A vot’ bon coeur messieurs dames !

L’Institut National du Cancer se targue d’avoir ajouté des références au bas du livret d’information sur le dépistage du cancer du sein.

Examinons.. livret d’information de l’INCa

Par Dr Bour Cécile, 12 avril 2018

 

 

A-EXAMEN DES REFERENCES CITEES (ENFIN) PAR L’INCA POUR SES SUPPORTS D’INFORMATION

 

Nous sommes contents, l’INCa a bien voulu, sous nos demandes insistantes, pallier au manque de références que nous lui reprochions dans notre critique de son livret d’information sur le dépistage du cancer du sein[1], et a rajouté, au bas du document, les fameuses sources quémandées.[2]

Nous avions aussi, dans notre analyse, soulevé bien d’autres points sur la qualité déficiente du contenu-même. Il n’y a pas eu encore de révision, mais patience, nul doute que cela viendra ultérieurement…

Les références donc…Nous en trouvons neuf.

 

1-La première est une étude parfaitement inconnue, sur le développement d’une prévision du risque de cancer,

outil pour utilisation dans le soin primaire britannique, ce qui ne nous concerne donc pas ici en France en tout premier plan..

 

2-La numéro deux provient du SEER.

Le SEER est une source autorisée pour les statistiques sur le cancer aux Etats Unis.

Le programme de surveillance, d’épidémiologie et des résultats finaux (SEER) fournit des informations sur les statistiques du cancer visant à réduire la charge du cancer sur la population américaine.

On commence à déchanter, cette source ne concerne toujours pas nos concitoyen-ne-s de très près.

Cela confirme ce que nous avons constaté et que les citoyennes lors de la concertation n’ont pas manqué de relever : obtenir des statistiques françaises est impossible, les données sont ou bien manquantes ou bien verrouillées.

 

3.   -La troisième source émane de l’International Agency forResearch on Cancer, autrement dit le CIRC, (Centre International de Recherche sur le Cancer, basé à Lyon).

Le document cité, le « Handbooks of Cancer Prevention », est présenté ici : https://www.youtube.com/watch?v=4ejAL_pzLGI

Cette vidéo est intéressante, car le CIRC lui-même, (dès 7:54 environ) opte pour un codage rouge, (ce qui veut dire’données manquantes ou lacunaires’) concernant le surdiagnostic dans le cadre du dépistage du cancer du sein !

 

4-La quatrième source n’est pas une étude mais un rapport, préparé par le CIRC (même organisme que pour n°3). Il y est question d’indicateurs de performance, de taux de détections et de couverture du dépistage. Nulle part mention de taux de mortalités comparés des pays européens…

 

5-Enfin ! La cinquième source nous parle de la France, de chez nous quoi, mais las, là aussi c’est un rapport d’indicateurs de performance, de qualité du programme, de suivi des examens, bref, de données servant plus à mesurer la compliance de la population à suivre le programme que de données réellement utiles sur son efficacité à réduire la mortalité par cancer. En conséquence, il s’agit de données parfaitement inutiles pour le médecin en pratique courante et de renseignements inexploitables pour le quidam.

 

6-La sixième source, comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, c’est l’INCa himself. Nous ne commenterons pas.

 

7-Les références numéro 7…

8-et la référence 8 sont des textes législatifs, la septième est un renvoi à l’arrêté du 29septembre 2006, obsolète donc, et pas du tout réactualisé malgré ce qui apparaît sur le site, dont nous avons fait l’analyse critique ici .[3] [4]

 

9-La dernière référence citée est une étude sur la mortalité attribuable à l’alcool en France, et date de 2009, l’alcool étant un, parmi d’autres, facteurs de risque reliable au cancer du sein.. Donc là non plus, pas grand-chose d’immédiatement utile, ni pour le professionnel de santé, ni pour les patientes, la cancérogénèse de l’alcool est largement démontrée et connue déjà, et cette source n’apporte rien de neuf, notamment compte tenu du sa date de publication.

 

 

On ne peut illustrer de façon plus évidente l’esquive de l’institut à aborder les vrais questions qu’une femme se pose lorsqu’elle se demande si oui ou non elle va se soumettre au dépistage : est-ce que je peux éviter grâce au dépistage de mourir d’un cancer du sein, et est-ce que j’aurais une chance d’avoir une forme moins grave de cancer ?

 A tourner autour de ces questions essentielles sans y apporter d’éclaircissement, l’éternelle lutte de l’institution de l’INCa à défendre son image pour que tous les indicateurs restent conformes aux plans quinquennaux est plus que limpide, au mépris de l’intérêt des usagers médecins et des patients, les premiers souhaitant évaluer le programme pour leur pratique à l’aune des avancées de la science, les seconds pour pouvoir participer à la prise de décision.

 

 

B-URGENT : APPEL A LA POPULATION !

 

Alors messieurs-dames, comme il est inconcevable d’imaginer que l’indigence des sources produites dans le document d’information par l’institution numéro une pour la protection des populations contre le cancer proviendrait d’une quelconque mauvaise intention de nous berner, ou d’une incompétence chronique déjà dénoncée dans le rapport de concertation et perpétuée malgré icelle, nous ne pouvons qu’en déduire que l’INCa manque de moyens.

Noon ! Siii !! Eh oui ! La voilà la cruelle vérité !

l’institut fait face à de grandes difficultés financières inavouées, et ne pourra bientôt plus mener à bien ses objectifs humanistes !

Alors nous comptons sur vous, citoyens, pour un geste financier, même un petit don, car une participation, si minime soit-elle, permettrait de redonner espoir aux membres et dirigeants de l’institut, afin qu’il poursuivre son action philanthropique dans laquelle il a déjà tant oeuvré, et pour acheter de la lecture scientifique.

Une grande collecte sera donc organisée ce week-end à l’entrée de toutes les grandes surfaces de France, vous reconnaîtrez les collecteurs grâce à un T-shirt bleu avec des petits points colorés qui rappelle les couleurs du site internet de l’institut, et une petite calebasse fendue sur le haut dans la main.

Il est important de faire preuve de générosité, afin que l’INCa puisse s’abonner à des médias comme le Lancet, Prescrire, le BMJ ou le BMC, ou encore le JAMA, dont l’abonnement nécessite un investissement financier colossal, que seuls les généralistes pour l’instant peuvent se permettre.

Merci de votre générosité, il y aura aussi une tombola et vous pourrez gagner un joli porte-clé en forme de crabe avec le logo de l’INCa dessus !

 

 

[1] https://www.cancer-rose.fr/analyse-critique-du-nouveau-livret-dinformation-de-linca/

[2] au bas de l’article : https://www.e-cancer.fr/Actualites-et-evenements/Actualites/Depistage-des-cancers-du-sein-une-information-claire-pour-permettre-aux-femmes-de-decider-de-leur-participation

[3] https://www.cancer-rose.fr/article-pour-labrogation-de-larrete-de-2006/

[4] https://www.cancer-rose.fr/bienvenue-en-absurdie/

 

 


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