30 juin 2018
Résumé C.Bour
cnamts_rapport_charges_produits_2018
Cette semaine, le Figaro et Le Monde reprennent tous deux une information publiée le 29 juin dans le rapport de la CNAMTS, « Charges et produits 2018 » , obtenu par suivi de femmes traitées pour un cancer du sein entre 2012 et 2014.
Selon ce rapport, les femmes prises en charges dans les établissements effectuant moins de 30 actes chirurgicaux par an (cela concerne 338 établissements sur 571) auraient 84% de risque supplémentaire de mortalité par rapport aux plus grands centres, dont l’activité surpasse les 150 actes par an (seuil fixé dans d’autres pays européens).
Cette inégalité n’est pas tant le fait du praticien que de l’organisation des équipes et l’application des « bonnes pratiques », selon le rapport. Les RCP(réunions de concertations pluridisciplinaires) seraient moins efficientes, moins nombreuses, les techniques du ganglion sentinelle (selon un rapport de l’IRDES de 2017, moins pratiquées).
Pour contraindre les établissements à l’amélioration des pratiques on procèderait par une valorisation du tarif de base de rétribution par l’Assurance Maladie de l’acte chirurgical envers l’établissement hospitalier qui aurait fait l’effort de respecter les critères de qualité, lesquels sont définis par l’HAS, les représentants des patients et les sociétés savantes.
Le rapport en question est un nouveau rapport pour 2019 rédigé en 2018 et n’est pas publiquement en ligne (ce n’est pas le même que celui qui est téléchargeable actuellement), nous remercions Mr Béguin journaliste à Le Monde qui nous a envoyé la page correspondant à notre sujet :
Disparités territoriales
Déjà le document publié par l’IRDES à l’époque montrait certaines disparités territoriales dans les prises en charge.
Cette disparité pose bien sûr d’autres questions, outre les raisons avancées par la CNAMTS qui seraient celles des disparités des capacités techniques et organisationnelles des établissements hospitaliers, nous nous interrogeons sur ce sur-risque de décéder qui serait imputable aux surdiagnostics, c’est à dire des diagnostics de cancer du sein inutiles pour les femmes, ce qui concerne 1 cancer détecté par dépistage sur 3 , voire sur 2 selon les dernières études. (étude danoise, Pays Bas).
Si on compte environ 30% de surdiagnostic selon ces dernières estimations pour l’ensemble des cancers du sein, et si là-dessus 84% de femmes y laisseraient leur vie en raison de la prise en charge, cela est très préoccupant…
Surmortalité imputable aux surtraitements ?
A ce titre l’étude brésilienne déroutante justifie de poser la question de savoir si le dépistage ne génèrerait pas une surmortalité par les surtraitements agressifs. (étude brésilienne)
Nous rappelons que notre étude publiée dans la revue Médecine (étude PMSI) réalisée en France sur la base du PMSI, c’est à dire la base de facturation des actes chirurgicaux, ne confirme pas la diminution des mastectomies totales qui aurait dû être observée si la généralisation du dépistage organisé du cancer du sein s’était accompagnée d’un allègement des traitements chirurgicaux.
Au contraire, le nombre annuel de mastectomies totales augmente ; le nombre de mastectomies partielles augmente plus rapidement que l’incidence des cancers invasifs. Et le nombre des mastectomies totales croît parallèlement au nombre des cancers du sein invasifs.
Analyse à affiner
Après de récentes informations glanées ici et là, le rapport complet sera bientôt public, en effet s’il est clair que l’expérience des équipes médico-chirurgicales joue, il faut tenir compte du fait que les patientes traitées dans les petites structures, plus fréquentes en milieu rural, ne présentent pas le même profil que les citadines. Ces divergences socio-économiques ne ressortent pas, ni en ajustant sur l’âge ni sur la gravité des lésions, de même que la co-morbidité n’est pas connue. En bref, nous attendons la mise en ligne du rapport complet, et affinerons l’analyse.
Affaire à suivre…
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