Stérilet à libération hormonale et risque de cancer du sein

Traduction et synthèse, commentaires par Cancer Rose, 20 novembre 2024

L’utilisation des systèmes contraceptifs intra-utérins à libération de lévonorgestrel (hormone de synthèse. de type progestérone bloquant l’ovulation) de façon continue, comme l’est le stérilet « Mirena » par exemple, est en augmentation.
L’utilisation de ces dispositifs constitue la contraception hormonale préférée des femmes préménopausées de plus de 30 ans au Danemark.

Un risque accru de cancer du sein a été constaté chez les femmes utilisatrices d’une contraception hormonale lors d’une précédente étude, qui donnait la conclusion suivante : « Le risque de cancer du sein était plus élevé chez les femmes qui utilisaient actuellement ou récemment des contraceptifs hormonaux contemporains que chez les femmes qui n’avaient jamais utilisé de contraceptifs hormonaux, et ce risque augmentait avec la durée d’utilisation ; toutefois, les augmentations absolues du risque étaient faibles. »
Cependant cette étude n’avait pas été conçue pour examiner le risque de cancer du sein avec une durée d’utilisation continue.

Une étude récente réalisée au Danamark et publiée au mois d’octobre 2024 dans le JAMA, par Lina Steinrud Mørch,  du Danish Cancer Institute à Copenhagen, a évalué le risque de cancer du sein en cas d’utilisation continue d’un dispositif à libération de lévonorgestrel, en tenant compte des autres expositions hormonales.

Méthode : Etude de registre

Il s’agit d’une étude de registre : à l’aide des registres nationaux danois toutes les personnes ayant commencé à utiliser pour la première fois un dispositif intra-utérin à libération hormonale et âgées de 15 à 49 ans, entre 2000 et 2019, ont été sélectionnées et appariées à l’année de naissance de non-utilisatrices de contraceptifs hormonaux, à partir du début de la mise en place du dispositif. Les participantes ont été suivies à partir de la date de début de la pose du dispositif intra-utérin jusqu’au diagnostic de cancer du sein, ou jusqu’au diagnostic d’un autre cancer, jusqu’à une grossesse, à l’instauration d’une hormonothérapie post-ménopausique, au décès ou jusqu’à tout autre évènement intercurrent…

Les critères d’exclusion étaient l’utilisation d’autres contraceptifs hormonaux dans les 5 ans précédant la date d’index, l’utilisation antérieure d’une thérapie hormonale post-ménopausique, un cancer antérieur.

Résultats et discussion

Cette étude nationale danoise a mis en évidence une association entre l’utilisation du dispositif à libération hormonale continue et un risque accru de cancer du sein chez les femmes âgées de 15 à 49 ans.
Selon les auteurs, bien que le risque absolu de cancer du sein soit faible chez les jeunes femmes, cette étude a mis en évidence un excès de risque de 14 pour 10 000 femmes. Le risque n’a pas augmenté avec la durée d’utilisation.

Les auteurs n’ont pas constaté de relation dose-effet claire, pas de relation entre l’augmentation du risque de cancer du sein et l’augmentation de la durée d’utilisation ; ils estiment que cela pourrait être dû au nombre plus faible de femmes ayant utilisé ce type de stérilet pendant plus de 10 ans, ou au fait que certaines femmes se sont fait retirer leur stérilet et que cela n’aurait pas été pris en compte dans les données du registre. Ceci sous-estimerait alors le risque de cancer du sein dans l’étude.

Compte tenu de l’augmentation de l’utilisation des dispositifs à libération hormonale continue chez les femmes à un âge présentant un certain risque de cancer du sein, et de son utilisation probable à long terme, les informations sur le risque de cancer du sein devraient accompagner les discussions sur les bénéfices et les risques de ces contraceptifs entre professionnels de santé et utilisatrices.

Ce qu’on peut conclure

Le risque de cancer du sein est légèrement augmenté avec les dispositifs intra-utérins à libération hormonale continue, mais il est probablement plus faible pour les femmes plus jeunes, car leur risque de cancer du sein de base est statistiquement plus faible.
Ce risque est similaire à celui des autres contraceptifs hormonaux.[1] [2]

Si les chercheurs ont veillé à ce que les deux populations de femmes soient appariées sur des critères tels que l’âge, le poids et l’éducation, d’autres comportements tels que tabagisme ou alcoolisme (facteurs de risque dits « possibles ») n’ont pas été évalués, ce qui constitue une limite de cette étude car il est possible que les habitudes des femmes ne prenant pas de contraceptifs, (peut-être davantage soucieuses de leur santé et/ou d’un mode de vie ‘naturel’), soient différentes des utilisatrices de contraception hormonale.

L’augmentation du risque de cancer du sein chez les utilisatrices d’un dispositif intra-utérin à base hormonale correspond à un risque faible, certes, mais dont on se doit d’informer les utilisatrices, aux dires mêmes des auteurs. Ce risque doit être pris en compte en même temps que les bénéfices de ce type de contraceptif, utilisé comme contraception mais aussi comme traitement pour les femmes qui ont des règles abondantes et prolongées.

Les femmes doivent savoir que la plupart des types de contraceptifs hormonaux sont associés à une légère augmentation du risque de cancer du sein et que cette étude ajoute un autre type de contraceptif hormonal à cette liste.


Références

[1] Selon une expertise du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) menée en 2005 et actualisée en 2012, les pilules combinées entraîneraient une légère hausse du risque de cancers du sein, du col de l’utérus et du foie. https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Reduire-les-risques-de-cancer/ Traitements-hormonaux/Pilules-contraceptives

[2]

  • * S. Morch L., et al. Contemporary Hormonal Contraception and the Risk of Breast Cancer. N Engl J Med. 2017; 377: 2228-2239.
  • * Jennie L Lovett, Margo A Chima, Juliana K Wexler, Kendall J Arslanian, Andrea B Friedman, Chantal B Yousif, Beverly I Strassmann, Oral contraceptives cause evolutionarily novel increases in hormone exposure: A risk factor for breast cancer, Evolution, Medicine, and Public Health, Volume 2017, Issue 1, January 2017, Pages 97–108, https://doi.org/10.1093/emph/eox009
  • * Meta-analyse Hormonal Contraception and the Risk of Breast Cancer in Women of Reproductive Age: A Meta-Analysis
  • * Meta-analyse au RU, publication de Danielle Fitzpatrick, Combined and progestagen-only hormonal contraceptives and breast cancer risk: A UK nested case–control study and meta-analysis


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