Le Pr IFRAH ou la médecine d’un temps que l’on croyait révolu.

Par Dr Marc Gourmelon

9 novembre 2018

 

Dans un article du journal Le Parisien du 6 novembre 2018 [1]intitulé : « Cancer du sein : «Les détracteurs du dépistage sont irresponsables» ; le Pr IFRAH exprime son indignation envers ceux qui ne pense pas comme lui.

 

« Irresponsable » ! Pourquoi une telle violence dans le propos ?

 

Je propose 2 pistes pour répondre à cette question.

 

1) La médecine du 21ème siècle n’est plus la médecine du siècle dernier.

 

Aujourd’hui et depuis toujours, la médecine s’apprend auprès de « maîtres » qui vous l’enseignent.

Ces « maîtres » sont aujourd’hui encore, les médecins, professeurs agrégés des universités et chef de service de grands hôpitaux universitaires.

Ces « maîtres » partagent leurs savoirs et leurs connaissances et vous disent ce que la médecine est, et ce qu’elle n’est pas pas. Ils vous expliquent l’intérêt de tel traitement ou de telle intervention médicale comme les dépistages.

 

Jusqu’à la fin du 20ème siècle et l’avènement d’internet, les professeurs de médecine étaient ceux qui détenaient de façon exclusive le savoir médical.

Ils tiraient ce savoir de la lecture des publications dont nombres d’entre eux étaient les auteurs. Ces publications, étaient disponibles dans des revues consultables uniquement par le monde médical, au sein des bibliothèques universitaires de médecine.

Ce savoir était donc « enfermé » et réservé à une élite.

Cette élite médicale faisait profiter le reste de la profession de ce savoir, dans des enseignements ou conférences post-universitaires.

Il y avait donc un filtre majeur sur l’ensemble des données des connaissances médicales actualisées : celui des professeurs.

Mais il était alors impossible d’échapper à ce filtre.

Il ne serait d’ailleurs venu à l’idée de personne, d’aucun médecin hors système des professeurs, de remettre en doute la parole professorale et encore moins de la contester.

Le professeur agrégé de médecine était donc une sorte de monarque de la profession médicale, ce que l’on nomme encore les « mandarins ».

 

Mais depuis l’avènement d’internet et son développement jusqu’à aujourd’hui, le savoir et les connaissances médicales se sont démocratisés au point même qu’aujourd’hui, tout un chacun, même non médecin, a accès aux informations médicales les plus poussées.

Il en ressort que la parole du professeur agrégé de médecine n’est plus sacralisée.

Elle est même analysée et critiquée à la lumière des savoirs aujourd’hui disponibles sur un simple clic.

Nombre de « pontes » de la médecine, de professeurs agrégés, se supportent pas cette remise en question et par là même la contestation de leur autorité.

Nombre de ces médecins s’emportent contre ce qu’ils considèrent souvent comme des « crimes de lèse-majesté ».

Ces professeurs s’emportent ainsi contre les réseaux sociaux, expression des nouvelles libertés dont internet a permis l’avènement.

Ils montrent alors qu’ils fonctionnent toujours comme dans l’ancien temps et n’arrivent pas à s’adapter aux nouvelles réalités du 21ème siècle.

 

Il semble bien que le Pr Norbert IFRAH fasse partie de ces médecins d’un ancien temps.

 

 

2) Les autorités sanitaires travaillent-elles au bénéfice des patients ou au bénéfice d’autres entités ?

 

C’est une question qui se pose de plus en plus quand on voit se développer certaines « polémiques » dans le domaine de la santé : Médiator, Dépakine, Lévothyrox, vaccinations obligatoires, dépistages etc

 

Le Pr Norbert IFRAH, président de l’Institut National du Cancer depuis 2016, s’insurge donc contre ceux qui remettent en doute le bénéfice du dépistage organisé du cancer du sein par mammographie.

« Mais on assiste en France à une campagne de dénigrement surréaliste, notamment sur les réseaux sociaux. Ses détracteurs, peu nombreux mais très actifs, sont irresponsables. »

 

Dénigrement, irresponsabilité, que d’agressivité dans le propos !

 

Je ne reviendrai pas sur les mensonges et approximations que ma consœur Cécile BOUR a soulevé dans son article en réponse au Pr IFRAH [2]

Je voudrais, pour essayer de comprendre un telle violence,  plutôt m’interroger sur les liens d’intérêt du Pr IFRAH.

 

Une rapide consultation de la base de données publique Transparence – Santé [3]montre pour le Pr IFRAH, de 2013 jusqu’en 2016 date de sa nomination comme président de l’INCA , 93 avantages, 23 conventions et 5 rémunérations, ce qui correspond à une proximité importante avec les industriels du médicament et des dispositifs médicaux, et par là même à plusieurs milliers d’euros versés.

Ce sont donc des liens d’intérêts forts, tissés au cours de nombreuses années.

 

Par ailleurs, en tant que président de l’INCA, le Pr IFRAH a des objectifs précis fixés par le ministère de la santé, sa tutelle.

Le premier point de son contrat d’objectif et de performance [4]est le suivant :

« consolider une approche intégrée de la lutte contre le cancer : conforter l’articulation des actions de recherche, de prévention, de dépistage et d’organisation des soins, et contribuer à la lutte contre les inégalités face à la maladie »

Il a donc pour mission de conforter les actions de dépistage comme la mammographie.

 

Les médias sociaux et bien d'autres s’interrogent sur le bien-fondé du dépistage du cancer du sein par mammographie.

L’association Cancer-Rose souhaite que toutes les femmes soient informées pour décider de participer ou non au dépistage, et cela conformément aux conclusions de la concertation citoyenne sur le sujet.

Poser ces questions, s’interroger sur le bénéfice de ce dépistage, vouloir une information la plus honnête possible sur le sujet,  n’est pas la priorité du Pr IFRAH.

Il considère même que le faire est « irresponsable ».

Cela est d’autant moins une priorité pour le Pr IFRAH que cela va empêcher  l’INCA et donc son président, de mener à bien la mission qui lui a été confié par sa « hiérarchie » de développer le dépistage. Que celui-ci n’ait aucun bénéfice et même soit délétère pour les femmes, n’est pas son problème.

 

On imagine donc facilement sa colère.

 

On l’imagine d’autant plus facilement que dès la parution du rapport final [5]de la concertation citoyenne sur le dépistage du cancer du sein, le Pr IFRAH avait écrit à la ministre de la santé, une lettre hallucinante dont nombre d’associations et médecins indépendants s’étaient indignés. [6]

Dans cette lettre dont l’intégralité est consultable [7]; le Pr IFRAH ne faisait, ni plus ni moins que nier les conclusions de la concertation citoyenne pour proposer sa propre lecture qui consistait à maintenir le dépistage du cancer du sein par mammographie.

 

Il est donc tout naturel, qu’aujourd’hui le Pr IFRAH soit en colère.

En colère car il est contesté, lui professeur agrégé président de l’INCA.

En colère car il ne peut remplir la mission que lui a confié sa tutelle, et que donc il peut craindre pour l’évolution de sa « carrière académique ».

 

 

 

[1] http://www.leparisien.fr/societe/sante/cancer-du-sein-les-detracteurs-du-depistage-sont-irresponsables-06-11-2018-7936614.php

 

 

[2] https://www.cancer-rose.fr/un-responsable-nest-peut-etre-quun-irresponsable-qui-a-perdu-son-ir/

 

 

[3] https://www.transparence.sante.gouv.fr/flow/main?execution=e1s1

 

[4] https://www.e-cancer.fr/Institut-national-du-cancer/Qui-sommes-nous/Missions

 

[5] http://formindep.fr/wp-content/uploads/2016/10/depistage-cancer-sein-rapport-concertation-sept-2016.pdf

 

[6] http://formindep.fr/cancer-du-sein-la-concertation-confisquee/

 

[7] https://www.atoute.org/n/IMG/pdf/Courrier-Ministre-concertation-depistage-cancer-sein---.pdf

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Un responsable n’est peut-être qu’un irresponsable qui a perdu son ir

Dr Bour Cécile, 8/11/2018

 

Mr le Pr Ifrah, responsable de l'Institut National du Cancer (INCa), interrogé par Le Parisien le 6 novembre et apparaissant dans le magazine de la santé sur France 5 le 7 novembre, affirme que 80% des tumeurs du sein vont évoluer vers un stade métastatique si non dépistées.

 

Nous essayons de comprendre ce nouveau slogan de communication, cette affirmation n'étant pas sourcée par Mr le Pr Ifrah, lequel se dispense d'une attitude qui nous est chère à Cancer Rose, à savoir toujours étayer ce qu'on avance, surtout publiquement (et décliner ses liens d'intérêts aussi, ce qui est une obligation légale même pour Mr le Pr Ifrah, mais le lecteur peut retrouver cela facilement sur la base transparence/santé  )

 

Explication (tentative du moins..)

 

Nous supposons que l'INCA continue à privilégier des données obsolètes et à estimer les surdiagnostics dans la fourchette la plus basse, à savoir entre 10 et 20%, alors que nous savons d'après les dernières études qu'il se situe bien au-delà, aux alentours de 40%, au bas mot.[1] [2]

Mr Ifrah estime que s'il y a 20% de surdiagnostic, il y a donc automatiquement 80% de diagnostics de cancers tous forcément mécaniquement évolutifs vers métastases et décès. Comme c'est simple la médecine... !

Si 2 cancers sur 10 sont des surdiagnostics alors 8 cancers sur 10 vont automatiquement nous conduire au décès, selon lui.

Affirmer ceci est en l'état actuel des connaissances est un postulat qui suppose que la "précocité" du diagnostic permise par le dépistage conduit à des tumeurs moins évoluées (1ère hypothèse non démontrée) et que cette moindre évolution est associée à un meilleur pronostic (2ème hypothèse non démontrée).

Tout d'abord on sait que 9 cancers du sein/10 guérissent mais même non dépistés, la survie étant identique pour un même stade de cancer au moment de son diagnostic quand on compare des groupes de femmes dépistées et non dépistées.[4]

Deuxièmement le cancer du sein, on le sait ça aussi, n'a pas d'évolution linéaire, petit ne signifie pas précoce, ni bénin. Une petite tumeur peut rester petite dans un sein pendant un long laps de temps sans jamais se manifester, ou au contraire être déjà métastatique même petite. Gros ne veut pas dire tardif, cela peut être une tumeur d'évolution rapide, et ne veut pas dire forcément mortel, des tumeurs très volumineuses peuvent avoir des conséquences locales importantes mais n'avoir aucun potentiel métastatique. Le réservoir des cancers du sein est multiple, le cancer du sein est protéiforme.

Beaucoup des petites tumeurs détectées de façon excessive par le dépistage ont un très bon pronostic en raison d'une croissance intrinsèquement lente, qui fait qu'elles n'ont pas vocation à devenir de grosses tumeurs et qu'elles sont de par nature favorables. Ce sont elles qui constituent un surdiagnostic résultant directement de l'activité de dépistage. Elles ne se développeront pas assez pour être dangereuses.

A l'inverse, les tumeurs de grande taille, responsables des décès et le plus souvent à pronostic défavorable le sont aussi d'emblée, elles échappent malheureusement à la détection mammographique en raison d'une cinétique de croissance trop rapide.[3]

Les faits démontrent que ces cancers mortels et ces tumeurs qui évoluent très vite entre deux mammographies échappent bel et bien au dépistage. Ce sont pourtant elles qu'il faudrait "rattraper", et le dépistage a échoué dans cette mission, puisque cancers graves et nombre de décès ne bougent pas depuis les années 90.

 

Irresponsable ? Vous avez dit irresponsable...

 

L'affirmation de Mr Ifrah est une affirmation d'autorité et un positionnement médiatique dans un débat scientifique encore ouvert, et loin d'une vérité scientifique dûment démontrée,.

Dans un contexte où on a prétendu que le dépistage allait :

- diminuer le nombre de morts [5]

- diminuer le nombre de cancers graves

- diminuer le poids des traitements, et en particulier le nombre d’ablations du sein,

et que dans le réel, aucune de ces trois promesses n’est tenue , qu'au contraire, le nombre d’ablations a augmenté sans amélioration de la santé des femmes [6], l'irresponsabilité dont accuse Mr Ifrah les lanceurs d'alerte (professionnels de santé comme lui, ou chercheurs) dans l'article Le Parisien se situe plutôt dans cette défense désespérée d'un dispositif inopérant, en le justifiant sans hésiter avec recours à des assertions péremptoires, dans une formulation catégorique et scientifiquement imprudente, pour ne pas dire mensongère.

Tronquer l’information pour obtenir un slogan accrocheur et effrayant est un moyen de manipuler l'opinion publique.

Il est dramatique de constater qu'une autorité sanitaire se permette de traiter d'irresponsables les observateurs et les messagers d'une vraie controverse scientifique mondiale, et s'émeuve si peu de ces millions de femmes dont la vie bascule irrémédiablement dans l'angoisse et la terreur après avoir reçu une affirmation péremptoire de cancer lors un dépistage inutile, lorsque près d'un cancer détecté sur deux est un surdiagnostic.

Proposer avec un cynisme confondant des traitements "moins lourds" à des femmes qui n'auraient jamais dû être inquiétées et n'auraient jamais dû recevoir quoi que ce soit apparaît à nos autorités sanitaires tout à fait tolérable, comme à Mr le Pr Ifrah dans l'article Le Parisien... Parlez donc de traitement "léger" à une patiente qui se retrouve avec un sein en moins et une coronarite radique 20 ans après irradiation thoracique pour un cancer in situ de bas grade qui aurait pu rester ignoré... Le médecin est seul dans sa consultation face à ces vrais cas, Mr le Pr Ifrah n'est pas à ses côtés pour expliquer à la patiente qu'elle doit s'estimer heureuse d'avoir eu un traitement "léger"..

 

Ayons peur

 

On a peut-être raison d'avoir peur, quand on comprend à quel point il est cher aux autorités sanitaires françaises, censées nous protéger, de nous envoyer joyeusement à un dispositif de santé comportant des dangers sans en informer les populations, et à des soins "légers" pour des diagnostics de cancers inutiles..

Avant de traiter les sceptiques d'irresponsables, souvenons-nous des scandales sanitaires passés (Mediator, sang contaminé, Dépakine) et à venir (Gardasil ?) où des alerteurs "irresponsables" ont permis vraisemblablement de sauver des populations et de limiter les dégâts que des "responsables" politiques et sanitaires avaient soigneusement celés.

 

Et parce qu'on est gentils, des images

Avec l'aimable autorisation du Dr Bernard Duperray dont vous trouverez le PPT Dépistage Et Surdiagnostic sur ce site, voici quelques images éloquentes, chaque photo correspondant à un cas clinique :

 

 

Bibliographie

[1] Etude populationnelle, P.Autier http://www.bmj.com/content/359/bmj.j5224

[2] Etude rétrospectige, G.Welch https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1600249?af=R&rss=currentIssue

[3] Lannin http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMsr1613680

[4] Miller http://www.bmj.com/content/348/bmj.g366

[5] Etude norvégienne https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/ijc.31832

[6] Etude mastectomies en France Mastectomies En France 

Lire aussi : https://www.cancer-rose.fr/le-pr-ifrah-ou-la-medecine-dun-temps-que-lon-croyait-revolu/

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MANGER BIO DIMINUE-T-IL REELLEMENT LE RISQUE DE CANCER DU SEIN ?

ANNETTE LEXA

PhD Toxicologie

6 Novembre 2018

 

 

Une récente étude[1] a tenté de relier la consommation d’aliments bio et le risque de développer un cancer . Elle part de l’hypothèse d’un lien de causalité entre cancers et résidus de pesticides dans les aliments, les aliments bio en contenant moins.

 

DESCRIPTION DE L’ETUDE

 

C’est un étude prospective (2009 -2016) de 68 946 volontaires français adultes qui remplissaient un auto-questionnaire en ligne.  La fréquence de consommation de 16 catégories d’aliments bio était enregistrée. Le volume ingéré a été pris en compte. La cohorte comptait 78% de femmes entre 30 et 58 ans environ, avec un âge moyen de 44 ans.

Les déterminants socio-économiques (le budget alimentaire), l’état de santé initial, l’activité physique, le poids, l’exposition au soleil, le tabac, la pilule et le traitement substitutif hormonal de la ménopause, ainsi que les antécédents familiaux de cancers ont été pris en compte.

Les volontaires ont été répartis en 4 quartiles selon le taux d’aliments bio inclus dans l’alimentation quotidienne (jamais, occasionnellement, souvent, la plupart du temps)

Les cas de cancers signalés ont été vérifiés à 90% au moyen des dossiers médicaux des volontaires, complétés par la base SNIIRAM et CEPIDC. Tous les cancers apparus durant cette période ont été considérés comme de vrais cancers, seuls ont été exclus les carcinomes cutanés baso-cellulaires (la plupart du temps bénins).

Le temps de suivi moyen des participants était de 4 ans ½ et le taux d’abandon de 6%.

Dans cette cohorte sans cancers initiaux, 1340 cas de nouveaux cancers ont été enregistrés dont 459 cas de cancers du sein (34%), 180 de la prostate (13%), 135 cancers de la peau (10%), 99 cancers colorectaux (7%), 47 Lymphomes non Hodgkiniens (3.5%) et 1 autre lymphome (1%) [2].

La réduction de cas de cancers est significative entre le groupe ne consommant pas du tout d’aliments bio et celui en consommant le plus.

Les auteurs concluent à une diminution significative mais uniquement pour le risque de cancer du sein post ménopausique (PM) et de lymphome non hodgkinien (LNH) pour une haute consommation d’aliments bio. Selon ces auteurs , l’exposition aux produits chimiques oestrogeno-mimétiques pourraient être impliquée dans la cancerogénèse du sein.

Les auteurs notent cependant que ces résultats n’étaient pas significatifs pour :

- les jeunes adultes

- les hommes,

- les plus diplômés

- ceux n’ayant pas d’antécédents familiaux de cancers,

- chez les non fumeurs actuels ou passés

- chez les participants ayant une qualité nutritionnelle globalement bonne.

Par contre l’association entre aliments bio et diminution de cas de cancers a été la plus significative avec les personnes obèses .

 

COMMENTAIRES

 

Chiffres en relatif ou en absolu ?

 

A Cancer Rose, nous aimons exprimer les chiffres en valeurs absolues plutôt qu’en valeurs relatives nettement plus honnêtes et parlantes. Dans cette étude, on obtient bien grosso modo une réduction sur la tranche d’âge PM du 4e quartile mangeant le plus de bio, avec environ 1.5% de cancers du sein contre 2.1% dans la population générale de cette tranche d’âge.[3] Chez les femmes PM ne mangeant pas bio du tout (Q1),  il y a eu 2.4% de cancers du sein dans la tranche PM, ce qui est plus élevé que la moyenne nationale de 2.1% . Il y a donc eu une réduction relative de 60% de cancer du sein chez les femmes PM mangeant du bio par rapport au PM n’en mangeant pas du tout.

 

Cependant, la prise d’aliments bio est bien souvent corrélée avec une meilleure alimentation générale,

 

ayant un rôle préventif contre le développement de certains cancers (plus de fruits et légumes, noix, légumineuses, soja, consommation inférieure de viandes et produits laitiers, de nourriture industrielle fortement transformée, meilleure balance omega3/6 ….) .  Par exemple l’étude de Gray de 2017 dans la bibliographie des auteurs, signale l’effet protecteur des lignanes (polyphenols) et de l’acide α linolénique (omega3) avec un risque de cancers moindre, moins agressifs, plus apoptotiques (apoptose=autolyse cellulaire) et avec une expression plus faible de HER2 . Ce type de produit est susceptible d’être plus consommé par des clientes de magasins bio.

 

Cancers du sein et pesticides

 

Pour appuyer l’hypothèse du lien entre exposition aux pesticides et risque de cancer du sein et LNH, les auteurs se réfèrent notamment  à un article de synthèse récent, très complet au demeurant, examinant le lien entre exposition aux produits chimiques et cancer[4]. Or dans cet article, le lien possible entre cancer du sein et pesticides a été retrouvé dans des petites études rétrospectives cas-témoins, parfois anciennes, chez les femmes travaillant dans le domaine agricole. Les pesticides suivant sont incriminés :

- l’herbicide 2,4,5-trichlorophenoxypropionic acid (2,4,5-TP) - qui est connu pour être un perturbateur endocrinien et carcinogène probable - est interdit aux USA depuis 1985 et en France depuis longtemps.

- l’atrazine est interdite en Europe depuis 2003.

- le DDT/DDD est interdit depuis longtemps en Europe . Cependant, on sait que l’exposition précoce au DDT dans la période prénatale et la petite enfance est associée avec un sur-risque de cancer du sein à l’âge adulte, cela concerne donc aujourd’hui des femmes nées dans les années 50-60 en France.

- le malathion est interdit en France mais possiblement autorisé en outre-mer.

- le pesticide chlordane est interdit depuis 1992.

- Il n’y a pas eu d’association significative avec la Dieldrine (interdite en France).

Les  résidus de ces pesticides ne sont dus aujourd’hui qu’à leur forte persistance possible dans l’environnement, à un usage illicite en France, ou à leur présence dans des aliments extra européens.

Comme aucun dosage urinaire de résidus de pesticides n’a été réalisé , il est impossible de corréler l’absence de tel ou tel résidu de pesticides avec la réduction de cancer du sein chez les femmes ayant consommé beaucoup d’aliments bio.

Le type métier, le lieu de résidence des volontaires n’ayant pas été pris en compte (milieu rural, proximité de champs ou de vignobles subissant des épandages , milieu urbain, type d’habitat …) , il est impossible de savoir si les volontaires de la cohorte ont été ou non exposés à des pesticides ou des polluants environnementaux spécifiques.

D’un autre côté, d’autres facteurs de risques de cancer du sein n’ont pas été retenus dans cette étude  comme l’exposition aux métaux lourds (Cadmium…), les rayonnements ionisants et notamment des passés d’imagerie médicale thoracique , le travail à horaire décalé, les traitements hormonaux d’induction ovarienne avant 24 ans( FIV) , les contraceptifs pris avant l’âge de 20 ans chez les utilisatrices depuis plus de 5 ans ou dans les 5 années qui ont précédé un diagnostic de cancer du sein (inversement, si les auteurs on retenu la prise de pilule, nous savons que chez les femmes ayant cessé la prise de pilule depuis plus de 8 ans et plus, il n’y a aucune augmentation significative de cancer du sein). Dans l’étude, le délai depuis l’arrêt de la pilule n’est pas précisé et la prise avant 20 ans non précisée. Il ne s’agit pas d’en faire le reproche aux auteurs qui ont déjà tenu compte de nombreux biais, mais de démontrer ici que d’autres facteurs de confusion n’ont pas pu être retenus.

 

Les différents cancers du sein

 

De plus, lorsqu’on veut étudier l’incidence du cancer du sein , il est prioritaire de considérer non seulement l’âge et le statut ménopausique, mais le sous-type de cancer du sein (localisé/régional/métastatique), le grade histologique, le profil d’expression génétique. Si les auteurs ont bien tenu compte des antécédents familiaux (donc des gènes BRCA, etc.) , l’hypothèse d’une action des pesticides possiblement cancérogènes (par différents mécanismes directs ou indirects) ou perturbateurs endocriniens implique le rôle des récepteurs aux oestrogènes, à la progestérone, ou de l’oncogène HER2 bien connus. Il existe en outre un cas de cancer du sein très agressif, dit « triple négatif », sans lien avec les récepteurs aux oestrogènes.

Or ces sous-types ne sont pas distribués au hasard dans la population :

- Les femmes jeunes sont plus susceptibles de développer des triples négatifs plus agressifs

- la prise de contraceptif hormonal est liée à des cancers de type lobulaire, ER- et triple négatifs (ER-/PR-/Her-2-R-)

- La prise de contraceptif oraux plus de 10 ans est corrélée avec la forme la plus agressive des cancers canalaires in situ (CCIS).

Enfin, on sait que 20% des cancers du sein détectés par imagerie médicale sont des cancers canalaires in situ (CCIS, touchant les canaux galactophores sans dissémination) et que parmi ces lésions précancereuses majoritairement détectées de manière asymptomatique par dépistage, seulement 20% évoluent en cancers envahissants, les autres soit régresseront, soit se stabiliseront ou évolueront si lentement qu’ils n’impacteront pas la vie de la femme atteinte.

Il est regrettable que ce type d’information sur la nature des cancers diagnostiqués n’ait pas été communiqué et utilisé, d’autant que les auteurs ont eu accès aux dossiers médicaux des femmes.

 

Biais de dépistage

 

Enfin le suivi des femmes d’âge moyen 44 ans, ayant été fait sur 4.6 ans , il est probable qu’elles aient été fortement incitées à participer au dépistage organisé du cancer du sein, ou à un suivi mammographique dans le cadre de consultations individuelles de gynécologie.

Or nous savons désormais que le dépistage augmente le surdiagnostic de cancer du sein dans des proportions allant de 20 à 50%, notamment pour les formes les moins agressives, les CCIS souvent à  l’état de pré-cancers asymptomatiques. Or dans le cas de cette étude , nous ne savons pas combien de CCIS sont apparus, et c’est d’autant dommage que les cancers baso-cellulaires ont été retirés, eux. On ne sait pas non plus si les cancers du sein déclarés ont été découverts de manière symptomatique par les femmes ou détectés par dépistage et donc avec une marge de sur-diagnostic inévitable. La participation nationale étant de 50% environ, une stratification selon la participation au dépistage aurait permis de savoir si un groupe de femmes (bio ou non bio) avait un sur-risque de diagnostic de cancer du sein. Il est légitime de se demander si les femmes consommant plus d’aliments bio ne participeraient pas moins au dépistage (crainte des rayonnements ionisants, privilégiant la prévention au dépistage, ayant des valeurs et un mode de vie plus « hédoniste » et moins enclines à succomber aux messages de peur) ce qui pourrait expliquer une part de l’incidence de cancer du sein diminuée dans ce groupe.

 

Biais statistique 

 

Enfin, et pour finir, notre statisticien préféré à Cancer Rose, le Docteur Vincent Robert, s’est penché sur cette étude. Il considère « regrettable que les auteurs ne donnent aucun élément permettant de juger la validité et la performance de leur modèle. Le modèle de Cox, comme tous les modèles, n'est valide que si certaines conditions sont remplies (dans le cas du modèle de Cox : constance des rapports de risque et log-linéarité de la relation entre variable à expliquer et variables explicatives quantitatives). Si ces conditions ne sont pas, au moins approximativement, remplies, le modèle de Cox est inadapté et les risques relatifs ainsi que leurs intervalles de confiance et les p.values sont faux. Dans le cas présent, on est réduit à espérer que le modèle est valide mais les auteurs ne fournissent aucun élément permettant de conforter la confiance à accorder à leur modèle. »

 

CONCLUSION

 

Cette étude n’amène pas la preuve que la consommation d’aliments bio diminue le risque de cancer du sein.  Tout au mieux conforte –t-elle la certitude qu’à partir d’un certain âge, après avoir mangé de manière déséquilibrée, fumé, pris la pilule et du poids, il n’est jamais trop tard pour adopter une alimentation saine afin de réduire son risque de cancer du sein. Manger bio, oui mais d’abord pour protéger l’environnement, encourager des filières agricoles plus respectueuses des eaux, des sols et de leurs habitants, pour les oiseaux, les insectes et les petits mammifères dont le nombre ne cesse de diminuer dramatiquement.

Donc manger bio oui, mais pour de bonnes raisons. Et manger mieux déjà, sans succomber à – et instrumentaliser la peur du cancer dont les causes sont multifactorielles et pour qui la seule réponse du gouvernement et des opportunismes commerciaux est la surenchère de diagnostics de plus en plus précoces risquant de transformer la population entière en hordes de cancéreux.

 

Quelques pistes proposées par les experts Cancer Rose pour de futures études plus utilisables en santé publique :

 

- Choisir les volontaires dans la population générale de manière plus aléatoire que par internet

- Limite l’étude aux cancers avancés en excluant les CCIS et les tumeurs de petite taille.

- Faire une recherche des résidus de pesticides sur les participant.es

- Tenir compte de la prise régulière d’aliments jouant un rôle connu dans la prévention du cancer du sein (polyphénols tels que les lignanes, acide α linolénique ω 3 …)

- Procéder à un recoupement des données avec la participation au dépistage organisé des volontaires femmes 50+ de l’étude

- Vérifier si le modèle de Cox est adapté (il existe des alternatives)

 

SOURCES

[1] Association of Frequency of Organic Food Consumption With Cancer Risk Findings From the NutriNet-Santé Prospective Cohort Study, JAMA Intern Med. October 22, 2018., Julia BAUDY et al. ,

[2] l’incidence du lymphome hodgkiniens(LNH) est de 2.2/100 000 . ils sont plus  fréquents avec  2.4 à 14 cas /100 000 surtout chez adulte jeune et chez les plus de 75 ans. L‘âge moyen chez la femme est de 66-70 ans (donc hors de la tranche d’âge considèrée dans cette cohorte). Avec un cumul sur 9 ans et une moyenne de suiv 4 ans 1/2, en imaginant le pire scenario, soit 14 cas / 100 000 hommes et femmes tous âges confondus, soit 140 cas sur 10 ans /100 000 par an, soit un taux de 0.14 % . Ce qui est 10X supérieur à la moyenne nationale de l’incidence pour ce cancer.

[3] Le risque de diagnostiquer un cancer du sein dans les dix années suivantes est de 1,9 % pour une femme de 40 ans, de 2,1 % pour une femme de 50 ans, de 3,2 % pour une femme de 60 ans. (C. HILL)

[4]                              State of the evidence 2017: an update on the connection between breast cancer and the environment Janet M. Gray1* , Sharima Rasanayagam2 , Connie Engel2 and Jeanne Rizzo, Gray et al. Environmental Health (2017) 16:94)

 

 

 

 

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Qu’est-ce que la radiotoxicité ?


Les générateurs à Rayons X (appareils de radio, mammographes...) produisent un rayonnement ionisant.


Qu'est-ce qu'un rayonnement ionisant ?

La principale propriété des rayons X est de traverser la matière en étant partiellement absorbés en fonction de la densité de cette matière et de l'énergie du rayonnement émis, ce qui permet d'avoir une information sur l'intérieur des objets qu'ils traversent.
Le rayonnement émis par le tube à rayons X émet des rayons d'énergie suffisante pour d'arracher des électrons et de céder de l'énergie au sein de la matière traversée. Ces rayons transforment ainsi les atomes de la matière qu'ils traversent en ions (= un atome qui a perdu ou gagné un ou plusieurs électrons). Cette matière devient par là plus instable, ce qui peut entraîner sur le tissu des effets plus ou moins indésirables selon l'effet biologique provoqué.

Les effets biologiques des rayonnements ionisants

Les effets déterministes sont prévisibles, apparaissant de façon certaine quand le seuil limite acceptable de rayonnement sur un tissu donné est dépassé, et en général peu de temps après l'irradiation, contrairement aux effets stochastiques ou aléatoires.

Caractéristiques des effets déterministes des rayonnements :

  • N'apparaissent qu'au delà d'une dose seuil
  • Se déclarent de quelques heures à quelques mois après l'exposition
  • Sont généralement réversibles
  • Dépendent de la répartition de l'exposition dans le temps
  • Leur gravité augmente avec la dose reçue

Caractéristiques des effets stochastiques (ou aléatoires) des rayonnements :

  • Il n'existe pas de dose seuil
  • Apparition plusieurs années après l'exposition (20à 30 ans pour certains cancers)
  • Sont probabilistes (fondés sur des probabilités)
  • Sont difficiles à mettre en évidence
  • Toute dose est potentiellement dangereuse
  • L'effet et la gravité de l'effet dépendent de la sensibilité individuelle aux radiations de chaque individu, souvent inconnue
  • La gravité est indépendante de la dose reçue
  • La probabilité d'apparition augmente néanmoins avec la dose reçue

Risques pour le sein

L'un des risques des mammographies répétées c’est leur répétition, donc l'administration répétée d’un rayonnement ionisant sur un organe aussi radiosensible qu'est le sein. Cette pratique n'est pas anodine. Cessons de dire aux femmes que ce n’est « rien », ou « pas grand-chose ».

D'abord, « c'est ». Et ce qui « est » n'est pas rien ! Ensuite, le « pas grand-chose » en question est tout relatif puisque nul ne connaît à l’avance la radio-susceptibilité d’un individu[i] (cette susceptibilité individuelle est génétique).

Or, chez les femmes prédisposées génétiquement, une seule mammographie peut déjà induire un cancer.

La toxicité des rayons X n'est pas uniquement dose-dépendante.

 Selon les travaux des radiobiologistes, les microdoses répétées présentent une radiotoxicité plus élevée sur les brins d'ADN (qui se cassent sous l'effet du rayonnement ionisant et qui n'ont le temps ni de se reformer ni de se réparer entre les différents clichés) qu’une dose équivalente délivrée en une seule fois. Avec des cassures mal réparées la cellule peut dégénérer en cellule cancéreuse.

Bien identifiée par le travail des radiobiologistes[ii], la radiotoxicité est d'autant plus forte que les premières mammographies ont lieu tôt dans la vie d’une femme, que les examens sont fréquents et que l'on multiplie le nombre de clichés par séance.
Le risque est plus important chez les femmes porteuses de mutations favorisant le cancer du sein (BRCA1 ou BRCA2), femmes davantage radiosensibles, et qui souvent débutent les mammographies très jeunes. Mais même chez les femmes n’ayant pas de mutation particulière il faut tout de même prendre en compte ce risque d'exposition aux faibles doses, surtout avant 50 ans où le sein est plus dense et nécessitera des doses d'irradiation plus importantes que chez la femme ménopausée.


Par ailleurs il faut prendre en compte le fait qu'une femme dans son existence subira probablement d’autres examens à rayons X, comme les scanners par exemple et dont les doses se cumulent avec les examens mammographiques.

Aujourd’hui il n’y a aucune traçabilité des doses d’irradiation d’examens de diagnostic pour un patient, et l’Académie de Médecine s'est déjà émue de la croissance du nombre d’examens irradiants dans la population.[iii]

Pour résumer : un examen mammographique isolé, réalisé en cas de nécessité lors de l'apparition d'un signe clinique du sein est indiqué car il présente un avantage médical, il ne présentera pas de risque majeur par rapport au bénéfice pour la patiente.
Le risque réside dans la répétition des examens et des clichés lors de chaque examen.[iv]

                              Quelques chiffres

L’unité d’exposition à une radiation ionisante est le Sievert, en abrégé : Sv

Cette unité exprime ce qu'on appelle la dose efficace reçue par les tissus, il s'agit d'une valeur de radioprotection mesurant l'impact sur les tissus biologiques d'une exposition ionisante.

Cette mesure tient compte de l'effet spécifique sur la matière qui a absorbé le rayonnement, une certaine dose n'ayant pas le même effet selon qu'elle traverse un cerveau ou une structure osseuse.

  • Un Français reçoit au total une dose annuelle moyenne de l’ordre de 4,5 mSv, tout confondu (exposition naturelle et médicale, dont environ 60% à 80% de rayonnement naturel). [v]
  • Entre 0,3 et 0,4 mSv (entre 2 et 3 clichés par sein) sont reçus en moyenne avec une mammographie numérique, technologie dont est dotée la très grande majorité des cabinets de radiologie en France. Cette dose correspond à déjà environ un mois d'irradiation annuelle.[vi] [vii]
  • Les cancers radio-induits seraient responsables de 1 à 10 décès pour 100 000 femmes ayant une mammographie tous les deux ans à partir de 50 ans avec une irradiation standard[viii].

Cela posé, le rapport de l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire précise bien la chose suivante [ix] : " ...les faibles doses efficaces associées aux examens ne portant que sur une petite partie du corps, tels que les radiographies dentaires ou la mammographie par exemple, ne doivent pas masquer que l’exposition locale, aux glandes salivaires ou à la glande mammaire dans le cas des exemples précités, peut être relativement élevée. " Ce qui signifie qu'il faut tenir compte du fait que cette dose est concentrée sur l'organe irradié.

L'argument selon lequel votre mammographie ne dépasserait pas la dose "d'un voyage en avion" comme souvent les patientes l'entendent est sentencieux et déplacé dans la mesure où on occulte plusieurs éléments importants qui sont :

  • Le cumul des doses avec d'autres examens (parfois des clichés agrandis ou localisés sont rajoutés à l'examen mammographique de base) et avec d'autres expositions non médicales.
  • La radio-susceptibilité individuelle de chacune.
  • Le fait qu'il n'y ait aucune logique à exposer de façon répétée une femme saine qui ne se plaint de rien et ne retire aucune utilité d'un examen réalisé "pour se rassurer".

[i] Nicolas Foray radiobiologiste https://its.aviesan.fr/getlibrarypublicfile.php/cd704e89988a4e3bcf2e1217566876cf/inserm/_/collection_library/201800012/0001/J1-098ITS-2017.foray.lyon.ITMO.TS..21.nov.2017.pdf.pdf

[ii]
C.Colin : https://sfrp.asso.fr/wp-content/uploads/2021/11/09-CatherineCOLIN-1.pdf

[iii] https://www.academie-medecine.fr/de-lusage-des-rayons-x-en-radiologie-diagnostique-et-interventionnelle-a-lexclusion-de-la-radiotherapie-rapport-et-recommandations/

[iv] thèse de l'Université de Lyon, ManonBritel https://www.irsn.fr/fr/larecherche/formation_recherche/theses/theses-soutenues/psn-srds/documents/2020_britel_manon.pdf

[v] https://www.irsn.fr/FR/connaissances/faq/Pages/Quelle_est_la_dose_annuelle_moyenne_de_radioactivite_recue_en_France.aspx

[vi] Page 5 https://bccfp.bc.ca/wp-content/uploads/2020/10/OTTE-breast-cancer-screening-handouts.pdf

[vii] Tableau https://www.radiologyinfo.org/en/info/safety-xray

[viii] https://www.cancer-environnement.fr/506-Depistage-du-cancer-du-sein---point-de-vue-du-Groupe-de-Travail-du-CIRC.ce.aspx

"Le risque de décéder d'un cancer dû aux effets des rayonnements subis lors de chaque dépistage, pendant la vie de la femme, en tenant compte de l'âge, de la fréquence et de la durée du dépistage, est estimé de 1 à 10 pour 100 000 femmes....."

https://www.cancer-environnement.fr/506-Depistage-du-cancer-du-sein---point-de-vue-du-Groupe-de-Travail-du-CIRC.ce.aspx

"...les femmes à haut risque peuvent être plus sensibles aux rayonnements ionisants, et le dépistage à un âge plus précoce augmente le risque de cancer radio-induit."

[ix] Page 15  https://www.irsn.fr/FR/expertise/rapports_expertise/Documents/radioprotection/IRSN_Rapport_Expri_2019.pdf

Pour aller plus loin :

Article de Dr A.Lexa, toxicologue :  https://cancer-rose.fr/2019/07/18/radiotoxicite-et-depistage-de-cancer-du-sein-prudence-prudence-prudence/

Présentation du radiobiologiste Nicolas Foray (INSERM)
https://its.aviesan.fr/getlibrarypublicfile.php/cd704e89988a4e3bcf2e1217566876cf/inserm/_/collection_library/201800012/0001/J1-098ITS-2017.foray.lyon.ITMO.TS..21.nov.2017.pdf.pdf

https://cancer-rose.fr/2016/11/05/mammographies-et-radiosensiblite/

http://www.academie-medecine.fr/de-lusage-des-rayons-x-en-radiologie-diagnostique-et-interventionnelle-a-lexclusion-de-la-radiotherapie-rapport-et-recommandations/

Présentations du Pr.Bourguignon
https://sfrp.asso.fr/wp-content/uploads/2021/11/BOURGUIGNON_M.pdf

et : https://docplayer.fr/36907719-La-radio-susceptibilite-individuelle-3-defis-et-une-vision-pour-la-radioprotection.html

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ARTICLE « DIS-LEUR »

Dis-Leur, oct2018

Cancer du sein : Le dépistage en questions

Article réalisé par Mr Olivier Schlama, journaliste de Dis-Leur, média indépendant, publié ici avec l'aimable autorisation de l'auteur.

Nous le remercions beaucoup de nous permettre d'en publier l'intégralité, accessible en cliquant sur le lien.

 

Notre revue de presse d'octobre 218 à trouver au bas du site dans "presse."

 

 

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Un plan d’action national contre le surdiagnostic en Australie

Le surdiagnostic nuit aux patients et des mesures s'imposent.

Résumé de Dr Bour Cécile, 15 octobre 2018

https://www.smh.com.au/healthcare/overdiagnosis-is-harming-patients-and-action-is-required-says-chief-medical-officer-20181014-p509jx.html

https://www.mja.com.au/journal/2018/209/8/australia-responding-complex-challenge-overdiagnosis

 

 

A l'heure où Mme Buzyn, notre ministre de la santé, se félicite sur son compte twitter :

"Je l’ai rappelé aujourd’hui à l’@AssembleeNat, nous avons renforcé l’information et la prise en charge du #dépistage du #CancerDuSein, parce que c’est une priorité de santé publique. #OctobreRose #SavoirCestPouvoirAgir  "

Nous assistons, envieux, au pragmatisme salutaire qui a cours dans d'autres pays que le nôtre.

Ce qui se passe ailleurs

Le surdiagnostic est à présent reconnu partout, et c'est son impact sur les ressources de soins de santé qui préoccupe, tant celles-ci pourraient être mieux utilisées pour faire face aux vrais besoins.

Le "Overdiagnosis Working Group from the Guidelines International Network", réseau international sur les lignes de conduite en santé se penche sur le problème, au Danemark le 6ème congrès sur le surdiagnostic, auquel Cancer Rose a participé tournait autour du sujet, Au Royaume-Uni, un groupe permanent du Royal College of General Practitioners s’occupe déjà du surdiagnostic.  Au Québec, au Canada, l’Association médicale du Québec est à l’origine d’un plan visant à sensibiliser la population et à réduire le surdiagnostic.

Et un plan national a été élaboré en Australie pour faire face à ce problème.

En Australie, la base de preuves concernant l'étendue, les causes et les interventions pour prendre en charge le surdiagnostic est en expansion, notamment en raison du financement récent de la recherche octroyé par le Conseil national de la santé et de la recherche médicale (National Health and Medical Research Council (NHMRC)).

Un centre d'excellence en recherche et une subvention de programme financée par le NHMRC se sont associés pour former une alliance de facultés de médecine , de chercheurs, de défenseurs et d'experts en santé publique.

Il s'agit de la  collaboration de recherche Wiser Healthcare qui a pour objectif de produire et de traduire des preuves ( www.wiserhealthcare.org.au).

 

Les facteurs d'expansion du surdiagnostic

Les facteurs de propagation du phénomène de la surdétection sont :

  • la croyance culturelle et médicale qu'un empilement de tests sera bénéfique pour la santé,
  • La croyance que les avancées technologiques permettront une détection de plus en plus petites lésions qui permettraient de régler le problème de la maladie,
  • La peur des professionnels de santé de ne pas en faire suffisamment,
  • Les préjugés dans les prise de décision,
  • Les attentes du public qu'on "fasse" quelque chose .
  • Le tout arrosé d'incitations financières du système de santé sur les professionnels de santé prescripteurs.

Parmi les solutions de la désescalade on trouve :

  • L'information des populations,
  • L'encouragement à la prise de décisions partagées,
  • Des campagnes de sensibilisation du public non pas aux maladies mais à ce problème de surmédicalisation, sensibilisation aussi à la qualité de la prise en charge médicale plutôt qu'à la quantité..

 

Une épidémie de surdiagnostics

Le professeur Brendan Murphy, principal conseiller médical du ministre et du ministère de la Santé a salué l'initiative, qualifie le surdiagnostic de «problème important dans tous les pays dotés de systèmes de santé avancés».

Il a souligné les recherches de l'OCDE montrant que les systèmes de santé gaspillaient des milliards de dollars dans des soins de santé sans valeur ni efficacité.

"Nous devons nous assurer que nous ne finançons que ce qui profite aux patients."

Le Dr Ray Moynihan , co-auteur du journal Medical Journal of Australia et chercheur principal au Centre de recherche sur la pratique fondée sur les preuves de la Bond University , a déclaré que le surdiagnostic avait atteint des proportions épidémiques, particulièrement préoccupant en matière de dépistage du cancer de la thyroïde, du sein, de la prostate.

Le surdiagnostic menace la viabilité des systèmes de santé et gaspille les ressources qui pourraient être mieux utilisées en santé..

Plusieurs initiatives ont déjà été mises en place pour lutter contre le surdiagnostic, notamment la campagne Choosing wisely, ou campagne "Choisir avec sagesse"

Déjà en 2017 l’autorité indépendante australienne du cancer, le Cancer Council, avait approuvé l’appel de la part de médecins et de chercheurs, pour concevoir ce plan visant à protéger les patients du surdiagnostic et du surtraitement des maladies. Voir notre article à ce sujet : https://www.cancer-rose.fr/les-patients-souffrent-de-trop-de-medecine/

Et en France, pays des Lumières ?

En France que fait-on pendant ce temps ? Ah oui, notre ministre de la santé se planque sous le parapluie de la promotion du dépistage, ça évite de réfléchir et comme ça on ne risque rien.

Mais les parapluies, ça peut se retourner à l'envers et vous retomber dessus comme à Toulouse, où un vent rageur et désapprobateur a escamoté cette belle suspension rose de promotion urbaine du dépistage *.

La concertation citoyenne avait demandé de ne plus infliger aux citoyennes cette campagne outrancière et infantilisante.

On voit comment nos citoyens sont écoutés dans notre pays, lequel est déjà à la traîne d'initiatives modernes et intelligentes en vogue dans ces autres Eden de sagesse médicale tout autour de nous.

 

*Merci à Mme Anne Delbreilh -Ayoub, auteure de cette photo.

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« Aujourd’hui, un homme m’a touché les seins » : le Gérard de la com’ Octobre Rose ?

ANNETTE LEXA

11 Octobre 2018

Nous pensions naïvement que la cuvée Octobre Rose 2018 aurait fait preuve d’un peu moins de sexisme que les cuvées passées. Les #BalanceTonPorc , les dénonciations des violences gynécologiques faites aux femmes ayant envahi les espaces médiatiques cette année, nous pensions que l’idée aurait germé dans la tête des organisateurs de ces festivités qu’il était préférable d’éviter les couleurs roses genrées, les dégoulinades émotionnelles sexistes, les blagues vulgaires.
Nous n’avions pas été jusqu’à imaginer que lesdits organisateurs et autre opportunistes d'Octobre Rose seraient allés sur notre site pour se renseigner sur le bien fondé de cette pratique. Non, nous  connaissons le monde….

Aussi quand nous avons découvert cette affiche réalisée par le service de communication de la communauté de communes de Sanvignes-les-Mines, nous nous sommes dits que nous allions le sélectionner pour le Gérard de la Communication Octobre Rose 2018.

« Aujourd’hui, un homme m’a touché les seins »

Une jeune femme sans soutien gorge, lève le bout de tissu qui lui couvre sa poitrine aguichante et semble trouver satisfaction que deux mains de « docteur »  masculin donc - les lui palpe d’une manière fort peu orthodoxe, d’autant que « Ce n’était pas mon mec mais je me suis laissée faire ». 

Ses yeux globuleux pourraient  faire penser à un exophtalmie thyroïdienne et nous ne saurions trop lui conseiller d’aller se faire palper la thyroïde plutôt que les seins, priorité oblige.

Donc cette affiche est censée « sensibiliser » les femmes de 50 à 74 ans au dépistage organisé du cancer du sein. Pour celles qui, comme moi ont passé les 50 ans, qui sont dans le gros du troupeau – je ne parle même plus de la femme de 70ans – trouvez vous normal que nous renvoyons encore une telle image dégradante dans la société ? Une vieille courge qui trouve sympa et festif, voir carrément excitant (la coquine !.. sans en parler à son mec, dites donc..) d’aller se faire coincer les seins entre deux plaques glaciales par un.e assistant.e en radiologie.

Lui a t-on expliqué que sur 1000 femmes dépistées, 100 seront alarmées et biopsées pour rien et que 5 seront surtraitées (chirurgie – radiothérapie – chimiothérapie - hormonothérapie) alors que ce cancer n’aurait jamais mis sa vie en danger ? Et qu’une peut-être mourra des suites du traitement (atteinte de coronaires par irradiation, aplasie médullaire et autres joyeusetés). Non bien sûr.

https://cancer-rose.fr/wp-content/uploads/2019/07/affiche_depistage-mammographiqueA4-2.pdf

De la part du service de communication de Sanvignes-les-Mines, c’est totalement irresponsable, voire criminel de ne pas donner cette information. Encore plus que d’avoir choisi cette image sexiste.

Espérons qu’Octobre Rose 2019 sera moins rose, moins sexiste, moins vulgaire, moins ringard et que l’information donnée aux femmes sera plus équilibrée. Pour cela, nous avons besoin de vous tous. Relayez, diffusez largement sur les réseaux sociaux. Surtout si vous connaissez des responsables de la Mairie de Sanvignes-les-Mines et de Blanzy. Dites leur que Cancer Rose est sur le point de leur décerner le Gérard de la Com’ Octobre Rose 2018. En prime, ils pourront télécharger notre plaquette d’information directement sur notre site. Et ne pourront plus dire, en 2019, « on ne savait pas ». »

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Le dépistage du cancer du sein à l’aune des critères OMS

Par Dr Bour Cécile

21 septembre 2018

Sur le site de la Haute Autorité de santé vous trouverez  sur cette page dépistage cancer broncho-pulmonaire, une synthèse expliquant pourquoi la HAS ne recommande pas le dépistage systématique du cancer broncho-pulmonaire chez le fumeur.

Les conditions pour un dépistage possible et utile, édictées par l'OMS, sont énumérés par l'intervenante dans cette vidéo : critères d'un dépistage utile

Les 6 critères principaux :

1- Une maladie détectable précocement avant l'apparition des symptômes

2- Un test fiable

3- Des traitements efficaces contre la maladie doivent exister

4- Les personnes à risque doivent être identifiables

5- Le dépistage doit notoirement faire décroître la mortalité par cancer.

6- La balance bénéfice/risques doit être en faveur d'un bénéfice prépondérant par rapport aux risques.

Reprenons à notre compte lesdits critères pour l'analyse de la pertinence du maintien du dépistage organisé du cancer du sein.

 

1- Maladie détectable précocement avant symptômes.

Oui et non.

Les cancers avec un temps de séjour long dans le sein, donc peu évolutifs, sont détectés facilement par le dépistage avant leurs symptômes, car lentement progressifs justement. Ils participent pour beaucoup du surdiagnostic.

En revanche les cancers de mauvais pronostic, à potentiel évolutif important et à croissance rapide sont 'loupés' au dépistage, car évoluant entre deux mammographies, et trop véloces pour être 'rattrapés'. Ils sont détectés cliniquement par des symptômes inquiétants et sont volumineux au moment du diagnostic en raison de leur vélocité.

L'histoire naturelle du cancer n'est donc pas linéaire et prévisible, et elle n'est toujours pas connue à l'heure actuelle.

2- Fiabilité du test

Non

La mammographie est un mauvais outil de dépistage, elle a une bonne sensibilité pour les lésions atypiques et les cancers in situ, les moins agressifs ; elle a en revanche une mauvaise sensibilité pour les cancers de haut stade, les triple négatifs, les formes infiltrantes.

3-Des traitements efficaces

Oui

Les traitements sont efficaces, on dit que 9 cancers /10 guérissent, mais même les non-dépistés.

C'est d'ailleurs pour cette raison, d'autant plus, que l'utilité du dépistage s'amenuise.

Cf : étude Norvège

4-Personnes à risque identifiables.

Non

On peut isoler des facteurs de risque prédisposant au cancer, comme l'exposition à des toxiques, le travail de nuit, les antécédents familiaux....

Mais toutes les femmes tabagiques ou travaillant de nuit ne vont pas automatiquement développer un cancer du sein, et il n'y a pas de caractère reliable entre un facteur de risque précis et le cancer du sein, pas de façon aussi nette que le fait de fumer et le fait de développer un cancer broncho-pulmonaire (et pourtant là aussi le dépistage systématique des fumeurs n'est pas recommandé).

D'autre part seulement 5% des cancers sont héréditaires. C'est un phénomène trop rare pour imposer un dépistage à tout une population saine et sans risque familial.

Des femmes sans aucun risque, ni d'exposition, ni intrinsèque, peuvent développer un cancer du sein, sans 'raison' apparente.

5-Décroissance de mortalité

Non

Des études d'impact ont montré que la décroissance de la mortalité pour plusieurs cancers solides était effective depuis les années 90, et n'étaient pas imputables au dépistage, puisque ce modèle de décroissance était retrouvé aussi pour des cancers ne faisant pas partie de programme de dépistage.

étude d'impact

En matière de cancer du sein, les avancées thérapeutiques sont invoquées pour expliquer l'amélioration de la situation depuis les années 60, peut-être aussi la meilleure vigilance des femmes et du corps médical par rapport à la palpation et l'examen des seins ; les campagnes de véritable prévention portent-elles vraisemblablement également leurs fruits (mangez moins, bougez plus, fumer tue etc...)

Nous citons à nouveau cette toute nouvelle étude norvégienne  étude Norvège

qui suggère que le dépistage n'est pas le responsable de la décroissance de mortalité. Il n'est en effet pas associé à une réduction plus importante de la mortalité par cancer du sein chez les femmes éligibles au dépistage par rapport aux femmes non éligibles.

Les femmes qui se font dépister vivent plus longtemps parce que toutes les patientes atteintes d’un cancer du sein vivent plus longtemps.

Depuis 1996 la mortalité en France reste stable, aux alentours de 11 000 à 12 000 décès par cancer du sein/an, comme vous pouvez le lire sur ces tableaux excel du CePiDC de 1996 à 2012 (téléchargement en cliquant dessus) :

NATFPS06205 (1)

CepiDC, 2013 et 2016, taux bruts de mortalité stables

2013 (1)

2016

6-La balance bénéfice/risque en faveur du bénéfice

Non

Ceci n'est clairement plus le cas, même dans les hypothèses les plus favorables, comme l'évaluation du rapport Marmot, il y a toujours davantage de surdiagnostic par rapport aux "vies sauvées".

M.G. Marmot, D. Altman, D. Cameron, J. Dewar, S. Thompson, M. WilcoxThe benefits and harms of breast cancer screening: an independent review

Lancet, 380 (2012), pp. 1778-1786.  . Marmot

D'autres analyses indépendantes sont plus sévères encore, voir notre synthèse ici : https://www.cancer-rose.fr/le-sur-diagnostic-un-graphique-pour-expliquer/

Lorsqu'on cumule les trois maléfices essentiels du dépistage systématique du cancer du sein, surdiagnostic, fausses alertes, cancers radio-induits, décès imputables aux surtraitements, on obtient toujours une balance bénéfice/risques défavorable.

Conclusion :

Des six critères cités par l'OMS, nous en avons trouvé un seul qui est respecté par le dépistage systématique du cancer du sein.

Sur 6 conditions, le dépistage ne répond pas à 5 d'entre elles.

Alors pourquoi la HAS ne réalise pas une aussi jolie vidéo pédagogique et explicative pour les femmes concernant le dépistage de masse du cancer du sein ?

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une étude norvégienne confirme : le dépistage par la mammographie systématique ne réduit pas la mortalité par cancer du sein

https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/ijc.31832

publication du 25/08/2018

le dépistage par la mammographie systématique ne réduit pas la mortalité

Effet du dépistage organisé par mammographie sur la mortalité par cancer du sein: une étude de cohorte basée sur la population en Norvège

Auteurs : Mette H. Møller , Mette Lise Lousdal , Ivar S. Kristiansen , Henrik Støvring

 

L'auteur principal, Henrik Stoving, biostatisticien, explique : "Le fait est que plus les méthodes de traitement s'améliorent, moins le dépistage est bénéfique"

Méthode :

Les chercheurs ont suivi des femmes norvégiennes de 30 à 89 ans (cohortes de naissance 1896‐1982 réparties en trois groupes d'âges, les femmes éligibles au dépistage, les femmes d'âge au-delà, les femmes plus jeunes), et ils ont identifié celles qui ont développé un cancer mammaire sur la période 1987-2010, permettant de comparer les nombres de décès dans les périodes avant l'instauration du dépistage systématique et après. (NDLR : la campagne nationale de dépistage a été instaurée en 1996 en Norvège).

Résultat :

Le résultat était le suivant : Les trois groupes d'âge ont connu une réduction de la mortalité, mais la diminution chez les femmes éligibles était à peu près la même chez les femmes non éligibles.

Autrement dit : Le dépistage par mammographie n'était pas associé à une réduction plus importante de la mortalité par cancer du sein chez les femmes éligibles au dépistage par rapport aux femmes non éligibles.

Les auteurs expliquent encore : "Les femmes qui se font dépister vivent plus longtemps parce que toutes les patientes atteintes d'un cancer du sein vivent plus longtemps. Nous avons maintenant de meilleurs médicaments et une chimiothérapie plus efficace. Le système de santé réagit plus rapidement qu'il y a une décennie. Il ne semble pas qu'il y ait moins de femmes qui meurent d'un cancer du sein à la suite d'un dépistage par mammographie".

En clair, plus les traitements sont efficaces, plus un dépistage perd en utilité, d'autant que les effets adverses priment sur le bénéfice.

NDLR:

Encore une fois nous soulignons l'importance de ne pas confondre survie et espérance de vie ; contrairement à une croyance générale et diffusée par les médias et les campagnes roses, avec le dépistage systématique on détecte plus tôt des cancers qui se seraient manifestés par des symptômes plus tard, sans qu'il y ait de perte de chance pour la patiente, ils seront guéris en temps et en heure ; de ce fait, on a une illusion d'optique, on anticipe la date de naissance du cancer, la personne vivra plus longtemps avec la connaissance d'être une patiente, mais ne vivra pas globalement plus longtemps.

Le coût :

Lorsqu'on considère que le coût du dépistage en France, selon les chiffres de la Haute Autorité de Santé, s’élève à 250 millions d’euros par an, qu'il y a un surdiagnostic massif et des effets adverses cumulés ( surdiagnostic, fausses alertes, cancers radio-induits) surpassant le bénéfice, et que les citoyennes lors de la concertation ont demandé une évaluation du dispositif, il nous semble qu'il est plus que temps que les autorités sanitaires prennent des dispositions pour en informer loyalement les femmes et qu'on se penche sur autre chose que cette gabegie afin d' appréhender plus efficacement le cancer du sein et l'accès aux thérapeutiques pour toutes les femmes..

Le retentissement sur les mastectomies :

Autre chose insuffisamment évoqué, le retentissement sur les ablations de seins ; dans tous les pays où le dépistage a été instauré on enlève toujours plus de seins.

Nous renvoyons à notre propre étude conduite en France :

étude mastectomies en France

analyse étude CR

 

 

 

 

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Congrès de Copenhague Preventing Overdiagnosis 20-22 août 2018

Le 20 août 2018

Présentation de 20 minutes (keynote) par Jean Doubovetzsky et Cécile Bour,

"Dépistage du cancer du sein, réelles avancées et double langage"

Pour accéder au PPT, cliquez sur l'image ci-dessous :

CAPTATION VIDÉO DE NOTRE PRÉSENTATION

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