L’association « le Cancer du sein parlons-en » (dont le rôle est d’être : ‘aux côtés des femmes en France, pour informer sur le cancer du sein et participer à la sensibilisation au dépistage précoce’) existe depuis 1994. Elle a été fondée par le groupe Estée Lauder France et le magazine Marie-Claire et est soutenue par Marionnaud, Cora, Fitness (de Nestlé), Bobby Brown, et j’en passe car la liste est interminable ; elle l’est aussi par Lilly, le laboratoire pharmaceutique. L’institut Lilly co-organise « la Strasbourgeoise », parce que outre de profiter de la bonne volonté et l’empathie des femmes, il faut aussi les faire courir (10 euros l’inscription). Lilly commercialise le Prozac et le Gemzar, médicament anticancéreux. D’autres laboratoires sont très impliqués dans la lutte contre le cancer du sein et la fabrication de molécules anti-cancéreuses, comme Novartis, Pfizer, Sanofi, Roche.
Mais si ces laboratoires se livrent une concurrence redoutable on leur trouve un dénominateur commun dans la générosité et la philanthropie, et ce dénominateur commun s’appelle Europa Donna. Ce magnifique nom évoquant la divinité évanescente, celle que l’on voit dans le logo d’Europa Corps au cinéma, mâtinée du mot Donna dérivé de madonna mais surtout contenant la racine « don », c’est une coalition européenne oeuvrant pour la femme, et dont les partenaires, outre industriels, sont aussi les laboratoires pharmaceutiques sus-cités. Europa Donna, recevant des subventions de l’UE, est un soutien actif de la campagne rose de l’INCA (Institut National du Cancer) comme ceci est indiqué sur le site-même.
organigrammes synthétiques des ramifications, cliquez sur images
Revenons à Roche en particulier, dont le médicament phare en cancérologie du sein est l’Herceptin utilisé dans les formes métastatiques du cancer du sein. Le laboratoire est soutien institutionnel de la société française d’angiogénèse, les médicaments d’anti-angiogénèse s’inscrivent dans ce qu’on appelle la thérapie ciblée, et cette mini-révolution thérapeutique commence en 2004 avec la commercialisation par Roche de l’Avastin. En gros ces molécules empêchent les vaisseaux nourrissant la tumeur de proliférer et « affament » ainsi la tumeur, c’est un marché prometteur pour Roche avec l’arrivée d’autres molécules analogues en vue, et le laboratoire soutient logiquement la Société Française d’Angiogénèse lors de ses congrès .
Nous constatons que certains noms d’experts scientifiques se retrouvent comme par magie avec une récurrence déconcertante dans les différents conseils scientifiques de ces différentes structures : l’INCA, Europa Donna et le laboratoire Roche. Ainsi le Pr Marty, cancérologue ayant dirigé pendant 19 ans le service d’oncologie médicale de l’Hôpital Saint-Louis, directeur de recherche thérapeutique à l’IGR (Institut Gustave Roussy) est également président du groupe onco-hématologie de l’AFSSAPS en 2007 (ex-agence française du médicament), mais aussi présent dans le conseil scientifique de l’Agence Européenne du Médicament.
Nous le retrouvons actuellement dans le conseil scientifique d’Europa Donna, dans le conseil scientifique du comité Val d’Oise de la Ligue, comme président du conseil d’administration de la Société Française du Cancer, et dans le conseil scientifique de l’INCA. Le Pr Marty est également orateur pour Roche, co-investigateur pour des essais multi-centriques pour Roche en 2014, et consultant chez Pfizer.
Il se trouve que la Société Française de Cancérologie qu’il préside (jusqu’en 2015) est subventionnée par l’EACR (European Association for Cancer Research), lequel organisme subventionne , pardon , est « soutien institutionnel » de la société française d’angiogénèse. La société française d’angiogénèse est donc soutenue par Roche (très impliqué comme on l’a vu dans la recherche sur les ‘anti-angiogénèses’) , par Pfizer, par Sanofi, par la Société Française du Cancer (elle-même partenaire avec l’INCA), par l’EACR et par la Ligue.
Au total, le Pr Marty est donc partie prenante à l’INCA (conseil scientifique), dans la Société Française du Cancer (qu’il préside), dans Europa Donna (conseil scientifique) soutenue par Roche, dans la Ligue (comité scientifique), en même temps qu’auprès des laboratoires Roche et Pfizer, et indirectement dans la société française d’angiogénèse, puisque la Société Française du Cancer présidée par Pr Marty en est partenaire, le tout subventionné par l’EACR (subventions à la fois versus SFC et société d’angiogénèse)…
Mais comme dans la fameuse publicité, ce n’est pas tout. Car le bout des ramifications que nous avons suivies, depuis l’association de levée de fonds jusqu’aux laboratoires pharmaceutiques, c’est la femme, la fin et l’épicentre à la fois de cette matrice bienveillante tissée comme une toile d’araignée autour de ses seins. Et elle est où ? Eh bien justement, elle est là, petit moucheron au milieu, prisonnière d’intérêts pas tous philanthropiques, s’agitant pour exister, courant dans des courses, marchant dans des marches, achetant surtout et remplissant ainsi son rôle de bonne petite acheteuse si prisée du peuple marchand, naïve et innocente victime de goodies roses qui vont alimenter le système dont elle est piégée et de puissants lobbys pharmaceutiques qui ne veulent que son bien.
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