13 décembre 2021
Article BMJ https://www.bmj.com/content/375/bmj.n2854
Les auteurs :
-Steven Woloshin ; il est codirecteur du Center for Medicine and Media du Dartmouth Institute et dirige La Fondation Lisa Schwartz pour la vérité en médecine
-Barnett Kramer, il est directeur associé National Cancer Institute, Division of Cancer Prevention
Résumé et synthèse par C.Bour
Récemment, la National Library of Medicine (NLM) des États-Unis a dévoilé de nouveaux termes à inclure dans le « MeSH » utilisé pour indexer, cataloguer et rechercher des articles de revues, des livres et d’autres informations biomédicales et liées à la santé.
Qu’est-ce que le MeSH ?
Le MeSH (Medical Subject Headings) est : « le thésaurus de références dans le domaine biomédical. La NLM (U.S. National Library of Medicine) le met à jour chaque année pour indexer et permettre d’interroger ses bases de données, notamment MEDLINE/PubMed.
Dans le cadre d’un accord de partenariat avec la NLM, l’Inserm traduit le MeSH et met à jour la version française chaque année depuis 1986. L’Inserm met la version bilingue à la disposition de la communauté francophone qui peut la consulter sur ce site (voir ici) ou l’obtenir sous la forme d’un fichier sous format XML. La version bilingue est souvent utilisée comme outil de traduction, ainsi que pour l’indexation et l’interrogation de bases de données en français. »
La NLM a créé le MeSH dans les années 1960 pour décrire le contenu des articles de journaux. L’indexation MeSH « est une forme de prétraitement intelligent » de la littérature qui facilite grandement la recherche.
* Elle améliore la sensibilité de la recherche en fournissant un moyen cohérent pour trouver un contenu conceptuellement similaire qui pourrait apparaître sous de nombreux synonymes (par exemple, « infarctus du myocarde » (le terme MeSH) vs « crise cardiaque », « infarctus du myocarde », « infarctus coronaire »).
* Elle améliore la spécificité de la recherche en éliminant les résultats faux positifs. Par exemple, une recherche d’articles sur le « surdiagnostic » renverrait un article ne traitant pas explicitement du surdiagnostic, si l’article comportait une phrase telle que « cet article ne traite pas du surdiagnostic
Il existe environ 27 000 titres de sujets MeSH. En général, 10 à 15 termes MeSH sont attribués aux articles publiés. Pour tenir compte de l’évolution de la médecine et de la recherche, la NLM ajoute chaque année de nouveaux termes MeSH – en 2021, 27 termes ont été ajoutés.
Les demandes de nouveaux en-têtes de sujet peuvent être soumises par le biais du site Web de la NLM (https://www.nlm.nih.gov/mesh/meshsugg.html).
L’ajout du terme « surdiagnostic » a été demandé il y a environ un an pour faciliter pour faciliter l’examen de la tendance des articles relatifs au surdiagnostic au fil du temps.
Sans terme MeSH, les recherches portaient sur le mot « surdiagnostic » contenu dans le titre ou dans le résumé des articles de journaux, mais il était évident que de nombreux articles pertinents étaient exclus et que de nombreux articles non pertinents étaient inclus dans les résultats.
Le surdiagnostic est donc officiel
Parmi les nouveaux termes inclus dans le Mesh figure »surdiagnostic ».
En voici la définition donnée, c’est :
« L’étiquetage (comme malade) d’une personne atteinte d’une maladie ou condition anormale qui ne lui aurait pas causé de préjudice si non découverte ; la création de nouveaux diagnostics en médicalisant des expériences ordinaires de la vie, ou l’amplification de diagnostics existants en abaissant les seuils ou en élargissant les critères sans preuves d’amélioration.
Les personnes ne tirent aucun bénéfice clinique du surdiagnostic, cependant elles peuvent subir un préjudice physique, psychologique ou financier. »
Article de notre FAQ sur le surdiagnostic ici : https://cancer-rose.fr/2021/10/23/quest-ce-quun-surdiagnostic/
Pourquoi est-il important d’indexer ce terme ?
Pour progresser dans n’importe quel domaine scientifique, y compris l’étude du surdiagnostic des maladies, il faut pouvoir s’appuyer sur la base de connaissances existante. Cela exige des outils facilitant l’évaluation systématique de ces connaissances. La classification MeSH a été développée comme un outil clé pour répondre à ce besoin.
Il convient de disteinguer le surdiagnostic des notions de surconsommation, d’erreur de diagnostic, de surtraitement, de soins non souhaités, d’erreurs de diagnostic, de prescription inappropriée et de polypharmacie.
Bien que le surdiagnostic touche à plusieurs de ces concepts, il en est distinct.
Le surdiagnostic est considéré comme un domaine de recherche important, avec une littérature en expansion, une nouvelle rubrique MeSH (et correctement définie) est donc à présent utile et la NLM a travaillé en étroite collaboration avec les auteurs pour rédiger la définition.
Définir le surdiagnostic
Définir le surdiagnostic est un véritable défi. Une recherche Google effectuée par les auteurs « qu’est-ce que le surdiagnostic » (le 10 septembre 2021) a donné 679 000 résultats.
1°Un coup d’œil rapide montre que certaines définitions se concentrent sur le surdiagnostic comme conséquence du dépistage, principalement dans le domaine du cancer.
2°D’autres reconnaissent également un deuxième volet : le surdiagnostic résultant de l’extension des définitions des maladies.
Ces deux volets ont été intégrés dans la définition éditée.
C’est un pas en avant important dans le domaine de la recherche et du recensement du surdiagnostic.
La nouvelle rubrique MeSH de la NLM pour le surdiagnostic améliorera l’indexation des articles de journaux et la précision des recherches documentaires.
Elle est également symbolique. Le surdiagnostic existe depuis qu’il y a des diagnostics. Mais sa reconnaissance en tant que concept spécifique est un phénomène relativement nouveau. L’intérêt pour ce sujet s’est considérablement accru au cours de la dernière décennie, en partie grâce à la conférence internationale annuelle Preventing Overdiagnosis.[1]
Lors de la première conférence de ce type, qui s’est tenue au Dartmouth College (Hanover, NH, États-Unis) en 2013, le « surdiagnostic » semblait encore être un concept « de niche ».
La nouvelle rubrique MeSH officialise le « surdiagnostic », validant sa place dans les rapports scientifiques et dans l’évaluation de la littérature publiée.
Dédicace de S.Woloshin et Barnett Kramer en fin d’article
« Cet article est dédié à Lisa Schwartz, notre chère collègue, partenaire, amie et source d’inspiration dans le domaine du surdiagnostic. Avec SW, Lisa Schwartz a abordé pour la première fois l’idée du nouveau terme MeSH en 2013, après avoir rencontré des problèmes en essayant de créer une diapositive pour montrer les tendances temporelles dans les articles de revues médicales sur le surdiagnostic lors de la première réunion de Préventing Overdiagnosis.
Cela lui a permis de se rendre compte que d’autres personnes devaient rencontrer les mêmes difficultés pour résumer la littérature dans ce domaine. «
Voir aussi le podcast BMJ avec l’intervention de Steven Woloshin ,
Référence
[1] Cancer Rose participe maintenant régulièrement au congrès Preventing Overdiagnosis : https://cancer-rose.fr/2021/03/15/actions-enseignements-et-congres-de-cancer-rose/#congrescopenhague
Congrès Preventing Overdiagnosis Sydney 5-7 décembre 2019
Congrès « Preventing Overdiagnosis » Copenhague 2018
Session à Calgary 2022 prévue
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