Qu’en est-il de l’autopalpation ?

Qu’en est-il de l’autopalpation ?

L’auto-examen des seins ne s’avère pas être une méthode efficace pour la détection précoce du cancer du sein et ne peut être retenue en tant que méthode de dépistage de routine, car on n’est pas parvenu à mettre en évidence si le dépistage par examen clinique des seins pouvait réduire réellement la mortalité par cancer du sein.

En revanche les faux positifs étaient augmentés par la pratique systématique, comme le montre une revue systématique, donnant lieu à des examens complémentaires et des biopsies avec résultats normaux, et ils occasionnaient aussi une augmentation de l’anxiété des femmes.

Les lignes directrices pour le dépistage du cancer du sein par examen clinique du sein sont divergentes. En effet l’examen clinique des seins est recommandé en France, alors qu’il ne l’est ni aux États-Unis ni au Canada, compte tenu du manque de bénéfices clairs et du risque de surmédicalisation.
Une étude de 2019 avait pour but de vérifier l’exactitude de la palpation clinique.
La trop faible exactitude de la palpation des seins ne plaide pas en faveur d’un examen clinique régulier en France, en tous cas pas comme méthode de dépistage de masse, car sa sensibilité (l’efficacité à trouver une réelle lésion), et sa spécificité (la probabilité que ce qu’on a trouvé soit réellement un cancer) sont toutes deux très faibles.

Trois essais randomisés comparatifs ont été menés, en Russie, Chine et au Royaume Uni réunissant presque 400 000 femmes au total, qui n’ont démontré ni diminution de mortalité par cancer du sein, ni diminution des mastectomies.

Enfin un essai indien de 2021 semblait montrer une diminution de la mortalité par cancer du sein dans le groupe autopalpation chez les femmes âgées de 50 ans et plus, mais pas chez les femmes plus jeunes. Ce résultat est cependant fragile, car en réalité, les femmes ont été tirées au sort non pas individuellement, mais en groupe et il n’y a eu que 20 groupes au total, pas strictement comparables. On ne peut donc pas affirmer que l’efficacité de l’autopalpation des seins soit correctement démontrée, et de plus Il n’y a eu aucun retentissement sur la mortalité globale des femmes.

En conclusion, on ne peut pas retenir l’autopalpation des seins comme examen systématique permettant une routine de dépistage de cancer du sein. Il n’y a pas d’efficacité avérée, et on augmente essentiellement les fausses alertes et des examens invasifs supplémentaires.

A titre individuel, une femme qui remarque un changement dans son sein doit être incitée à consulter, lorsqu’elle constate les signes suivants : modification de l’arrondi, de la forme générale du sein (irrégularités, déformations…),  rétraction du mamelon, lésion croûteuse du mamelon, bosse ou tuméfaction d’apparition récente (surtout si peu mobile à la palpation), un méplat (c’est-à-dire zone plus plane du sein, qui en rompt l’arrondi), ou même une zone de rétraction, un écoulement sanglant, une rougeur inexpliquée, une grosseur dans l’aisselle, persistante ou dont le volume augmente, un effet de « peau d’orange » avec apparition dans la zone concernée de petites boursoufflures, une plaie sur la peau due à un cancer ulcérant, un gonflement et durcissement du sein entier, une masse palpable en profondeur survenue sans déformation extérieure visible.

Certains de ces signes peuvent témoigner tout autant d’une lésion bénigne que maligne, mais il faut consulter car une mammographie individuelle à ce moment-là aura son utilité pour établir un diagnostic.


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