https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/ijc.31832
publication du 25/08/2018
le dépistage par la mammographie systématique ne réduit pas la mortalité
Effet du dépistage organisé par mammographie sur la mortalité par cancer du sein: une étude de cohorte basée sur la population en Norvège
Auteurs : Mette H. Møller , Mette Lise Lousdal , Ivar S. Kristiansen , Henrik Støvring
L’auteur principal, Henrik Stoving, biostatisticien, explique : « Le fait est que plus les méthodes de traitement s’améliorent, moins le dépistage est bénéfique »
Méthode :
Les chercheurs ont suivi des femmes norvégiennes de 30 à 89 ans (cohortes de naissance 1896‐1982 réparties en trois groupes d’âges, les femmes éligibles au dépistage, les femmes d’âge au-delà, les femmes plus jeunes), et ils ont identifié celles qui ont développé un cancer mammaire sur la période 1987-2010, permettant de comparer les nombres de décès dans les périodes avant l’instauration du dépistage systématique et après. (NDLR : la campagne nationale de dépistage a été instaurée en 1996 en Norvège).
Résultat :
Le résultat était le suivant : Les trois groupes d’âge ont connu une réduction de la mortalité, mais la diminution chez les femmes éligibles était à peu près la même chez les femmes non éligibles.
Autrement dit : Le dépistage par mammographie n’était pas associé à une réduction plus importante de la mortalité par cancer du sein chez les femmes éligibles au dépistage par rapport aux femmes non éligibles.
Les auteurs expliquent encore : « Les femmes qui se font dépister vivent plus longtemps parce que toutes les patientes atteintes d’un cancer du sein vivent plus longtemps. Nous avons maintenant de meilleurs médicaments et une chimiothérapie plus efficace. Le système de santé réagit plus rapidement qu’il y a une décennie. Il ne semble pas qu’il y ait moins de femmes qui meurent d’un cancer du sein à la suite d’un dépistage par mammographie ».
En clair, plus les traitements sont efficaces, plus un dépistage perd en utilité, d’autant que les effets adverses priment sur le bénéfice.
NDLR:
Encore une fois nous soulignons l’importance de ne pas confondre survie et espérance de vie ; contrairement à une croyance générale et diffusée par les médias et les campagnes roses, avec le dépistage systématique on détecte plus tôt des cancers qui se seraient manifestés par des symptômes plus tard, sans qu’il y ait de perte de chance pour la patiente, ils seront guéris en temps et en heure ; de ce fait, on a une illusion d’optique, on anticipe la date de naissance du cancer, la personne vivra plus longtemps avec la connaissance d’être une patiente, mais ne vivra pas globalement plus longtemps.
Le coût :
Lorsqu’on considère que le coût du dépistage en France, selon les chiffres de la Haute Autorité de Santé, s’élève à 250 millions d’euros par an, qu’il y a un surdiagnostic massif et des effets adverses cumulés ( surdiagnostic, fausses alertes, cancers radio-induits) surpassant le bénéfice, et que les citoyennes lors de la concertation ont demandé une évaluation du dispositif, il nous semble qu’il est plus que temps que les autorités sanitaires prennent des dispositions pour en informer loyalement les femmes et qu’on se penche sur autre chose que cette gabegie afin d’ appréhender plus efficacement le cancer du sein et l’accès aux thérapeutiques pour toutes les femmes..
Le retentissement sur les mastectomies :
Autre chose insuffisamment évoqué, le retentissement sur les ablations de seins ; dans tous les pays où le dépistage a été instauré on enlève toujours plus de seins.
Nous renvoyons à notre propre étude conduite en France :
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