« Le dépistage du cancer du sein réduit de 21% la mortalité » ; voilà un slogan très longtemps entendu et moins mis en avant de nos jours, car de plus en plus battu en brèche. Car en effet, depuis les années 2015, de plus en plus d’études[1] [2]montrent l’important impact des progrès thérapeutiques sur la baisse de mortalité que l’on constate déjà avant l’instauration des campagnes de dépistage, et montrent aussi que l’effet dépistage sur cette réduction du risque de décéder est très marginal, voire nul, ce qui est à mettre en balance avec les effets indésirables du dépistage qui, eux, en parallèle sont une réalité comptable, comme le surdiagnostic, la radiotoxicité, la fausse alerte.
Mais de quoi s’agit-il lorsqu’on affirme que la mortalité est réduite de 20% ? Que 20 femmes sur 100 femmes dépistées, en moins mourront de cancer du sein ? Pas du tout.
Il s’agit de la réduction relative du risque, c’est à dire un pourcentage que l’on trouve lorsqu’on compare un groupe de femmes dépistées à un groupe de femmes non dépistées.
Mais qu’est-ce que cela signifie en vraie vie, sur une population de personnes ?
Si sur 1 000 femmes dépistées 4 meurent d’un cancer du sein, et que sur un groupe de femmes non dépistées 5 meurent d’un cancer du sein, le passage de 5 à 4 constitue mathématiquement une réduction de 20% de mortalité, mais en chiffres absolus cela ne fait qu’une différence d’une seule femme…
C’est pour cela qu’il convient de toujours exiger une présentation en données réelles, et non en pourcentage, qui enjolivent la situation mais ne correspondent pas à la vie réelle.
En fait cette valeur varie actuellement selon les évaluations aux alentours de 15 à 20%. Mais ce qui est intéressant c’est de considérer ce risque en fonction de sa tranche d’âge. Par exemple, ce risque est d’environ 5 % à l’âge de 50 ans; une diminution de 20 % fait donc passer ce risque de mortalité pour les quinquagénaires de 5 à 4 %, ce qui n’est pas énorme par rapport aux promesses initiales faites aux femmes…
Il y a une évolution de la mortalité par cancer favorable ces dernières décades, notamment depuis les années 90 :
C’est un phénomène connu, dont on sait actuellement qu’il est majoritairement attribuable aux traitements, à l’arrêt de la prescription systématique des traitements hormonaux substitutifs[3], à une meilleure vigilance des femmes qui consultent lors de l’apparition d’un signe d’appel, et on récolte peut-être enfin les fruits des campagnes relatives aux facteurs de risques. Plusieurs études d’impacts notent que :
- la diminution de mortalité, partout où elle est constatée, est plus forte chez femmes de tranches d’âges jeunes,
- elle existe autant chez les femmes non dépistées (étude Miller[4])
- elle est moindre que pour d’autres formes de cancers, alors que des moyens colossaux sont mis en oeuvre pour le dépistage du cancer du sein.
- d’autres formes de cancers sont aussi concernées dans cette baisse de mortalité, alors que ces cancers ne sont pas intégrés dans des campagnes de dépistage.
- les études d’impact[5] démontrent que la réduction de mortalité est imputable aux thérapeutiques anti-cancéreuses, en développement depuis les années 90.
- La décroissance de mortalité n’est pas corrélée avec le temps d’instauration du DO, on la perçoit dès les années 90, alors qu’aux US et en Suède le dépistage intervient dans les années 80, en France seulement en 2004.
Au Royaume-Uni, entre 1985 et 1993, baisse de 11 % de la mortalité par cancer du sein alors que le dépistage n’a été opérationnel qu’en 1988. - Une étude de 2023[6] montre que le risque de décès par cancer du sein diminue bien ces dernières décennies, dépistage ou pas, en raison des progrès thérapeutiques significatifs en matière de cancer du sein ; et ça c’est une excellente nouvelle à donner aux femmes.
[1] https://cancer-rose.fr/2022/12/05/lamelioration-de-la-mortalite-par-cancer-du-sein-imputable-aux-traitements/
[2] https://cancer-rose.fr/2018/01/10/depistage-traitements-anti-cancereux-et-reduction-de-mortalite-chez-les-femmes-americaines/
[3] https://cancer-rose.fr/2017/11/25/traitement-hormonal-substitutif-ths-et-cancer-du-sein/
[4] https://cancer-rose.fr/2016/11/20/etude-miller/
[5] https://cancer-rose.fr/2016/11/01/etude-dimpact-du-depistage-par-bleyermiller-2015/
[6] https://cancer-rose.fr/2023/06/14/risque-de-deces-par-cancer-du-sein-en-baisse-depistage-ou-pas/
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