Analyse du panorama de l’OCDE de 2019

OCDE 2019 A OCDE 2019 B OCDE 2019 C

NDLR : le document étant très lourd, nous n'avons pas pu le télécharger en totalité.

Pour obtenir le document panorama de l'OCDE 2019 complet (243 pages) veuillez nous adresser votre demande sur la page contact du site.

14 novembre 2017, synthèse C.Bour

La lecture de ce nouveau panorama 2019 nous fait retenir trois points principaux :

-L'étude de la survie à 5 ans

-Les proportions des cancers des différents stades

-Les actes chirurgicaux.

1° L'étude de la survie à 5 ans.

Encore une fois, nous le répétons ici, cette donnée n'est pas un bon indicateur d'efficacité des dépistages.

La survie à 5 ans n’est pas la même chose que l'espérance de vie ou durée de vie. Admettons une espérance de vie chez une femme de 73 ans ; si elle a un diagnostic de cancer à 67 ans elle rentrera dans les statistiques de survie à 5 ans, mais pas si ce diagnostic est fait plus tard, vers 70 ans par exemple, la femme ne sera pas incluse dans les statistiques de survie à 5 ans. La « survie » mesure plutôt la durée de vie du cancer. C'est une illusion d'optique : par l'anticipation de la date de survenue du cancer, on a l'impression d'un allongement de la vie alors que l'espérance n'a en rien changé.

L'allongement de la survie est le résultat de deux phénomènes : l'efficacité des traitements qui rallongent la durée de vie du patient avec son cancer, et le dépistage qui anticipe la date de naissance du cancer indépendamment de l’issue de la maladie.

La survie est majorée quand l'incidence est la plus forte et le surdiagnostic d'autant plus fort. En effet, par définition, tous les surdiagnostics guérissent. On a donc une illusion de succès. La survie est un marqueur de l'efficacité des traitements, mais pas de l'efficacité du dépistage.[1] [2]

 

Revenons au texte du panorama, en consultant la page 42 (numérotation du document), figure 2.2, on se rend compte que la plus haute survie parmi celles indiquées concerne les pays suivants : USA, Japon, Australie, Islande.

Le rapport avance comme raison, page 138 : Dans les pays où la proportion de femmes diagnostiquées à un stade précoce est élevée, comme aux États-Unis et au Japon, la proportion de femmes diagnostiquées à un stade avancé est également faible.

Depuis les années 1980, la plupart des pays de l’OCDE ont adopté des programmes de dépistage du cancer du sein comme moyen efficace de détecter la maladie tôt (OCDE, 2013). Cela a contribué à augmenter la proportion de femmes diagnostiquées à un stade précoce.

Dans la plupart des pays de l’OCDE, pour les femmes diagnostiquées à un stade précoce ou localisé, la probabilité cumulative de survivre à leur cancer pendant au moins cinq ans est de 90 % et la variation internationale est faible (figure 6.29)

Or les taux de participation au dépistage, très variables dans ces pays (55% Australie ; 71% pour USA, seulement 36.4% (en 2010 )pour le Japon , et de 60% pour Islande) contredisent cette affirmation.

Nous livrons ici l'analyse de Dr V.Robert, notre médecin statisticien :

La proportion de petits cancers est une explication possible de la survie à 5 ans (cf. graphique 1 ci-dessous qui montre une tendance significative à l'augmentation de la survie quand la proportion de petites tumeurs augmente ; coefficient de corrélation de Spearman = 0.55,  p < 0.004) Graphique 1

Mais ce n'est pas la seule explication possible : cf. graphique 2 ci-dessous qui montre une tendance significative à l'augmentation de la survie quand les dépenses de santé augmentent ( coefficient de corrélation de Spearman = 0.57, p < 0.003).

Il y a une forte corrélation entre dépenses de santé et proportion de petites tumeurs (cf. graphique 3 ; coefficient de corrélation de Spearman = 0.78, p < 0.000001).

Le problème est que de fortes dépenses de santé sont probablement associées à davantage de dépistage donc plus de petites tumeurs (réelles ou surdiagnostiquées) mais aussi à une meilleure prise en charge thérapeutique. De ce fait, il est malaisé de savoir quelle est la part de l'amélioration de la survie qui est liée à la proportion de petites tumeurs.

2° Les proportions des cancers à différents stades

Il est dit, toujours page 140 (numérotation du document PDF) : Depuis les années 1980, la plupart des pays de l’OCDE ont adopté des programmes de dépistage du cancer du sein comme moyen efficace de détecter la maladie tôt (OCDE, 2013[1]). Cela a contribué à augmenter la proportion de femmes diagnostiquées à un stade précoce

Voir à ce propos le tableau 6.28 p.139 du document

Les auteurs ont calculé les pourcentages de tumeurs de stade peu avancé sur l'ensemble des tumeurs, y compris les "unknown" (les inconnus), donc en incluant la catégorie des tumeurs inconnues dont on ne sait ce qu'elle contient, et d'importance très variable selon les pays.

Les proportions eussent été différentes si on avait calculé les ratios entre les tumeurs de stade connu, entre celles de faible et celles de haut stade.

Revenons à la phrase page 138 du document :

"Dans les pays où la proportion de femmes diagnostiquées à un stade précoce est élevée, comme aux États-Unis et au Japon, la proportion de femmes diagnostiquées à un stade avancé est également faible",  cette affirmation paraît là d'un truisme confondant, car il est évident que sur 100% de cancers si la proportion des cancers précoces augmente celle des cancers avancés ne peut que diminuer.

Bien évidemment il eut été bien plus pertinent de connaître le nombre absolu de tumeurs pour chaque stade, ou un taux donné pour 100 000 femmes par exemple, qui montrerait si le nombre absolu de cancers avancés pour une population donnée baisse ou pas. Ceci, avec la baisse de mortalité, sont les vrais critères d'efficacité d'un dépistage. Or nous savons que le taux des cancers avancés ne chute pas depuis l'instauration des dépistages.[3] [4]

CLiquez

3° Les actes chirurgicaux

Page 55 (numérotation du PDF), sont données les hospitalisations pour les différents gestes chirurgicaux de 2017, avec les taux d'incidence de 2012, ce qui correspond (nous le supposons) à l'année la plus proche des taux consolidés pour tous les pays.

Pour la France, nous examinons la colonne des mastectomies totales, et nous trouvons 60 procédures chirurgicales radicales (mastectomies) pour 100 000 femmes.

L'incidence correspondante pour la France est de 90 nouveaux cas pour 100 000 femmes.

Pour 10 nouveaux cas de cancers, il y a 6,7 mastectomies totales (60/9). Il est vrai que la lecture sur graphique est imprécise mais même en corrigeant le décalage entre 2012 et 2017 pour tenir compte de l'augmentation de l'incidence en 2017, nous retrouvons aux alentours de 6 mastectomies totales pour 10 cancers.

Notre étude réalisé en 2017 et présentée au congrès de Lille retrouvait 4 actes de mastectomies pour 10 nouveaux cas en 2012 exactement comme en 2000, avant la généralisation du dépistage organisé.[5] [6]

Nous en avions conclu que le dépistage organisé ne peut se prévaloir d'avoir allégé les traitements infligés aux femmes ; avec le panorama de 2019, et le résultat trouvé de 6 mastectomies totales pour 10 nouveaux cas de cancers, ceci est largement confirmé.

Pour les mastectomies partielles (BCT, breast conserving therapy), nous avons 200 actes pour 100 000 femmes, ce qui correspond à 22 mastectomies partielles pour 10 nouveaux cas, nous trouvions 15 mastectomies partielles pour 10 nouveaux cancers en 2012, et moins de 13 en l’an 2000. [7]

Cliquez :

Conclusion :

Comme lors de l'analyse du panorama de l'OCDE de 2017 [8], et au regard du rapport récemment publié du CepiDC (page 7 du document joint), on ne peut prétendre que la mise en place des programmes de dépistages a fait baisser la mortalité par cancer du sein de façon significative...

CepiDC

La présentation des données dans le panorama de l'OCDE 2019 est faite de façon fallacieuse en omettant le surdiagnostic, lequel donne l'illusion d' une meilleure survie par simple anticipation du diagnostic de petites tumeurs non mortelles, massivement surdétectées par le dépistage.

Les fortes dépenses de santé dans certains pays sont probablement associées à davantage de dépistage mais aussi à une meilleure prise en charge thérapeutique, ce qui explique largement l'augmentation de la survie, raison pour laquelle cette donnée est inadaptée pour l'évaluation de l'efficacité d'un programme de dépistage.

Ce panorama corrobore pour la France la non-diminution des actes chirurgicaux les plus lourds, comme nous l'avions mis en évidence lors de notre étude sur les mastectomies en France.

 

BIBLIO

[1] lire aussi : https://cancer-rose.fr/2018/07/30/ce-que-les-statistiques-du-depistage-du-cancer-nous-disent-vraiment/

[2] https://cancer-rose.fr/2019/09/12/quest-ce-quun-depistage-efficace/

[3] https://cancer-rose.fr/2019/09/06/le-depistage-mammographique-un-enjeu-majeur-en-medecine/#_ednref1

[4] https://cancer-rose.fr/2015/07/06/analyse-etude-jama/

[5] https://cancer-rose.fr/2017/09/06/etude-le-depistage-organise-permet-il-reellement-dalleger-le-traitement-chirurgical-des-cancers-du-sein/

[6] https://cancer-rose.fr/2019/08/09/explication-de-letude-sur-les-mastectomies-en-france/

[7] https://cancer-rose.fr/2019/08/09/explication-de-letude-sur-les-mastectomies-en-france/

[8] https://cancer-rose.fr/2017/12/04/analyse-du-nouveau-panorama-de-locde/

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Emission CQFD sur RTBF

Pour clôturer ce mois d'octobre, Cancer Rose a été invité à un débat contradictoire dans l'émission CQFD, 30 octobre 2019, de la chaîne RTBF Belgique.

 

Cliquez sur image :

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Contraste entre ce que nous apprennent les données épidémiologiques et les décisions politiques en santé

Dr C.Bour, 27 oct 2019

 

Deux publications dans deux revues médicales internationales ce mois d'octobre 2019 ont retenu notre attention.

Tout d'abord une parution dans le NEJM (The New England Journal of Medicine ; n engl j med 381;14 nejm.org October 3, 2019 )

Gilbert Welch, M.D., M.P.H., Barnett S. Kramer, M.D., M.P.H., and William C. Black, M.D.

Signatures épidémiologiques des cancers

 

Dans cet article, les auteurs utilisent 40 années de données pour examiner les modèles d’incidence et de mortalité pour divers cancers.

Les cancers analysés sont des hémopathies, le cancer pulmonaire, le cancer du sein et de la prostate.

La figure 4  reproduite dans l'article illustre les signatures épidémiologiques plus complexes du cancer du sein et de la prostate (limitées aux femmes et aux hommes, respectivement, âgés de 40 ans) qui présentent des effets mixtes : augmentation de l’incidence et baisse de la mortalité.

Coïncidant avec l’introduction d’une mammographie de dépistage à grande échelle, l’incidence du cancer du sein a augmenté rapidement et semble s’être stabilisée à un niveau de référence plus élevé. On pourrait évoquer une augmentation substantielle de la survenue des cancers (épidémie de cancers) ou d’un surdiagnostic associé à l’introduction d’un dépistage généralisé. L’incidence relativement stable de la maladie métastatique favorise toutefois cette dernière explication. La baisse de la mortalité observée à partir des années 90 refléterait une amélioration des traitements ou peut-être, selon les auteurs, un effet combiné de cette amélioration avec le dépistage.

Les changements rapides sont le reflet de la pratique médicale. Ainsi, le déclin rapide de la mortalité par LMC (leucémie myéloïde chronique) vers 2000 et l’augmentation rapide de l’incidence du cancer du sein dans les années 1980 reflètent deux changements spectaculaires dans la pratique médicale, attribuables à des forces motrices bien différentes  : pour la LMC (leucémie myéloide chronique) il s'agit d'une véritable percée dans le traitement qui en a diminué la mortalité et pour le cancer du sein, c'est  la diffusion généralisée du dépistage mammographique qui en explique l'augmentation brutale d'incidence (nombre de nouveaux cas)..

Les signatures épidémiologiques qui illustrent les tendances des données démographiques fournissent un aperçu de la survenue réelle du cancer, du diagnostic excessif et des progrès du traitement. Il s’agit d’indicateurs importants de la contribution potentielle des expositions environnementales, des interventions de prévention primaire sur les populations, des nouveaux traitements et de l’évolution des pratiques de diagnostic et de dépistage.

Une mortalité décroissante signifie qu’il y a eu de réels progrès dans la lutte contre le cancer au cours des 40 dernières années, ce qui reflète en grande partie l’amélioration du traitement et, selon les auteurs, le déclin d’un facteur de causalité particulièrement puissant : le tabagisme.

L’absence d’une baisse de l’incidence qui l’accompagne est un effet secondaire malheureux des efforts de détection précoce du cancer.

L'instauration du dépistage par mammographie à grande échelle au cours des années 1980 a entraîné une augmentation de 50 % de l'incidence du cancer du sein. Elle n'est jamais redescendue.

Lire aussi le résumé de cet article sur le site La Nutrition

La deuxième publication est une prise de position critique sur un rapport concernant les dépistages de l'adulte au Royaume Uni.

Margaret McCartney : une révision du dépistage du cancer réduit le choix (pour les patients) en connaissance de cause 

 

25 octobre 2019

Margaret McCartney est médecin généraliste à Glasgow, elle écrit pour divers médias principalement sur la médecine fondée sur des preuves et rédige régulièrement pour le British Medical Journal ,

L'auteure critique un rapport au Royaume Uni commandé par le gouvernement à Mike Richards, expert en cancérologie, paru en ce mois d'octobre 2019, sur les programmes de dépistage des adultes,.

Selon ce rapport le NHS (National Health Service) devrait fournir un accès plus aisé aux services de dépistage du cancer afin d’accroître le diagnostic précoce et d’améliorer les taux de survie.

Les femmes par exemple devraient avoir accès au dépistage du cancer du sein, du col de l’utérus et d’autres cancers dans les centres de santé ou dans des lieux proches de leur travail, et les services de dépistage locaux devraient prévoir des rendez-vous supplémentaires le soir et le week-end, indique le rédacteur.

Appelant à des incitations financières, à un accroissement des dépistages, à une réorganisation et à une restructuration, Richards écrit: "Chaque jour de retard est une occasion manquée pour une personne de rattraper son cancer ou sa maladie cancéreuse plus tôt, et potentiellement de lui sauver la vie. "

Margaret McCartney déplore que le rapport occulte l'avancée majeure de ce que la dernière décennie nous a appris en matière de dépistage, décennie marquée par la reconnaissance du surdiagnostic et par le besoin éthique de choix en matière de dépistage. Ce rapport laisse échapper cela et, selon l'auteure, il y a peu de chances que l'apprentissage et l'amélioration des connaissances sur les preuves scientifiques rencontrent les décisions politiques.

Il persiste l'idée qu'un délai de quelques jours pourrait tuer quelqu'un dans le processus de dépistage. Si l'on s'en tient à une conclusion logique, il faudrait contrôler chaque jour les personnes pour éviter des "retards" - une proposition absurde, selon Margaret McCartney et qui ferait un tort indescriptible.

Pour elle, si une femme a fait le choix éclairé de ne pas se soumettre au dépistage, il est déroutant et contraire à l'éthique que le système cherche à renverser son choix. Plutôt que de chercher à " mettre en œuvre des initiatives fondées sur des données probantes pour accroître la participation , nous devrions vouloir améliorer la qualité des décisions éclairées que prennent les gens, peu importe ce qu'ils sont."

Dr McCartney pose la question : "Avons-nous oublié l'autonomie ? Il semble que oui, car la recommandation (du rapport) est d'offrir des incitatifs financiers aux omnipraticiens afin d'accroître la participation, plutôt que d'améliorer la qualité du processus décisionnel." (NDLR : le dépistage du cancer du sein en France fait partie de la ROSP, la rémunération des médecins sur objectifs de santé publique)

Pour elle il s'agit d'une régression qui doit inconditionnellement être rejetée.

Conclusion

 

Nous sommes, en 2019, au-delà de la controverse scientifique, les évidences sont là, le dépistage du cancer du sein n'a pas rempli ses objectifs ; ce qu'on peut lui accorder, c'est de nous avoir fait découvrir une donnée inattendue, celle du surdiagnostic, invité surprise et imprévisible des procédures de dépistage.

La leçon à tirer est celle d'une nécessité de meilleure information des patients, afin qu'ils aient la possibilité d'un choix éclairé, d'une prise de décision sur la base d'une information en santé claire et loyale.

Force est de constater, en France comme au Royaume Uni, qu'il s'agit toujours pour les politiques de santé publique de se conformer à des plans quinquennaux, et de procéder à des incitations financières envers les médecins pour remplir des objectifs de participation obsolètes.  En France comme au Royaume Uni, les politiques n'ont pas entendu, n'ont pas compris cette nécessité d'information loyale et de choix partagé.

Cet aveuglement est d'autant plus coupable qu'en France la concertation citoyenne sur le dépistage en 2016 avait bien pointé ce problème (page 38 du rapport de concertation, voir https://cancer-rose.fr/2016/12/15/nouvelles-du-front-premiere-manche/  )

 

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En parallèle dans l’actualité, l’incertitude entourant le dépistage du cancer colo-rectal

Résumé par Dr C.Bour, 14 octobre 2019

Le dépistage du cancer colo-rectal n'apporte visiblement pas non plus les résultats escomptés, avec le recul dont on dispose à présent.

Une méta-analyse a été publiée dans le BMJ cette année.[1]

 

Il s'agit d'une revue systématique et méta-analyse en réseau portant sur les 3 méthodes de dépistage actuellement proposées, l'analyse immunochimique des selles à la recherche de sang dans les fécès, la sigmoidoscopie et la coloscopie, en comparant avec l’absence de tout dépistage et sur un suivi de 5 ans.

Son objectif était d'évaluer l’efficacité, les méfaits et le fardeau pour les populations d'un dépistage effectué par les analyses de sang dans les selles, la sigmoïdoscopie et la  coloscopie sur une période de 15 ans.
Ses résultats :
Par rapport à l’absence de dépistage, il y a une grande probabilité que le dépistage par sigmoïdoscopie réduise légèrement l’incidence du cancer colorectal et la mortalité. Mais aucun test de dépistage n’a réduit la mortalité ou l’incidence de plus de 6 pour 1000 dépistés sur une période de 15 ans.

Malheureusement, on ne connait pas les effets à long terme sur l’incidence du cancer colorectal et sur la mortalité avec l'utilisation de l' analyse immunochimique des selles ou par la coloscopie.

Surtout aucune technique n'a permis une réduction de la mortalité toutes causes confondues. (Une procédure médicale efficace fait que le retentissement est tel qu'il se ressent sur la mortalité globale ; si la mortalité globale ne chute pas il est aussi envisageable que le dépistage entraîne une possible surmortalité imputable à la procédure elle-même ou aux traitements, ce qui contrebalance négativement l'effet du dépistage.)

Cette méta-analyse a appuyé l’élaboration d’un guide de pratique clinique fondé sur des données probantes, avec des lignes directrices, ce que rapporte la rédactrice en chef du British Medical Journal, Fiona Godlee. [2]

 

Un dépistage fondé sur le risque

 

L’évaluation par un panel international de 22 médecins, infirmières, représentants des patients, et des méthodologistes a abouti à la conclusion que, compte tenu des avantages, des méfaits et des questions sans réponse, les données probantes appuyant le dépistage du cancer colorectal demeurent fragiles et que des recommandations solides ne peuvent être émises pour le moment. La principale directive du comité émettant les recommandations était que toutes les personnes invitées au dépistage du cancer colorectal soient en mesure d’accepter ou de refuser l’invitation en fonction des avantages et des préjudices qu’elles pourraient s’attendre à recevoir du dépistage. Le groupe a également proposé que le dépistage soit recommandé pour les hommes et les femmes présentant un risque cumulatif de cancer colorectal de 3 % ou plus au cours des 15 prochaines années, et que le choix du test soit laissé à la préférence personnelle de l’individu. Le seuil de 3 % représente le risque cumulatif au-delà duquel l’équilibre des avantages et des inconvénients penche en faveur du dépistage.

Un changement radical

 

Cette approche personnalisée et axée sur le risque peut sembler évidente mais représente un changement radical, comme le détaille le Pr Philippe Autier[3], chercheur à l'IRPI (international research and prevention institute) , dans son éditorial lié. [4]

Ces nouvelles recommandations réduiront très probablement la participation au dépistage du cancer colo-rectal. Mais justement à l’avenir, les programmes de dépistage devront être jugés non pas sur l'adhésion de toute une population, mais sur la qualité de la prise de décisions éclairées.

Selon Pr Autier, les recommandations de dépistage qui encouragent les décisions éclairées individuellement contrastent nettement avec les formulations traditionnelles. Les recommandations sur le dépistage du cancer colorectal émises par la plupart des établissements de santé publique véhiculent le message implicite selon lequel, une fois qu’un sujet devient admissible, il devrait participer au dépistage. De plus, le fait de ne pas participer au dépistage mettrait en danger la santé. Dans cette logique, l’objectif primordial des politiques de santé publique est de persuader les gens d’assister au dépistage : ce qui compte, c’est l'adhésion et, pour maximiser cette adhésion, les messages ont tendance à surestimer les avantages du dépistage et à minimiser les conséquences indésirables.[5]
Toujours selon ce chercheur, la prise de décision personnalisée fondée sur le risque individuel présente plusieurs avantages par rapport à l’offre de dépistage à tous les groupes d’âge admissibles au dépistage en question.

  • Premièrement, les caractéristiques et les préférences d’une personne sont priorisées lorsqu’on pense aux avantages et aux inconvénients du dépistage.
  • Deuxièmement, les professionnels de la santé qui ont des contraintes de temps peuvent décider de se concentrer d’abord sur les personnes à risque élevé pour les informer lors de la consultation.
  • Troisièmement, on sait, grâce à des essais randomisés et à des études d’observation, que les personnes admissibles, qui seraient donc candidats de par leur risque pour un dépistage du cancer colo-rectal et qui ne participent pas aux programmes de dépistage, courent un plus grand risque de mourir d’un cancer colorectal.Une approche fondée sur le risque peut particulièrement bien fonctionner pour les personnes qui, autrement, resteraient réfractaires au dépistage.
  • Quatrièmement, le fait d’accorder la priorité aux personnes à risque élevé est susceptible d’optimiser l’efficacité du dépistage tout en réduisant le surdiagnostic chez les personnes à faible risque qui choisissent de ne pas participer.

En conclusion

 

En sachant qu’aucune des 3 méthodes de dépistage du cancer colo-rectal n’est associée à une réduction de la mortalité toutes causes confondues, que toutes les 3 seraient associées à une réduction de la mortalité spécifique par cancer colorectal, l'intention est de passer d’une logique de promotion du dépistage pour tous à celle d’un dépistage proposé aux patients plus à risque (risque de cancer colorectal à 15 ans ≥3%), avec une information loyale, en laissant le patient choisir la méthode de dépistage. La prise de décision éclairée étant essentielle car la priorité est de s’assurer que les adultes admissibles ont bien reçu des informations appropriées et équilibrées sur le dépistage.

En tous cas force est de constater que la plupart des dépistages se sont perdus dans l'arrogance de leurs ambitions... Trop de surdiagnostics, de procédures invasives et lourdes (coloscopies, biopsies etc..), et des résultats décevants. Les dépistages partent d'une bonne intention, sont basés sur des théories fausses et des schémas d'évolution des cancers ne correspondant pas à la réalité, puis se soldent par des échecs couteux, en dommages humains et en fardeaux financiers pour la collectivité.

 

Biblio

 

[1] Colorectal cancer screening with faecal testing, sigmoidoscopy or colonoscopy: a systematic review and network meta- analysis

Henriette C Jodal, Lise M Helsingen , Joseph C Anderson, Lyubov Lytvyn, Per Olav Vandvik, Louise Emilsson

Jodal HC, et al. BMJ Open 2019;9:e032773. doi:10.1136/bmjopen-2019-032773

[2] BMJ 2019;367:l5931 doi: 10.1136/bmj.l5931 (Published 10 October 2019)

 

[3] Philippe Autier, professeur d'épidémiologie à l'IPRI Lyon (International Prevention Research Institute (iPRI), 95 Cours Lafayette, 69006 Lyon, France; Strathclyde Institute for Global Public Health at iPRI)

 

[4] BMJ 2019;367:l5558 doi: 10.1136/bmj.l5558 (Published 2 October 2019)

 

[5] C'est exactement la situation à laquelle nous assistons pour le dépistage du cancer du sein.

Actualité de 2022

Une nouvelle étude est publiée dans le NEJM

Cet essai NordICC concerne environ 85 000 personnes en Pologne, en Norvège, en Suède et aux Pays-Bas qui ont été randomisées pour recevoir, les unes une invitation à subir une coloscopie, les autres à ne pas recevoir d'invitation. 
L'incidence du cancer, la mortalité par cancer du côlon et la mortalité toutes causes confondues ont été comparées après dix ans.

L'article conclut qu'il y aurait une diminution significative du risque de développer un cancer colorectal, mais note l'absence de bénéfice en termes de mortalité par cancer colorectal.

D'après les résultats on peut s'attendre à avoir entre 1 et 5 saignements graves pour 3 cancers évités.

Toutefois l'étude comporte un biais, analysé par notre statisticien, Dr V.Robert :
"Fixer 2 objectifs principaux pour une seule étude n'est pas très orthodoxe. Cela revient à se donner 2 chances de gagner (ou de se tromper), une première avec le risque de cancer et une 2ème avec le risque de décès. Le seuil de significativité n'est dès lors plus 0.05 (risque d'erreur accepté = 5 chances sur 100) mais 0.0975 (risque d'erreur accepté  = 9.75 chances sur 100).
C'est un peu comme si on jouait à pile ou face, avec pile je gagne, face je perds, mais en lançant 2 fois la pièce : on a 2 opportunités de gagner, une 1ère lors du 1er lancer et une 2ème lors du second lancer. La probabilité de gagner n'est donc plus d'1 chance sur 2 mais de 3 chances sur 4 (pile-pile = gagné, pile-face = gagné, face-pile = gagné, face-face = perdu). Ici, c'est pareil : diminution des cancers-diminution de la mortalité = gagné, diminution des cancers-pas de diminution de la mortalité = gagné, pas de diminution des cancers-diminution de la mortalité = gagné, pas de diminution des cancers-pas de diminution de la mortalité = perdu) ."

Un bon résumé est fait de l'étude et aussi de la controverse qui s'est emballée autour de cette publication sur le blog du Dr Grange ici : https://docteurdu16.blogspot.com/2022/10/bilan-medical-du-lundi-10-au-dimanche.html?m=1

Une autre analyse de l'essai est rédigée par le Lown Institute, ici : https://lowninstitute.org/colonoscopy-screening-invite-shows-disappointing-results-in-first-randomized-trial/

Cet article conclut :
"Les résultats soulèvent plusieurs questions que les responsables de la santé publique doivent prendre en compte :

  • Compte tenu du coût élevé de la coloscopie ( 2 000 $ en moyenne pour les assurés privés et jusqu'à 10 000 $ dans certains cas), combien devrions-nous investir dans la coloscopie par rapport aux autres méthodes ou interventions de dépistage du cancer du côlon ?
  • Existe-t-il des moyens de mieux cibler les personnes à risque plus élevé de cancer du côlon avec des types de dépistage qui ont des taux de participation plus élevés que la coloscopie ?
  • Combien dépensons-nous pour le dépistage par coloscopie chez les jeunes à faible risque que nous pourrions utiliser pour accroître la sensibilisation aux premiers symptômes du cancer du côlon ou pour traiter les causes profondes du cancer du côlon ? "

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La campagne rose 2019, c’est parti !

24 septembre 2019

Nous ne sommes pas encore en octobre que déjà l'Institut National du Cancer lance sa campagne 2019 :

....en lien avec le ministère des Solidarités et de la Santé, lance aujourd’hui une nouvelle campagne d’information visant à sensibiliser les femmes aux moyens d’agir pour lutter contre les cancers du sein. Centrée sur la prévention et le dépistage, cette campagne nationale a pour principal objectif de leur faire prendre conscience des actions simples et quotidiennes qui s’inscrivent dans la lutte contre ce cancer.  En 2018, près de 59 000 nouveaux cas ont été détectés et plus de 12 100 femmes en sont décédées. (taux inchangés depuis 1996)

Campagne axée sur la prévention primaire

 

Il s'agit cette année de renforcer la prévention primaire en mangeant des melons ("les petits gestes pour prévenir 20 000 cancers"). Bah nous aussi on a utilisé des fruits dans notre communication de 2018.

 

Sans oublier le sacro-saint dépistage

 

Mais L'INCa n'oublie quand-même pas d'inciter à ce très cher dépistage mammographique dont l'utilité est de plus en plus questionnée au fil des études récentes que nous vous décortiquons régulièrement sur le site, au point qu'on essaie d'inventer un nouveau mode de dépistage avec l'étude Mypebs  dont la supercherie vous est détaillée sur notre sous-site dédié.

L'argument sempiternel est que "cinq ans après le diagnostic, 99 femmes sur 100 sont toujours en vie lorsque le cancer du sein est diagnostiqué à un stade précoce".

Merci au "jeune médecin quinquagénaire"

 

Et là nous vous renvoyons à l'excellente analyse du blog d'un "jeune médecin quinquagénaire", et à son article L’INCa et le quotient magique

La pertinence de son analyse contraste avec l'indigence du livret de l'INCa et de son site web, dont nous avions analysé les insuffisances ici : livret et ici : site INCa

Et notre campagne ?

La voilà !

Que voulons-nous faire pour aider les femmes ?

  • D’abord les informer.
  • Les inciter à revendiquer cette information sur la balance benefice/risques. auprès des autorités et des professionnels de santé.
  • Les  éloigner des messages incitatifs.
  • Leur faire comprendre qu’elles ne peuvent espérer une guérison meilleure en se soumettant à un dispositif qui ne prouve toujours pas son efficacité.
  • Leur faire comprendre qu’à l’inverse elles peuvent connaitre une maladie qu’elles n’auraient pas eue sans le dépistage.
  • Faire comprendre que le dépistage ne change rien, ni pour un cancer grave, ni dans le cas d’un cancer peu agressif. Il faut reprendre la recherche fondamentale sur l'histoire naturelle du cancer.

Le dépistage mammographique comporte des risques, n'apporte pas le bénéfice qu'on en attendait ; la détection dite précoce n'est pas un bénéfice universel !

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Retours presse, livre « dépistage du cancer du sein, la grande illusion »

Voici les relais presse présentant le livre de Dr B.Duperray, "dépistage du cancer du sein, la grande illusion", aux éditions Th.Souccar.

Livre B.Duperray « dépistage du cancer du sein, la grande illusion »

  Egalement en format pour liseuse. Communiqué de presse, cliquez sur l’image  

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Deux livres d’éminents spécialistes du dépistage et du surdiagnostic parus !

Deux livres d'importance voient le jour simultanément.

En France celui de Bernard Duperray :

 

Dépister pour mieux guérir : un leurre.

Telle est la conviction de nombreux scientifiques et le Dr Bernard Duperray explique brillamment pourquoi dans ce livre. Depuis 2004, les autorités sanitaires invitent toutes les femmes (de 50 ans à 74 ans) à effectuer une mammographie tous les 2 ans. Objectif : diagnostiquer les cancers du sein précocement afin de réduire la mortalité ainsi que la lourdeur des traitements. Après quinze ans de dépistage, le constat est sans appel : le cancer du sein est diagnostiqué de plus en plus tôt, on découvre des tumeurs de plus en plus petites et pourtant le dépistage n’a réduit ni la mortalité, ni le nombre de formes avancées, ni la lourdeur des traitements. Le dépistage ne permet pas de moins mourir du cancer du sein. Après plus de quarante années consacrées au diagnostic du cancer du sein, le Dr Bernard Duperray arrive à la conclusion que le dépistage comme pratique de santé publique est une grave erreur dont les femmes sont les premières victimes. Pourquoi le dépistage fait plus de mal que de bien ? Parce qu’il génère du surdiagnostic. Le dépistage fabrique de la « maladie ». Il révèle des cancers qui ne se seraient pas manifestés sans lui. En clair, plus on cherche et plus on trouve. Ce surdiagnostic, aujourd’hui massif en France, est lourd de conséquences car il est à l’origine de surtraitements inutiles. Non seulement le surdiagnostic précipite des milliers de femmes bien portantes dans un état pathologique imaginaire terrifiant mais il entraîne des traitements qui, par leur nature et l’intensité de leurs effets secondaires, sont intolérables chez des femmes qui n’en ont pas besoin.

 

Le second ouvrage voit le jour au Royaume Uni, il est écrit par Pr. Michaël Baum, professeur émérite de chirurgie, oncologue britannique spécialisé dans le traitement du cancer du sein, sous le titre "histoire et mystère du cancer du sein".

Description du livre

Le cancer du sein et son traitement constituent un problème terriblement complexe qui implique toutes les intrications du corps humain, l'anatomie anatomique et microscopique du sein, le système endocrinien et le métabolisme osseux, ainsi que la nature de la transformation maligne. Même les experts ont encore des incertitudes. Cependant, les spécialistes ont maintenant l'obligation légale et éthique de partager leurs incertitudes avec leurs patients lorsque nous recherchons un consentement éclairé lors de procédures invasives. Les rumeurs obsessionnelles sur la menace du cancer du sein signifient que peu de citoyens non-initiés savent que le cancer du sein a disparu des sept principales causes de décès chez les femmes. Les traitements du cancer du sein peuvent augmenter le risque de décès par maladie cardio-vasculaire, tandis que, d'autre part, refuser la thérapie de substitution hormonale aux femmes de cette tranche d’âge en raison de la crainte injustifiée du cancer du sein peut altérer leur qualité de vie, leur fonction cognitive et leur densité minérale osseuse. La considération de l'ensemble ' santé de la femme et son attente en matière de qualité de vie' doit toujours l'emporter sur les fanatiques de la pensée unique, qui ne voient la femme que comme la somme de ses deux seins.

C’est plus qu’un livre d’entraide, mais il doit également être considéré comme une introduction à l’histoire et au mystère du cancer du sein, depuis l’époque des anciens Égyptiens jusqu’à l’ère moderne, ainsi que comme un espoir pour l’avenir.

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Et ailleurs ?

A la suite de la concertation citoyenne et scientifique sur le dépistage où l'arrêt du dépistage du cancer du sein était demandé par les citoyennes, la France n'a effectué aucun changement de pratique. Après deux ministres de la santé que se sont succédées, on n'assiste qu'à des ajustements cosmétiques (un livret, un site internet), sans réelle amélioration de l'information des femmes sur les risques d'y participer, et sans remise en cause de l'utilité du dispositif, sans proposition d'aide à la décision aux femmes.

Que fait-on dans d'autres pays ?

 

A- les recommandations

 

  • Etats Unis, American College of Physicians

 

https://cancer-rose.fr/2019/04/09/note-dorientation-de-lacp-american-college-of-physicians/

 

  • Canada

https://cancer-rose.fr/wp-content/uploads/2019/03/180463-guide-FR_Dec6_FINAL.pdf

 

  • Australie

https://cancer-rose.fr/2018/10/15/un-plan-daction-national-contre-le-surdiagnostic-en-australie/

 

  • Suisse

https://cancer-rose.fr/2016/11/13/cancer-du-sein-recommandations-suisses/

https://cancer-rose.fr/wp-content/uploads/2016/11/Swiss-Medical-Board.pdf

 

  • Europe

https://cancer-rose.fr/2019/02/09/les-recommandations-europeennes/

 

  • France

https://cancer-rose.fr/2019/01/03/quen-est-il-des-recommandations-de-la-haute-autorite-de-sante/

 

 

B- L'information donnée aux femmes

 

  • Royaume Uni

http://www.uhs.nhs.uk/Media/SUHTInternet/Services/BreastImagingUnit/NHS-Breast-Screening---helping-you-decide.pdf

  • Allemagne

https://cancer-rose.fr/2016/11/13/cancer-du-sein-exemple-de-lallemagne/

brochures :

IQWiG_Auf_den_Punkt_gebracht

Brochure de  L'IQWiG, Institut für Qualität und Wirtschaftlichkeit im Gesundheitswesen ; c'est un organisme allemand chargé d'évaluer la qualité et l'efficacité des traitements médicaux .

BrustkrebsFrueh_Internet

Exemple d'une brochure d'information d'une caisse fédérale allemande. Il en existe ainsi plusieurs.

  • Australie

brochure australienne copie

  • Belgique

https://kce.fgov.be/fr/publication/report/dépistage-du-cancer-du-sein-messages-en-support-d’un-choix-informé – .VQa0tPmG_6J

  • Harding Center

https://www.harding-center.mpg.de/en/fact-boxes/early-detection-of-cancer/breast-cancer-early-detection

 

  • Collaboration Cochrane (collectif indépendant nordique)

https://www.cochrane.org/CD001877/BREASTCA_screening-for-breast-cancer-with-mammography

 

  • Canada

https://www.crfht.ca/files/2613/7787/4862/Renseignements_sur_la_mammographie-fra.pdf

 

C- Prises de positions critiques (articles, documentaires)

 

  • Patti Chiari : c'est revue hebdomadaire d'information sur les droits des citoyens et des consommateurs, de la télévision publique suisse italienne RSI

https://www.rsi.ch/la1/programmi/informazione/patti-chiari/Inchieste/inchieste-andate-in-onda/Mammografia-serve-davvero-11683454.html

Synthèse en français ici : https://cancer-rose.fr/2019/04/29/emission-tele-sur-lenjeu-du-depistage-par-la-revue-dinformation-italophone-patti-chiari/

  • Royaume Uni

Coût de l’extension de la fourchette d’âge du dépistage du cancer du sein du NHS en Angleterre

https://cancer-rose.fr/2019/04/10/3924-2/

Lettre de Pr.Michael Baum

https://cancer-rose.fr/2019/03/25/lettre-de-michael-baum-the-times/

 

  • Articles de Vinay Prasad

https://mdedge-files-live.s3.us-east-2.amazonaws.com/files/s3fs-public/issues/articles/kim_cancerscreening.pdf

https://pdfs.semanticscholar.org/a85e/a6882916c171564738b1c9db456c1e774b6d.pdf

Lire aussi nos synthèses :

 https://cancer-rose.fr/2019/03/15/retours-et-considerations-sur-les-programmes-de-depistages/

 

https://cancer-rose.fr/2019/01/23/de-la-pertinence-des-depistages-de-nos-jours-a-propos-de-deux-articles/

 

  • Allemagne

https://www.aerzteblatt.de/nachrichten/87593/Ueberdiagnosen-bei-Screeningprogrammen-oft-unterschaetzt

  • Norvège, éditorial de Mette Kalager,

https://www.bmj.com/content/359/bmj.j5625.full

Dans les "responses" commentaire de Hazel Thornton citant dans ses références l'étude de P.Autier sur les Pays Bas ainsi que notre étude sur les mastectomies (https://www.bmj.com/content/359/bmj.j5625/rapid-responses )

  • France

cliquez sur "regardez sur Viméo"

 

 

  • Belgique

Participation Cancer Rose à un reportage RTL Belgique et débat RTBF

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Rapport sur les estimations nationales d’incidence et mortalité par cancer entre 1990 et 2018

9 juillet 2019

Dr C.Bour

Le rapport de l’ Institut National Du Cancer et de Santé Publique France, "Estimations nationales de l’incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine entre 1990 et 2018", publié ce mois de juillet 2019, allègue l'utilisation d'une méthodologie différente, avec estimations à partir des registres du réseau FRANCIM.

L'incidence et la mortalité par cancer sont évaluées, sur des données provenant de registres qui couvrent entre 19 et 22 départements selon le cancer étudié.

Conclusions générales du rapport

La conclusion générale est celle d'une augmentation, depuis 1990, de l'incidence des cancers (nombre de nouveaux cas), dont 45 % est attribuable, chez la femme, au risque de cancer, contre 6 % seulement chez l’homme ; ce chiffre est indépendant du  risque de cancer imputable au vieillissement de la population. La mortalité, dans sa part attribuable au cancer, a enregistré une baisse relative, moindre chez la femme que chez l'homme.

Chez l’homme  on constate une diminution de l’incidence et de la mortalité pour deux des trois cancers les plus fréquents (de la prostate et cancer colorectal), et une diminution de l’incidence ainsi que de la mortalité de cancers liés à l’alcoolisme et au tabagisme (lèvre, bouche, pharynx, larynx, oesophage).

Les résultats seraient en faveur d'une stabilité de l’incidence du cancer du poumon chez l’homme mais d'une augmentation préoccupante chez la femme, liée, selon le rapport, au tabagisme féminin.

Pour le cancer du sein, le rapport énonce la constatation suivante : "Cette étude, contrairement à la précédente qui montrait une baisse puis une stabilisation de l’incidence entre 2005 et 2010, met en évidence une poursuite de l’augmentation de l’incidence de ce cancer durant les années plus proches. Cette hausse est décrite pour toutes les classes d’âge, excepté pour les femmes âgées de 60 ans."

 

Décryptage et remarques

 

1°Nous ne disposons pas en France de registre national du cancer.

Les conditions de vie, environnementales, la composition des populations sont inhomogènes à travers les départements français.

Il est toujours compliqué de différencier la partie augmentation 'vraie' des cancers de ce qui relève des cancers radio-induits, des carcinogènes environnementaux etc.., difficulté à laquelle se rajoute l'imperfection des techniques d'ajustement sur l'âge. Il faut donc se garder de conclure hâtivement et de se rendre ridicule en parlant de " finesse d’interprétation venant renforcer considérablement la connaissance épidémiologique de ces pathologies" dont certains médias se font l'écho enthousiaste. La situation est bien plus complexe.

 

2° Le standard choisi

Le standard utilisé est le 'standard monde', celui qui est généralement le plus utilisé et le plus universellement appliqué, préconisé par l'ONU. Mais ce n'est pas le mieux adapté pour une population européenne.

Qu'est-ce qu'un standard, et pourquoi ?

Le taux de décès annuel est un reflet de ce qu'il se passe pour une population mais doit être corrigés du fait des variations démographiques et du vieillissement de la population. C'est ce qu'on appelle la standardisation, ce qui donne un résultat plus litigieux, car plus approximatif.

Le taux monde utilisé le plus souvent par les instituts s'appuie sur une population dont la structure ne correspond pas à la population européenne, laquelle est habituellement plus vieille. Avec le taux monde, on donne massivement un poids prépondérant aux classes jeunes, ce qui tend à minimiser les taux de mortalités dans un pays comme la France. De plus, la standardisation selon les classes d'âge est sujette à critique car les variations de mortalité peuvent ne pas être uniformes pour chaque âge à l'intérieur de la tranche considérée.

Ainsi selon le standard choisi, le taux pour une même population apparaît plus ou moins élevé. Les taux de mortalité 'monde' basés sur une population plus jeune sont plus bas que les taux européens avec une population plus âgée.

 

3°taux standardisés et taux bruts

Actuellement, selon le rapport de 2019, la diminution de la mortalité entre 1990 et 2018 serait de -1,3 % par an et constante sur toute la période d’étude. En examinant le tableau 2 page 11, on voit notamment que la "constance" de la baisse est toute relative puisque de -1.3% par an de 1990 à 2018, et de -1.6% par an de 2010 à 2018 (avec des intervalles de confiance qui se recouvrent à peine ; autrement dit, la différence entre -1.3 et -1.6 est très probablement à la limite de la non-significativité).

Mais admettons que la mortalité baisse de manière constante, cela signifie alors que cette diminution a une cause qui est elle-même restée constante, et que la généralisation du dépistage n'a eu aucun effet sur la mortalité, puisque sinon on constaterait une décroissance bien plus importante, le dépistage étant actif depuis 20 ans. En réalité En France la décroissance de la mortalité par cancer du sein a commencé bien avant 2005 (vers les années 1993) et ne s'est pas accélérée après 2004. Cette décroissance a donc probablement une autre origine que le dépistage. Ce fait est constaté aussi dans d'autres pays.

Ce qui est vrai en revanche, c'est que les taux bruts de mortalité (11000 à 12000 décès par cancer du sein par an) et que les taux des cancers graves n'ont, eux, pas chuté.

 

Interprétations....et "omissions"

 

En page 4 du rapport on nous explique :

"Une augmentation du taux d’incidence peut s’accompagner d’une diminution du taux de mortalité si des progrès thérapeutiques sont réalisés et/ou la proportion des cas diagnostiqués à un stade avancé diminue."

Etonnamment pour un même phénomène les mêmes explications ne sont pas invoquées.

Page 5et 6, concernant la thyroïde :

"L'augmentation du taux d'incidence.....majoritairement expliquée par l’évolution des pratiques médicales et l’amélioration des techniques diagnostiques, qui tendent à induire un surdiagnostic de ces cancers."

"Pour le cancer de la thyroïde, la mortalité, déjà très faible pour ce cancer, est en recul constant. Cette augmentation de l’incidence est liée à celle des cancers papillaires, type histologique de très bon pronostic, qui contribuent à cette différence d’évolution entre incidence et mortalité ."

Pour le sein on a aussi un recul de la mortalité et une augmentation de l'incidence, mais là, l'explication donnée est :

"la diminution de la mortalité entre 1990 et 2018 (-1,3 % par an) est constante sur toute la période d’étude. Elle est liée à des avancées thérapeutiques majeures et à des diagnostics réalisés à un stade plus précoce (meilleure sensibilisation des femmes et des professionnels, amélioration des techniques d’imagerie diagnostiques et des pratiques de dépistage)."

Pourquoi pour le sein on n'invoque pas la même raison, à savoir que la différence d'évolution entre l'incidence, en augmentation, et la mortalité, en diminution, pourrait être due à l'augmentation de cancers qui ne tueraient pas ? Dans les explications de la diminution de mortalité alors que l'incidence augmente, on peut évoquer les avancées thérapeutiques, un diagnostic plus précoce, mais aussi les surdiagnostics, phénomène inhérent à tous les dépistages. La proportion, la part des cancers avancés diminue en raison de leur dilution dans un excès de diagnostics, mais pas leurs taux bruts. Cet "oubli" de la mention des surdiagnostics dans le cas du cancer du sein ne peut être dû au hasard, alors qu'il est mentionné dans le rapport pour des cancers subissant des évolutions analogues.

Autre remarque concernant le cancer du poumon cette fois ; son incidence augmente chez les femmes, le tabagisme est mis en cause, en effet le facteur de risque le plus évidemment relié au cancer du poumon est l'intoxication tabagique. Mais on risque là aussi, avec des conclusions hâtives et simplistes, de négliger d'autres facteurs, comme le surdiagnostic du cancer du sein responsable de surtraitements par radiothérapies, avec irradiation des poumons, induisant un sur-risque de cancers secondaires radio-induits. Ces cancers secondaires sont certainement sous-estimés, et cette cause nulle part évoqués dans le rapport. Parce que marginale ? Cela reste bien à prouver....

 

Conclusion

 

En pratique, l'affirmation d'une baisse constante de la mortalité mériterait d'être étayée par une analyse plus rigoureuse.

L'augmentation de l'incidence des cancers dépend de l'évolution "vraie" de l'incidence mais très certainement tout autant des effets du dépistage (l'avance au diagnostic, puis la compensation ultérieure de l'avance au diagnostic avec stabilisation de l'incidence et puis ensuite, au fur et à mesure de la poursuite du dépistage, la multiplication des surdiagnostics).

Tous ces éléments interviennent à des degrés variables, et variables dans le temps, selon les tranches d'âge (avec des interférences entre les tranches), aboutissant à une situation extrêmement complexe dont l'analyse demande l'intégration de nombreux paramètres et de nombreuses observations dans un long laps de temps.

Ce qui serait très intéressant en revanche, ce serait de suivre l’évolution des taux standardisés de mortalité depuis les années 60 en les rapportant à l’influence de certains facteurs qui émergent : le dépistage, les traitements avec à chaque fois le rapport bénéfice/ risque, les évènements intercurrents comme les traitements hormonaux substitutifs utilisés puis abandonnés, l'irradiation médicale, pas uniquement par la mammo, les paramètres nouveaux dans notre l’environnement et notre mode de vie.

Plus intéressant, et ce qui ne se résumera pas en quelques tableaux simplistes avec des barres colorées qui rendent enthousiastes nos instituts....

 

 

 

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Un livre :  » dépistage du cancer du sein, la grande illusion « 

DÉPISTAGE DU CANCER DU SEIN : LA GRANDE ILLUSION Dr Bernard Duperray
Présentation par Dr Bour Cécile

«Le dépistage du cancer du sein ou l’art de rendre malades des femmes bien portantes et de donner l’illusion de les avoir guéries.» Dr Bernard Duperray

 

Lecteur, je te préviens, si tu veux aller à la Vérité comme la flèche à la cible, ne lis pas.

Si tu veux connaître l'ivresse de la certitude, n'ouvre pas ces pages. Si tu vises la divine satisfaction d'être conforté dans tes convictions par des affirmations, passe ton chemin.

Mais si la réflexion contre-intuitive te fait crever de bonheur, si le raisonnement à rebours du dogme t'émoustille, alors vas-y.

Cet ouvrage est une légitime défense contre la sottise de théories figées sur le cancer du sein et son dépistage qu'on a cru gravées dans le marbre.

Tout d'abord, lecteur, il te faudra du courage, car toutes tes croyances englouties de force dans la fureur des campagnes médiatiques terrorisantes et la coercition de thuriféraires du dépistage, sclérosés et pétris de convictions, vont être mises à mal.

Non, diagnostiquer plus tôt ne fait pas guérir mieux, non le dépistage ne sauve pas la vie, non il ne fait pas moins mourir, non on ne sera pas moins gravement malade et non on ne sera pas moins sévèrement traité. Désolée ô lecteur bien aimé.

Attends-toi à l'inattendu! Tu rencontreras un invité surprise, le surdiagnostic, cet indésirable, cet inutile cancer détecté qui se gave du dépistage et fait se gonfler de fierté les autorités sanitaires dans d'apparents succès.

Tu découvriras que plus on cherche, plus on trouve, et le plus souvent des choses dont on ne sait que faire, qui ne feront pas te porter mieux. On n'a pas trouvé ce qu'on attendait mais on a trouvé ce qu'on n'attendait pas : pas de victoire espérée sur les décès, mais un bourbier imprévu de vaines sur-détections.

Ici, il s'agit de tout balayer, de repenser à contre-courant, de questionner : Qu'est-ce qu'un cancer? Quelle est sa définition ? A partir de quand est-on malade ? Où est la maladie mortelle et où l'anodine, qu'il ne faut pas détecter ? Peux-tu vivre avec un cancer sans le débusquer à tout prix ? Serait-ce même mieux pour toi ? Le cancer surdiagnostiqué et la maladie cancéreuse évolutive sont-ils deux maladies différentes, ou deux expressions différentes d'interactions entre toi, l'hôte, et un processus pathologique qui t'atteint?

Si tu as le courage, lecteur, d'abandonner la vision mécaniciste de l'évolution cancéreuse unidirectionnelle, opportunément rabâchée pendant les précédentes décennies par l'église de dépistologie, si tu es prêt à fournir l'effort nécessaire pour comprendre que la cellule cancéreuse ne constitue pas la première marche d'une maladie évoluant inéluctablement vers la mort, mais qu'il existe un buisson de possibilités, des régressions, des stagnations, des évolutions plus ou moins lentes, alors tu seras emporté par la lecture de cet opus qui est un drôle d'oiseau.

Il ne se pose jamais, il plane pour te montrer le terrain des faits, puis pour t'orienter, lecteur, vers de plus vastes espaces de pensée sur le devenir des tumeurs, non encore défrichés, faits davantage de questionnements et de défis intellectuels, que de stériles schémas et réponses toute faites.

Tu es devant un casse-tête, celui de comprendre de nouveaux paradigmes d'une maladie loin d'être maîtrisée.... Tout est à découvrir.

Contact Presse 

Caroline Roche
04 66 53 53 68
06 98 86 48 21 presse@thierrysouccar.com

Communiqué presse

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