Etude populationnelle de grande envergure de P.Autier

Une ultime preuve de l’efficacité plus que douteuse du dépistage est la dernière publication, ce mois-ci, d’une étude populationnelle présentée lors d’un symposium à San Antonio, par les auteurs suivants : Professeur Autier, Boniol, Pizot, Boyle *
Voilà les résultats de cette étude mondiale :
1° Dans tous les pays comparables entre eux, la réduction de mortalité par cancer du sein entre 1989 et 2012 est la même, que le pays ait engagé un dépistage généralisé depuis 1990 ou seulement depuis 2005. En France d’ailleurs, la réduction de mortalité spécifique par cancer du sein, (attribuable aux traitements selon les études d’impact), est moindre que celle en Espagne, par exemple.
2° La plus forte baisse de mortalité est constatée dans les tranches d’âge des moins de 50 ans (sauf Nouvelle Zélande et Hong Kong).
3° La baisse de mortalité par cancer du sein chez les femmes de moins de 50 ans est la même que le pays ait une politique de dépistage dans cette tranche d’âge (USA par exemple) ou non.
Conclusion de la publication : "There seems to be no discernible influence of screening on mortality trends." Ce qui signifie qu’il ne semble pas y avoir d’influence du dépistage organisé sur la tendance à la baisse de la mortalité, laquelle est certainement plus imputable aux avancées thérapeutiques depuis les années 90 qu’au dépistage.

https://app.core-apps.com/sabcs2016/abstract/d65d1d601c44a12e649faed52440f92e

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mensonges et tromperies

Dire que :

  • 9 cancers sur 10 guérissent

Oui, mais même non dépistées.

Voir l'étude Miller, étude réalisée d'après des essais canadiens, étude comparative randomisée, deux groupes de femmes sont comparés, un groupe non dépisté, un groupe dépisté, étude avec résultats donnés à 5, 10 puis à 25 ans de suivi :

http://www.bmj.com/content/348/bmj.g366

Réf : Miller AB, Wall C, Baines CJ, Sun P, To T, Narod SA. Twenty five years follow-up for breast cancer incidence and mortality of the Canadian National Breast Screening Study: randomised screening trial. The BMJ. 2014 Feb 11;348:g366

Quelles sont ses conclusions ?

1°-pas de différence de mortalité entre les deux groupes.

2° les taux de survie sont identiques, quel que soit le stade de la tumeur (survie = temps de vie après diagnostic de cancer)

3° 22% de surdiagnostics

4° pas de différence entre les deux groupes du taux des cancers fatals.

  • une femme sur 8 sera atteinte de cancer du sein

Dire qu’une femme sur huit sera confrontée au cancer du sein est une présentation trompeuse, ce risque étant un risque cumulé tous âges confondus, calculé sur une population fictive en fonction des risques observés en 2012. Or il convient de considérer ce risque selon la tranche d’âge. Avec un suivi de 20 années, pour une femme de 40 ans ce risque est de 4%, pour une femme de 60 ans il est de 6%.

A savoir aussi que sur 100 décès de femmes, 4 sont attribuables au cancer du sein, 20 à d'autres cancers, 30 à des maladies cardio-vasculaires. (réf. : Hill C. Dépistage du cancer du sein. Presse med. 2014 mai;43(5):501–9.)

Voir aussi dossier Que Choisir d'octobre 2017 : Que Choisir

Selon Catherine Hill, épidémiologiste à l’Institut Gustave-Roussy, à Villejuif (94), il s’agit d’une surestimation basée sur un calcul portant sur une population fictive suivie de la naissance à cent ans et plus. « Ce qui est pertinent, c’est le calcul pour une femme d’un âge donné suivie sur une durée donnée. Ainsi, le risque de diagnostiquer un cancer du sein dans les dix années suivantes est de 1,9 % pour une femme de 40 ans, de 2,1 % pour une femme de 50 ans, de 3,2 % pour une femme de 60 ans.»

Si ce cancer tue plus que les autres, c’est parce qu’il est le plus fréquent. Mais cela ne veut pas dire que si l’on en est atteint, on a un risque important d’en mourir. 

Par rapport au slogan « Cette femme a montré ses seins, elle a sauvé sa vie. », toujours selon Mme Catherine Hill : 
"Le cas est rare, car le cancer du sein n’est pas une cause fréquente de décès. En 2013, 4,2 % des femmes en sont mortesà titre de comparaison, 27 % ont succombé à une maladie cardio-vasculaire. Si on estime que le dépistage organisé permet une baisse de 20 % de la mortalité par cancer du sein, cest à peine une femme sur cent quil pourrait sauver (20 % de 4,2 %)."

  • La majorité des cancers est détectée à stade précoce sans envahissement ganglionnaire 

Les auteurs d'une étude récente, parue dans le NEJM *, ont mis en comparaison deux périodes : une avant les années 80, donc avant l’implantation du dépistage aux Etats Unis, l’autre période au début des années 2000, donc après l’implantation du dépistage.

Une fois  de plus, il convient de s’intéresser aux valeurs absolues. Et à l’ampleur des variations.
Ainsi la baisse des tumeurs de grande taille est de 30 cas pour 100 000 femmes dépistées. Et de l’autre côté il y a une augmentation de 162 cas de tumeurs de petite taille sur 100 000 femmes dépistées, entre les deux périodes comparées.
On arrive à la conclusion que 132 cas pour 100.000 sont des surdiagnostics.

A noter aussi que la chute de mortalité est moindre dans les formes graves.

Les auteurs concluent : "L'importance du déséquilibre indique que les femmes ont considérablement plus de chances d'avoir un surdiagnostic que d'avoir une détection plus précoce d'une tumeur destinée à grossir".

*http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1600249?af=R&rss=currentIssue

  • il y a une diminution de mortalité de 20%

Il s'agit de la réduction relative du risque.

La baisse du risque de mortalité depuis l'instauration du dépistage organisé est admise par tous les auteurs et experts. Elle varie, selon les études (observationnelles et randomisées), de 14 % à 48 % de diminution du risque de mortalité liée à ce cancer ; ce risque est environ de 5 % à l'âge de 50 ans; une diminution de 20 % fait donc passer ce risque à 4 %.

De fait, la synthèse de la Revue Prescrire, la synthèse de la Collaboration Cochante (groupe de chercheurs nordiques indépendants), la synthèse étasunienne (US TASK Force) donnent un aperçu en valeurs absolues.

Si sur 1 000 femmes dépistées 4 meurent d'un cancer du sein, et que sur un groupe de femmes non dépistées 5 meurent d'un cancer du sein, le passage de 5 à 4 constitue mathématiquement une réduction de 20% de mortalité, mais en chiffres absolus cela ne fait qu'une différence d'une seule femme... C'est pour cela qu'il convient de toujours exiger une présentation en données réelles, et non en pourcentage ce qui enjolive la situation.

Pour bien comprendre la différence entre risque relatif et absolu, lire ici : https://web.archive.org/web/20170623084247/http://hippocrate-et-pindare.fr/2017/01/01/resolution-2017-non-au-risque-relatif-oui-au-risque-absolu/

  • Evolution de la mortalité par cancer favorable ces dernières décades : Oui, mais c'est un phénomène connu, attribuable aux traitements, à l'arrêt de la prescription systématique des traitements hormonaux substitutifs, à une meilleure vigilance des femmes qui consultent lors de l'apparition d'un signe d'appel, et on récolte peut-être enfin les fruits des campagnes relatives aux facteurs de risques. Plusieurs études d'impacts notent que :
  1. la diminution de mortalité, partout où elle est constatée, est plus forte chez femmes de tranches d'âges jeunes,
  2. elle existe autant chez les femmes non dépistées (étude Miller)
  3. elle est moindre que pour d'autres formes de cancers, alors que des moyens colossaux sont mis en oeuvre pour le dépistage du cancer du sein.
  4. d’autres formes de cancers sont aussi concernées dans cette baisse de mortalité, alors que ces cancers ne sont pas intégrés dans des campagnes de dépistage.
  5. les études d’impact démontrent que la réduction de mortalité est imputable aux thérapeutiques anti-cancéreuses, en développement depuis les années 90.
  6. La décroissance de mortalité n'est pas corrélée avec le temps d’instauration du DO, on la perçoit dès les années 90, alors qu’aux US et en Suède le dépistage intervient dans les années 80, en France seulement en 2004.

Références Biblio :

Int J Cancer. 2016 Apr 15;138(8):2003-12. doi: 10.1002/ijc.29925. Epub 2015 Dec 15.
Impact of screening mammography on breast cancer mortality.
Bleyer A1, Baines C2, Miller AB2. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26562826/

Autier P, Boniol m, Gavin A, Vatten LJ. Breast cancer mortality in neighbouring European countries with di erent levels of screening but similar access to treatment: trend analysis of WHO mortality database. BmJ. 2011 Jul 28;343:d4411./

Jørgensen KJ, Zahl P-H, Gøtzsche PC. Breast cancer mortality in organised mammography screening in Denmark: comparative study. BmJ. 2010 mar 24;340:c1241./

Junod B, Zahl P-H, Kaplan Rm, Olsen J, Greenland S. An investigation of the apparent breast cancer epidemic in France: screening and incidence trends in birth cohorts. BmC Cancer. 2011 Sep 21;11(1):401.

  • Mortalité spécifique par cancer du sein qui diminue : Le problème est la fiabilité lors de la rédaction des certificats de décès ; en effet on peut savoir combien de personnes décédées étaient porteuses d'un cancer du sein, mais la cause du décès n'est pas toujours bien attribuée. Par exemple la personne décédée, porteuse d'un cancer du sein,  a pu ne pas décéder directement de ce cancer, mais de tout autre chose, ou pire encore, d'une cause reliable aux effets adverses des traitements, ce qui ne sera pas forcément mentionné dans le certificat de décès. Cette donnée permet aux scientifiques de voir si les prises en charge sont efficaces, mais elle est un mauvais indicateur du dépistage. Elle n'a aucun intérêt tant qu’on ne peut pas savoir si le gain de mortalité n’est pas contrebalancé par autres causes de décès chez les porteurs de cancer. Décès dû au cancer ? Autre cause ? Ou carrément à cause du traitement ?

LE PLUS JUSTE SERAIT DE CONSIDERER LA MORTALITE TOUS CANCERS CONFONDUS OU MIEUX, LA MORTALITE TOTALE DES 50 à 74 ANS.

  • Longévité et survie

La survie à 5 ans n’est pas la même chose que l'espérance de vie ou durée de vie. Admettons une espérance de vie chez une femme de 73 ans ; si elle a un diagnostic de cancer à 67 ans elle rentrera dans les statistiques de survie à 5 ans, mais pas si ce diagnostic est fait plus tard, vers 70 ans par exemple, la femme ne sera pas incluse dans les statistiques de survie à 5 ans.

La « survie » mesure plutôt la durée de vie du cancer 

C'est une illusion d'optique : par l'anticipation de la date de survenue du cancer, on a l'impression d'un allongement de la vie alors que l'espérance n'a en rien changé. L'allongement de la survie est le résultat de deux phénomènes : l'efficacité des traitements qui rallongent la durée de vie du patient avec son cancer et le dépistage qui anticipe la date de naissance du cancer indépendamment de l’issue de la maladie.

La survie est majorée quand l'incidence est la plus forte et le surdiagnostic d'autant plus fort. En effet, par définition, tous les surdiagnostics guérissent ! On a donc une illusion de succès.

Un bon contre-exemple est le cancer du col de l'utérus : sa survie à 5 ans est très mauvaise, mais la mortalité par ce cancer a baissé spectaculairement.

La survie est donc un marqueur de l'efficacité des traitements, mais pas de l'efficacité du dépistage.

  • La létalité,

C'est le nombre de décès rapporté au nombre de cas diagnostiqués. Ici il y a un biais de recrutement. Prenons un panier d'oeufs, si nous n'avons que 4 oeufs dans un panier et que nous en cassons deux, nous parlerons de 50% de mortalité. Si à présent, en raison d'un sur diagnostic massif nous avons 20 oeufs dans ce panier, et nous en cassons toujours 2, nous aurons l'illusion d'un succès car le pourcentage de mortalité ne sera plus que de 10%, alors que c'est simplement dû à un "ramassage" plus intensif de cancers, par un surdiagnosic massif, c'est à dire des diagnostics inutiles pour la femme de petites lésions qui n'auraient pas mis en danger leur vie. (voir explication dans notre brochure, et texte de Dr Duperray dans la rubrique "surdiagnosic" https://www.cancer-rose.fr/surdiagnostic-par-b-duperray/)

De fait, lorsqu'on considère les relevés INSEE depuis 1996, on constate qu'il y a invariablement, et malgré la poussée du dépistage organisé, toujours 11000 à 12000 décès par cancer du sein tous les ans...

  • Il s'agirait une épidémie de cancers.

Si l’accroissement continu des nouveaux diagnostics annuels correspondait à une épidémie de cancers à évolution mortelle, il faudrait alors que la réduction de mortalité grâce au dépistage soit considérable.

On aurait un cancer guéri pour un décès en 1980 et trois cancers guéris pour un décès en 2000. Or ni les résultats les plus optimistes des essais contrôlés concernant la réduction de mortalité ni les progrès thérapeutiques durant cette période ne peuvent soutenir cette hypothèse. (B.Duperray, DIU de sénologie).

Deux arguments contredisent totalement cette hypothèse :

  1. Il existe une ascension massive de l'incidence (nombre de nouveaux cas) dès lors qu'on dépiste. Une épidémie entraînerait une progression exponentielle du nombre de cas, mais pas un pic avec une telle brutalité comme on le constate dès l'instauration des campagnes.
  2. Les études d'autopsie : bon nombre de sujets autopsiés, décédés d'autres causes, sont porteurs de lésions cancéreuses non manifestes, p.ex. de prostate chez l'homme et du sein chez la femme. Une "épidémie" aurait entraîné une maladie chez toutes ces personnes.

ALORS STOP AU BANANAGE DES FEMMES !

Les deux seuls critères d'efficacité d'un dépistage sont :

  • une diminution de la mortalité par cancer, significative,
  • une chute du taux des cancers graves.

_____________________

Qui sont les perdantes et les gagnantes du dépistage

LES PERDANTES                                                                                                                                          LES GAGNANTES

  • femmes surdiagnostiquées                                                                                          * la malade dont le traitement sera plus léger
  • cancéreuse, diagnostiquée

plus tôt grâce mais qui perd sa qualité de vie                                                                     * le décès évité

  • la cancéreuse qui décède

à qui le dépistage n’a pas sauvé la vie

(cancer d' intervalle, ou mortel )

  • la femme avec un carcinome in situ,

traitée de façon multiple ou mastectomisée

(actuellement étude de protocoles de simple

surveillance active de ces lésions analogues à

des "précancers", dont le traitement n'empêche ni

la récidive, ni n'a permis de diminuer la mortalité

par cancer.)

  • la fausse alerte
  • femme non malade qui reste

angoissée à cause de l'examen

  • le cas du cancer radio-induit
  • patiente âgée,

susceptible de décéder d’autre chose,

et pour laquelle le traitement

sera plus dangereux que l’ignorance

de son cancer.

Visuellement comme ça, on n'a pas l'impression que ça balance du côté des gagnantes.

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Associations et ramifications

L’association « le Cancer du sein parlons-en » (dont le rôle est d’être : ‘aux côtés des femmes en France, pour informer sur le cancer du sein et participer à la sensibilisation au dépistage précoce’) existe depuis 1994. Elle a été fondée par le groupe Estée Lauder France et le magazine Marie-Claire et est soutenue par Marionnaud, Cora, Fitness (de Nestlé), Bobby Brown, et j’en passe car la liste est interminable ; elle l’est aussi par Lilly, le laboratoire pharmaceutique. L’institut Lilly co-organise « la Strasbourgeoise », parce que outre de profiter de la bonne volonté et l’empathie des femmes, il faut aussi les faire courir (10 euros l’inscription). Lilly commercialise le Prozac et le Gemzar, médicament anticancéreux. D’autres laboratoires sont très impliqués dans la lutte contre le cancer du sein et la fabrication de molécules anti-cancéreuses, comme Novartis, Pfizer, Sanofi, Roche.

Mais si ces laboratoires se livrent une concurrence redoutable on leur trouve un dénominateur commun dans la générosité et la philanthropie, et ce dénominateur commun s’appelle Europa Donna. Ce magnifique nom évoquant la divinité évanescente, celle que l’on voit dans le logo d’Europa Corps au cinéma, mâtinée du mot Donna dérivé de madonna mais surtout contenant la racine « don », c’est une coalition européenne oeuvrant pour la femme, et dont les partenaires, outre industriels, sont aussi les laboratoires pharmaceutiques sus-cités. Europa Donna, recevant des subventions de l’UE, est un soutien actif de la campagne rose de l’INCA (Institut National du Cancer) comme ceci est indiqué sur le site-même.

organigrammes synthétiques des ramifications, cliquez sur images

Revenons à Roche en particulier, dont le médicament phare en cancérologie du sein est l’Herceptin utilisé dans les formes métastatiques du cancer du sein. Le laboratoire est soutien institutionnel de la société française d’angiogénèse, les médicaments d’anti-angiogénèse s’inscrivent dans ce qu’on appelle la thérapie ciblée, et cette mini-révolution thérapeutique commence en 2004 avec la commercialisation par Roche de l’Avastin. En gros ces molécules empêchent les vaisseaux nourrissant la tumeur de proliférer et « affament » ainsi la tumeur, c’est un marché prometteur pour Roche avec l’arrivée d’autres molécules analogues en vue, et le laboratoire soutient logiquement la Société Française d’Angiogénèse lors de ses congrès .

Nous constatons que certains noms d’experts scientifiques se retrouvent comme par magie avec une récurrence déconcertante dans les différents conseils scientifiques de ces différentes structures : l’INCA, Europa Donna et le laboratoire Roche. Ainsi le Pr Marty, cancérologue ayant dirigé pendant 19 ans le service d’oncologie médicale de l’Hôpital Saint-Louis, directeur de recherche thérapeutique à l’IGR (Institut Gustave Roussy) est également président du groupe onco-hématologie de l’AFSSAPS en 2007 (ex-agence française du médicament), mais aussi présent dans le conseil scientifique de l’Agence Européenne du Médicament.

Nous le retrouvons actuellement dans le conseil scientifique d’Europa Donna, dans le conseil scientifique du comité Val d’Oise de la Ligue, comme président du conseil d’administration de la Société Française du Cancer, et dans le conseil scientifique de l’INCA. Le Pr Marty est également orateur pour Roche, co-investigateur pour des essais multi-centriques pour Roche en 2014, et consultant chez Pfizer.

Il se trouve que la Société Française de Cancérologie qu’il préside (jusqu’en 2015) est subventionnée par l’EACR (European Association for Cancer Research), lequel organisme subventionne , pardon , est « soutien institutionnel » de la société française d’angiogénèse. La société française d’angiogénèse est donc soutenue par Roche (très impliqué comme on l’a vu dans la recherche sur les ‘anti-angiogénèses’) , par Pfizer, par Sanofi, par la Société Française du Cancer (elle-même partenaire avec l’INCA), par l’EACR et par la Ligue.

Au total, le Pr Marty est donc partie prenante à l’INCA (conseil scientifique), dans la Société Française du Cancer (qu’il préside), dans Europa Donna (conseil scientifique) soutenue par Roche, dans la Ligue (comité scientifique), en même temps qu’auprès des laboratoires Roche et Pfizer, et indirectement dans la société française d’angiogénèse, puisque la Société Française du Cancer présidée par Pr Marty en est partenaire, le tout subventionné par l’EACR (subventions à la fois versus SFC et société d’angiogénèse)…

Mais comme dans la fameuse publicité, ce n’est pas tout. Car le bout des ramifications que nous avons suivies, depuis l’association de levée de fonds jusqu’aux laboratoires pharmaceutiques, c’est la femme, la fin et l’épicentre à la fois de cette matrice bienveillante tissée comme une toile d’araignée autour de ses seins. Et elle est où ? Eh bien justement, elle est là, petit moucheron au milieu, prisonnière d’intérêts pas tous philanthropiques, s’agitant pour exister, courant dans des courses, marchant dans des marches, achetant surtout et remplissant ainsi son rôle de bonne petite acheteuse si prisée du peuple marchand, naïve et innocente victime de goodies roses qui vont alimenter le système dont elle est piégée et de puissants lobbys pharmaceutiques qui ne veulent que son bien.

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Nouvelles du front, première manche et rapport final de la concertation

NOUVELLES DU FRONT, première manche

(rapport du comité d'orientation )

Mme la Ministre de la Santé a initié au courant de l'année 2015 une concertation citoyenne sur le dépistage du cancer du sein, avec mise en place d’un site permettant à tout un chacun de s’exprimer sur le dépistage, objet d’une controverse scientifique partout dans le monde.

Dr Cécile Bour y a participé pour le collectif Cancer Rose dans deux tables rondes, l'une avec les citoyennes, l'autre avec les professionnels de santé, sous forme de 20 minutes de présentation suivie d'une demi-heure de débat.

Le comité d’orientation a publié ses conclusions en ce mois d'octobre 2016

Vous les trouverez dès la page 128

(Rôle de Cancer Rose, page 72)

Nous reprenons certains des commentaires avant de détailler les conclusions.

  • Page 5 

le comité soulève d’ores et déjà les dysfonctionnements de l’organisation du dépistage : confusion prévention primaire, dépistage et diagnostic précoce, absence d’information sur les risques et incertitudes dans la lettre envoyée aux femmes, marketing et promotion trompeuse et outrancière.

  • Page 38

Nous notons, que le comité soulève le paradoxe que représente la rémunération à la performance des médecins sur objectifs de santé avec comme objectif que 80% des patientes de 50 à 74 ans passent au dépistage, alors qu’il s’agit d’un acte sans caractère obligatoire. Mais nous observons que ce problème posé par le ROSP n’est pas repris ensuite dans les conclusions.

  • Page 41 à 47

Le comité reprend les caractéristiques de mise en place d’un dispositif de dépistage.

Le faible coût : si pour l’individu le coût est faible, il ne l’est pas pour la collectivité. Ceci est développé page 46/47, 180 millions en 2008.

La faible variabilité entre les lecteurs de mammographies (les radiologues) : faible ou non, dès lors qu’elle existe, elle impacte de façon capitale l’avenir de la patiente.

La reproductibilité de la lecture n’est pas garantie.

En ce qui concerne les sensibilité et spécificité, la mammographie ne possède ni l’une ni l’autre.

Pour ce qui est de l’efficacité : le bénéfice doit être identifiable, c’est là où réside la controverse.

  • Page 76 

Analyse de la situation par le comité :

  1. Il faut se repencher sur l’histoire naturelle du cancer pour différencier les types de cancers et leur évolution possible.
  2. Eviter la confusion prévention et dépistage
  3. Dire qu’une femme sur huit sera confronté au cancer du sein est une présentation trompeuse, ce risque étant un risque cumulé tous âges confondus, calculé sur une population fictive en fonction des risques observés en 2012. Or il convient de considérer ce risque selon la tranche d’âge. Avec un suivi de 20 années, pour une femme de 40 ans ce risque est de 4%, pour une femme de 60 ans il est de 6%.
  • Page 79 

Demande à ce que soit présentée la réduction absolue du risque de décéder d’un cancer du sein, et non pas en données relatives.

Même les organismes favorables au dépistage organisé reconnaissent que la diminution de mortalité n’est pas reliable uniquement au dépistage.

  • Page 81/82/83 

Les études randomisées ne sont pas réalisées en France ni les études observationnelles.

Le rapport bénéfice/risque n’est pas celui espéré. Les risques sont plus saillants chez les femmes sans facteur de risque ni symptômes.

La campagne rose, incitative, est en décalage avec le doute scientifique voire avec la pertinence du DO.

Il faut donc renforcer les possibilités de choix des femmes avec une information plus équilibrée. Pour l’instant l’information est jugée insuffisante.

Sur le site de l’INCA l’information est fractionnée, difficilement repérable, parfois contradictoire, le surdiagnostic abordé de manière peu claire.

Une critique de l’information du site de l’assurance maladie est faite aussi, sans concession, cette information est jugée trop incitative car mettant en avant les « avantages » du DO.

  • Page 108 

Le comité demande de l’information, non pas du marketing. Les femmes sont trompées par Octobre Rose en contradiction totale avec une exigence d’information loyale. Il faut éviter les confusions dépistage et prévention.

  • Page 109/110 /111-115

Il faut informer de la balance bénéfice risques et faire figurer la notion d’incertitude, parler des cancers d’intervalle et du surdiagnostic.

Le comité souhaite aussi que soit donnée une information sur les effets secondaires ainsi que soit corrigée l’illusion de la mammographie comme moyen idéal de détection d’un cancer.

L’invitation ne doit pas s’assimiler à une convocation, et doit comporter les informations sur bénéfices et risques.

L’information et la formation doivent être proposées aux professionnels de santé, et l’information ne doit pas être incitation.

  • Page 121

La tomosynthèse : son rapport bénéfice-risques reste à confirmer et il faut développer des protocoles de recherche pour évaluer son utilisation dans le dépistage.

Il faut mettre en place des outils d’évaluation en temps réel du dispositif.

  • Page 123 

Le comité revient et insiste sur l’urgence et le caractère indispensable de promouvoir des études sur surdiagnostic et surtraitement.

  • Le constat en page 125 

Un rapport bénéfices /risques controversé et une communication inadaptée.

  • Page 132
  1. Consultation dédiée à la quarantaine.
  2. Stratégie hiérarchisée en fonction du niveau de risque, déterminer les femmes à haut risque qui bénéficieront d’un suivi particulier et adapté, et les femmes à « sous- risque » qui pourraient en être dispensées.

Les conclusions

  • Prise en considération de la controverse dans l’information fournie aux femmes et dans l’information et la formation des professionnels.
  • mise en place de projets de recherche pour mieux étudier l’histoire naturelle du cancer (certains cancers sont peu agressifs ou régressent, participant au surdiagnostic), et afin de pouvoir identifier les facteurs biologiques ou d’imagerie permettant de définir les tumeurs ne nécessitant qu’une surveillance. (proposition de l’ARC)
  • évaluation permanente du dispositif, afin d’avoir des données épidémiologiques et économiques relatives au dépistage EN France
  • intégration du médecin traitant
  • maintien de la double lecture (Cancer Rose attire l’attention sur le fait que la double lecture majore certainement les fausses alertes)
  • évaluation de la pratique de l’échographie, à l’origine de faux positifs dont l’augmentation est supérieure au nombre de cancers effectivement détectés.
  • L’arrêt des dépistages précoces chez les moins de 50 ans sans facteurs de risque particulier.

Cancer Rose rappelle que les recommandations officielles de l’HAS pour la participation au dépistage sont à partir de 50 ans, et pas avant.

  • adapter la stratégie de dépistage et du suivi en fonction du niveau de risque.

Deux scénarios :

Scénario1 : arrêt du programme de dépistage organisé, la pertinence d’une mammographie étant appréciée dans le cadre d’une relation médicale individualisée.

Scénario 2 : Arrêt du dépistage organisé tel qu’il existe aujourd’hui et mise en place d’un nouveau dépistage organisé, profondément modifié.

Ne vous laissez pas déconcerter par la longueur du texte, il y a un déroulé de l'historique du dépistage depuis son instauration, passionnant à lire.

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Nouvelles du front, seconde manche

DEUXIEME MANCHE

A la suite de la parution de ce rapport, l’INCa (Institut National du Cancer) envoie une missive à Madame la Ministre Marisol Touraine, datant du 16 septembre, alors que nous avons eu publiquement connaissance du rapport seulement le 2 octobre.

courrier INCa à la ministre

D’emblée le scénario 1 est qualifié de « cas d’école » par l’Institut et même pas pris en considération, reléguant ainsi la moitié du travail à quantité négligeable.

L’INCa propose une rénovation du programme avec comme objectifs la réduction de la mortalité, de la morbidité, des inégalités sociales de santé, ainsi que de l’amélioration de la qualité de vie.

Nous rappelons quand-même que si la qualité de vie est un objectif louable, la véritable évaluation du programme repose bien sur les études émidémiologiques, que le comité appelle de ses vœux, qui évalueraient la morbi-mortalité. Avant de réduire la morbidité ou la mortalité, il faut les connaître ! Or aucune évaluation en France n’a jamais été entreprise.

Bien évidemment, l’Institut s’empare du scénario numéro 2 ; il s’agit d’assurer sa pérennité, à défaut de proposer une information médicale de qualité sur son site.

Dans la lettre à Madame la Ministre, l’Institut s’arroge le pilotage de la refonte du dépistage, le ré-écrivant à sa façon, et le réduisant à une simple « modernisation » avec des propositions « qui s’inscrivent pleinement dans ….la logique du Plan Cancer 2014-2017 ». « L’Institut National du Cancer pourrait être chargé de conduire la réforme du programme, en lien avec la direction générale de la santé et la caisse nationale d’assurance maladie »

Ben voyons… Il nous semble pourtant qu’il serait logique de dessaisir de toute communication l’INCa et aussi la caisse d’assurance maladie, dont les rôles dans l’information des femmes sont fortement critiqués dans le rapport-même, et que la communication future soit confiée à des structures et personnes indépendantes sans liens d’intérêts avec le dépistage organisé du cancer du sein.

Comme l’écrit très justement Anne Chailleu, présidente du Formindep

(http://www.formindep.org/Depistage-organise-du-cancer-du.html) :

« On n’en retiendra donc que ce qui reste conforme à des orientations arrêtées en 2013. Comme si les avancées scientifiques de ces dernières années et cet exercice exemplaire de démocratie participative en santé n’avaient finalement pas existé.

On ne peut illustrer de façon plus limpide l’éternel conflit d’intérêts qui existe entre l’institution, arc-boutée sur ses habitudes, ses plans quinquennaux et leurs indicateurs, la défense de son image ou de son pouvoir d’une part, et l’intérêt des usagers et patients d’autre part, qui entendent réévaluer en permanence les pratiques à l’aune des avancées de la science et participer à la prise de décision.

Les citoyennes qui se sont exprimées ne doivent pas se laisser voler cet exercice inédit de démocratie participative. Il y a urgence à faire évoluer le dépistage, réellement, conformément à leurs attentes. On ne peut se contenter d’une série d’ajustements cosmétiques qui visent à maintenir le programme de dépistage sur les rails fixés en 2013, dirigé vers des objectifs quinquennaux obsolètes. »

Et c’est bien ce que nous redoutons.

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Nouvelles du front, troisième manche

TROISIEME MANCHE

Le 3 octobre est publié le communiqué de presse de Madame la Ministre Marisol Touraine. Tout en promettant d’engager la réforme du dépistage (nous rappelons que l’arrêt est préconisé dans le rapport final), la ministre trouve le moyen de saluer les initiatives de la campagne d’octobre rose, campagne hautement commerciale, et pour laquelle les citoyennes demandent la cessation du marketing outrancier qui l’accompagne.

Et la ministre nous informer que, comme chaque année depuis 2014, la Tour Eiffel est illuminée en rose en ce débit d’octobre 2016 ...

La ministre annonce donc une rénovation profonde du programme, car « c’est le sens des recommandations qui lui ont été remises par l’Institut National du Cancer (INCa), sur la base du rapport du comité d’orientation de la concertation citoyenne et scientifique lancée il y a un an sur le sujet. »

Alors non, pas du tout : les recommandations de l’INCa sont bien celles-ci énoncées par Madame la Ministre, mais ne sont en aucun cas celles du rapport. Rappelons-le, dans les deux libellés des deux scénarios, ce sont bien les mots « arrêt du dépistage» qui apparaissent.

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Nouvelles du front, quatrième manche, notre lettre et le plan de la ministre

QUATRIEME MANCHE

A-Notre lettre

B-Plan d'actions de la ministre et analyse

A-Notre lettre adressée à la ministre

Au vu des tentatives de confiscation du rapport par l’INCa, poursuivant ses intérêts, ses efforts de minimisation du contenu du rapport et sa demande de poursuivre le pilotage du dépistage, le Collectif Cancer Rose, la Revue Prescrire, le Groupe Princeps en compagnie de la Revue Que Choisir, ont décidé de publier une lettre ouverte à Mme la Ministre, laquelle en a accusé réception au bout de trois semaines.

En voici le contenu :

Madame Marisol TOURAINE

Ministre des Affaires sociales et de la Santé

14 avenue Duquesne

75700 PARIS

Paris, le 14 octobre 2016

Contacts : Collectif Cancer Rose  ; Prescrire  ; Groupe PRINCEPS  ; UFC – Que Choisir

Objet : Dépistage organisé du cancer du sein

Madame la Ministre,

A votre demande, l’Institut national du cancer vient de rendre public, après une concertation du grand public et des parties prenantes, le rapport de la Concertation citoyenne et scientifique sur l’actuelle politique de dépistage organisé du cancer du sein. Celui-ci rejoint, en les actualisant, les constats dressés par de nombreux acteurs indépendants.

Ce rapport fait notamment le constat que le dépistage des cancers du sein fait l’objet d’une controverse scientifique et non d’un consensus, que ce soit sur la réalité ou l’importance des bénéfices attendus ou sur l’importance de ses effets indésirables, liés aux sur-diagnostics et sur-traitements, initialement sous-estimés. Il souligne la nécessité de poursuivre les recherches scientifiques pour essayer de lever les incertitudes actuelles. Le document insiste également sur le déséquilibre de la communication à destination des femmes en âge de participer au programme, qui relève davantage de l’injonction que de l’information, spécialement la campagne « Octobre Rose » et ses déclinaisons.

Le rapport émet de nombreuses autres propositions, et notamment : une évaluation du dispositif qui se penche sur la question du surdiagnostic et du surtraitement ; l’arrêt des dépistages chez les femmes âgées de moins de 50 ans sans facteur de risque ; l’arrêt ou la transformation profonde du dépistage organisé chez les femmes âgées de 50 ans ou plus. L’idée est d’établir des grilles de risque permettant de personnaliser la décision de dépister ou de ne pas dépister, et de faire passer l’information par les médecins généralistes.

Ce rapport appelle naturellement des actions fortes, et c’est pourquoi nous accueillons favorablement l’annonce par votre Ministère, d’ici la fin de l’année, d’un plan de rénovation du dépistage organisé du cancer du sein. Dans ce cadre, nous souhaiterions attirer votre attention sur deux points qui doivent constituer, à notre avis, le fondement de cette politique : le droit des femmes à un choix libre et éclairé de s’inscrire ou non dans les démarches de dépistage organisé ; la prise en compte de l’absence de consensus scientifique à propos du dépistage et des critiques de la Concertation citoyenne et scientifique sur son organisation. Ce droit et cette prise en compte n’auront de réalité qu’à deux conditions.

D’une part, l’information disponible, tant pour les femmes que pour les professionnels de santé, doit être rendue plus objective en présentant aussi bien les avantages que les inconvénients du dépistage, à partir des données de la science, recensées par exemple dans le rapport de la Concertation citoyenne et scientifique.

D’autre part, les médecins doivent être mis en situation de délivrer une information non biaisée à leurs patientes. Cela suppose une formation adéquate des professionnels de santé concernés, afin qu’ils soient en mesure d’expliquer la controverse, les effets indésirables et les inconnues du dépistage. Par ailleurs, il est indispensable que soit retiré des critères de la rémunération sur objectifs de santé publique des médecins généralistes le niveau de participation de leur patientèle au dépistage du cancer du sein. C’est seulement ainsi que les femmes pourront en toute confiance se tourner vers leur médecin pour discuter de leur choix, comme elles sont déjà 56 % à le faire.

Nous vous remercions par avance de l’attention que vous voudrez bien porter à nos propositions, et vous prions de croire, Madame la Ministre, à l’assurance de notre plus haute considération.

B-Le plan d'action

Depuis, Mme Marisol Touraine a émis son plan d'action à la suite de la concertation.

Ou ici : https://solidarites-sante.gouv.fr/archives/archives-presse/archives-communiques-de-presse/article/marisol-touraine-modernise-le-depistage-organise-du-cancer-du-sein-et-annonce

Nous le commentons et l'analysons ici : https://cancer-rose.fr/2017/04/06/plan-daction-pour-la-refonte-du-depistage/

On en parle aussi ici : https://cancer-rose.fr/2017/11/06/on-parle-de-la-concertation-francaise-dans-le-jama/

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Suite de la concertation citoyenne sur la mammographie de dépistage

 

Notre collectif en la personne du Dr Cécile Bour a participé à la concertation citoyenne sur la mammographie de dépistage :

http://www.concertation-depistage.fr/

Cette concertation avait pour but l’amélioration du dépistage organisé, considérant sans doute que les bénéfices de la mammographie de dépistage vont de soi, comme nous l’entendons souvent.

Nous avons, malgré tout souhaité y participer pour ne pas pratiquer la politique de la « chaise vide ».

La réunion publique de clôture de cette concertation s’est tenu à Paris le 28 mai 2016.

A cette occasion, le Docteur Cécile Bour a participé à cette réunion.

Elle a rencontré le Dr Brigitte Seradour et a pu échanger avec elle.

Pour ceux qui ne connaissent pas le Dr Brigitte Seradour, il s’agit d’un médecin radiologue très impliquée dans le dépistage organisé du cancer du sein par la mammographie.

Elle a ainsi été nommée le 30 avril 2002 par la ministre de la santé de l’époque comme personnalité qualifiée pour le groupe technique du cancer du sein.

http://social-sante.gouv.fr/fichiers/bo/2002/02-18/a0181811.htm

A ce titre elle a participé à la mise en place et au développement du dépistage du cancer du sein par mammographie.

Elle fait partie aujourd’hui du système mis en place par les autorités. Elle est très active dans sa région :

http://www.oncopaca.org/fr/professionnels/depistage/structures/structures-de-depistage

De plus, une rapide recherche sur google, montre qu’elle est beaucoup sollicitée par les médias nationaux où elle défend l’intérêt de la mammographie de dépistage  depuis de nombreuses années.

http://www.urps-ml-paca.org/3359/depistage-du-cancer-du-sein-par-le-dr-brigitte-seradour/

https://destinationsante.com/cancer-du-sein-eviter-le-surdiagnostic.html

http://www.allodocteurs.fr/maladies/cancer/cancer-du-sein/cancer-de-lintervalle-quand-le-cancer-du-sein-echappe-au-depistage_9307.html

http://sante.lefigaro.fr/actualite/2011/02/20/10744-cancer-sein-depistage-partir-40-50-ans

C’est donc ce que l’on appelle un leader d’opinion ( http://www.e-marketing.fr/Definitions-Glossaire/Leader-d-opinion-239617.htm ) ou KOL ( Key Leader Opinion chez les anglosaxons : http://pharmacritique.20minutes-blogs.fr/archive/2008/06/20/les-medecins-leaders-d-opinion-pantins-du-commerce-pharmaceu.html )

Lors d’un échange informel dans dans cette réunion de clôture du 28 mi 2016, le Dr Seradour a affirmé devant plusieurs personnes, détenir des études prouvant les bénéfices de la mammographie de dépistage.

Cécile Bour a immédiatement manifesté son intérêt pour ces études car nos propres recherches dans le domaine n’ont pu identifier d’études solides et indépendantes qui prouvent les bénéfices de la mammographie de dépistage.

Elle a donc demandé oralement au Dr Seradour de pouvoir connaître ces études et donc de bien vouloir nous fournir les références de celles-ci.

Notre collectif, par l’intermédiaire de Cécile Bour a réitéré cette demande dans un courrier et un mail qui lui ont été adressé il y a maintenant plus de 15 jours.

Nous n’avons reçu à ce jour aucune réponse à notre demande de références bibliographiques qui fondent la conviction de madame le Docteur Seradour sur les bénéfices de la mammographie de dépistage.

Pour ce qui est de notre collectif qui a une analyse opposée aux affirmations du Dr Seradour, les éléments bibliographiques qui fondent notre conviction de l’effet délétère de la mammographie sur la santé des femmes sont facilement consultables sur ce site.

Pourquoi un tel silence du Dr Seradour ?

Est-ce si compliqué de fournir une bibliographie des études sur lesquelles se fondent la conviction de l’intérêt de la mammographie de dépistage ?

Si une réponse nous parvenait dans l’avenir, nous ne manquerons pas de vous tenir informé par l’intermédiaire de ce blog.

P.S. : 7/1/2017, pas de réponse à ce jour

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Le surdiagnostic, en un graphique et un tableau

Ci-contre, vous trouverez une représentation sur un poster (home-made, désolée…) des résultats des méta-analyses de la revue indépendante Prescrire, de la Collaboration Cochrane (collectif de chercheurs nordiques indépendants) et de l’US Préventive Task Force, organisme étasunien d’évaluation des programmes de santé publique.

Malgré les quelques variations des données, on remarque deux choses : d’une part les estimations sont assez proches toutes proportions gardées, d’autre part il y a pour chacune de ces trois études une proportion largement plus importante de surdiagnostics et de fausses alertes, ce qui constitue les désavantages du dépistage, par rapport aux décès ‘évités’. La balance bénéfice/risques est donc loin d’être aussi optimiste qu’on le présente aux femmes…

La Cochrane présente ses résultats sur 2000 femmes dépistées à partir de 40 ans sur 10 années,
Prescrire sur 1000 femmes dépistées dès 50ans sur 20 années,
US Task Force sur 1000 femmes également, dépistées de 50 ans à 74 ans, ce qui correspond le plus à la situation française.

Les points marron représentent le nombre de femmes dépistées, suivies. Les points rouges correspondent aux sur diagnostics, les points jaunes au nombre de cancers présumément évités. Les points bleu clair sont les fausses alertes, et les bleu foncé les biopsies inutiles.

Nous reproduisons ici un graphique très parlant démontrant comment se produit un sur diagnostic, sur une idée d'un chercheur américain, Gilbert Welch, adapté ici par le Dr Jean-Baptiste Blanc et avec son aimable autorisation de reproduire cette image.

Cliquez sur le lien pour lire l’article « déconstruction d’une manipulation » du Dr Blanc .

  • Le cancer d'évolution rapide évolue rapidement entre deux sessions de mammographies et sera "loupé" par le dépistage. Souvent ce cancer aura déjà essaimé d'emblée dans les ganglions et organes à distance, même si cela ne se voit pas.
  • Le cancer d'évolution lente sera certes anticipé par le dépistage, mais même sans dépistage il sera décelé un peu plus tard par l'apparition de symptômes cliniques qui conduiront la patiente à consulter en temps et en heure, le temps métastatique étant très long.
  • Pour les trois autres formes de cancer, le cancer très lent, le cancer stagnant et le cancer régressant, le dépistage les décèlera mais c'est une détection inutile, les personnes chez lesquelles ils ont été diagnostiqués seraient décédées avec leur cancer mais pas à cause de lui.

A ce propos voir la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=pbGZdyUCITc

Et la présentation : https://cancer-rose.fr/2020/02/04/cancer-et-cancer-cest-pas-pareil/

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