Un plan d’action national contre le surdiagnostic en Australie

Le surdiagnostic nuit aux patients et des mesures s’imposent.

Résumé de Dr Bour Cécile, 15 octobre 2018

https://www.smh.com.au/healthcare/overdiagnosis-is-harming-patients-and-action-is-required-says-chief-medical-officer-20181014-p509jx.html

https://www.mja.com.au/journal/2018/209/8/australia-responding-complex-challenge-overdiagnosis

 

 

A l’heure où Mme Buzyn, notre ministre de la santé, se félicite sur son compte twitter :

« Je l’ai rappelé aujourd’hui à l’@AssembleeNat, nous avons renforcé l’information et la prise en charge du #dépistage du #CancerDuSein, parce que c’est une priorité de santé publique. #OctobreRose #SavoirCestPouvoirAgir   »

Nous assistons, envieux, au pragmatisme salutaire qui a cours dans d’autres pays que le nôtre.

Ce qui se passe ailleurs

Le surdiagnostic est à présent reconnu partout, et c’est son impact sur les ressources de soins de santé qui préoccupe, tant celles-ci pourraient être mieux utilisées pour faire face aux vrais besoins.

Le « Overdiagnosis Working Group from the Guidelines International Network« , réseau international sur les lignes de conduite en santé se penche sur le problème, au Danemark le 6ème congrès sur le surdiagnostic, auquel Cancer Rose a participé tournait autour du sujet, Au Royaume-Uni, un groupe permanent du Royal College of General Practitioners s’occupe déjà du surdiagnostic.  Au Québec, au Canada, l’Association médicale du Québec est à l’origine d’un plan visant à sensibiliser la population et à réduire le surdiagnostic.

Et un plan national a été élaboré en Australie pour faire face à ce problème.

En Australie, la base de preuves concernant l’étendue, les causes et les interventions pour prendre en charge le surdiagnostic est en expansion, notamment en raison du financement récent de la recherche octroyé par le Conseil national de la santé et de la recherche médicale (National Health and Medical Research Council (NHMRC)).

Un centre d’excellence en recherche et une subvention de programme financée par le NHMRC se sont associés pour former une alliance de facultés de médecine , de chercheurs, de défenseurs et d’experts en santé publique.

Il s’agit de la  collaboration de recherche Wiser Healthcare qui a pour objectif de produire et de traduire des preuves ( www.wiserhealthcare.org.au).

 

Les facteurs d’expansion du surdiagnostic

Les facteurs de propagation du phénomène de la surdétection sont :

  • la croyance culturelle et médicale qu’un empilement de tests sera bénéfique pour la santé,
  • La croyance que les avancées technologiques permettront une détection de plus en plus petites lésions qui permettraient de régler le problème de la maladie,
  • La peur des professionnels de santé de ne pas en faire suffisamment,
  • Les préjugés dans les prise de décision,
  • Les attentes du public qu’on « fasse » quelque chose .
  • Le tout arrosé d’incitations financières du système de santé sur les professionnels de santé prescripteurs.

Parmi les solutions de la désescalade on trouve :

  • L’information des populations,
  • L’encouragement à la prise de décisions partagées,
  • Des campagnes de sensibilisation du public non pas aux maladies mais à ce problème de surmédicalisation, sensibilisation aussi à la qualité de la prise en charge médicale plutôt qu’à la quantité..

 

Une épidémie de surdiagnostics

Le professeur Brendan Murphy, principal conseiller médical du ministre et du ministère de la Santé a salué l’initiative, qualifie le surdiagnostic de «problème important dans tous les pays dotés de systèmes de santé avancés».

Il a souligné les recherches de l’OCDE montrant que les systèmes de santé gaspillaient des milliards de dollars dans des soins de santé sans valeur ni efficacité.

« Nous devons nous assurer que nous ne finançons que ce qui profite aux patients. »

Le Dr Ray Moynihan , co-auteur du journal Medical Journal of Australia et chercheur principal au Centre de recherche sur la pratique fondée sur les preuves de la Bond University , a déclaré que le surdiagnostic avait atteint des proportions épidémiques, particulièrement préoccupant en matière de dépistage du cancer de la thyroïde, du sein, de la prostate.

Le surdiagnostic menace la viabilité des systèmes de santé et gaspille les ressources qui pourraient être mieux utilisées en santé..

Plusieurs initiatives ont déjà été mises en place pour lutter contre le surdiagnostic, notamment la campagne Choosing wisely, ou campagne « Choisir avec sagesse »

Déjà en 2017 l’autorité indépendante australienne du cancer, le Cancer Council, avait approuvé l’appel de la part de médecins et de chercheurs, pour concevoir ce plan visant à protéger les patients du surdiagnostic et du surtraitement des maladies. Voir notre article à ce sujet : https://www.cancer-rose.fr/les-patients-souffrent-de-trop-de-medecine/

Et en France, pays des Lumières ?

En France que fait-on pendant ce temps ? Ah oui, notre ministre de la santé se planque sous le parapluie de la promotion du dépistage, ça évite de réfléchir et comme ça on ne risque rien.

Mais les parapluies, ça peut se retourner à l’envers et vous retomber dessus comme à Toulouse, où un vent rageur et désapprobateur a escamoté cette belle suspension rose de promotion urbaine du dépistage *.

La concertation citoyenne avait demandé de ne plus infliger aux citoyennes cette campagne outrancière et infantilisante.

On voit comment nos citoyens sont écoutés dans notre pays, lequel est déjà à la traîne d’initiatives modernes et intelligentes en vogue dans ces autres Eden de sagesse médicale tout autour de nous.

 

*Merci à Mme Anne Delbreilh -Ayoub, auteure de cette photo.


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