diagnostique un cancer du sein chaque année, environ un tiers subit une mastectomie, d'après les chiffres du PMSI national 2011 –un dispositif qui, pour mesurer l’activité des établissements de santé et leur allouer un budget, fournit des informations quantifiées et standardisées sur les besoins des patients . Mais 78% des femmes n’ont pas recours à la reconstruction et subissent les injonctions de leurs médecins et de leurs proches.

Dernièrement la presse a salué le Prix de la BD Fnac 2018 , Merci Boobs , de Véro Cazot et Julie Rocheleau, aux éditions Casterman, narrant l’histoire d’« une femme qui surmonte son cancer du sein : Elle a perdu son sein gauche, son job et son mec. Elle ne le sait pas encore, mais c'est le meilleur jour de sa vie.»

Le seul petit souci, c’est que de notre côté à Cancer Rose, notre travail tout autant et peut -être presque plus " déconstructeur et briseur de tabous" , a permis de mettre en évidence un excès de plus de 10 000 mastectomies entre 2000 et 2012 imputables aux excès de dépistage, entraînant, par principe de précaution, facilité, dogmatisme, rentabilité, etc. , des surdiagnoctics et des surtraitements dont il est encore difficile d’avouer l’ampleur tant le chiffre fait frémir. Car outre cette non diminution des traitements, il apparaît que les programmes de dépistage de par le monde aient entraîné un surdiagnostic  de cancers allant jusqu’à 50% des cancers dépistés.  (voir les données de Junod 2011, étude Autier Pays Bas Etude Pays Bas)

De ceci, il apparaît que ni Annick Parent des 'Amazones s’exposent' ***, ni ces auteures de BD n’en soient conscientes, pas plus que la FNAC .

Que Betty Boop fasse partie de ces 10 000 femmes françaises surdiagnostiquées entre 2000 et 2012, se retrouvant du jour au lendemain avec un seul sein – l’autre ayant rejoint la poubelle à DASRI (déchets d'activité de soins à risques infectieux) de l’hôpital - et une longue balafre sur le torse par suite de surtraitement d’un cancer qui ne l’aurait pas tuée (ou qu’elle n’avait pas), et aurait pu être simplement surveillé, semble être un tabou social bien plus cruel à avouer que celui qui consiste à déconstruire le stéréoptype de l’asymétrie en France. Celui du chiffre qui pourrait atteindre 50% de surdiagnostiquées (étude Pays Bas) et donc surtraitées est encore plus difficile à avouer tant il véhicule une violence inouïe dont on mettra longtemps à briser le tabou, car la société doit reconnaitre qu’elle s’est trompée, qu’elle a été manipulée ou a manipulé, qu’elle a persisté dans l’erreur, qu’elle a failli à son devoir de prévention, de respect de la dignité et de l’intégrité des femmes, et ceci avec la complicité active puis passive de l’Etat. Dur à avouer à Betty Boop .

 

 

Références

 

* Le dépistage organisé permet-il réellement d’alléger le traitement chirurgical des cancers du sein ? Médecine, Volume 13, numéro 8, Octobre 2017Vincent Robert 1 *Jean Doubovetzky 2Annette Lexa 3Philippe Nicot 4Cécile Bour

Etude mastectomies en France

 

** Des héroïnes de dessins animés tombent le haut contre le cancer du sein

http://www.terrafemina.com/article/des-heroines-de-dessins-animes-tombent-le-haut-contre-le-cancer-du-sein_a273152/1

 

***Les amazones s’exposent,

http://lesamazones.fr/expo-virtuelle/annick-parent/

 

**** «Je me suis dit qu’on pouvait être belle avec un seul sein»

 http://www.slate.fr/story/150471/corps-amazones-seins-normalite

 

 

 

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L’Allemagne prête à stopper le dépistage mammographique ? Peut-être que oui.

 

DIE ZEIT 11 janvier, hebdomadaire allemand ; article de Ulrich Bahnsen, traduction C.Bour

L'article pose l'extinction programmée du dépistage organisée comme un voeux pieux, les nouveaux tests sanguins à venir seraient capables de faire mieux dans la détection précoce que l'imagerie. L'évocation de l'arrêt du dépistage est en soi intéressante mais on constate comment un vide est remplacé par un autre, une illusion de détection précoce est remplacée par un autre mirage, celui d'une sorte de "biopsie liquide", de prélèvements sanguins, non encore au point, dont personne ne peut dire s'ils seront fiables, suffisamment spécifiques, et s'ils n'entraîneront pas des fausses alertes supplémentaires, un surdiagnostic encore plus massif et une détresse humaine encore pire en raison d'une angoisse permanente dès lors qu'on détectera la moindre cellule tumorale circulante dans l'organisme.

L'arrêt du dépistage en Allemagne n'est évidemment pas à l'ordre du jour comme le relativise le journaliste en fin d'article, expliquant que le dépistage perdurera aussi longtemps que les tests sanguins ne sont encore "au point" et utilisables sur une population en situation réelle.

Bonne lecture ! (NDLR)

 

Est-ce que cette goutte peut sauver du cancer ?

Le prochain gouvernement doit stopper le dépistage mammographique. Il a échoué, mais des tests sanguins nouveaux donnent espoir.

 

L'inverse du bien c'est, notoirement, la bonne intention. Ce théorème est valable très particulièrement pour les bonnes actions politiques en santé.

Il faudra inscrire dans le cahier des charges de la prochaine coalition une tâche impopulaire : la liquidation ordonnée du programme mammographique de dépistage précoce du cancer du sein.

 

Depuis 2002 le dépistage de masse est un projet phare de la politique de santé allemande. Mais les explorations à la chaîne ne remplissent pas leur mission. L'espoir d'un sauvetage multiple de vies par la mammographie organisée a explosé, non seulement en Allemagne. En même temps se dessine à l'horizon un tournant dans la détection précoce. Des tests biologiques d'un nouveau genre, qui pourraient détecter de façon fiable des gènes cancéreux dans des prélèvements sanguins, vont surpasser vraisemblablement dans les prochaines années les procédés d'imagerie, en pertinence et en précision. Dans le monde entier des instituts et des entreprises travaillent ardemment sur de telles techniques pour la détection précoce des différentes cancers les plus fréquents.

Le consortium EpiFemCare sollicité par l'Union Européenne présentait peu avant Noël les premiers tests sanguins praticables pour le cancer du sein et de l'ovaire. Probablement il y a là la relève du dépistage mammographique par une recherche nouvelle génétique dans le sang.

 

Dans l' auguste objectif de diminuer la mortalité féminine par cancer du sein, le cabinet rouge/vert de Gerhard Schröder avait décidé en 2002 de l'introduction de l'examen radiologique régulier pour toutes les femmes entre 50 et 69 ans. La logique derrière cette résolution mise en avant par la ministre de la santé de l'époque, Mme Ulla Schmidt (SPD) était la suivante : détectés tôt, davantage de cas de cancers de la femme, les plus fréquents, peuvent être guéris. Le nombre de décès par cancer du sein pourrait être réduit par la radiographie systématique d'environ 15%, selon une méta-analyse de 2011 de la Fondation Cochrane. Des experts de plusieurs pays européens n' y croyaient déjà pas à l'époque. Certaines études trouvaient un intérêt limité dans l'effet salvateur des dépistages systématiques, d'autres analyses contestaient cela avec véhémence. Bien entendu dans le cas particulier où la femme ressent des symptômes, la mammographie s'avère utile.

Mais sur le sens ou le non-sens du dépistage en population, la controverse enfle depuis des années.

 

Les doutes sont devenus pratiquement des certitudes.

Car précisément le programme de dépistage tant loué de nos voisins néerlandais s'est mué récemment en un avertissement. Il tient pour être le meilleur en Europe et est actif depuis presqu'un quart de siècle. Mais dans ce laps de temps il n'a produit pour ainsi dire rien. Des experts français ont déduit ce fait décevant après avoir épluché les données des collègues néerlandais.

En effet la mortalité des patientes atteintes de cancer du sein aurait décru de 28% depuis l'introduction du dépistage, mais cette évolution réjouissante est fondée selon les auteurs exclusivement sur l'existence de meilleures thérapeutiques.

Une diminution de la mortalité attribuable à la mammographie en revanche, ne serait pas visible, selon les chercheurs de l'équipe de Philippe Autier (dans le BMJ). S'il existait une telle réduction de mortalité, elle serait autour de 5%. *(voir étude Autier au bas de l'article)

A la place, le diagnostic radiologique aurait infligé des dommages aux femmes participantes : environ 30% seraient victimes de surdiagnostic et surtraitement, un résultat analogue a été trouvé déjà antérieurement lors de diverses études.

Ces femmes ont été traitées après la mammographie pour des tumeurs qui appartiennent à des formes à croissance lente et non mortelles. Elles ne leur auraient causé aucun dommage durant leur vie. Malgré cela les femmes concernées ont été traitées inutilement, la raison en est que sur la base d'une radiographie on ne peut guère évaluer si une tumeur est indolente ou bien doit être traitée agressivement. Les tumeurs essaimant précocement  et de ce fait mortelles passent souvent inaperçues à la mammographie.

Cette imprécision de la mammographie a des conséquences individuelles drastiques : ablation inutile de tissus, opérations superflues, radio-et chimiothérapies inutilement lourdes. Ce que la polémique pointe : souvent les femmes seraient non pas traitées de ce qui les met en danger, mais de ce que l'imagerie montre.

 

Même en Allemagne moins de femmes décèdent du cancer du sein. C'est la bonne nouvelle.

La mauvaise : il n'y a aucune raison de présumer que la mammographie contribuerait à cette évolution réjouissante en Allemagne plus qu'aux Pays Bas, pays qui se situe de façon incontestée au plus haut niveau (en terme de participation NDLR). Déjà mathématiquement un meilleur résultat en Allemagne n'est pas possible, une participation de 70% des femmes invitées, au moins, serait nécessaire pour que le programme puisse seulement avoir un effet sur la mortalité. Ce quota n'a jamais été atteint : à peine 60% des femmes de la tranche d'âge 50 à 69 ans apparaissent dans les centres de dépistage. Aux Pays Bas il s'agit de 80%, mais cela n'a pas eu non plus d'effet sur la mortalité.

 

Le groupement coopératif des mammographistes dénigre cette analyse du programme néerlandais, (il n'y aurait pas de conséquences pour le programme allemand). Et il s'appuie constamment sur le fait qu'avec le dépistage de plus petites tumeurs sont retrouvées, et qui peuvent être traitées ensuite avec succès. Cela sonne bien, mais c'est fallacieux. Car justement parmi ces découvertes se trouvent ces tumeurs qui n'auraient pas nécessité de traitement, on soigne des femmes qui ne sont pas malades.

 

Ce succès illusoire coûte beaucoup d'argent. D'après des expertises, lors des dix dernières années le dépistage a englouti plus de 3 milliards d'euros. Mais l'objectif central du dépistage, à savoir sauver plus de femmes, a été manqué. Ces milliards auraient mieux fait d'être employés à la recherche de traitements ou au soin des femmes malades.

 

Cela ne signifie pas qu'il n'y aurait aucun sens à diagnostiquer tôt un cancer, au contraire, le bénéfice serait important. Une femme sur huit en Allemagne reçoit un diagnostic de cancer du sein. Et presque 20% des malades ont moins de 50 ans. Le problème : ces dernières ne bénéficient pas d'un diagnostic fiable en raison de leur haute densité mammaire. La détection précoce devrait donc être conduite grâce à des méthodes très précises. Essentiellement les formes de cancers les plus dangereux (ceux dont la croissance est agressive et qui métastasent tôt) devraient être découvertes rapidement, afin qu'une guérison soit possible. Toutefois, et pas uniquement grâce à l'état des lieux du programme néerlandais, il est apparu clairement : la mammographie n'apporte pas cela.

 

Des molécules véhiculées dans le sang pourraient-elles permettre un diagnostic salvateur possible ? Déjà il y a plusieurs décennies des scientifiques avaient observé que dans le sang de malades du cancer surnageaient bien davantage de molécules de DNA que chez les personnes saines. Ces molécules morcelées - les scientifiques parlent de cfDNA, cell-free DNA- proviennent de cellules qui ont péri. Chez les malades du cancer la charge sanguine augmente, parce que dans le cas de tumeurs malignes beaucoup de cellules meurent (le cancer ne croît que parce que les autres cellules se divisent plus vite).

Depuis que ces techniques de décodage des débris d'ADN, extrêmement rapides et applicables en masse, sont disponibles, les scientifiques peuvent développer des tests qui reconnaissent les modifications génétiques typiques des cancers.

Dennis Lo, qui a fourni un travail de pionnier à l'université de Hongkong dans l'examen du cfDNA dans le cas du syndrome de Down, a développé un premier test pour un cancer des tissus mous de la tête et du cou, fréquent en Chine. A Baltimore l'équipe de chercheurs oncologues de Bert Vogelstein travaille sur des tests sanguins de détection de différentes tumeurs, comme le cancer du côlon ou du poumon.

La firme de technologie Illumina a créé en 2016 la filiale Grail. Elle devait concevoir un test sanguin pour la reconnaissance de plusieurs cancers à la fois. Bill Gates et le fondateur d'Amazon, Jeff Bezos, ont investi 100 millions de dollars dans ce projet.

En Europe sont présents deux tests sanguins depuis décembre, qui doivent prouver en pratique leur efficacité. Leur but est la détection précoce du cancer du sein et de l'ovaire. Le test pour le cancer du sein détecterait, selon les chercheurs (dans le journal spécialisé Genome Medicine), les carcinomes les plus dangereux, essaimant rapidement, et ce avant la mammographie. Et il pourrait être utilisé aussi pour des femmes plus jeunes, qui développent fréquemment ces tumeurs agressives. Mais la priorité est donnée au deuxième test, celui de la détection précoce du cancer de l'ovaire. Comme il n'existe pas de diagnostic pour ce type dangereux de cancer, il y a "un besoin massif de déceler ce cancer au stade précoce", dit Martin Widschwendter de University College London, qui mène le projet EpiFemCare. "Nous escomptons que notre stratégie détecte plus de 92% de tous les cancers de l'ovaire, dont 60% au stade précoce."

Mais tout d'abord les tests doivent confirmer les attentes dans les conditions naturelles.

La question de savoir si on sauve plus de personnes de décès par cancer attend toujours sa réponse. "Même détecté tôt, il peut être trop tard", se plait à prévenir l'épidémiologiste Nikolaus Becker du Centre Allemand de Recherche du Cancer à Heidelberg. De plus on peut s'attendre des tests sanguins d'ADN cancéreux aussi des fausses alertes de temps à autre. Et il reste un problème majeur : que fait-on lorsque le test sanguin indique de l'ADN cancéreux et qu'on ne trouve aucune tumeur ni par radiographie ni par IRM, et qu'elle ne peut en conséquence pas être ôtée ?

 

Les tests sanguins ne devraient donc bouleverser la détection précoce que dans quelques années au mieux.

Et cela prendra autant de temps pour en finir avec le dépistage organisé. Que le temps est venu du marchandage, à cela le BMJ ne laisse aucun doute : "la bonne nouvelle est que moins de femmes meurent du cancer du sein", écrit Mette Kalager de l'Université d'Oslo dans son éditorial pour l'évaluation du programme mammographique néerlandais. Ensuite elle écrit de façon plus explicite : "discutons à présent du comment nous allons mettre fin au dépistage mammographique".

 

*Etude équipe Autierétude Pays Bas

 

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Le mammobile, exemple d’un dépistage sans contrôle, mais rentable

25 janvier 2018

Résumé Dr C.Bour

Parution d'un article dans "Dis-Leur" le 15 janvier, écrit par Mr Olivier Schlama, journaliste :

https://dis-leur.fr/cancer-sein-depister-masse-50-ans-heresie/

A l'origine :

Une patiente héraultaise nous fait part du flyer qu'elle a reçu par courrier postal :

Les faits :

L'Association Montpellier-Hérault du Dépistage du Cancer du Sein (AMHDCS) va, par l'intermédiaire d'un "mammobile" à la rencontre des femmes pour les inciter au dépistage. Cette association reçoit des subventions de 200 communes pour la promotion du dépistage et le fonctionnement de son mammobile, ainsi que de la part du Conseil Général de l'Hérault, de mutuelles et de la Caisse d'Assurance Maladie.

Problème :

Le dépistage systématique doit être réservé à la tranche d’âge 50 ans-74 ans selon les recommandations expresses réactualisée en 2015 de la Haute Autorité de Santé ainsi que celles de l'Inca.

recos HAS

"Recommandations préliminaires

La HAS rappelle qu’en l’absence des facteurs de risque pour lesquels un dépistage spécifique du cancer du sein est recommandé, il n’y a pas lieu de réaliser une mammographie ou une échogra- phie mammaire de dépistage en dehors de la tranche d’âge de participation au programme national de dépistage organisé, c’est-à-dire entre 50 et 74 ans."

recos Inca

En effet, un dépistage en-dessous de 50 ans n’est pas recommandé en raison d'une balance bénéfice/risques très nettement négative et du risque d'un surdiagnostic important, majoré d'une irradiation excessive et cumulative en raison de la densité mammaire importante avant la ménopause. Or le flyer envoyé aux femmes quadragénaires par les communes prétend un "dépistage 100% utile dès 40 ans". Aucune information sur les risques du dépistage en général ni en particulier pour les femmes en dessous de la tranche d'âge prévue n'est fournie à la récipiendaire. L'utilité est loin d'être démontrée, les inconvénients ne sont même pas évoqués.

Contacté par le journaliste de "Dis-Leur", Mr Olivier Schlama, l'Inca réitère ses recommandations.

Rentabiliser l'opération :

Le président de l'association départementale contacté par Mr Schlama, (le Dr J-P Jaurès) explique que le mammobile a été créé pour être complémentaire des cabinets de radiologie de la région et pour faciliter l'accès aux femmes. Renseignement pris auprès de confrères radiologues, il n'y a pas de difficulté criante dans les villes sillonnées par le mammobile d'accès aux cabinets de radiologie. Le médecin explique aussi que, s'agissant de la tranche d'âge des 40-50 ans les "institutions" étaient volontaires de financer ce dispositif à la place de l'Etat, avec accord de la Caisse primaire d'Assurance Maladie, et soutenu, selon lui, par l'Agence Régionale de Santé. Et de rajouter que le mammobile n'est rentable (sic) qu'à partir de 30 personnes dépistées par jour, ce chiffre n'étant atteint qu'en incluant les personnes de moins de 50 ans,

Voilà une démonstration parlante d'une rentabilité prenant le pas sur un objectif de santé publique et sur l'information loyale, neutre et objective que l'on doit à toute personne soumise à l'administration de tout médicament ou dispositif de santé.

Co-fondateur de l'initiative avec le Dr Lamarque, le Dr Pujol n'a pas souhaité répondre à Mr Schlama sur le sujet.

La suite :

Depuis l'article de Mr O.Schlama, l'âge affiché sur les camions a été modifié pour "utile dès 50 ans".

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Dépistage, traitements anti-cancéreux et réduction de mortalité chez les femmes américaines

https://jamanetwork.com/journals/jama/article-abstract/2668347?resultClick=1&redirect=true

Auteurs :

Sylvia K. Plevritis, PhD  ; Diego Munoz, MS, PhD  ;  et al

Départements de radiologie et de science des données biomédicales, École de médecine, Stanford University, Stanford, Californie

 

Objectif de l'étude : la réduction de mortalité par cancer du sein chez les femmes américaines est-elle reliable aux effets thérapeutiques ou au dépistage ?

Dans cette étude, sur 6 modèles de simulation de mortalité par cancer du sein chez les femmes âgées de 30 à 79 ans, les avancées thérapeutiques, telles que l'utilisation de thérapies adjuvantes plus récentes, ont été comparées aux progrès du dépistage, de 2000 à 2012.

Résultat :

La modélisation a estimé que les progrès dans les traitements étaient associés à des diminutions plus importantes des taux de mortalité par cancer du sein que ceux attribuables au dépistage, bien qu'il y ait quelques variations selon le sous-type moléculaire du cancer.

Dans cette étude de simulation qui a projeté les tendances des taux de mortalité du cancer du sein chez les femmes américaines, les diminutions de la mortalité globale du cancer du sein entre 2000 et 2012 étaient associées de façon nettement majoritaire aux traitements par rapport au dépistage. (Contribution relative des traitements à la réduction de la mortalité estimée à 83%).

Le traitement par Herceptine contribuerait quant à lui, selon les auteurs, à une réduction de la mortalité entre 40 et 57% selon le sous-groupe de la tumeur.

Conclusion

Les auteurs avancent que les résultats de leur étude attestent d'un changement dans l'attribution de l'effet réducteur de la mortalité par cancer du sein chez les femmes américaines, effet qui reviendrait majoritairement aux thérapeutiques (chimios et hormono-thérapies) plutôt qu'au dépistage.

(Les auteurs concèdent 17% de réduction de mortalité seulement au dépistage, sans mettre ce pourcentage en balance avec le surdiagnostic inhérent au dispositif, chiffré actuellement, selon les études, à 30 à 50% ; NDLR).

 

Lire aussi : dépistage/enjeu majeur

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2016/17 SYNTHESE PRESSE

SYNTHESE PRESSE OCTOBRE 2016/2017

LES RELAIS PRESSE

Un peu avant octobre 2016, contact avec une journaliste belge du magazine féministe Axelle, en effet la controverse émerge également chez nos voisins du Nord.

http://www.axellemag.be/lutte-contre-cancer-sein-business-lucratif/

Dr Philippe Nicot, membre de Cancer Rose fut également, courant du mois d’octobre, interviewé par la Libre Belgique.

Après une tribune dans le Huff Post intégrant notre vidéo,  http://www.huffingtonpost.fr/../../cecile-bour/mammographie-de-depistage-cancer-du-sein_b_12218408.html

Jean Doubovetzky a pris le relai dans Paris Match, interviewé par Vanessa Boy, pour mettre l’accent sur le fait que le choix incombe aux femmes, avec également intégration de la vidéo au sein de l’article :

http://www.parismatch.com/Actu/Sante/Oui-ou-non-a-la-mammographie-de-depistage-Ce-choix-revient-aux-femmes-1080733

On ne souligne pas assez le fait qu’une mammographie normale peut être faussement rassurante, et retarder le diagnostic d’une tumeur grave. Voilà qui est fait :  http://sante.lefigaro.fr/actualite/2016/10/04/25476-cancer-sein-mammographie-peut-etre-faussement-rassurante#

Notre combat est également relayé dans La Dépêche :

http://www.ladepeche.fr/article/2016/10/05/2432988-aujourd-hui-le-depistage-est-un-dogme-d-etat.html

ainsi qu’ici : http://tempsreel.nouvelobs.com/sante/20160203.OBS3963/cancer-du-sein-le-casse-tete-du-depistage.html

La tribune de Philippe Nicot a eu forte audience et retentissement au travers des réseaux sociaux, et fut reprises de multiples fois.

http://www.lepoint.fr/sante/arret-du-depistage-du-cancer-du-sein-la-france-va-t-elle-sauter-le-pas-06-10-2016-2074054_40.php 

et ici : https://theconversation.com/arret-du-depistage-du-cancer-du-sein-la-france-va-t-elle-sauter-le-pas-66588

et encore ici : http://www.slate.fr/story/124965/depistage-cancer-sein

C’est peu dire que la sortie du rapport du comité d’orientation de la concertation citoyenne, lorsque nous en avons pris connaissance, a été un ébranlement, une surprise immense mais aussi une consécration de notre combat et une grande satisfaction de constater que nos revendications avaient été prises en compte, comme celles d’autres contestataires de l’utilité du dépistage.

Citons ici deux articles remarquables, l’un étant une analyse de la présidente du Formindep, Anne Chailleu : Dépistage organisé du cancer du sein : la concertation citoyenne sera-t-elle confisquée ? - Formindep

Et l’autre émanant de Jean-Philippe Rivière, l’un des rédacteurs de cet excellent rapport, extrêmement exhaustif et détaillé, argumenté, basé sur les plus récentes données scientifiques et à l’écoute des revendications citoyennes :

https://www.vidal.fr/actualites/20159/depistage_organise_du_cancer_du_sein_vers_une_renovation_profonde_suite_a_la_concertation_citoyenne_et_scientifique/

Notre film fut ensuite encore relayé ici :

https://www.quechoisir.org/actualite-cancer-du-sein-relativiser-les-benefices-du-depistage-n22785/

Et aussi ici : http://www.psychomedia.qc.ca/sante/2016-10-09/depistage-cancer-du-sein-video-cancer-rose

Et encore là : http://www.koreus.com/video/mammo-depistage-oui-non.html

Et puis là aussi : http://pryskaducoeurjoly.com/actu/425/depistage-du-cancer-a-double-tranchant-pour-les-patientes

Et également sur France Bleu : https://www.francebleu.fr/infos/culture-loisirs/l-oeil-du-web-une-mammographie-pour-quoi-faire-1476459909

Egalement sur Neosanté : http://www.neosante.eu/trois-videos-a-voir-absolument/

L’action du collectif Cancer Rose ainsi que les propos de Jean Doubovetzky et les prises de position de Dominique Dupagne, auteur du site Atoute sont à l’honneur : http://www.jim.fr/medecin/jimplus/e-docs/depistage_du_cancer_du_sein_concertation_en_trompe_lil__161436/document_jim_plus.phtml

On parle encore de Cancer Rose et de son action ici : http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/10/11/cancer-du-sein-pourquoi-le-depistage-est-remis-en-cause_5011756_4355770.html

En citant notre vidéo ici : http://marieaccouchela.blog.lemonde.fr/2016/10/06/lexamen-gynecologique-des-jeunes-femmes-un-droit-de-cuissage-moderne/

Tandis que Le Lanceur occulte carrément toute langue de bois.. :

http://www.lelanceur.fr/les-campagnes-de-depistage-systematique-du-cancer-du-sein-nauraient-jamais-du-etre-mises-en-place/

Et qu’une journaliste indépendante , Brigitte Bègue, brosse un tableau assez complet de l’évolution historique de la controverse, en rendant compte des arguments scientifiques par l’intermédiaire du Pr Autier ainsi que, pour finir, des conclusions du rapport qui inaugura si bien ce mois d’octobre 2016 :

http://www.e-sante.fr/depistage-organise-cancer-sein-arreter-ou-continuer/3/actualite/616

A la suite de la réaction de l’INCa qui qualifie le premier scénario de cas d’école le réfutant d’emblée, et proposant des ajustements a minima du scénario  numéro deux, comme on pouvait d’ailleurs s’y attendre, le collectif Cancer Rose avec le concours de UFC Que Choisir, la revue Prescrire et le Groupe Princeps écrivent à Mme la Ministre une lettre ouverte lui demandant instamment de respecter les citoyennes en accédant à leurs requêtes, d’autant que Mme Marisol Touraine annonce un plan d’action pour la fin de l’année.

Cette lettre est relayée ici :

https://www.quechoisir.org/action-ufc-que-choisir-lettre-ouverte-a-madame-marisol-touraine-ministre-des-affaires-sociales-et-de-la-sante-n22829/

http://www.ladepeche.fr/article/2016/10/14/2439301-depistage-cancer-sein-lettre-ouverte-ministre-sante.html

Grâce à l’investissement intensif de membres du collectif (Jean Doubovetzky, Philippe Nicot, Marc Gourmelon et Emilie Franzin), le basculement de la situation du dépistage en France est relaté également dans la presse médicale anglo-saxone :

http://www.bmj.com/content/355/bmj.i5544/rapid-responses

http://www.bmj.com/content/355/bmj.i5544/rr-1

Retrouvons encore un article bien fait et assez complet où nous sommes cités en référence :

http://www.dur-a-avaler.com/la-mammographie-de-depistage-pour-le-cancer-du-sein-inutile-et-dangereuse/

Notre combat et vidéo sont relayés dans plusieurs blogs, citons la très bonne analyse de Dr du 16 : http://docteurdu16.blogspot.fr/

Pour clôturer ce mémorable mois d’octobre rose, voici l’intervention de Philippe Nicot sur France 3 Limousin :

http://france3-regions.francetvinfo.fr/limousin/depistage-du-cancer-du-sein-s-arretera-t-il-limousin-1112993.html

Une superbe tribune de Jean, reprise dans le blog du Dr Lehmann boucle la boucle, puisque Jean donna les interventions inaugurale et finale d’octobre rose :

http://enattendanth5n1.20minutes-blogs.fr/archive/2016/10/24/depistage-des-cancers-du-sein-vive-la-democratie-sanitaire-932265.html

Une tribune signée de Philippe Nicot et Cécile Bour achèvera dignement les opérations dans le Nouvel Obs Plus. La voilà :


http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1569435-pourquoi-l-arret-du-depistage-organise-du-cancer-du-sein-est-une-bonne-chose.html 

Rappelons qu’en janvier 2016 déjà, les dépistages en général étaient déjà pointés du doigt, après la sortie d’une étude du Dr Prasad de l’l'Oregon Health and Science University à Portland Source :

http://www.notre-planete.info/actualites/4402-despistage-cancer-mortalite

Et encore deux articles ici :

Isabelle de Hercé, Cécile Bour, Sébastien Faure, Regards croisés sur le dépistage du cancer du sein, Actualités Pharmaceutiques,Volume 55, Issue 558, 2016, Pages 35-37, ISSN 0515-3700, https://doi.org/10.1016/j.actpha.2016.06.015. (https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0515370016302804)

La lutte contre le cancer du sein, un business lucratif ?
Par Camille Wernaers — N°192 / p. 20-22 • Octobre 2016
https://www.axellemag.be/lutte-contre-cancer-sein-business-lucratif/

Articles version papier :

  • infirmière libérale-magazine
  • Revue Axelle (2016)
  • Actualités pharmaceutiques (2016)
  • Figaro, 5 octobre 2016
  • Que Choisir, un article janvier 2017, et un dossier complet dans le Que Choisir de janvier 2017
  • Interview accordé par Dr Nicot octobre 2016 dans la Libre Belgique
  • Article dans Femme Actuelle N°1686, janvier 2017

Télévision : sujet inclus dans le JT de midi FR3 du 03/02/2017

Journaliste Marine Brossard

http://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-3/12-13/jt-de-12-13-du-vendredi-3-fevrier-2017_2038659.html

Et aussi : http://www.bmj.com/content/355/bmj.i6624/rr-2

Après la parution du Plan d'action de Mme la Ministre Marisol Touraine, le 6 avril 2017, notre analyse critique est relayée, avec celles du Dr Bernard Duperray et du Pr.Philippe Autier, dans le Figaro version papier du 7 avril, mais également sur le web :

http://sante.lefigaro.fr/article/depistage-du-cancer-du-sein-deux-consultations-proposees-a-25-et-50-ans

octobre 2017, article sur La nutrition.fr https://www.lanutrition.fr/dr-bour-les-mammographies-engendrent-des-surdiagnostics-en-masse

A la suite de la parution du nouveau livret d'information de l'Inca, nous en avons rédigé une analyse critique, reprise ici :

Journal international de Médecine

http://www.jim.fr/medecin/pratique/recherche/e-docs/information_sur_le_depistage_du_cancer_du_sein_peut_beaucoup_mieux_faire__167677/document_jim_plus.phtml

LE JDD fait paraître le 1er octobre un article sur la sortie prochaine de notre étude à partir du PMSI français concernant les mastectomies,

http://www.lejdd.fr/societe/sante/cancer-du-sein-le-depistage-ne-permet-pas-de-faire-diminuer-les-ablations-mammaires-3455636

ainsi qu'une tribune :

http://www.lejdd.fr/societe/sante/cancer-du-sein-pourquoi-la-generalisation-du-depistage-pose-probleme-3450941

Un article nous est consacré dans Les Echos :

https://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/030668058097-cancer-du-sein-la-pertinence-du-depistage-en-question-2120226.php

Et une chronique de Dr Dupagne sur France Inter du 12 octobre :

https://www.franceinter.fr/emissions/sante-polemique/sante-polemique-12-octobre-2017

Article dans Sciences et Avenir 13 octobre :


https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cancer/cancer-du-sein-le-depistage-organise-n-a-pas-fait-baisser-les-ablations_117352

Paris Match

http://www.parismatch.com/Actu/Sante/Cancer-du-sein-Le-depistage-organise-ne-reduit-pas-pas-le-taux-d-ablations-1370897

Europe 1

http://www.europe1.fr/sante/cancer-du-sein-le-depistage-na-pas-fait-baisser-les-ablations-du-sein-3462692

Psychomédia

http://www.psychomedia.qc.ca/sante/2017-10-04/cancer-du-sein-depistage-mastectomies

http://www.observatoire-sante.fr/cancer-du-sein-les-ablations-se-poursuivent/

http://www.notretemps.com/droit/cancer-du-sein-le-depistage-n-a-pas-afp-201710,i152510

http://www.linfo.re/magazine/sante-beaute/728510-cancer-du-sein-le-depistage-a-augmente-le-nombre-mastectomies

http://jeudi.lu/cancer-sein-depistage-na-baisser-ablations-sein/

http://www.oncauvergne.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=3695&catid=201:depeches-apm&Itemid=212

http://www.boursorama.com/actualites/cancer-du-sein-le-depistage-n-a-pas-fait-baisser-les-ablations-du-sein-etude-41a917cf5d42ba61e7a68c0a909bc9dd

https://www.quechoisir.org/actualite-cancer-du-sein-le-depistage-n-allege-pas-les-traitements-chirurgicaux-n47488/

Encore un article dans Sciences et Avenir

https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cancer-du-sein-le-depistage-se-reforme-a-petits-pas-sans-faire-taire-les-controverses_118155

et dans Libé :

http://www.liberation.fr/societe/2017/11/09/cancer-du-sein-le-depistage-se-reforme-a-petits-pas-sans-faire-taire-les-controverses_1608900

Décembre 2017, à la suite de la publication de P.Autier aux Pays Bas, itw dans Paris Match : http://www.parismatch.com/Actu/Sante/Depistage-cancer-du-sein-deux-nouvelles-etudes-contestent-son-interet-1423061

Où l'on parle de notre action : https://www.franceinter.fr/emissions/sante-polemique/sante-polemique-12-octobre-2017

Toute la synthèse téléchargeable :

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Fréquence des cancers latents, de découverte fortuite

Fréquence des cancers du sein fortuits et des lésions précancéreuses lors d'études d'autopsies : une revue systématique et méta-analyse.

https://bmccancer.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12885-017-3808-1

décembre 2017

Une autre étude que celle du Pr Autier récemment publiée dans le BMJ*(voir au bas de l'article) renforce la crainte que parmi les femmes traitées après découverte d’une lésion cancéreuse grâce au dépistage, et donc en l’absence de symptôme, un certain nombre (une sur deux dans l'étude Autier des Pays Bas) n’en aurait jamais souffert de son vivant ; on aurait pu éviter chez cette femme l’ablation d’un sein, une radiothérapie inutile ou une chimiothérapie fatigante.

Auteurs :

Elizabeth T. Thomas1 , Chris Del Mar 2 , Paul Glasziou 2 , Gordon Wright 1 , Alexandra Barratt 3 and Katy J. L. Bell 2,3

1 Faculty of Health Sciences and Medicine, Bond University, Robina, QLD 4229, Australia.

2 Centre for Research in Evidence-based Practice, Faculty of Health Sciences and Medicine, Bond University, Robina, QLD 4229, Australia.

3 Sydney School of Public Health, Sydney Medical School, Edward Ford Building (A27), University of Sydney, Fisher Road, Sydney, NSW 2006, Australia

Contexte

Les études d'autopsies ont démontré la fréquence de cancers occultes dans la population, mais les évaluations réalisées lors de ces études primaires portaient chaque fois sur un petit nombre de patients décédés.

Résultats

Les auteurs ont inclus 13 études  de 10 pays différents, sur 6 décades (de 1948 à 2010), incluant  2363 autopsies avec 99 cas de cancers dits "incidentalomes" (cancers de découverte fortuite), ou de lésions précancéreuses.
Lorsque l'examen histologique a été plus approfondi (sur plus de 20 coupes histologiques), il  a décelé davantage encore d'incidentalomes, des cancers in situ et des hyperplasies atypiques majoritairement, mais peu de cancers invasifs.

Ce qui signifie que plus on pousse la recherche histologique sur des personnes décédées, plus on trouve de cancers latents, avec une fréquence moyenne de ce cancer "accidentel" de l'ordre de 19,5% (0,85% cancer invasif + 8,9% de cancer in situ + 9,8% d'hyperplasie atypique).

Donc plus on cherche et plus on trouve, ce qui pose question sur le développement de techniques d'investigations de plus en plus performantes qui vont découvrir abusivement de plus en plus de ces lésions.
Les conséquences des sur-traitements qui en découlent sont à prendre plus au sérieux encore chez les femmes âgées en raison de la susceptibilité accrue aux effets adverses des traitements de cette population.

Conclusion

La revue systématique dans dix pays pendant plus de six décennies constate que la découverte fortuite de cancers occultes, in situ ou de lésions précancéreuses est très commune chez des femmes, chez lesquelles une maladie du sein n'était pas connue durant leur vie.

Il apparaît que des lésions cancéreuses ou pré-cancéreuses sont découvertes fortuitement chez 2 femmes sur 10 au cours de ces autopsies, les auteurs estiment que 40 % des cancers invasifs détectés par mammographie systématique et 24 % de l’ensemble des cancers invasifs seraient des sur-diagnostics.

Cette grande fréquence de cancers non détectés, in situ et hyperplasies atypiques dans ces études d'autopsies suggère que les programmes de dépistage devraient être plus prudents dans la promotion de méthodes de détection ayant une sensibilité accrue, qui majorent donc ces diagnostics inutiles.

*https://www.cancer-rose.fr/efficacite-et-surdiagnostic-du-depistage-mamographique-aux-pays-bas-etude-populationnelle/

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Rapport entre expériences personnelles des médecins et prescription du dépistage du cancer du sein

Lettre publiée dans le JAMA : résumé par Dr Bour, 11 décembre 2017

Auteur :

Craig Evan Pollack, MD, MHS, Division of General Internal Medicine, Department of Medicine, Johns Hopkins University, Baltimore

Research letter

 

Contexte

 

Les recommandations médicales influencent fortement les décisions des femmes de se soumettre au non au dépistage mammographique.

L'adhésion des médecins aux directives en évolution qui recommandent moins de dépistage au vu des preuves insuffisantes de son efficacité, ne sont pas toujours suivies.

Les cas cliniques rencontrés et les expériences de l'entourage (amis, collègues, membres de la famille diagnostiqués porteurs d'un cancer du sein) sont susceptibles d'affecter le médecin par rapport aux recommandations officielles.

Ces expériences personnelles "anecdotiques" induisent des informations sur le dépistage du cancer du sein dans l'esprit du professionnel de santé, qui peuvent être en totale contradiction avec les évaluations scientifiques, par exemple sur la réelle réduction de mortalité.

Une enquête a été réalisée sur des médecins gynécologues et médecins généralistes pour évaluer si leurs propres expériences personnelles (patientes, collègues, amis, famille) influençaient leurs recommandations vis à vis des patientes sur le dépistage du cancer du sein.

 

Méthode

 

Il s'agit d'une enquête réalisée par voie postale de mai 2016 à septembre 2016 qui a inclus 2000 généralistes, gynécologues, internistes, afin d'examiner leurs pratiques.

On a demandé aux médecins de rapporter en détail leurs expériences vécues en rapport avec ceux de leur réseau social (amis, patients, famille) qui avaient eu un diagnostic de cancer du sein.

Bien que la majorité des médecins interrogés rapportaient les cas de bon pronostic, une large proportion de médecins racontaient les cas à mauvais pronostic, proportion plus large qu'attendu compte tenu des 6% de femmes (chiffre national) souffrant d'une maladie disséminée.

 

Conclusion

 

L'évocation disproportionnée de mauvaises expériences (entendues ou vécues) est conforme à ce qui est relaté dans l'abondante littérature sur le comportement, qui explique comment ce qui est redouté et craint est plus volontiers rappelé, et peut accroître la perception du risque.

La description d'une patiente dont le cancer à évolution défavorable n'a pas été diagnostiqué par la mammographie de dépistage, se trouve associée à un comportement (de la part du praticien) de recommander le dépistage de façon accrue à des femmes de tranches d'âges inappropriées, pour lesquelles les recommandations officielles ne préconisent pas ce dépistage.

Les résultats de l'enquête suggèrent que les praticiens doivent tenir compte de l'influence de leurs propres expériences sur leurs modes de prescription du dépistage. Ceci peut constituer une bonne approche pour l'amélioration de leur adhésion aux révisions des directives sur le dépistage du cancer du sein.

 

 

 

 

 

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Communiqué de presse/étude Autier Pays Bas 2017

Dépistage du cancer du sein aux Pays-bas : peu d’effet sur la mortalité pour beaucoup de surdiagnostic.

 

Depuis les années 2000, il existe dans le monde entier une controverse scientifique vigoureuse sur le dépistage du cancer du sein. Cette controverse porte autant sur l’efficacité réelle de ce dépistage, que sur les risques qu’il occasionne.

Les bénéfices espérés d'un dépistage sont :

  • Diminution de la mortalité par cancer du sein. Est-elle aussi importante qu'il est affirmé ?
  • Diminution des formes avancées. Cet objectif est-il atteint ?

 

En balance il faut considérer les risques de la mammographie systématique :

  • Le surdiagnostic, c'est à dire des cancers annoncés et traités comme tels, qui n’auraient pas causé de dommage aux femmes s’ils n’avaient pas été diagnostiqués, car non évolutifs et n'entraînant pas le décès. Quelle est son ampleur ?
  • Le surtraitement (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie), dû au surdiagnostic, avec ses conséquences psychologiques, professionnelles, familiales, sociales et économiques sur la vie des femmes.

 

Une étude réalisée aux Pays-Bas, où les femmes participent massivement à 80% depuis 24 ans à ce dépistage, apporte des réponses importantes et inquiétantes. Le Prof. Philippe Autier et son équipe ont analysé le registre des cancers de ce pays. Leur analyse, publiée dans le BMJ du 6 décembre[1][2] conclut à :

  • L'absence de diminution des cancers du sein avancés.
  • Une baisse de mortalité par cancer du sein attribuable au dépistage de ce cancer se situant entre 0% et 5%, et donc bien plus faible que les 20% à 30% affirmés depuis des années.
  • Un surdiagnostic d’environ 50% parmi les cancers détectés par la mammographie, sans commune mesure avec les 10 à 20% généralement avancés.

 

La mammographie de dépistage diminuerait donc très peu la mortalité par cancer sein (beaucoup moins que les progrès des traitements, par exemple), mais induirait en revanche un grand nombre de diagnostics et de traitements inutiles. Cette information doit être connue des femmes participant à ce dépistage, mais également de leur entourage.

 

En France en 2016, afin de faire le bilan sur cette controverse et de déterminer l’attitude à adopter, une concertation scientifique et citoyenne avait été organisée à la demande du ministère de la santé. Celle-ci s’est catégoriquement prononcée pour que le dépistage soit purement et simplement arrêté, ou qu’il soit remplacé par un dispositif profondément transformé. [3]

 

L’étude menée par le Professeur Autier et ses collaborateurs confirme donc le verdict de cette concertation citoyenne.

 

[1] Autier P, Boniol M, Koechlin A, Pizot C, Boniol M. Effectiveness of and overdiagnosis from mammography screening in the Netherlands: population based study. BMJ 2017;359:j5224. http://dx.doi.org/10.1136/bmj.j5224

 

[2] Résumé en français : https://www.cancer-rose.fr/efficacite-et-surdiagnostic-du-depistage-mamographique-aux-pays-bas-etude-populationnelle/

 

[3] Cases C, Di Palma M, Drahi E, Fainzang S, Landais P, De Montgolfier S, Paccaud F, Rivière P, Thouvenin D. Ensemble, améliorons le dépistage du cancer du sein – Rapport du comité d’orientation. September 2016. http://www.concertation-depistage.fr

page 132 du rapport

 

 

 

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Efficacité et surdiagnostic du dépistage mammographique aux Pays Bas, étude populationnelle

BMJ 2017;359:j5224 http://dx.doi.org/10.1136/bmj.j5224

http://www.bmj.com/content/359/bmj.j5224

7 décembre 2017

Auteurs :

Philippe Autier,

University of Strathclyde Institute of Global Public Health at iPRI, Allée Claude Debussy, 69130 Ecully, Lyon, France

Magali Boniol

International Prevention Research Institute, Lyon, France

Alice Koechlin,

Cécile Pizot

Mathieu Boniol

Objectif

 

L'objectif de l'étude est d'analyser l'incidence spécifique des cancers selon leur gravité auprès des femmes aux Pays Bas, invitées tous les deux ans au dépistage mammographique depuis 1989 (sur la base du registre du cancer du pays).

On souhaite vérifier si le dépistage mammographique permet la réduction des formes les plus avancées (stades 2 à 4), ce qui définirait l'efficacité d'un dépistage mammographique.

L'étude évalue les variations de mortalité et tente de quantifier le surdiagnostic.

Méthodes

Le nombre supplémentaire de cancers in situ (CIS) et de tumeurs du sein de stade 1 dû au dépistage est estimé en comparant les taux de CIS et de tumeurs de bas stade (stade 1) dans le groupe de femmes de 50 à 74 ans dépistées, avec les taux parmi les femmes de mêmes tranches d'âges mais non dépistées.

En effet on estime que le réservoir le plus important du surdiagnostic sont les CIS et les tumeurs de stade peu élevé de malignité, dont le taux s'envole dès lors qu'on dépiste. Les auteurs ont considéré les stades 2 à 4 comme des stades 'avancés', expliquant que cette distinction est conventionnelle et utilisée ainsi dans les essais d'évaluation des programmes de dépistage.

Le surdiagnostic a été évalué après soustraction des cancers d'intervalle.

La réduction de mortalité entre 2010 et 2012 a été chiffrée sans et avec considération de l'effet de cohortes (en effet on considère que les cohortes n'ont pas toutes des caractéristiques uniformes, mais que la pyramide des âges ou les périodes de naissance peuvent induire des effets sur les cohortes étudiées.)

Résultats :

L'incidence des cancers des stades 2 à 4 parmi les femmes des tranches d'âge au-delà de 50 ans était de 168 pour 100 000 femmes en 1998, et de 166 pour 100 000 en 2012.

Ceci tendrait à démontrer qu'il n'y a pas de "rattrapage" des tumeurs des stades les plus élevés par le dépistage.

mortalité :

La mortalité par cancer du sein a décliné de 38% entre 1989 et 2013.

En ne tenant pas compte de l'effet de cohorte le dépistage serait associé à une réduction de mortalité de 5%, et à aucune réduction de mortalité si on tient compte de l'effet de cohorte (c.àd. de l'influence de la pyramide des âges et des périodes de naissance des populations).

Dans les deux cas les améliorations thérapeutiques seraient responsables de 28% de la réduction de la mortalité.

surdiagnostic :

L'étude soutient une manifeste augmentation du surdiagnostic avec l'extension du dépistage notamment aux femmes plus âgées, (entre 70 et 75 ans), favorisée par la mammographie numérique qui détecte de plus en plus petites lésions, la plupart sans importance clinique.

Parmi les cancers détectés avec le dépistage, on évalue le surdiagnostic en soustrayant les cancers d'intervalle et les cancers des stades 2 à 4.

Le programme avec la mammographie numérique a généré, selon les auteurs, 16 surdiagnostics pour une vie "sauvée", cela de façon d'autant plus flagrante chez les femmes de la tranche d'âge 70-75 ans.

Les auteurs évoquent un surdiagnostic aux alentours de 50% parmi les cancers détectés au dépistage.

La procédure du ganglion sentinelle :

 

Dès 2002 elle contribue à une "migration du stade", c'est à dire à un "upgrading" du stade des tumeurs, essentiellement du stade 2 au stade 3 dès 2002. Les tendances observées entre 1989 et 2012 montrent une augmentation considérable de l'incidence des tumeurs in situ et des cancers de stade 1, tandis que les tendances des cancers de stade 2 à 4 sont restées relativement stables.

Conclusion :

  • Absence de réduction significative des taux des cancers avancés.
  • Un effet marginal sur la réduction de la mortalité. (Entre 0% et 5%, donc bien plus faible que les 20% à 30% affirmés depuis des années.)
  • Environ la moitié des cancers dépistés constitue du surdiagnostic.
  • Dans les deux scénarios, en considérant ou alors sans considérer l'effet de cohortes, la réduction de mortalité imputable au dépistage est marginale, alors que celle attribuable aux traitements est de l'ordre de 28%

 

 

 

 

 

 

Que disent ces courbes ?

  • Les cancers de stade avancé ne régressent pas et tendent même à rejoindre des taux d'avant l'instauration du dépistage.
  • En revanche, l’incidence des cancers in situ et de stade 1 a fortement augmenté. La comparaison de l'incidence entre les groupes d'âge montre des différences notables dans les tendances dans le temps qui sont corrélées à l'invitation au dépistage et au remplacement de la mammographie sur film par une mammographie numérique

Commentaires/parallèle avec la situation et les études faites en France

L'étude d'efficacité du dépistage mammographique aux Pays-Bas, par l'équipe de l'IPRI, BMJ 7/12/2017

L'étude réalisée par le Pr Autier et son équipe s'est donnée pour objectif de vérifier si le dépistage mammographique permettait réellement la réduction des formes les plus avancées (stades 2 à 4) du cancer du sein, l'efficacité d'un dépistage étant définie à la fois par la réduction de la mortalité due à la maladie et par la diminution significative des formes les plus graves.

En France règne la conviction que les indicateurs de mortalité sont insuffisants en raison d'une participation trop faible (50%) de la population féminine.

A ce titre les constats décevants de l'étude de Autier et col. prennent d'autant plus de poids que la participation aux Pays-Bas, elle, est de 80% ; ces constats sont :

  • effet marginal du dépistage sur la mortalité,
  • absence de recul des formes les plus avancées du cancer du sein.

Un surdiagnostic massif

Mais c'est l'évaluation du surdiagnostic qui interpelle dans de cette étude, puisque chiffrée jusqu'alors aux alentours de 20 à 30%, jamais au-delà de 50%.

Les auteurs de l' évaluation néerlandaise publiée ici soutiennent une manifeste augmentation du surdiagnostic, favorisée par la mammographie numérique. Ils évoquent un taux de surdiagnostic aux alentours de 50% (pouvant atteindre 52%) des cancers détectés, ce qui rejoint l'estimation de B.Junod, réalisée sur trois cohortes de femmes en France et publiée en 2011 dans British Medical Journal. [1]

Junod et Zahl avançaient à l'époque un taux de 60% de surdiagnostics chez les femmes dépistées.

Surtraitement, l'étude française de "vraie vie"

 

Les auteurs de l'IPRI joignent deux graphiques dans les annexes de leur étude, il s'agit des tendances des incidences spécifiques des tumeurs selon leur stade, et qui illustrent la constante augmentation des tumeurs de bas stade de gravité ainsi que des CIS, qui seront traitées avec la même agressivité que les autres formes de cancers, ce que corrobore l'étude française menée par notre collectif, récente, publiée par la Revue Médecine en octobre 2017, "le dépistage permet-il d'alléger le traitement chirurgical des cancers du sein ?". [2]

Dans notre étude basée sur les données publiques d'une base de facturation des actes hospitaliers (Scansanté), on constate les faits suivants :

  • Une augmentation significative des actes de mastectomies totales et des actes de mastectomies toute chirurgie confondue, depuis 2000.
  • L'examen des ratios mastectomies totales/incidence des cancers invasifs et total actes/incidences des cancers invasifs montre une stabilité des ratios pour les mastectomies totales, et une augmentation des ratios concernant les mastectomies tous actes confondus.
  • Il y a bien une diminution, statistiquement significative, de la part des mastectomies totales. Mais elle n’est pas synonyme d’allègement des traitements chirurgicaux, car n’est pas due à une diminution des mastectomies totales mais bien à une augmentation des mastectomies partielles plus importante que celle des mastectomies totales.

lire aussi : https://www.cancer-rose.fr/explication-de-letude-sur-les-mastectomies-en-france/

Conclusion :

On réalise donc de plus en plus d'actes chirurgicaux, y compris radicaux, depuis le dépistage systématisé, et non pas uniquement pour les seuls cancers invasifs.

Le surtraitement que notre étude française dénonce, est la résultante d'un surdiagnostic plus important qu'on l'estimait auparavant, massif à l'instar de ce que pressentait l'étude Junod/Zahl, ce que semble confirmer aujourd'hui l'étude de Philippe Autier et de ses collaborateurs.

 

 

[1] Junod B, Zahl P-H, Kaplan RM, Olsen J, Greenland S. An investigation of the apparent breast cancer epidemic in France: screening and incidence trends in birth cohorts. BMC Cancer. 2011 Sep 21;11(1):401.

[2] http://www.jle.com/fr/revues/med/e-docs/le_depistage_organise_permet_il_reellement_dalleger_le_traitement_chirurgical_des_cancers_du_sein__310529/article.phtml

Autres lectures et analyses en lien avec l'étude

Communiqué de presse : Communiqué de presse

Mette Kalager, professeure et chercheuse (Université d'Oslo) pose la question "si on était mieux sans mammographie?"

A lire ici : http://www.bmj.com/content/359/bmj.j5625

L'analyse de Dr Grange, ici : http://docteurdu16.blogspot.fr/2017/12/

Et la synthèse sur le dépistage Autier/Boniol : https://www.cancer-rose.fr/le-depistage-mammographique-un-enjeu-majeur-en-medecine/

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